Après une preview riche en détails, l'heure est venue de vous livrer notre verdict sur la version finale du nouveau Hitman. Io Interactive revient aux racines de la série en donnant beaucoup de liberté au joueur, mais impose également une structure en épisodes qui pourrait frustrer les moins acharnés de la licence. On vous explique tout après le clic et on revient là dessus vocalement ce soir dès 21h15.
S'il existe bel et bien une couche de narration à la nouvelle formule Hitman, elle reste pour le moment assez floue dans ce premier épisode. L'agent Burnwood impose une nouvelle recrue prometteuse à l'Agence en lui faisant passer haut la main une série de tests (les deux niveaux tutoriels proposés dans la bêta), et voilà notre Agent 47 sur les traces de ses premières victimes à Paris. Si cette fameuse mission se finit bien par une cinématique à l'ancienne (en images de synthèse), ne vous attendez pas à terminer cette première partie sur un cliffhanger incroyable digne des productions Telltale ou DONTNOD. L'intérêt de ce premier morceau des aventures de l'assassin chauve ne se situe donc clairement pas dans son scénario mais dans son gameplay. Une bonne chose, car vous allez avoir de quoi vous y occuper à condition de ne pas rechigner à refaire les missions bon nombre de fois pour y découvrir toutes les possibilités de meurtres qui vous sont offertes. Une philosophie de jeu qui satisfera amplement tous ceux que l'on nomme aujourd'hui les "complétistes", mais qui ne sera clairement pas du goût de ceux qui se contenteront de mener à bien chaque mission une seule et unique fois. La question est maintenant de savoir si le véritable fan de la série rentre vraiment dans cette catégorie de joueurs "Kleenex". En effet, tout adepte de la franchise vous le dira, le plaisir d'un bon Hitman se trouve dans la planification, l'improvisation et la rejouabilité de chacun des chapitres disponibles.
Si tel n'est pas votre cas, mieux vaut clairement passer votre chemin et attendre que les 7 épisodes prévus soient tous disponibles avant de vous lancer. Pour les autres, cet Intro Pack réserve assurément un nombre d'heures de jeu conséquent pour tout débloquer (zones de départ pour la mission, gadgets, caches d'armes, etc.) et tout voir (exploration, types d'assassinats possibles, etc.). Si la mission de base à Paris vous demande de tuer deux cibles précises, le géant de la mode Viktor Novikov et un ex-mannequin devenue espionne Dahlia Margolis, d'autres contrats sont d'ores et déjà proposés sur la même carte, sans compter ceux que la communauté pourra soumettre (et les vôtres) grâce à "l'outil" de création. À cela il faut évidemment ajouter les multiples possibilités des deux niveaux tutoriels, bien que ces derniers s'avèrent logiquement bien plus limités que le plat de résistance dans la capitale française. Le palais où se déroule le double contrat de l'Agent 47 profite en effet d'une aire de jeu propice à l'exploration et à la découverte qui vous garantit déjà un bon nombre d'heures de jeu. Il faut cependant toujours garder en tête que la zone a beau être spacieuse (jardins, sous-sols, grenier, deux étages et un rez-de-chaussée), vous y croiserez les mêmes scripts à chaque nouvelle partie, qu'il s'agisse des deux contrats principaux ou bien des autres. Il y aura donc immanquablement une certaine redondance liée au contexte même dans lequel se passe la mission. Heureusement, les possibilités pour la mener à bien compensent assez largement le manque de renouvellement géographique et scénaristique de cet Intro Pack.
Que vous décidiez de vous laisser guider par le système d'Opportunités ou que vous préfériez fureter un peu partout en espérant dénicher une information intéressante ou une faille dans le système de sécurité, vous trouverez obligatoirement une manière de jouer qui vous correspondra. Il est même tout à fait possible de désactiver toutes les aides à l'écran (instinct y compris - celui-ci permettant de repérer vos cibles très rapidement grâce à une sorte de vision à rayons X) pour augmenter la difficulté du jeu. Les opportunités se découvrent en se promenant dans le niveau et en tombant sur une conversation entre deux personnages, mais vous aurez toujours le choix de ne pas la suivre automatiquement si vous ne voulez pas être guidé pas à pas jusqu'au bout. Ces scripts restent néanmoins parfaitement utilisables sans que l'on ait besoin de vous expliquer la marche à suivre, mais attention tout de même à être bien attentif. Prendre l'apparence du modèle Helmut Krugger en oubliant de ramasser son téléphone vous empêchera par exemple de rencontrer Dahlia Margolis. Un petit détail certes, mais qui pourrait bien vous faire tourner en bourrique si vous êtes décidé à la tuer lors du tête-à-tête qu'ils avaient prévu d'avoir à la fin du défilé. Accidents, empoisonnements, noyades et autres joyeusetés sont au programme des festivités, mais avant de mener à bien votre tâche, il vous faudra passer par une minutieuse phase de repérage.
Bonne nouvelle pour tous ceux qui avaient pesté contre l'absurde difficulté des phases où l'Agent 47 évoluait dans un costume emprunté à un PNJ, le nouveau système de déguisement donne beaucoup plus de liberté de déplacement au joueur. Repérer les lieux devient donc beaucoup moins frustrant, car on ne risque plus de se faire démasquer à tout bout de champ. Si vous n'êtes pas autorisé à passer une certaine zone, on vous le fera savoir à l'entrée. Si vous êtes surpris à déambuler dans un lieu interdit mais que vous n'avez rien fait de répréhensible, vous serez escorté avec autorité jusqu'à l'espace public le plus proche. Tout cela donne beaucoup de crédibilité à l'univers, le réalisme voulant que le moindre garde ne sorte pas son arme face au premier resquilleur venu. Pour rendre les déplacements encore plus fluides lorsque l'on a pris l'identité de quelqu'un d'autre, un petit point blanc situé au dessus de la tête de certains personnages vous indique qu'ils sont capables de deviner que vous ne faites pas partie de leurs rangs. Il devient alors assez commode d'éviter les faux pas et d'anticiper votre itinéraire. Bien sûr, il reste tout à fait possible de remplir la mission principale sans jamais changer de costume. Pour ce faire, il faut faire preuve d'un brin d'astuce, ou tout simplement de bonnes compétences d'infiltration ou d'escalade pour passer certains barrages. Chaque fin de mission se solde par un score qui fera monter votre niveau de maîtrise d'assassin, condition sine qua non pour débloquer le contenu dont nous parlions au début.
Après nous avoir quelque peu inquiétés techniquement lors de la preview, puis à l'occasion de la bêta du jeu, cette version finale montre de nettes améliorations en ce qui concerne le frame rate. Attention cependant, par défaut, le jeu d'Io Interactive propose un taux de rafraîchissement de l'image non bloqué, ce qui veut dire que celui-ci oscillera entre 30 et 60 (ou plutôt 45 dans les faits). Inutile de préciser que tous ceux qui exècrent les fluctuations de frame rate ne sauront se satisfaire d'une telle option. Heureusement, tout comme Killzone : Shadow Fall ou inFamous : Second Son, Hitman n'a pas oublié d'inclure la possibilité salvatrice de bloquer le nombre d'images par seconde à 30, pour un résultat quasi parfait (il existe encore de - rarissimes et très brefs - gels de l'image de temps à autre). Dans un jeu aussi posé que celui-ci, le mal aimé 30 fps ne pose absolument aucun problème, et sa très grande stabilité assure une expérience de jeu plus agréable que lorsque l'on opte pour le frame rate débloqué. On apprécie donc le choix que nous laisse Io, mais on se demande néanmoins quelle raison les a poussés à choisir le pseudo 60 fps en option par défaut, car de nombreux joueurs ne penseront pas forcément à aller vérifier les paramètres graphiques du jeu sur consoles.
Au delà des questions de frame rate, le jeu s'en sort plutôt bien visuellement, mais garde malgré tout les stigmates de l'ancienne génération à certains égards. Les zones non éclairées sont par exemple assez ternes, ce qui contraste beaucoup avec celles qui profitent d'éclairages (naturels ou électriques) du plus bel effet. Les intérieurs sont très détaillés, rappelant même ceux du splendide Assassin's Creed Unity dans une certaine mesure, mais les scènes en extérieur sont moins percutantes, surtout si l'on regarde les bâtiments parisiens au loin. Certains rendus sont superbes, comme celui de la fontaine à l'entrée du niveau, ou des statues en général, l'aliasing est assez discret la plupart du temps, et le nombre de personnages affichés impressionne. À côté de cela, la rigidité des animations de course et d'escalade, les problèmes de collisions entre PNJ parfois, et les petits bugs qui peuvent encore subvenir sont autant de points qui déçoivent après un Hitman: Absolution finalement plus stylisé graphiquement. Dommage également de voir que l'intelligence artificielle du jeu n'ait aucune perception verticale des choses. Ainsi, escalader une gouttière avec un garde posté un peu plus loin en contrebas, ou bien longer un mur à la force de ses bras à deux mètres d'une foule d'invités, ne provoque aucune réaction de leur part, vous laissant tout le loisir de continuer vos acrobaties.
Dernier point sur lequel nous souhaitions nous attarder, l'infrastructure online du jeu. Cela peut sembler anecdotique pour un titre qui ne propose pas de multijoueur à proprement parler, mais il se trouve que l'expérience Hitman s'appuie beaucoup sur la connexion aux serveurs de Square-Enix. Cela explique sans doute en partie la lenteur de la navigation dans les menus du jeu, un exercice particulièrement laborieux tant certaines commandes mettent du temps à être validées. Rien que l'affichage du menu lui-même peut demander plusieurs secondes ! Autre problème et non des moindres, en cas de panne des serveurs (ce qui nous est arrivé toute la journée de mercredi), il est impossible d'avoir accès à la liste des challenges (exploration, types de meurtres, exploits, etc.), qui se retrouvent tout simplement bloqués. En cas de jeu offline, on n'obtient donc pas les points alloués à ces objectifs et il est impossible de faire progresser son niveau d'assassin (et de débloquer les gadgets supplémentaires, les nouvelles zones de départ, etc.). De ce fait, si vous commencez une partie alors que vous êtes connecté aux serveurs, que vous la sauvegardez, mais qu'au moment de la reprendre, vous ne pouvez plus vous y connecter, elle ne se lancera pas et vous devrez recommencer le niveau en mode offline. Alors bien sûr, une fois le jeu officiellement disponible, l'expérience des joueurs sera sans doute différente de la nôtre, mais nous persistons à trouver le système moyennement justifiable, en dépit de la présence d'un classement en ligne.
Tous les commentaires (16)
Il faut juste que les level soient assez bien foutu pour qu'on puisse y repasser plusieurs fois sans se faire chier au bout de 1h et demi...
Rien que les démo des hitman PS2, je me refuse à compter pas le nombre d'heures passé dessus à tester les possibilité les différentes approche, etc.....
Que des jeux conçus et pensés en épisodes comme les Walking dead, existent, ne me posent aucun problème. Mais que des licences classiques le devienne, pour moi non !
Après, je ne connais pas le rythme de sortie de ces épisodes pour Hitman, mais personnellement, j'ai pas envie de devoir attendre des lustres pour faire la suite d'un jeu. Au risque en plus, de vois celui-ci interrompu si le ou les premiers épisodes se révèlent être des fiascos !
Mais ce choix de l'épisodique, en dehors d'offrir un essai moins cher au joueur hésitant, et surtout intéressant pour l'éditeur. A moins que Hitman ne puisse plus exister en dehors de ce format...là ça permettrait aux fans de pouvoir y jouer tout simplement.
Que ce soit bien pour Hitman, c'est une chose, mais j'entrevois déjà le futur où l'industrie du JV va s'engouffrer dans la brêche en nous disant, c'est ça ou rien en prétextant que leurs jeux ne peuvent plus qu'exister que dans ce format !
Le couperet du "à prendre ou à laisser" !
Si les éditeurs ne sont pas surs de leurs jeux, ou ne veulent pas prendre de risques, qu'ils mettent la clé sous la porte.
L'acheteur prend également un risque quand il achète une galette à 60 €, ou un season pass sans connaitre le contenu de ce dernier !
Faudrait pas que les joueurs supportent la frilosité des éditeurs !
Va demander à JJ Abrahams de sortir son Star Wars VIII en épisodes ! :D
Tu va voir le tollé que ça va faire !
Que ce soit bien pour Hitman, c'est une chose, mais j'entrevois déjà le futur où l'industrie du JV va s'engouffrer dans la brêche en nous disant, c'est ça ou rien en prétextant que leurs jeux ne peuvent plus qu'exister que dans ce format !
Le couperet du "à prendre ou à laisser" !
Si les éditeurs ne sont pas surs de leurs jeux, ou ne veulent pas prendre de risques, qu'ils mettent la clé sous la porte.
L'acheteur prend également un risque quand il achète une galette à 60 €, ou un season pass sans connaitre le contenu de ce dernier !
Faudrait pas que les joueurs supportent la frilosité des éditeurs !
Va demander à JJ Abrahams de sortir son Star Wars VIII en épisodes ! :D
Tu va voir le tollé que ça va faire !
Les "sagas" épisodiques deviennent de plus en plus légion au cinéma : Twilight, Harry Potter pour ne citer que celles-là, Et toute cette tripotée de teen-movies ou des ados s'entretuent dans des mondes post-apo !
Si certaines sont nécessaires à cause de la richesse de l'univers, comme Harry Potter, ou le seigneur des anneaux par exemple, d'autre en revanche, sont juste un bon filon à exploiter jusqu'à la moelle !
Ce qui me chagrine, c'est qu'à chaque fois que les éditeurs tentent un coup de boutoir pour défoncer les portes, c'est en nous expliquant que c'est pour notre (leur) bien !
Maintenant qu'on a bien assimilé qu'un jeu ne pouvait plus sortir sans bugs, ni DLC, voila qu'on nous dit que nos jeux vont sortir en épisodes parce que ho, c'est trop risqué de sortir un jeu complet (enfin complet, j'me comprends) !
Si le premier épisode bide, il se passe quoi après ?
C'est ça la question qu'il faut se poser !
C'est comme les séries à la télé, certaines sont purement et simplement abandonnées en cours de route faute d'audience !
Et tant pis pour les fans qui attendaient la fin de l'histoire !
Je suis toujours traumatisé par l'abandon de John Doe ! :)
Vas-y Rocky, mets-lui la gueule en trois épisodes ! :D
Pour ce qui est du risque de l’arrêt. C'est peut-être préférable à une énorme perte -qui peut être décisive pour une studio- parce qu'on a injecté 200 millions de $ dans une histoire qui ne trouve pas son public, ou du moins pas suffisamment.
Bref il ne faut pas rejeter le principe juste parce qu'il y aura des abus. Il a sa place dans le jeu.
Hormis ça le jeu est plaisant, on revient à un bon feeling hitman, ceux qui se donneront la peine de chercher le silent assassin auront de quoi s'occuper (j'ai déjà eu plusieurs approches dramatiquement différentes en 2 runs....)