Nouvelle génération ou pas, Sony n'a clairement pas l'intention de laisser choir les heureux possesseurs de PS3 en cette rentrée plutôt chargée en nouveautés. Avant d'accueillir des titres aussi médiatisés que Beyond Two Souls (en preview dans nos colonnes dès la semaine prochaine) et Gran Turismo 6, c'est à l'envoûtant Puppeteer d'ouvrir le bal sur Gamersyde. Mais en lieu et place d'une review tout ce qu'il y a de plus classique, c'est à un exercice un brin différent que nous allons essayer nous livrer. Dans les quelques lignes qui suivent, nous allons en effet nous évertuer à vous expliquer pourquoi le jeu des studios de Sony Japon se doit d'intégrer votre ludothèque. Car oui, sans même devoir aller plus loin dans votre lecture, sachez que Puppeteer intègre le cercle très fermé des pépites à ne pas manquer, et qu'il a de plus l'élégance de le faire à un prix défiant toute concurrence.
MAJ : Le jeu sortant officiellement aujourd'hui, un petit retour en tête de gondole pour vous rappeler qu'il faut investir. :)
Puppeteer c'est d'abord un univers tout droit sorti de l'imagination fertile d'une équipe de développeurs talentueux menée de main de maître par le game director Gavin Moore. En créant pour le joueur un spectacle de marionnettes totalement interactif, les designers de Sony Japon ont pu faire sauter toutes les barrières qui auraient pu mettre un frein à leur créativité. Les jeux de perspective, l'habile narration qui donne au titre tout son charme, les changements de plans audacieux et la mise en scène théâtrale inspirée, tout participe à plonger le joueur et les spectateurs dans un monde à la fois unique et mémorable. À ceux qui ne verraient en Puppeteer qu'un simple clone de LittleBigPlanet, on vous arrête tout de suite, vous n'y êtes pas du tout. Leur seul point commun est d'offrir une vision diamétralement opposée à celle du jeu vidéo bankable que l'on ne connaît que trop, bien loin de l'habituel élan de réalisme vers lequel la puissance des machines actuelles - et à venir - tendent chaque jour un peu plus. Ici, la technique sert l'artistique avec une justesse rare et une humilité nouvelle, offrant un spectacle visuel et sonore d'une telle qualité que l'on découvre avec jubilation chaque nouveau chapitre de l'épopée du jeune Kutaro.
Ce conte raconté par un narrateur aussi bavard qu'irrésistible se conjugue en 7 actes, chacun composé de trois chapitres, où les idées de mise en scène ne cessent de se renouveler, où les personnages les plus étonnants se succèdent pour mettre des bâtons dans les roues de l'enfant devenu simple poupée, ou pour l'aider dans son combat contre le Roi Ours de la Lune. On retrouve donc une galerie de seconds rôles hauts en couleurs, dont certains n'hésiteront pas à pousser la chansonnette ou à faire étalage de leur talent à la pointe de l'épée. Des personnages tantôt complètement originaux, tantôt issus de l'inconscient collectif, comme si le conte pour grands enfants qu'est Puppeteer se plaisait à rendre hommage à tous ceux qui ont pu inspirer de près ou de loin ses créateurs. À chaque rencontre, on reste émerveillé comme un gamin face au sublime character design que les différents effets spéciaux ne font que mettre plus en valeur encore. La destinée du jeune Kutaro qui ne pipera pas un mot de toute l'aventure ne pourra donc que vous charmer, quel que soit votre âge, et vous donner l'irrésistible envie de la partager. Un désir que Puppeteer vous permet d'ailleurs de réaliser simplement, en invitant votre compagne ou votre enfant à vous rejoindre le temps de quelques coups de ciseaux.
Pica chou
Ensemble, vous pourrez plonger dans cet univers sans équivalent aucun et suivre une histoire digne des plus grands contes. Tantôt acteur, quand il faut diriger Kutaro (joueur 1) et Picarina (joueur 2) - sa coéquipière au caractère bien trempé -, tantôt spectateur, lorsque les scénettes en 2D ou en 3D prennent le relais, vous aurez bien du mal à abandonner les deux héros à leur propre sort. Un jeu que l'on peut donc vivre en totale coopération et qui s'assure toujours que le second joueur ne pourra jamais bloquer la progression de l'autre et rendre l'expérience frustrante. Clairement plus destiné aux jeunes enfants ou aux petites amis réfractaires au médium, le contrôle de Picarina, bien que parfois un brin flottant, ne pose aucun problème, à la manette comme au PS Move. En aidant Kutaro à fouiller le décor, ramasser les éclats de lune, en lui ouvrant le passage en actionnant des éléments du décor, ou en l'épaulant pendant les combats, Picarina se pose en soutien permanent du héros. Immortelle, la fille du soleil transformée en petite fée ne sera jamais sanctionnée du couperet implacable du game over, mais espiègle comme jamais, elle pourra cependant faire perdre la tête à son compagnon de fortune en la lui arrachant gratuitement à l'envi.
Bien sûr, seul vous ne rencontrerez pas ce genre de petits désagréments, d'où l'intérêt de toujours bien choisir son partenaire de jeu. Reste que si l'aventure se parcourt en solitaire sans difficulté, la récolte de toutes les têtes et bonus aura bien du mal à être complète sans un petit coup de pouce. Le stick droit a beau être dédié au contrôle de Picarina quand on s'adonne aux joies de Puppeteer en solo, il est parfois bien difficile de tout gérer en même temps ; tout particulièrement dans les passages où le rythme s'accélère et où l'on ne peut détacher les yeux de Kutaro sans risquer gros. Qu'à cela ne tienne, Puppeteer invite le joueur à revenir sur les chapitres terminés pour débloquer les stages bonus oubliés et sauver les âmes des enfants restants dans le niveau, soit parce qu'il ne disposait pas encore de la bonne tête pour accéder à une zone cachée, soit parce qu'il n'avait tout simplement pas pris le temps de fouiller son environnement correctement. L'occasion de faire découvrir les splendides décors à un deuxième joueur de passage et de récolter encore plus de contenu. Comme nous l'expliquions aussi dans notre preview, la progression dans l'aventure donne également accès à des petits livres d'histoire qui narrent le passé des divers personnages rencontrés au cours du jeu, ceci parfaisant encore plus la dimension spectacle de ce bel hommage au théâtre.
Super Marionette
Comme Rayman Legends sorti la semaine dernière, Puppeteer annonce le grand retour gagnant du genre plateforme sur nos consoles, sans pour autant tomber dans la facilité de la nostalgie sur laquelle certains remakes récents ont pu vouloir surfer. Mais, allez-vous nous dire, pourquoi diable vous laisseriez-vous tenter par le jeu issu des studios Sony alors que vous avez déjà opté pour un excellent baril d'Ubisoft il y a peu ? Eh bien tout bêtement parce qu'une lessive aussi efficace soit-elle a toujours besoin d'un bon adoucissant pour donner à votre linge le moelleux et la volupté qu'il mérite. Pas convaincu par notre métaphore sans réel Génie ? Vous l'aurez voulu, il va nous falloir développer. Kutaro ayant perdu la tête suite à un accès de mauvaise humeur du Roi Ours de la Lune, il lui faut utiliser toutes celles qu'il peut trouver sur son chemin. Ne pouvant en porter plus que trois à la fois, il lui faut donc en prendre soin, en tâchant d'éviter de recevoir le moindre dégât, sous peine de voir ses têtes lui filer entre les doigts. Si par mégarde, il vient à en perdre une, il lui est cependant possible de la rattraper pour la replacer sur ses épaules. Attention cependant, le laps de temps est court et l'environnement pas toujours propice aux sauvetages in-extremis. Lorsque Kutaro n'a plus assez de têtes pour l'emploi, il perd une vie, ces dernières lui étant gratifiées après avoir récolté un nombre suffisant d'éclats de lune.
Heureusement, pour tenir tête aux nombreux dangers qui se dressent devant lui, Kutaro peut compter sur un arsenal efficace, à commencer par Calibrus, l'étonnante paire de ciseaux magique qui lui permet de fendre l'air en découpant les éléments du décor. Ingénieux et original, cet outil rarement utilisé dans le jeu vidéo est donc à l'enfant marionnette ce que la mythique Excalibur était au Roi Arthur : le symbole de son adoubement en tant que chevalier, mais aussi celui de la lumière pourfendeuse des ténèbres, seule capable de rendre la justice face à l'impitoyable Roi Ours de la Lune. Mais ce n'est pas tout. Lors de son incursion dans le monde des pirates, Kutaro gagnera également un bien précieux grappin, très utile pour déclencher des mécanismes, bouger des plateformes ou même attraper des ennemis dans un style très similaire à celui de Scorpion dans Mortal Kombat – les découpages en rondelles en moins cela va de soi. Aussi pratiques pour se frayer un passage dans le décor que pour les offensives explosives, les bombes font également partie des accessoires indispensables à la quête de Kutaro, tout comme le masque de taureau qui lui confère la force de déplacer des objets lourds – comme des immeubles entiers (!) – et de piquer une tête sur le sol ou le crâne d'un ennemi. Pour la défense enfin, Kutaro n'hésite pas à user de son bouclier de lumière, pour la réfléchir sur ses adversaires, bloquer les attaques puissantes des boss, ou enfin détourner les projectiles lancés sur lui.
Spectacle son et lumière
Nous l'avons dit, la sublime direction artistique de Puppeteer est ce qui frappe le plus en lançant le jeu pour la première fois, éclipsant même toute envie d'analyse technico-geek de la réalisation d'ensemble. Pourtant, il nous faut tout de même parler de ces textures troublantes de réalisme qui retranscrivent à merveille les différentes matières qui composent le décor : papier, bois ou carton, tout est si crédible que l'illusion d'avoir affaire à un véritable spectacle de marionnettes est totale. Par le jeu des changements brusques de décors ou tout simplement suite aux vibrations de la scène, la multitude d'objets ou petits cailloux qui parsèment le sol se mettent à bondir brusquement, donnant à chaque parcelle de terrain une vie propre. Une vie qui habite également tous les personnages du jeu, grâce à des animations très fluides et particulièrement soignées qui ne dépareilleraient pas dans un long métrage des studios Pixar. Impossible également de ne pas mentionner les superbes effets de lumière et les ombres qu'ils projettent en temps réel sur les décors. L'impression de profondeur devient alors saisissante, comme si les projecteurs chargés d'envoyer les ombres des personnages étaient placés dans votre salon, juste devant votre écran. Et comme ce beau tableau a le bon goût de ne souffrir d'aucun ralentissement, tout en parvenant à gommer presque toute trace d'aliasing disgracieux, rien ne vient jamais briser l'immersion ni gâcher le plaisir des yeux.
Avant de terminer cette longue déclaration d'amour par un point essentiel sur la bande son du jeu, quelques mots sur le mode 3D que nous sommes enfin parvenus à tester convenablement. On doit vous l'avouer, après nous être essayés aux trois premiers actes lors de la preview, nous étions convaincus que le jeu prendrait littéralement une autre dimension une fois les lunettes sur le nez. Au final, le résultat est certes convainquant, avec une absence totale de ralentissements par exemple, mais la transposition du jeu en 3D ne transcende pas l'expérience pour autant. Les passages des personnages au premier plan mériteraient par exemple de sortir davantage de l'écran, et comme souvent, la palette de couleurs en pâtit quelque peu. C'est donc sans regrets que nous sommes retournés dans la deuxième dimension jusqu'au générique de fin, d'une charmante originalité lui aussi. Vous l'aurez compris, Puppeteer sait indéniablement flatter les rétines, mais il n'en oublie pas vos esgourdes pour autant. Il profite en effet d'un casting vocal (VO ou VF) de grande qualité qui a su se mettre au service des excellents textes du script. Les jeux de mots sont nombreux, les clins d’œil fréquents et la connivence avec le joueur n'en est que plus grande. Musicalement, pas de reproches à formuler non plus, avec des thèmes qui trottent longtemps dans la tête et qui sont parfaitement adaptés aux différents niveaux et leur donne une vraie personnalité.
Verdict
Tous les commentaires (32)
Plus que quelques petits jours à patienter. J'ai vraiment hâte de recevoir le mien. :)
Je viens de jeter un œil sur le "test" de GK et j'avoue avoir eu un beau double facepalm en lisant "Réservé aux tous petits" dans la colonne des "moins"... Je comprends pas comment on peut écrire de telles conneries sans être foudroyé de honte sur place. -_-'
C'est à peu près aussi con que de dire que, passé 10 ans, on ne peut plus prendre de plaisir en lisant Andersen.
On ironise souvent à propos de Gameblog mais cette semaine c'est Gamekult qui décroche la timbale.
Namotep va vite amortir son achat ^^.
Là je vais faire The Last of US (j'ai hâte) mais..
MGS 5 a l'air d'envoyer (merci Kojima). Du coup, dois-je me prendre MGS 4 (j'avais pas trop accroché au jeu du peu que j'avais essayé) ? Histoire de ne pas trop être largué (j'ai fait le 1 et le 2). Faudrait prendre la compil HD du coup. Je me ferai bien Uncharted 3 aussi même s'il se dit que ce serra pas aussi bien que le 2 que j'avais adoré.
Heavy Rain et peut-être Beyond Tow Soul même s'il me branche moins que le premier cité. Et enfin, J'avais aussi ce Puppeteer dans le coin de la tête (que je trouve superbe).
Enfin, GTA 5 aussi (même si c'est multi je le place tout de même car finalement Rockstar veut nous faire acheter 2 jeux pour certains).
Mince t'as aussi Journey (dois-je le faire aussi...pfff).
Conclusion: J'aimerai bien pouvoir retourner à l'adolescence. Au temps ou j'avais du temps :)
Je ne sais pas si c'est bien d'attendre Gakai,tu devrais t'y mettre tout de suite. Tu vas suffoquer une fois le service en place(je suis le ptit diablotin sur ton épaule gauche ^^ )
Désolé pour le HS. Très bonne review (je le dis pas souvent).
Tu as renoncé à ton droit de faire ce genre de jeux de mots (laids) lorsque tu as revendu ta PS3. ^^'
Si la plume de Drift et les vidéos vous ont donné envie, jettez-vous dessus.
Clairement, une bonne review. J'avais le titre dans le coin de la tête en me demandant si je le ferai. Et ça a fait pencher définitivement la balance vers un l'achat (petite perle en vue), d'autant que comme mentionné dans la review, le jeu est à tout petit prix.
Je n'ai pas aussi des masses de temps mais c'est un titre trop frais, et le concept est excellent (la DA, quelques idées de gameplay, la narration et la mise en scène).
Le seul problème pour moi, va être de télécharger le jeu avec ma connexion de paysan ! J'en ai au moins pour quelques jours !
Merci pour le renseignement !
Jeu précommandé !
Dès que je fini Rayman je prends.