Il est des jeux pourtant uniques en leur genre qui ne rencontrent pas leur public, ou du moins qui ne reçoivent pas l'accueil qu'ils méritent. Des jeux qui allient mécaniques de gameplay innovantes et poésie avec une justesse enviée par de nombreux développeurs. Ico - sorti en mars 2002 - et Shadow of the Colossus – arrivé, lui, en 2005 – sont de ces perles rares que l'on rencontre encore trop peu souvent. Alors quand Sony entreprend de donner un petit coup de jeune à ces deux icônes de la génération précédente, tel Ulysse, on se sent déjà heureux à l'idée de (re) faire un beau voyage. Que réserve donc The Ico & Shadow of the Colossus Collection aux joueurs actuels habitués aux titres triple A survitaminés en polygones et textures haute définition ? Vous n'êtes plus qu'à un clic de souris de la réponse.
MAJ : Piqûre de rappel à ceux qui attendent cette compilation, elle sort dès demain.
Premier jeu de Fumito Ueda et de son équipe, Ico n'a pas laissé son empreinte dans l’industrie par hasard. C'est donc sans réelle surprise que l'on constate très vite que la plongée dans le monde mystérieux d'Ico reste tout aussi hypnotique que par le passé. Des cavaliers, un jeune garçon dont on comprend vite qu'il est rejeté par son propre peuple au jour de ses douze ans. Banni de son village pour être né avec deux petites cornes, signe d'une malédiction terrible pour ses semblables, le voilà donc emprisonné dans une forteresse de solitude. Un enfant qui, pour cette seule singularité, devra subir l'exclusion et affronter les pires dangers.
Dès le départ, le joueur se retrouve propulsé dans un monde dont il ne peut que deviner les règles au fur et à mesure. Aussi désorienté que l'enfant dont il prend le contrôle, son premier réflexe sera de recouvrer sa liberté, de reprendre les commandes pour ne plus subir cette sensation d'étouffement provoquée par les murs de la forteresse. Des commandes qui apparaissent d'ailleurs tout aussi mystérieuses les premiers instants. En effet, à une époque où la moindre introduction au gameplay implique d'afficher les touches à l'écran, il est presque incongru de devoir, comme Ico, tout découvrir par soi-même, en expérimentant. Les contrôles restent cependant très simples, à la portée du premier venu : triangle pour sauter, rond pour activer un interrupteur, carré pour attaquer, R2 pour zoomer et bien sûr la fameuse touche R1, symbole du lien qui va unir l'enfant avec sa destinée.
Vient donc ensuite la rencontre qui va bouleverser le valeureux Ico (et le joueur par la même occasion). Une jeune fille à la peau diaphane, un ange confiné dans une cage suspendue à plusieurs mètres du sol. Yorda, puisque c'est son nom, semble si fragile que le premier réflexe de l'enfant est de lui tendre la main. Une fragilité certaine, même si les apparences sont également parfois trompeuses. S'il ne fait aucun doute qu'elle ne pourra affronter seule toutes les épreuves qui l'attendent au sein de la forteresse, les pouvoirs qui sont les siens seront indispensables à leur survie et à leur progression. Une relation d'interdépendance et d'amitié va donc rapidement naître pour lier les deux exclus à jamais dans un destin commun. Au joueur donc d'assumer l'entière responsabilité de leur protection, une expérience bouleversante du début à la fin de l'aventure.
Shadow of the Colossus partage bien sûr avec Ico cette même ambiance onirique chère à Fumito Ueda. Le jeu s'ouvre une fois de plus sur une superbe introduction sublimée par la musique envoûtante de Kow Otani. On y découvre un jeune cavalier lancé dans ce qui semble être un bien long voyage par delà les montagnes et les forêts. Rapidement, on apprend que le jeune homme, accablé par le chagrin, cherche à faire appel aux pouvoirs des dieux d'un mystérieux édifice, seuls capables de ramener à la vie celle qu'il a aimé jusqu'à son dernier souffle. Le voilà donc contraint d'accepter le marché qu'on lui propose : vaincre les 16 colosses qui errent tels les gardiens d'un monde à l'équilibre fragile.
À l'inverse d'Ico qui ne dispose d'aucun HUD apparent, Shadow of the Colossus retrouve certains des apparats habituels du jeu vidéo. Si celui-ci n'est pas aussi intrusif que dans d'autres titres (il n’est pas visible en permanence), on imagine que la décision de l'inclure venait d'une volonté de s'ouvrir à un public plus large, ce qui va d'ailleurs avec les aides prodiguées au joueur lorsqu'il bloque un peu trop longtemps. Le joueur est donc accueilli plus en douceur, avec l'apparition des touches de la manette pour lui indiquer les actions possibles. On voit également poindre une jauge de grip (toujours aussi disgracieuse qu'à l'époque), une barre de vie (qui se régénère lorsque Wander reste accroupi) ainsi que l'arme portée, arc ou glaive. Un glaive qui sert par ailleurs aussi de GPS pour éviter de se perdre dans l'immensité de ce monde totalement ouvert, et qui guidera toujours le joueur vers le prochain colosse à affronter.
Grands espaces oblige, Wander ne se déplace pas sur ses seules jambes et peut donc compter sur Agro, son fidèle destrier. Un compagnon qui aidera le joueur à supporter l'écrasante solitude qui pèse sur les épaules du héros, même s'il faudra s'armer de patience pour parvenir à dompter la bête. Car en effet, entre certains errements de la caméra et l'inertie prononcée de l'équidé, il n'est pas toujours aisé de se déplacer précisément. Innovants, les affrontements contre les différents colosses font dans la démesure la plus folle. Bien avant Gabriel Belmont, les géants de Shadow of the Colossus deviennent des parcours du combattant qu'il faut escalader pour atteindre leur(s) point(s) faible(s). On comprend d'autant plus l'importance de la jauge de grip dont je parlais plus haut. Plus que sa monture, c'est donc son héros qu'il faudra apprendre à ménager pour ne pas risquer une chute malencontreuse. Des séquences impressionnantes, des combats acharnés, qui évoquent bien sûr David et Goliath, à ceci près que la victoire a toujours un petit goût amer.
Comment en effet ne pas se sentir ému lorsque son adversaire s'écroule de tout son long sur le sol ? Comment ne pas éprouver de regrets face à la tâche accomplie quand toute leur fragilité explose aux yeux du joueur ? Et pourtant, quel paradoxe, après un combat âpre et parfois même long quand on ne découvre pas tout de suite où et comment débuter son ascension. Il faut dire que le travail accompli sur le design des géants est tel qu'il ne peut laisser personne indifférent ; ce à quoi s'ajoute la relation qui noue littéralement Wander à son adversaire, lorsque le jeune homme se cramponne à son corps comme il s'accroche à l'espoir de redonner vie à sa bien aimée Mono. Une chasse des plus cruelles pour faire revenir la jeune femme, une vie contre celle de 16 autres, voilà toute la problématique que pose Shadow of the Colossus. Que seriez-vous prêt à faire pour l'être aimé ? Jusqu'où iriez-vous ?
Reste à parler de la qualité de ce portage en haute définition, qui souffre finalement des mêmes défauts que celui d'Ico. On retrouve donc le même flou artistique des textures qui se fait rapidement oublier par le joueur, un peu moins par le simple spectateur. Le jeu n'est pas non plus exempt de problèmes de pop-up lorsque l'on se trouve lancé au galop dans les vastes plaines qui entourent le sanctuaire. Encore une fois, rien de grave en soi, même si on aurait aimé que cela soit corrigé pour cette édition ultime. Les éclairages ont aussi un peu perdu de leur superbe quand on les compare aux bienfaits actuels du HDR, mais ils restent tellement emblématiques de l’œuvre de Ueda qu'on l'on s'en accommode totalement. Techniquement très ambitieux pour la PS2, Shadow of the Colossus était surtout connu pour ses trop nombreux ralentissements, dès que la console se retrouvait à genoux. Fort heureusement, tout ceci appartient dorénavant au passé et plus aucune baisse de framerate disgracieuse ne vient entacher cet onirique tableau. Reste juste à faire avec les caprices d'une caméra qui n'en fait parfois qu'à sa tête, et dont le contrôle au stick droit n'est pas toujours aisé.
Tous les commentaires (32)
(Gameplay #2 de SotC (qui n'a pas de son en WNV HD d'ailleurs))
(Gameplay #2 de SotC (qui n'a pas de son en WNV HD d'ailleurs))
Et j'aurai le plaisir de la découverte pour Shadow of The Colossus !
Mais bon, il va falloir caser tout ça entre deux nouveautés !
J'espère que cette review ne partira pas en drift. ;)
Une question par contre, les jeux s'installent ou non ?
Je vérifie dès que je peux.
Désolé mais quand les choses commencent à partir en vrille...
Merci pour cette rétrospective :)
A n'en pas douter, Ico & Shadow of the Colossus sont au panthéon es jeux vidéos.
Ça m'aurait arrangé, ça m'aurait éviter de devoir faire une capture maintenant et d'être obligé d'attendre la fin de l'encodage pour balancer l'upload alors que je n'ai qu'une envie, aller me pieuter.
Merci quand même.
Vidéo de remplacement demain, en attendant, il faudra faire avec. Sur la nouvelle vidéo je préviens que je joue très mal. :p
http://www.eurogamer.net/videos/ico-hd-showcase-ps...
Je ne vois rien d'autre à ajouter :p
Je trouve le portage ultra clean. Comme l'a dit Digital Foundry dans son analyse, le boost en résolution est vraiment impressionnant, et l'idée de faire tiler certaines textures fonctionne vraiment bien. Enfin bon, je m'attendais pas à mieux perso. On reste toujours dans une remastérisation, et non une refonte intégrale des textures et des modèles quoi.
Il faut que je sois fort,la fin d'année est trop dur en terme de jeu pour claquer dans une autre console.
mais bizarrement, même Playfrance et GK mentionnent leur pauvreté, je ne suis pas un cas isolé. ^^
Pas un drame comme je le dis, mais le jeu aurait eu une autre gueule avec des textures HD. Peut-être que sur l'intro ils ont un peu retravaillé le rendu, mais globalement sur les deux jeux, je t'assure que tu ne peux décemment pas considéré leur rendu comme retravaillé. La résolution accrue peut sans doute donner cette impression sur certaines d'entre elles, mais cela ne va pas plus loin.
Au fait, vidéo de gameplay 2 corrigée pour le son. J'ai dû re-capturer l'extrait donc il y a quelques différences dans le montage, en partie parce que j'y joue encore plus mal. ;p
Cette compil sera une bonne occasion de le finir enfin.