Si le mois de janvier nous a permis à tous de souffler un peu, février annonce le retour des sorties régulières et des choix cornéliens qui vont avec. Par sa modeste contribution, Gamersyde vous accompagnera donc autant que faire se peut et vous permettra peut-être même de ne pas passer à côté de certaines perles. Le NeverDead de Konami entre-t-il dans cette catégorie tant convoitée ? Pour le savoir, nous vous invitons à découvrir notre review détaillée et ses six vidéos exclusives.
Quand un truc bizarre se passe dans le quartier, comme un homme invisible qui dort dans votre lit par exemple, ce ne sont pas les SOS Fantômes qu'on appelle dans le monde de NeverDead. Non, tout aussi dévastateur pour les compagnies d'assurance que les quatre compères new yorkais, Bryce Boltzmann répond toujours présent pour faire le ménage auprès des "not so nice people" qui ont eu l'idée saugrenue de venir semer la pagaille en ville. Il n'est cependant point question de suaires et de chaînes ici, puisque notre homme surfe sur la même vague qu'un certain Dante en s'attaquant aux démons de midi à minuit, et qu'importe s'il lui faut pour cela renoncer au confort des 35 heures. De toute façon, efficace comme il l'est, il ne faudra pas compter sur beaucoup plus de 8 heures de jeu pour mettre un terme aux desseins nuisibles d'Astaroth.
Une histoire qui semble donc au premier abord assez classique, voire simpliste, et ce même si le jeu s'ouvre sur un premier flashback qui amène son lot de questions. Comment le personnage principal a-t-il pu passer de l'état de fringuant jeune homme tout ce qu'il y a de plus humain à celui d'homme désabusé de plus de 500 ans ? Quelle malédiction a bien pu s'abattre sur lui pour le condamner à une vie de souffrance et de désespoir ? Des questions qui trouveront une réponse tout au long d'une aventure assez prévisible il faut bien le dire. Ceci étant dit, l'ambiance kitch qui se dégage de NeverDead parvient tout de même à gagner en qualité à mesure que les personnages se découvrent. Rien de bien original certes, mais si vous êtes un minimum sensible au ton railleur de Bryce, vous y passerez finalement un assez bon moment.
Difficile de se tromper, NeverDead a beau être développé par les Anglais de Rebellion, il respire le produit japonais de A à Z. Peu surprenant quand on sait que Shinta Noriji est en fait à la fois producteur et game designer sur le jeu. On ne s'étonnera donc pas de croiser des adversaires à l'apparence pour le moins ridicule (à titre d'exemple, vous reprendrez bien un peu de Sangria), pas plus qu'on sera surpris d'affronter des montres au design quelquefois assez discutable. Pas spécialement effrayants, même lorsqu'ils ressemblent vaguement à de lointains cousins des créatures de Silent Hill, les démons de base manquent surtout de variété par rapport aux autres productions du genre.
Le scénario de NeverDead se dévoile évidemment par le biais de nombreuses cinématiques qui permettent au joueur de souffler un peu entre deux bottages de fesses. Tantôt servies à grand renfort d'images de synthèse, tantôt soutenues par le moteur 3D du jeu, elles sont autant l'occasion de découvrir les caractères bien trempés des personnages que d'admirer les courbes généreuses de la jolie Arcadia et de la jeune Nikki Summerfield. Les plus gros adversaires seront également mis en scène de cette manière de temps à autre, comme cela est désormais de coutume dans n'importe quel autre titre actuel. Mais comme une vidéo vaut toujours mieux qu'un long discours, nous vous laissons découvrir quelques-unes de ces cutscenes ci-dessous. Comme d'habitude sur Gamersyde, vous n'y trouverez aucun moment clef susceptible de vous gâcher une partie de l'intrigue.
Pas de bras, pas de chocolat
L'originalité de NeverDead est de vous donner le contrôle d'un héros immortel. D'aucuns me diront que Namco-Bandai l'avait pourtant déjà proposé assez récemment dans Knight Contract et ils n'auront pas tort. Mais contrairement à Heinrich, l'immortalité de Bryce ne le rend pas moins vulnérable aux attaques de ses adversaires. Si l'on ne perdra donc point de vie, il sera fréquent de littéralement perdre la tête face aux charges agressives des démons et autres merveilles. De l'état de héros parfaitement membré, on passera alors consécutivement à celui de cul de jatte ou manchot, avant de terminer simple homme tronc. Un personnage tronqué qui se verra automatiquement désavantagé avant de retrouver toutes ses facultés. Fort heureusement, d'une simple roulade sur le membre perdu, Bryce recolle les morceaux en un rien de temps. La tâche se complique lorsque le héros maudit n'a plus pour lui que sa tête, celle-ci étant particulièrement démunie face à ceux que nous appellerons ici les aspirateurs - ces petites boules très irritantes qui se précipitent pour avaler les membres arrachés. Seul véritable risque de game over, voir la tête de Bryce gobée vous laisse cependant une dernière chance de ne pas mourir étouffé, à condition d'appuyer sur la touche A dans le bon timing.
Côté combat, NeverDead emprunte clairement à la série Devil May Cry, tout en proposant certaines mécaniques de gameplay plus personnelles. Premier point commun avec le héros de Capcom, Bryce manie aussi bien l'arme blanche que l'arme à feu et varie donc ses attaques en fonction du besoin et des adversaires. Rebellion a cependant choisi d'assigner le contrôle de l'épée au stick analogique droit (avec l'obligation de mimer les mouvements gauche/droite ou haut/bas pour frapper) et de proposer le gameplay habituel des jeux de tir à la troisième personne pour les pistolets/fusils/mitraillettes/etc. Assez efficace, le système de combat fonctionne plutôt bien, même s'il faut tout de même composer avec la lourdeur du personnage principal et quelques soucis de caméra - essentiellement quand celui-ci est réduit à l'état de tête qu'on envoie balader à l'autre bout de la pièce. Deuxième lien de parenté avec la série créée par Hideki Kamiya, le fait qu'une zone ne peut généralement pas être quittée avant de l'avoir préalablement nettoyée. Aussi, le passage à la pièce suivante sera toujours bloqué par une porte démoniaque qui partira en fumée une fois la dernière créature passée ad patres.
On aurait donc pu croire que le système d'expérience serait en tous points calqué sur ses modèles, mais au contraire de Devil May Cry ou Bayonetta, celle-ci ne dépendra pas spécialement de votre style de jeu. L'expérience accumulée permet bien sûr de se procurer de nouvelles (et nombreuses) compétences, chacune d'elles occupant un certain nombre de "slots" dans l'inventaire du héros. Au départ, Bryce ne dispose en effet que d'un nombre limité d'emplacements qu'il sera ensuite possible de multiplier. Sachant que les caractéristiques les plus intéressantes (et donc les plus dévastatrices) prennent parfois jusqu'à 4 slots, le jeu oblige en permanence à faire des choix en fonction de la situation. Faut-il privilégier les attaques à l'épée ou bien faire parler la poudre aux yeux et à la barbe de ses adversaires ? Le gain en mobilité ou une meilleure régénération (la jauge en forme d’œil qui permet de faire repousser ses membres d'une simple pression sur le stick analogique) doivent-ils prendre le pas sur celui en expérience ? Une bonne idée qui donne aussi la motivation nécessaire pour se battre, les capacités gagnées n'étant pas négligeables. Et puis qui n'a jamais rêvé d'utiliser son propre bras comme grenade ?
Mais NeverDead c'est aussi la promesse de séquences plus originales où l'on vous demande d'utiliser un peu votre tête. Pas de panique, point besoin de réfléchir au risque de griller deux neurones puisqu'il s'agit ici de faire bonne figure en proposant autre chose que des séquences d'action pure. On se réjouit donc la première fois que l'on nous demande de nous arracher la tête pour passer dans un conduit d'aération. Ou encore lorsque le titre de Konami prend des allures de jeu de plate-forme un peu gore. Puis on se rend malheureusement compte que les situations ne se renouvellent pas et que, là où le jeu aurait pu prendre des risques pour nous étonner un peu plus à chaque niveau, il préfère jouer les gros paresseux. C'est d'autant plus dommage qu'il y avait sans nul doute matière à proposer beaucoup plus de puzzles ou de situations véritablement délirantes pour mettre à profit ce héros en kit. De ce fait, alors que le démembrement aurait pu devenir un vrai atout pour le joueur, il reste finalement assez anecdotique dans son utilisation et se contente d'être la source d'énervement principale pendant les combats, même en mode normal.
Comme dans Knight Contract, Bryce est régulièrement accompagné par sa partenaire mortelle, Arcadia. Si son efficacité à vos côtés reste relative et variera selon le moment, vous n'aurez pas trop à pester contre elle heureusement. Il lui arrivera bien de vous appeler à l'aide lorsqu'elle sera tombée sous le coup des assauts répétés des sbires d'Astaroth, mais le système de soin est assez généreux puisqu'il ne vous oblige pas à vous approcher à quelques millimètres de la jeune femme pour la remettre sur pied. Et si cela ne suffisait pas, il ne vous resterait qu'à acquérir la compétence qui permet de soigner vos alliés en leur tirant dessus (!). Souvent présente pour vous épauler, Arcadia vous laissera également vous débrouiller seul de temps en temps, notamment lors des affrontements démesurés contre boss et assimilés.
Disons-le d'emblée, c'est souvent lors de ces passages contre des créatures plus imposantes que le plaisir de jeu est le plus important. Pourtant, la maniabilité un peu pataude ne fait pas beaucoup pour aider le joueur, notamment dans les endroits les plus confinés. Pourtant, les points faibles marqués en jaune ont tendance à sentir un peu le réchauffé depuis Lost Planet premier du nom. Pourtant, on regrette que, comme pour le bestiaire de base, on nous resserve un peu trop souvent les mêmes monstruosités (à quelques exceptions près). Malgré tout cela, on s'amuse, on en bave (un peu), on rage (les deux derniers boss ont le don d'irriter) et on jubile quand l'adversaire est enfin à terre. Il y a même parfois comme un petit éclair de génie, lorsqu'un combat demande enfin au joueur de tirer parti du démembrement afin de triompher. Cela reste rare cependant, puisque ce dernier redevient trop rapidement un moyen de pénaliser le joueur (merci aux derniers boss encore une fois).
Technique boiteuse?
Pas forcément très impressionnant à première vue, le moteur de NeverDead affiche pourtant l'ambition de proposer des décors destructibles et interactifs (le feu peut par exemple servir à enflammer Bryce et ses munitions) dans leur grande majorité. Au-delà de l'effet cosmétique et de la jubilation que peut provoquer un tel chaos, cette possibilité est mise au service du gameplay pour le démarquer de la concurrence. Car en effet, loin des jeux où l'environnement ne sert habituellement que de simple décor, ici il devient acteur en vous permettant de l'utiliser contre vos ennemis. De ce fait, le moindre pilier ou balcon qui vient à s'effondrer sur vos adversaires leur cause des dégâts supplémentaires. Une fois encore, l'idée est louable (et même efficace), mais toutes les zones de jeu ne permettent pas autant de fantaisie qu'on le voudrait. De même, il est un peu dommage de voir encore trop d'éléments indestructibles. N'est pas Stranglehold qui veut.
Graphiquement, le correct côtoie le moyen selon que l'on se trouve dans un niveau très ensoleillé ou non. L'aliasing se fait trop présent, les textures ont une nette tendance à user de la basse résolution, et les décors, bien que souvent très fouillés, donnent l'impression de souffrir d'un rendu grossier. C'est le cas par exemple du début du tout premier niveau, à l'extérieur de la bâtisse (cf vidéo des 10 premières minutes). En d'autres occasions, certains environnements sont mieux mis en valeur et parviennent même à créer une véritable atmosphère. On reste loin de la prouesse technique cependant, les baisses de framerate aimant à se rappeler à notre bon souvenir un peu trop souvent. Des ralentissements qui ne sont heureusement pas préjudiciables au gameplay. Côté bande son enfin, elle devrait autant plaire aux amateurs de riffs heavy métalleux (Megadeth et Dave Mustain ayant tout de même écrit la chanson titre du jeu) qu'elle devrait faire fuir ceux qui n'ont aucune affinité avec le genre musical.
Verdict
Tous les commentaires (9)
Plus je vieilli, plus je préfère des titres comme Shadows of the Damned à des titres dit AAA comme Gears of War qui me gavent...
Un peu tiède donc, et ne tirant apparemment pas tout le "jus" de son idée de base... mais je prendrai quand même ! :D
Le shadows of the damned de fevrier ? Presque et c'est déja pas si mal !
J'ai vu les notes des premiers tests, elles sont majoritairement mauvaises, ce qui me réconforte dans mon idée, j'aime les jeux qui se prennent des 10/20 (ex: Lost Odyssey, l'excellent Deadly Premonition ou encore Shadows of the Damned), et quand je vois des merdes AAA comme les derniers COD ou Gears of War3 qui prennent des 18/20, je cherche plus à comprendre...