On ne vous apprendra rien en vous disant que chaque sortie d'un nouveau jeu du studio Rockstar est un événement vidéoludique attendu. Récemment invités dans leurs bureaux parisiens, nous avons pu découvrir et jouer à Red Dead Redemption 2 sur une session d'une heure et demie. Cela peut sembler peu pour un titre d'une telle envergure, mais c'est amplement suffisant pour savoir si toute l'esbroufe faite depuis son annonce était justifiée ou non. La réponse dans les lignes qui suivent.
Au cas où vous sortiriez d'hibernation, sachez que le nouveau protagoniste que l'on incarne dans cette préquelle s'appelle Arthur Morgan, et que le bougre n'est autre que l'un des membres actifs du gang de Dutch Van der Linde, en partie composé de Dutch en personnne, de Bill Williamson et d'un certain John Marston que l'on ne présente plus. Nous n'irons pas plus loin dans les détails scénaristiques lors cette preview, déjà parce que ce n'est pas dans nos habitudes de vous en dévoiler trop, ensuite parce que nous n'avons pas vu le début de l'aventure mais différents passages plus avancés, et enfin parce que ce n'est pas franchement le point qui nous intéresse le plus aujourd'hui. Une fois n'est pas coutume, nous avons choisi de commencer cette preview par les aspects qui nous ont un tantinet déçus. Nous n'avons en effet pas été particulièrement impressionnés par certains visages et les expressions faciales de certains protagonistes pendant les cut-scenes. Ne commencez pas à crier au scandale, cela reste de très bonne facture, mais disons que nous avons déjà vu mieux à ce niveau sur d'autres titres déjà sortis, et l'on pouvait par conséquent s'attendre à un peu plus d'un tel titre. Dans un registre pas si éloigné, quelques animations et transitions semblaient encore un peu robotiques, mais cela est probablement dû à leur quantité et à leur grande variété en fonction des situations. Voilà, après cet interminable paragraphe sur nos petites déceptions, nous allons maintenant pouvoir aborder les points qui font plaisir et qui impliquent plus précisément... tout le reste. Concernant la partie technique d'abord, notez que la démo était tirée d'une build non définitive tournant sur un kit de développement PS4 Pro. Nous n'avons pas eu plus de précisions concernant les différentes résolutions qui seront proposées, mais sachez cependant que nous n'avons rien noté de rebutant. Pas de grosses chutes de framerate à l'horizon, et une qualité d'image plutôt propre. Tout juste pourra-t-on chipoter sur certaines textures peu folichonnes (rien d'anormal pour un open world de la sorte) et une navigation un peu lente dans les menus, mais franchement, en dehors de cela, rien d'alarmant.
Là où RDR2 risque de mettre tout le monde d'accord, c'est déjà sur sa distance d'affichage assez hallucinante, ainsi que sur l'excellente gestion du clipping/popping qui force le respect au vu de l'univers et des panoramas rencontrés. Mais Rockstar ne s'est bien évidemment pas contenté de quelques tours de passe-passe techniques pour son nouveau bébé, l'aspect visuel ayant également été traité avec le plus grand soin. Du réalisme saisissant des éclairages, en passant par les conditions météo ou encore la variété des environnements - rien n'a été laissé au hasard. Le parfait exemple que nous avons encore en mémoire est sans aucun doute le moment où Arthur et d'autres membres du gang décident de partir à cheval d'un chalet perdu dans les hauteurs d'une montagne abondamment recouverte de neige au petit matin. La visibilité est alors fortement obstruée par un ciel bas grisonnant, accompagné d'un dense brouillard particulièrement bien rendu et d'une teinte bleutée, froide au point d'avoir envie d’enfiler une doudoune avant de continuer de jouer. Au fur et à mesure de la descente du sentier escarpé, le brouillard finit par s'estomper et les nuages s'écartent peu à peu laissant passer de somptueux rayons de soleil volumétriques. Puis enfin arrivés en bas, on découvre une immense vallée au panorama impressionnant, cette fois sous un ciel bleu ensoleillé à la colorimétrie bien plus chaleureuse. Pour résumer, il s'agit typiquement du genre de séquence où plus d'un joueur devra poser sa manette le temps de remettre sa mâchoire en place. Oooh, on pourrait vous donner bien d'autres exemples de la sorte - comme lorsqu'en arrivant dans une petite ville typique du Far West à la tombée de la nuit il se mit à pleuvoir, et que les lanternes des maisons environnantes laissaient entrevoir des flaques de boue se former sur la rue principale - mais il faut bien en garder sous le coude pour la review. Sans compter que nous avons encore bien d'autres sujets à aborder.
Comme vous pouvez vous en douter, faisant partie de la bande de Dutch, Arthur Morgan n'est pas franchement un saint. Mais n'allez pas croire pour autant que vous allez pouvoir faire n'importe quoi n'importe comment tel un brigand sans scrupule. Le jeu propose divers choix à conséquences qui influeront sur une jauge d'honneur. De ce fait, les nombreux PNJ auront des comportements différents vis à vis de vous, ceux-ci évoluant en fonction de cette jauge. En sus, incarner un hors-la-loi héroïque augmentera la récompense des chasses à la prime, tandis qu'un bandit sans honneur gagnera plus d'argent lors des braquages. RDR2 fait aussi la part belle aux interactions en tout genre. Dorénavant, maintenir la gâchette L2/LT cible un PNJ (ou un animal) proche, ce qui permet d'accéder à une palette de possibilités allant de la simple salutation, en passant par l'insulte, le braquage, ou tout simplement le dialogue, celui-ci pouvant parfois mener à une quête secondaire. Cette dernière est généralement accompagnée d'une cut-scene, et peut par exemple déboucher sur une chasse à la photographie de paysages. Il en va de même avec votre fidèle destrier qu'il sera possible, entre autres, de caresser, de brosser ou de nourrir dans le but de renforcer votre affinité avec lui. Plus vous passerez du temps en sa compagnie, plus elle grandira, vous offrant ainsi toujours plus de possibilités, de meilleures statistiques, et une meilleure gestion du stress en fonction des situations rencontrées. Le hic c'est que cet animal de compagnie n'est pas immortel, mais il sera toujours remplaçable en cas d'accident.
À ce propos, comme dans RDR premier du nom, vous aurez accès à diverses races aux statistiques variables. Cette monture n'est par ailleurs pas qu'un simple moyen de transport, puis qu’avec ses sacoches, elle sert également de rangement sur pattes, indispensable afin de pouvoir stocker votre collection d'armes et autres babioles de toutes sortes, Arthur étant limité en place. Souci du détail oblige, notez que chaque arme transportée est visible in-game, et que le comportement des personnages rencontrés différera si vous les accostez arme à la main ou non. Dans un autre registre, la barbe de notre hors-la-loi pousse au fil du temps et vous pourrez opter pour différentes coupes ainsi que différentes longueurs afin d'affiner votre look. En revanche, contrairement à un certain The Witcher 3, il est nécessaire ici d'attendre la repousse, vous ne pourrez donc pas passer d'un rasage de près à une barbe d'une semaine en un claquement de doigt. Et ceci n'est qu'un grain de sable noyé dans le Sahara de détails que Rockstar a intégré dans son titre - et autant vous dire que tout lister relèvera du jeu dans le jeu tellement RDR2 en regorge. On préfère vous laissez le plaisir de la découverte, mais nul doute que des sites comme Reddit seront envahis de posts traitant du souci du détail de RDR2, et ce, probablement pendant plusieurs semaines après sa sortie.
Autre point vraiment plaisant, et qui a malheureusement tendance à disparaître sur les titres AAA depuis quelques années, c'est cette volonté de ne rien automatiser. La moindre petite action sollicite une action réelle de la part du joueur. Rengainer une arme, siffler son canasson, le faire galoper, s'accroupir, se mettre à couvert, etc., rien n'est assisté à outrance. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup, ça veut dire qu'on était libres... Hum, enfin passons. Tout cela pour dire que l'on apprécie grandement ce choix, sachant que même vos jauges de vie et d’endurance nécessiteront nourriture et repos pour se recharger intégralement. Concernant les gunfights, on retrouve bien la patte Rockstar avec son côté violent et viscéral repris de Max Payne 3. La gâchette gauche permet un lock automatique de la cible la plus proche de votre réticule (ce qui sera probablement débrayable via une option pour les puristes, mais nous n'avons pas vérifié). Les impacts des balles sont localisés avec précision et les corps de vos victimes restent à même le sol, vous laissant la possibilité de revenir les dépouiller plus tard. Pour vous tirer de situations plus délicates, vous pourrez enclenchez votre Sang-froid (Dead Eye) pour déclencher un ralenti du plus bel effet, dans un premier temps du moins.
Car à l'instar de vos jauges de santé et d'endurance, celle de Sang-froid possède plusieurs paliers améliorables qui vous donneront accès à d'autres possibilités au fil de votre progression, dont le fameux système de marquage que vous devez déjà connaître. La touche R1/RB permet de se mettre à couvert derrière à-peu-près tout, pratique quand les balles fusent de tous les côtés. Vous pourrez cependant retarder ce genre de situations en optant pour une approche plus furtive. Et si les armes blanches vous octroieront des éliminations discrètes (il est possible de switcher très rapidement ses équipements via une roue de sélection bien pensée), vous pourrez également donner des ordres à vos équipiers selon vos envies, et tout cela de façon très fluide. Autre détail amusant, si lors d'une escapade en solitaire vous vous retrouvez nez à nez avec d'autres bandits voulant vous délester de votre or, et que vous souhaitez opter pour la manière forte, vous ne pourrez, dans ce cas précis (et en toute logique) pas dégainer votre arme et prendre le temps de viser avec L2/LT. Il faudra obligatoirement tirer directement avec R2/RT, au risque de manquer votre cible et d'en payer les conséquences. À vous de voir, nous on a vu et on en est mort...
Faire partie d'un gang de hors-la-loi, ce ne sont pas que des balades à cheval dans de jolis paysages. Car si vous êtes libres de vos faits et gestes, vous aurez accès à une gestion complète du camp de votre bande, avec la possibilité d'améliorer ce dernier, de vous détendre avec une partie de poker, ou d'organiser des hold-ups. Nous avons d'ailleurs assisté au braquage d'un train où tout ne s'est pas passé comme prévu, mais s'agissant d'une mission principale, vous ne saurez rien de plus. Il faudra aussi veiller à ce que ressources et nourriture ne manquent pas, chacune de vos contributions étant bien évidemment récompensée. Plus vous mettrez la main à la pâte, plus le moral des troupes sera haut, et plus vos équipiers seront apte à vous venir en aide lors de vos diverses activités. Ce sera aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur vos complices par le biais de dialogues qui s'adapteront au contexte et à votre comportement. Si dormir à la belle étoile ne vous dit rien, rejoignez donc une ville, vous pourrez dormir à l'hôtel, prendre un bain (tout comme dans MGSV, rester un moment sans vous laver finira par avoir un effet néfaste), aller vous détendre au bar, ou faire des emplettes : acheter quelques précieuses ressources à l'épicier, modifier et customiser vos armes (qu'il sera important d'entretenir au passage), ou acheter de nouveaux vêtements via un catalogue particulièrement bien achalandé. Cela tombe bien puisque votre accoutrement est modifiable des pieds à la tête : bottes, éperons, pantalon, chemise, gilet, veste, bretelles, chapeau, etc., le choix est vaste et croyez-nous, votre bourse risque fort d'en pâtir.
Pour ne rien arranger, en fonction du climat et des divers lieux arpentés, il sera nécessaire d'opter pour des tenues adaptées afin d'éviter une réduction de certaines statistiques. La faune prend une place importante une fois de plus, avec une variété d'espèces rarement égalée. Inutile de nous attarder dessus, sachez seulement que vous pourrez chasser (et aussi pêcher) tout ce beau petit monde, à l'aide de votre arc, d'un fusil adéquat et du système de vision d'aigle qui vous aidera à les détecter dans l'environnement. Mais RDR2 ce n'est pas qu'un univers travaillé, de jolis graphismes et un gameplay riche. Rockstar oblige, la mise en scène et l'immersion sont bien évidemment au programme. Si chaque scène cinématique donne l'impression de regarder un véritable film avec son jeu d'acteurs irréprochable, bien d'autres subtilités viennent renforcer l'immersion. Plusieurs choix de caméra sont disponibles, avec des vues plus ou moins éloignées, une vue cinéma avec changement de plans manuel, mais aussi un vue à la première personne. Il faudra plus de temps afin de savoir si cette dernière ne souffre pas du syndrome inverse des productions Bethesda, dans tous les cas, sachez que le jeu est entièrement jouable au travers des yeux d'Arthur. Sont également mis à notre disposition, différentes versions de HUD qui ont l'avantage d'être modifiables à la volée via un simple raccourci. Bien pratique pour pouvoir faire de jolis screenshots sans avoir à repasser systématiquement par le menu. Enfin, le compositeur phare des productions Rockstar, Woody Jackson, signe ici une OST composée de pas moins de 192 morceaux, histoire d'en prendre aussi plein les esgourdes.
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Sinon petite question: Est ce que le personnage est toujours aussi "lourd" dans ces mouvements.
GTA 5 avait déjà bien amélioré les choses, mais loin d'être parfait à mon goût
J'espère que c'est un point qui a été aussi revu
Sinon petite question: Est ce que le personnage est toujours aussi "lourd" dans ces mouvements.
Petite question, avez-vous pu les interroger sur les versions classiques des consoles (FAT) ? Framerate, résolution... ou c'était blackout total au niveau de la comm' ?
L'excuse du premier qui n'est pas sorti sur PC n'est pas vraiment valable si RDR2 se passe avant le 1.
Ce silence sur les versions classiques me fait un peu peur. Je comprends que l'éditeur voire Dév souhaite présenter son produit sous le meilleur angle mais vu le parc installé (de pro/X) c'est intrigant... Même si, partant du principe que pour certains, R*= jeu à acheter les yeux fermés.