L'industrie du jeu vidéo ne prend plus de vacances pendant la période estivale et ce début du mois d'août va accueillir Creatures of Ava, dont la sortie est prévue sur PC et Xbox Series X d'ici deux jours. Avec une mise à disposition day one dans le Game Pass, on ne doute pas qu'il saura attirer quelques curieux, mais si vous désirez savoir s'il mérite que vous lui accordiez un peu de votre bande passante, nous avons une review concise et un GSY Offline plus conséquent à vous offrir pour commencer la semaine.
Victoria Hamilton est une scientifique altruiste qui porte les stigmates d'un réel trauma. Le temps d'une introduction présentée sous la forme d'un dessin animé, on apprend en effet que, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, elle n'avait pas réussi à sauver ses propres parents d'une mort certaine. Bien des années plus tard, après un atterrissage sur la planète Ava un peu remuant, la jeune femme y rencontre un autochtone archéologue du nom de Nim'ar. Avec sa coéquipière Tabitha fraîchement débarquée sur la planète, et avec qui elle sera en communication pendant toute l'aventure, ce seront vraiment ses deux partenaires de prédilection dans une quête lourde de sens pour elle : sauver la planète d'un mal qui progresse inéluctablement, le dépérissement. Sorte d'infection qui contamine aussi bien la flore que la faune, elle menace assez logiquement aussi le peuple d'Ava. Les Naam ont déjà eu affaire aux humains, une précédente expédition ayant établi le contact avec eux, leur permettant même d'apprendre l'anglais au passage grâce à leur talent pour les langues. Pour autant, Vic rencontrera parfois quelques difficultés à échanger avec eux. Entre la méfiance qui s'est instaurée suite à des évènements que l'on découvrira petit à petit et leur vision des choses radicalement différente, la communication ne sera pas toujours aisée. Vic apprendra néanmoins à connaître nombre de ces autochtones par le biais de conversations (généralement non doublés hélas - la lecture sera donc de rigueur). Pour avancer dans sa quête, elle pourra décider d'accorder un peu de son temps à certains d'entre eux pour les aider, ce qui lui permettra de mieux les connaître et les comprendre, tout en provoquant chez le joueur un attachement certain pour ces singuliers personnages. Il lui faudra aussi leur prêter main forte pour faire avancer l'intrigue principale, qui va entraîner la jeune scientifique au travers de quatre biomes différents, dont la prairie, entraperçue dans la version d'essai du jeu.
Pour sauver la faune locale, Vic devra commencer par rencontrer le Naam de chaque zone qui pourra lui enseigner le chant de flûte local. Proche de la nature, ce peuple est en effet en mesure de communiquer avec les animaux sauvages qui les entourent. Chacune des races nécessite de jouer une mélodie particulière, que la créature chantera toujours devant vous en attendant une réponse compréhensible de votre part. Un mini-jeu sans difficulté qui demande toutefois de respecter un minimum la longueur des notes pour parvenir à charmer les bêtes non affectées par le dépérissement. Outre l'intérêt de pouvoir les mener jusqu'à la balise chargée de les transporter loin de cette planète en péril, les apprivoiser vous permettra d'en prendre le contrôle pour dégager le passage ou en créer un afin d'accéder à une zone, généralement annexe, qui pourra vous mener à la capsule de sauvetage de la zone, ou à certains items (potions diverses, voire parfois des améliorations permanentes capables d'augmenter la vie, l'endurance et la taille de l'inventaire de Vic). Quand vous devrez faire face à des créatures infectées, il vous faudra tout d'abord les guérir du dépérissement grâce à votre nafitar, un bâton magique capable de déployer un rayon à même de les libérer du mal après plusieurs secondes de capture en son sein. Une approche très pacifique des "affrontements", qui donne une dimension plus noble à l'héroïne, qui n'est donc pas une simple Vic Hunter de plus. Ceci étant dit, à notre sens, c'est vraiment cet aspect du jeu qui convainc le moins, par son côté très routinier essentiellement, ce quelles que soient les créatures qui nous font face.
La manière de les appréhender évolue peu malgré la présence d'un arbre de compétences, qui permet d'améliorer le nafitar et les différents sorts que l'on débloque en progressant dans l'aventure. Ces derniers s'avèrent finalement plus utiles pendant l'exploration (pour déplacer des plateformes, détruire les sources du dépérissement, bloquer une ouverture le temps d'y passer ou accéder à une zone infectée) et on regrette vraiment qu'ils ne parviennent jamais à rendre les "affrontements" plus intéressants ou plus variés. Comme la caméra ne locke pas les animaux visés dans le faisceau du rayon, on les perd trop rapidement de vue, ce qui impose de déplacer la caméra (très lente par défaut) manuellement. Un choix ergonomique qui s'avère assez peu pratique, car on ne peut pas toujours voir les attaques adverses arriver et donc les esquiver au bon moment. Rien de dramatique cependant, ces séquences ne sont jamais bien compliquées à surmonter, même si elles peuvent être plus laborieuses sur la fin, quand la jauge de dépérissement descend plus lentement. De plus, comme certains animaux lancent des attaques de zone visibles au sol, tous n'obligent pas nécessairement à les garder en ligne de mire pour éviter de potentiels dégâts. Dommage tout de même de ne pas avoir su trouver comment donner un sentiment de progression véritable à cet aspect du jeu, qui n'évolue pour ainsi dire jamais entre la première minute et la dernière. Heureusement, toute l'expérience de Creatures of Ava ne repose pas sur ce seul pan du gameplay.
Ainsi, l'exploration et la découverte des différents biomes (quatre en tout) restent au centre de l'aventure, tout comme les Naam et leur culture, que l'on apprend à connaître petit à petit. Lexique, coutumes, philosophie de vie, la rencontre avec ce peuple participe énormément à l'impression de se retrouver dans les bottes d'une exploratrice interstellaire. Vic est d'ailleurs équipée d'un appareil photo et l'Avapedia inclus dans le jeu incite à le mettre à profit pour répertorier toutes les espèces croisées (y compris les formes infectées), mais aussi les Naam avec lesquels on va pouvoir échanger. Rien d'obligatoire dans ce petit safari-photo, mais comme dans un certain jeu d'Ubisoft dont on vient de fêter les vingt ans (vingt-et-un en fait), on se laisse vite entraîner dans cette activité annexe qui, comme les quêtes secondaires bien sûr, octroient de précieux points de compétence. Difficile en effet d'imaginer un titre d'action-aventure sans son arbre de compétences en 2024. On y trouve tout d'abord le récapitulatif des caractéristiques récupérées (les améliorations permanentes dont nous parlions plus haut), mais pour le reste, tout s'acquiert grâce aux points d'expérience accumulés : outils (roulade, amélioration de l'effet de certaines potions, de la collecte ou de la fabrication, ralenti pour prendre les photos, etc.), les sorts (lévitation, amélioration de l'absorption du dépérissement, ralentissement du temps, bouclier de protection), et les modifications du nafitar (possibilité de surcharge du rayon, rapidité d'absorption de l'infection, chaîne améliorée avec le rayon).
Comme évoqué plus haut, on ne peut s'empêcher de penser que cet effort pour donner un sentiment de progression est quelque peu contrarié dans les faits. S'il est pratique de pouvoir confectionner plusieurs potions d'un même type en une fois, on utilise finalement surtout celles qui restaurent la santé plutôt que les autres. Et comme le jeu n'est jamais bien difficile, il est assez inutile de transporter des dizaines et des dizaines de breuvages de soin. Le reste des aptitudes permet surtout d'écourter les "affrontements" et on aurait aimé pouvoir débloquer des compétences de déplacement pour en profiter aussi bien pendant l'exploration que les "combats". Il existe bien des sortes de tyroliennes verticales qui débloquent des raccourcis dans le monde, mais en dehors de cela, la course à pied sera votre activité numéro un pour aller d'un point A à un point B quand vous n'utiliserez pas le voyage rapide. Reste que la découverte d'Ava est un vrai plaisir, avec des biomes qui, à défaut d'être très originaux, ont toutes une personnalité propre. Les explorer de fond en comble ne devient dès lors jamais vraiment lassant. Il faut dire que le jeu affiche un rendu graphique très réussi, coloré et dépaysant. Le design des créatures est une franche réussite, tout comme celui des Naam, et quand on associe à cela la bande originale très entraînante qui accompagne les pérégrinations de Vic, on peut difficilement bouder son plaisir. Attention cependant, nous nous devons de prévenir les complétistes qui nous liraient en pleine chaleur estivale : si vous espérez viser le 100%, il faudra vous assurer de ne pas quitter les biomes de la jungle, du marais et du désert avant d'y avoir tout accompli (photos des carillons bien cachés, encensoirs et statues Antaris à découvrir, améliorations permanentes à récupérer, missions annexes), tout photographier et tout sauver. Le seul biome dans lequel on reviendra régulièrement est le premier, celui de la prairie, où l'histoire nous ramène régulièrement. Tout cela est évidemment parfaitement justifié d'un point de vue narratif, mais ne vous attendez pas à pouvoir revenir vous occuper du contenu manquant une fois le générique de fin terminé. Un choix qui n'est peut-être pas obligatoirement gravé dans le marbre (une mise à jour post-launch est toujours envisageable d'après ce que l'on nous a dit), mais pour le moment, ce n'est pas le cas.
Tous les commentaires (4)
Pas de temps à lui consacrer…
Merci pour cette review joliment écrite encore une fois 👍🏻
Je vais donc le tester