C’est après un dernier volet en demi-teinte, et surtout avec 2 ans de retard, que Splinter Cell: Conviction débarque enfin sur Xbox 360. C’est donc avec un peu d’appréhension, mais surtout beaucoup d’interrogations, que nous nous sommes essayés à ce jeu très attendu par les fans de la franchise.
La série des Splinter Cell est, sans l’ombre d’un doute, l’un des emblèmes majeurs de la première Xbox, avec un Chaos Theory qui figure aisément dans le Top 5 de la plupart des possesseurs du bon vieux parpaing de Microsoft. Double Agent, sorti au début de cette génération et développé par Ubisoft Shanghai, n’avait pas vraiment su convaincre, en particulier à cause d’un changement radical dans la manière de jouer - rappelons que la majorité des missions se déroulait de jour. Conviction avait été assez rapidement annoncé et présenté à la presse, montrant une nouvelle fois un remaniement complet du style de jeu, comparable cette fois à la série des Jason Bourne. Dans cette version du jeu, Sam Fisher devait se servir des éléments du décor pour éliminer ses proies et passait de l'état de chasseur à celui de fugitif. Il faut croire que cette approche fut un désastre, puisque le jeu que nous avons maintenant entre les mains est finalement un semi retour aux sources, et, comme vous allez le voir, il fait aussi bien la part belle à l’action qu’à l’infiltration.
Conviction se veut la suite directe des évènements de Double Agent, où l’on apprenait la mort accidentelle (ou l’est-elle vraiment ?) de la fille de Sam Fisher, et où notre héros se voyait contraint d'assassiner son seul ami et supérieur à Echelon 3, Lambert. C’est donc un Fisher changé et marqué au plus profond de son âme que l’on contrôle dans ce nouvel opus : plus bourru, plus fataliste, mais surtout, infiniment plus violent. Fini l’infiltration pure et dure, Sam Fisher se moque d’être repéré ou non car il n’a plus qu’un seul et unique but : découvrir la vérité sur la mort de sa fille et la venger.
Dévoilées à l’E3 dernier, les scènes d’interrogatoires sont un parfait exemple de ce changement. Là où dans Chaos Theory un simple flingue posé sur la tempe d’un ennemi suffisait à le faire parler, il faut ici souvent malmener sa victime en lui frictionnant énergiquement le visage sur les différents éléments du décor, jusqu'à le faire parler et obtenir les renseignements désirés. Des scènes spectaculaires et particulièrement bien réalisées, qui ont de plus l'avantage de donner le ton et la nouvelle orientation de l'ambiance du titre dès le début du jeu.
Le gameplay lui-même a donc évolué, pour s’orienter vers un habile mélange entre la furtivité à l’ancienne et l’action pure et dure. Les aficionados de l'infiltration parfaite, celle faite au nez et à la barbe de gardes qui n'ont aucune conscience de la présence de Fisher, n’y trouveront assurément pas leur bonheur. Mais pour les autres, cette évolution du gameplay sera sans doute accueillie avec une quasi bénédiction. Fisher se montre en effet beaucoup plus maniable avec une arme - ou à mains nues - qu’auparavant, et le nouveau système de couverture et la manière dont le héros passe d’un point de couverture à un autre est une belle innovation. En tant que joueur occasionnel, et surtout peu adroit dès qu'il s'agit d'être discret, cette nouvelle orientation est pour moi la bienvenue, même si l’on ne peut que regretter qu'il soit désormais impossible de déplacer les corps de ses ennemis, ce qui peut parfois rendre hasardeux certains assassinats à distance.
Toutefois, même si le changement est important par rapport à l'élitisme des trois premiers opus de la série, il est impossible de jouer à ce jeu sans se montrer pour le moins prudent, voire même totalement silencieux pour certaines séquences. Les ennemis sont en effet très sensibles aux passages de Fisher dans la lumière, et donneront immédiatement l’alarme à la moindre faute. Et déclencher l'alerte est très fréquemment synonyme de mort dans les quelques secondes qui suivent. Impossible donc de la jouer 100% action, il faut toujours planifier ses mouvements et ne sortir de l’ombre que pour se débarrasser discrètement d’un garde qui bloque le passage. Tout ceci est d'autant plus vrai dans le niveau de difficulté réaliste où les patrouilles sont beaucoup plus alertes qu'en mode normal ou facile.
Chaque ennemi tué de manière silencieuse donne le droit d'utiliser l’une des nouveautés les plus controversées de Conviction : la possibilité de Marquer et Exécuter vos cibles. Il est en effet possible de marquer un certain nombre (de 2 à 4 selon l’arme et ses upgrades) d’ennemis, et de les éliminer immédiatement d’une simple pression sur Y, à partir du moment où ils sont à portée de tir cela va de soi. Cette nouvelle fonctionnalité aurait pu rendre le jeu beaucoup trop simple si les designers ne l’avaient pas prise en compte lors de la création des niveaux. Dans la dernière partie du jeu, il est en effet rare de rencontrer un groupe d’ennemis dont on puisse disposer intégralement avec l'option Marquer et Exécuter. Les survivants sont bien entendus particulièrement dangereux après une attaque pareille, et avant d'agir, il faut donc bien prendre en compte les avantages et les inconvénients d’une telle approche. L'observation devient donc importante, et il faut savoir choisir la meilleure approche pour éviter de succomber sous le nombre.
Il n’est pas rare de rencontrer une dizaine d’ennemis au sein du même lieu, aussi, un savant mélange entre infiltration, action silencieuse et bourrinage est indispensable pour espérer survivre. L’IA des adversaires est globalement convaincante, et il arrive fréquemment de se retrouver nez à nez avec un garde qui a eu la bonne idée de nous contourner pour nous prendre à revers. L'approche de la partie infiltration du jeu rappelle d'ailleurs beaucoup celle de Batman : Arkham Asylum, puisque Fisher peut jouer avec les nerfs de ses adversaires lorsqu'il parvient à éliminer certains d'entre eux tout en restant parfaitement invisible. L'IA simule alors la panique et la paranoïa qui monte chez les adversaires, on les sent plus nerveux, ils se mettent à tirer un peu n'importe où en espérant toucher sa cible, à crier etc.
Conviction est un jeu où les temps morts sont très rares, et où la grande majorité des éléments du décor est là pour une bonne raison : donner un chemin alternatif à Fisher, selon que le joueur ait envie d'opter pour une approche silencieuse, ou plus musclée. Cela a pour conséquence de rendre le jeu extrêmement compact et intense, et rares sont les moments où l’on peut réellement souffler. Les développeurs ont pris la décision de ne pas faire de remplissage en multipliant les actions répétitives, une intention louable mais qui rend le jeu plutôt court, malgré la bonne dizaine de niveaux qu'il faut parcourir pour en venir à bout. Nous avons terminé le jeu en 7h30 la première fois, en difficulté moyenne, puis une deuxième fois en 7h, en difficulté réaliste. C’est en effet bien court, surtout qu’il n’y a pas vraiment de raison de recommencer le jeu, en dehors de la possibilité de terminer le jeu dans une difficulté supérieure. Et pourtant, ces quelques heures nous auront fait voir du pays, de Malte à Washington et sa banlieue, en passant par l'Irak. L'aventure nous aura également proposé un maximum de variété dans les situations : des missions d'infiltration/action, une séquence 100% action, ou encore un passage très réussi de course poursuite à pied au Lincoln Memorial pour ne citer que quelques exemples et vous laisser un maximu de surprises. Une variété qu’on ne retrouve d'ailleurs pas si souvent dans d'autres titres, et qui fait honneur au savoir faire d’Ubisoft Montréal.
La courte durée de vie du mode Solo se veut compensée par un mode coopératif, doublé de modes Live (jouables pour certains en solo). Ce mode coopératif, se déroulant avant les évènements de l’histoire principale, est très réussi et se révèle une excellente surprise. On pouvait certes s’y attendre après celui de Chaos Theory, même si certains joueurs n'ont pas hésité à émettre quelques doutes lorsque fut officiellement annoncé l'abandon du fameux mode Spies Vs Mercs des opus précédents. Il rajoute entre 4 et 5 heures de jeu, et les modes supplémentaires, comme le mode Chasseur - où l’on doit tuer furtivement une dizaine de cibles, seul ou à deux - permettent de prolonger le plaisir de façon relativement conséquente. Petit détail d'importance, le mode Infiltration n'est pas disponible dès le départ et se débloque grâce au système Uplay d'Ubisoft - système de récompenses instauré sur Assassin's Creed 2. Moyennant 40 points (points que l'on acquiert en progressant dans le jeu), vous pourrez donc vous essayer à ce mode qui oblige le(s) joueur(s) à traverser une carte entière sans être repéré(s) une seule fois. Les acheteurs de l'édition collector pourront par contre économiser ces quelques points pour les dépenser sur autre chose grâce au code fourni avec le jeu. Au final, même si les modes coop sont très réussis, on ne peut que regretter la disparition de l'excellent mode Spies vs Mercs qui avait fait les beaux jours de la série depuis Pandora Tomorrow.
Chaos Theory restera dans les mémoires comme l’un des titres les plus aboutis graphiquement de la Xbox, et reste aujourd’hui encore particulièrement agréable pour les yeux. Conviction se devait donc de mettre la barre très haut, et même s’il n’atteint pas les mêmes sommets que son ancêtre, on peut tout de même affirmer qu’il reste un jeu à la réalisation très aboutie. Les effets d’ombre et de lumière, essentiels pour un jeu de ce genre, sont particulièrement soignés, avec en particulier un SSAO (plus d'info ici) rendant les éclairages extrêmement réalistes. Il est toutefois un peu regrettable que la majorité du jeu se déroule en noir et blanc, les équipes d'Ubisoft ayant fait le choix d'utiliser ce passage au noir et blanc pour indiquer au joueur que Fisher est invisible aux yeux de ses ennemis. Le framerate est globalement très bon, avec toutefois un peu de tearing de temps à autre. L’aliasing se fait discret grâce à des éclairages assez doux, et seul un niveau se déroulant exclusivement en plein jour montre réellement les faiblesses du moteur à ce niveau.
Tous les commentaires (59)
Ca semble techniquement pas mal, bien pensé avec de la nouveauté et quelques oublis un peu préjudiciables, mais accessible au plus grand nombre.
Et le coop semble fort sympathique, donc c'est parti pèpère.
Et en coop, il y a vraiment pleinde petit trucs sympa, comme lorsque l'équipier se fait prendre en otage.
Et puis le coup du passage au noir et blanc... fausse bonne idée on voit tchi.
Pour profiter des graphismes c'est pas vraiment l'idéal (mais peut-être que c'était justement ça l'idée après tout :D).
PS: désolé Driftwood si je ne fais pas preuve de positive attitude ^^ :lorie:
Blim².. sale bourrin ! :D
Espérons qu'un jour ils reviennent sur leurs décision concernant le vrai multi, car c'estabsolument dommage comme amputation.
dieu que le plaisir des affrontements Merco' contre voleurs était grand.
ps: Bon, Berhta, tu as toujours tes collants noirs ? ^^''
Et puis le coup du passage au noir et blanc... fausse bonne idée on voit tchi.
Pour profiter des graphismes c'est pas vraiment l'idéal (mais peut-être que c'était justement ça l'idée après tout :D).
PS: désolé Driftwood si je ne fais pas preuve de positive attitude ^^ :lorie:
Enfin bon chacun ses attentes vis à vis de ce Conviction...
Moi j'avais espéré un peu mieux pour un jeu 2010, après un Double Agent en demi teinte (surtout là pour essuyer les plâtres de la next gen à mon avis), et surtout par rapport à ce qu'ils réussissaient à faire du temps de la première Xbox, c'est à dire le top du top du moment.
Après, si on rajoute à ça la nouvelle orientation qui me convient pas trop, ainsi que (et même surtout) la faible durée de vie, alors que c'est justement à ce moment là qu'ils décident de supprimer le mode multi... :s
Le fait d'être un double agent, c'était quand même extrêmement plaisant.
Et là dans le nouveau, jouer un espèce de Jason Bauer très éloigné du Sam Fisher que je connaissais, ça me déçoit. J'aurais limite préféré que Ubi lance une nouvelle franchise avec ce nouveau Splinter Cell.
on peut aimer la nouvelle version, mais franchement, ce n'est plus le sam fisher qu'on a connu.
Le double Agent avait changé cela (en bien d'ailleurs) mais on perdait l'ambiance Splinter avec des niveaux qui n'étaient pas dans le noir pour la plupart. Je suis par contre d'accord avec Fredeur, Double Agent était excellent. le premier Splinter où on se sentait concerné par l'histoire, des choix à faire qui influaient sur l'histoire, le côté undercover avec les passages dans la base des terroristes où il fallait essayer de voler des infos etc...
Comme Fredeur, je trouve que DA (en version next gen parce que les adaptations old gen étaient ratées) est excellent, avec ses moments bien dramatiques et ses niveaux vraiment très variés.
Sur la démo, comme les videos du test, on voit bien que l'action prime.