Avec son concept novateur mélangeant jeu vidéo classique et série télévisée, Quantum Break, le nouveau jeu du développeur finlandais Remedy Entertainment, est attendu de pied ferme depuis son annonce en 2013. Avec sa sortie confirmée sur PC également, c'est pourtant bien sur la version Xbox One que se base cette review, même si nous espérons pouvoir vous fournir du contenu vidéo PC assez rapidement afin d'assouvir la faim des joueurs avides de hauts framerates. Petite précision concernant cette review, le scénario occupant une place non négligeable dans le jeu, très peu d'éléments seront dévoilés sur cette page, si ce n'est le tout début de l'aventure. Dans les moments où il nous faudra aborder certains points relatifs à l'intrigue, nous vous le préciserons en amont afin de vous préserver au maximum. Vous pouvez également découvrir - si ce n'est pas encore fait - les previews réalisées de main et voix de maître par Driftwood puisqu'elles accompagnent notre article. Le voyage dans le temps commence juste après le clic.
Avant toute chose, si vous ne voulez rien savoir à propos de l'histoire principale et commencer le jeu vierge de toute information, vous pouvez passer directement à la deuxième partie de cette review. Tout commence lorsque Jack Joyce (Shawn Ashmore) revient dans la ville fictive de Riverport, une bourgade au bord du gouffre et proche de la banqueroute avant l'arrivée de Monarch Solutions. Cette société à la pointe de la technologie et dotée d'une capacité financière extrêmement importante va permettre à la ville de reprendre son souffle et des couleurs grâce à de nombreux investissements. Mais pourtant, Monarch n'est pas forcément toujours bien accueilli par les habitants. En témoigne cette manifestation déclenchée par les élèves de l'université suite à la décision prise par l'entreprise de détruire une bibliothèque vieille de plus de 100 ans. Après avoir rasé des vestiges de la Seconde Guerre mondiale pour installer un centre de recherche, après avoir détruit la gare centrale pour ériger celle que l'on nomme la tour Monarch symbole de la puissance de l'entreprise, la coupe est pleine pour certains et c'est donc au milieu de toute cette agitation que l'histoire débute.
Invité par son ami d'enfance Paul Serene (Aidan Gillen) qu'il n'a pas vu depuis de nombreuses années, Jack Joyce ne sait pas encore pour quelles raisons ce dernier l'a fait revenir dans une ville qu'il a quitté il y a bien longtemps. Il va cependant vite découvrir ce qu'il se trame à l'université et comprendre également le rôle que joue son frère William (Dominic Monaghan) dans tout cela. Suite à une expérience qui tourne mal (mais pas à une horloge cosmique déréglée), Jack et Paul seront exposés à une très forte concentration de chronons, un élément essentiel au bon fonctionnement d'une machine capable de faire voyager dans le temps. Tout bascule à ce moment précis, les deux hommes se rendant rapidement compte qu'ils sont dorénavant capables de manipuler le temps de différentes manières. Aux commandes de Jack, on tente alors d'échapper aux forces de sécurité de Monarch en utilisant des moyens tout à fait conventionnels, c’est-à-dire des armes à feu, pour se frayer un chemin au milieu des attaquants. Après plusieurs scènes assez calmes permettant de poser l'ambiance générale, entrecoupées de phase de gunfight où l'on découvre quelques pouvoirs temporels, l'acte se termine sur l'une des particularités essentielles du jeu : les jonctions.
Durant ces phases de jeu assez courtes, vous serez à chaque fois aux commandes de Paul Serene. Ce dernier, capable de voir de quoi l'avenir sera fait, et donc de découvrir deux futurs potentiels, devra choisir entre deux embranchements radicalement différents. Mais n'allez pas croire que ce choix sera simple. Dans Quantum Break, il n'y a pas forcément de bien ou de mal, de bon ou de mauvais choix. En effet, la décision que vous prendrez influencera l'histoire du jeu et celle de la série. Bien entendu, certaines options proposées peuvent être radicales. Par exemple (spoiler alert!) lors de la première jonction, vous pourrez décider de protéger les intérêts de Monarch, vous amenant ainsi à faire exécuter tous les témoins des événements de l'université. Cela aura pour effet de protéger les secrets de la société mais déclenchera la colère de l'opinion publique à son égard. L'autre choix sera beaucoup moins violent et va permettre de manipuler les médias et le public afin de faire passer Jack Joyce pour l'unique responsable des événements. Il sera ainsi traqué mais disposera également d'informations capitales concernant Monarch. Petit détail, à l'instar d'autres "jeux à choix" comme les titres de Telltale, vous pourrez découvrir un pourcentage qui représente le choix de la communauté par rapport à votre décision, ainsi que le choix de vos amis.
Comme on pouvait l'imaginer, le scénario occupe une place très importante dans le jeu et nous n'en n'attendions pas moins de Remedy après un Alan Wake qui a su nous tenir en haleine jusqu'au bout. Ici, le développeur pousse l'intrigue encore plus loin car selon le choix lors des jonctions, cela va modifier les faits survenant dans le jeu, mais également dans la série. Ces choix n'étant pas anodins, certains personnages seront ainsi purement et simplement supprimés et votre perception de l'histoire sera différente. Petit détail, durant l'aventure, vous pourrez également trouver des échos quantiques sous forme d'objets à trouver ou manipuler. Ces échos vont légèrement modifier les épisodes live, et même si les effets ne sont pas exceptionnels, cela reste tout de même plutôt sympathique. Plusieurs embranchements sont donc accessibles mais il est important de préciser que tout ne sera pas forcément totalement affecté. En effet, si certains choix vont par exemple drastiquement changer le comportement de Paul Serene, de nombreuses scènes dans le jeu restent plus ou moins les mêmes, ce qui paraît plutôt logique. Le déroulement des actes sera donc modifié dans le fond mais pas dans la forme, et vous traverserez au final les mêmes environnements quoi qu'il arrive. Cependant, toujours selon vos choix, ces environnements pourront être différents sur certains points que nous n'aborderons pas afin de vous préserver la surprise. Une dernière chose sur cette partie narrative, après avoir terminé le jeu deux fois en choisissant des options différentes lors des jonctions, la conclusion de l'histoire n'a jamais changé. Quantum Break n'a donc qu'une seule et unique fin, et si elle apporte des précisions sur certaines choses, elle ouvre cependant la porte à une éventuelle suite...
Il est temps d'aborder désormais l'autre point essentiel de Quantum Break : les gunfights. À première vue, on pourrait se croire face à un Third Person Shooter plutôt classique, avec sa visée à l'épaule et ses mises à couvert automatique à l'approche de murs ou d'abris divers. Pourtant, on ne joue pas à Quantum Break comme on joue à un Uncharted ou Gears of War. Vous ne resterez en effet jamais très longtemps immobile, d'une part car l'IA aura tendance à venir vous débusquer assez rapidement, mais également car tout le sel de ces phases de combats réside dans l'utilisation des différents pouvoirs temporels. Au total, vous manipulerez le temps avec 6 capacités différentes, et si vos premiers combats seront assez classiques, le jeu changera nettement de dimension au fur et à mesure de l'obtention de ces capacités. À condition de les mettre à profit comme il se doit, cela va complètement modifier votre façon de jouer. Plus votre maîtrise sera bonne, plus les affrontements seront jouissifs, transformant des échanges de coups de feu en chorégraphies plus ou moins bien exécutées par le joueur. Des sensations rares, voire inconnues dans ce style de jeu depuis un certain Max Payne où nous enchaînions les sauts à l'horizontale couplés aux fameux bullet time. Même si la variété des ennemis n'est pas vraiment au rendez-vous vu que l'on ne dénombre que quelques types d'assaillants différents, chacun possède ses propres caractéristiques et les vaincre vous demandera de bien utiliser vos 6 pouvoirs, du moins en mode difficile. En effet, le jeu n'est pas bien compliqué en mode normal et ne devrait pas vous poser de problèmes. Si vous ne vous réussissiez pas à vous en sortir malgré tout, un mode facile qui porte bien son nom vous accueillera à bras ouverts.
Votre premier pouvoir sera la vision temporelle : en appuyant sur le bouton Y, vous dévoilerez les silhouettes des ennemis et des éventuels objets explosifs aux alentours, mais attention, cette vision se désactive au moindre mouvement. Ensuite, l'arrêt temporel vous donnera la possibilité d'envoyer une bulle à distance dans laquelle le temps sera figé. Libre à vous d'y piéger un ennemi et de tirer sur lui, les balles se cumulant alors avant d'être libérées lorsque la bulle se désactive. Puis, c'est au tour de l'esquive temporelle de rentrer dans la danse, une capacité bien pratique qui se présente sous la forme d'un dash le temps de quelques mètres - à utiliser donc pour réduire ou augmenter la distance entre vos assaillants et vous. En maintenant la gâchette de visée à la fin de l'esquive, un dérivé du bullet time si cher à Remedy se déclenche, appelé concentration temporelle. Le temps est alors ralenti pendant quelques secondes, vous octroyant la possibilité de viser tranquillement. Jack bénéficiera également d'un bouclier temporel qui lui permettra de se protéger des attaques de ses adversaires et de récupérer de la vie, la bulle créée déviant les projectiles ou permettant même de bousculer les ennemis. Les deux derniers pouvoirs acquis lors de l'aventure seront la déflagration temporelle, une sorte d'explosion piégeant ceux qui se trouvent à proximité, puis l'accélération temporelle qui permettra au héros de se déplacer très rapidement en figeant le temps aux alentours. À l'approche d'un adversaire, une action contextuelle s'active alors pour déclencher une élimination au corps-à-corps très efficace.
Au cours de votre progression, vous trouverez différents éléments à ramasser, voire même si vous êtes observateur, quelques références plutôt sympathiques à Alan Wake, entre autres. Certains, comme les échos quantiques décrits plus haut, auront un effet sur la série, d'autres comme les ordinateurs vont tout simplement vous donner accès à des emails contenant des discussions assez précises entre différents protagonistes. Un moyen désormais courant de raconter l'histoire sans pour autant l'imposer aux plus pressés. Si cela ne va sans doute pas plaire à tout le monde, on ne pourra pas reprocher à Remedy de ne pas vouloir rendre son histoire crédible et de développer les relations entre les personnages. D'autres éléments nommés source de chronons seront à découvrir. Ce sont ces sources qui vont donner à Jack la possibilité d'améliorer ses pouvoirs. Vous pourrez par exemple augmenter la portée de la vision temporelle, améliorer la résistance de l'arrêt temporel pour que ce dernier absorbe plus de balles avant de se dissiper, ou encore diminuer le temps de charge de la déflagration temporelle. Pour trouver ces sources, il faudra garder un œil sur l'icône de vision temporelle à l'écran, puisque celle-ci clignotera en jaune à leur approche. Il faudra ensuite activer la vision temporelle et faire usage du petit radar qui va alors vous mener directement à la source.
Lors de phases plus calmes et contemplatives, comme vous l'a montré Driftwood et sa phobie du ketchup lors des lives, de nombreux éléments du décor réagissent aux actions du personnage, aux balles ou aux pouvoirs utilisés. Parfois, vous devrez tirer sur des objets destructibles visibles grâce à la vision temporelle, comme pour faire tomber une poutre par exemple. Puis vous pourrez "rembobiner" le temps pour remettre des choses en place afin de passer sur cette poutre avant qu'elle ne s'écroule, mais attention, l'effet ne durant pas très longtemps. Vous traverserez également certains passages durant lesquels le temps est complètement altéré ; les objets se figent, accélèrent puis reviennent à leur position initiale, donnant lieu à de superbes tableaux. L'effet est assez impressionnant parfois et ces phases de plateforme ont le mérite de diversifier les séquences de jeu, même si le challenge n'est jamais très élevé. Si les niveaux sont globalement très bien construits, notamment au niveau de la disposition des éléments de couverture lors des gunfights, on ne peut néanmoins s'empêcher de regretter quelque peu le manque de diversité des ennemis. Si tout est souvent spectaculaire dans Quantum Break, le manque de variété se fait parfois ressentir. Même chose au niveau des armes, en dépit d'un choix assez conséquent entre les divers pistolets, les différents types de mitraillettes (améliorées, tactiques, fusils d'assaut...) ou autres fusils (carabines, semi-automatiques, fusils-mitrailleurs), on aurait aimé voir un peu plus de folie, pourquoi pas au niveau de l'armement de Monarch par exemple.
Nous avons déjà beaucoup abordé le plan technique dans nos deux previews et si nous n'avons pas grand-chose à ajouter, il est tout de même important de noter à quel point le jeu peut-être impressionnant à plusieurs reprises. Que cela soit pendant cette scène mémorable déjà aperçu lors de la Gamescom où l'on voit le temps défiler à toute allure, pendant les multiples déformations visuelles lors de l'utilisation des différents pouvoirs, ou à chaque fois que la beauté des éclairages et du PBR s'expriment à leur plein potentiel, Quantum Break fait plaisir à voir. D'autant que le moteur physique n'est pas en reste, avec énormément d'objets destructibles dans l'environnement qui ajoutent beaucoup de dynamisme aux échauffourées. Si le débat sur la résolution a fait rage sur les forums du monde entier grâce aux férus du comptage de pixels, on ne peut nier la performance de Remedy qui a réussi à utiliser au maximum les possibilités offertes par la Xbox One. Alors oui, certaines textures ne sont pas très fines, le LOD est parfois très capricieux et le filtre utilisé sur l'image n'est pas toujours très agréable, mais le jeu est fluide en toutes circonstances et s'il fallait faire quelques concessions sur le plan technique pour en arriver là, eh bien nous ne pouvons qu'approuver la démarche. Si nous n'avons pas encore pu apercevoir la version PC, nous espérons pouvoir vous procurer quelques vidéos de gameplay dès que possible et constater si oui ou non la puissance d'un PC gonflé à bloc autorise des folies sur le rendu global du jeu.
Sur le plan sonore, Remedy a fait un excellent travail sur les détonations des armes et les diverses déflagrations pendant les combats. La musique se fait assez discrète mais les différents thèmes composés par Petri Alanko, déjà compositeur sur Alan Wake, sont excellents. Les doublages de la version originale ne souffrent d'aucun reproche et le travail de synchronisation labiale est sans doute parmi ce qui se fait le mieux dans le genre. Bonne nouvelle pour les anglophobes, vous pourrez également jouer en version française totalement doublée. Si les avis au sein de la rédaction divergent, les doublages dans la langue de Molière restent bons dans l'ensemble et ne viennent pas briser l'immersion. Terminons notre tour du propriétaire avec quelques mots sur la durée de vie du jeu, plutôt en phase avec le genre. L'aventure étant composée de 5 actes, il nous aura fallu un peu plus de 7 heures de gameplay en mode normal pour en venir à bout. Si l'on ajoute la mini-série - sachant que chaque acte est relié à un autre par un épisode live d'environ 25 minutes -, vous devriez voir la fin de l'aventure au bout de 9 heures environ. Bien sûr, en fonction de votre envie de récupérer les différents collectibles et les sources de chronons, votre temps de jeu pourra varier quelque peu. Nous aurions certainement aimé pouvoir profiter un peu plus de cet univers, mais le jeu dispose d'une bonne replay-value et recommencer une partie en prenant les autres choix est intéressant pour comprendre les différents points de l'histoire. Une fois le jeu terminé, vous pourrez relancer les actes comme bon vous semble pour partir à la chasse aux chronons ou vous faire plaisir dans les gunfights en les appréhendant avec une meilleure maîtrise des pouvoirs.
Tous les commentaires (38)
Ayant terminé Beyond 2 Souls et Heavy Rain, un peu d'action avec un univers narratif maîtrisé me donne envie.
Tant pis pour la durée de vie, je le ferai 2X^^
Et ici les choix changent la donne, ce qui donne une bonne replay value pour une fois.
La plupart des défauts mentionnés ne me gênent pas plus que ça, à part les temps de chargement, mais bon faut bien faire avec de nos jours.
Le truc qui m'inquiète un poil c'est les doublages : ils seront forcés en fonction de la langue de la console, comme dans la plupart des jeux Xbox, ou on peut forcer la VO même sur une bécane configurée en FR ?
Disons qu'il existe aussi des jeux longs de 25h, pleins et cohérents comme Witcher 3, Dark Souls 3...
Ce sera un achat certain en tous cas !
J'avais peur que l'action prenne le pas sur l'intrigue, mais me voila rassuré !
Parceque dans les commentaires ils disent qu'ils faut acheter la version demat sur le store de la One pour bénéficier d'un code pour la version PC.