Après A Plague Tale: Requiem, cette dernière semaine d'école avant les vacances de la Toussaint est vraiment placée sous le signe des 30 fps. La polémique du weekend dernier sur l'absence d'un mode performance dans Gotham Knights en avait probablement refroidi certains, mais vous attendiez sans doute quand même de savoir si le jeu de Warner Bros. allait pouvoir tirer son épingle du jeu. L'heure est venue de le découvrir, même si on peut déjà vous dire qu'il va peut-être falloir ranger le nécessaire à couture...
Note : Le GSY Offline n'est pas encore disponible en 4K mais il devrait l'être tôt ou tard quand YouTube aura fait son travail.
Si vous ne jurez que par les univers organiques qui ne tombent pas dans le piège de la redondance des activités, vous pouvez dès maintenant passer votre chemin. Gotham Knights est articulé autour d'une progression assez classique. Le jour, on retrouve les personnages au Beffroi, qui fait office de QG. Là, on peut s'adonner aux différents tutoriels, lancer des séquences cinématiques narratives qui développent un peu les personnages, changer d'équipement, modifier la couleur de la moto et même jouer au vieux Spy Hunter en arcade. La nuit, on patrouille les rues et on peut soit intervenir pour empêcher des crimes lambda (prises d'otages, organes volés à récupérer, policiers ou civils en détresse, fourgon à rattraper, scènes de crime à étudier, etc.), soit suivre la trame principale ou les quelques quêtes annexes consacrées à certains des super vilains de l'univers Batman (Harley Quinn, Clayface, Freeze). Rien que Spider-Man n'a pas fait avant lui bien sûr, mais c'était déjà l'une de nos vives critiques à l'époque de sa sortie originale sur PS4. Le problème, c'est que Gotham Knights impose de s'adonner aux joies du justicier masqué pour débloquer le quatrième et dernier arbre de compétences des différents personnages et le gadget de déplacement rapide qui va avec (planeur pour Nightwing, téléportation pour Robin, possibilité de planer avec sa cape pour Batgirl et de faire des bonds "magiques" pour Red Hood). Pour ce faire, il faudra impérativement empêcher dix de ces crimes prémédités, en plus de devoir à chaque fois battre trois mini-boss (sachant qu'on ne les croise qu'aléatoirement) ainsi que le même tutoriel de combat (pourtant basé sur les mêmes manipulations). Si vous vous concentrez sur un seul héros, vous ne ressentirez sans doute pas la gêne, mais dans le cas contraire, le temps perdu à refaire en boucle des séquences très similaires (parfois dans les mêmes zones de la map) pourrait bien avoir raison de votre patience. C'est d'autant plus dommage d'avoir fait ce choix de design que chaque personnage possède un gameplay suffisamment différent pour avoir envie d'en changer. Batgirl est la seule capable de hacker les caméra de surveillance par exemple, Robin est le plus habile dans l'infiltration là où Red Hood fait office de tank et Nightwing d'acrobate virevoltant pendant les combats. On n'ira pas jusqu'à dire que les sensations sont radicalement différentes de l'un à l'autre, mais comme ils disposent bien de compétences distinctes et d'attaques spéciales (appelées attaques d'élan) uniques, cela apporte à la fois un peu de variété mais aussi une certaine complémentarité quand on joue en coopération.
Les attaques d'élan demandent cependant aussi à être débloquées en passant par les mêmes contraintes pour chaque héros, à savoir l'obligation de tuer un nombre donné de plusieurs types d'ennemis. Encore une fois, le joueur solo se verra donc puni en étant obligé de répéter des mêmes affrontements jusqu'à plus soif... Pour tout débloquer donc, vous allez être contraint et forcé et vous imposer cette redondance rébarbative, ce qui nous pousse à vous conseiller d'essayer les quatre personnages dès le départ, de trouver celui ou celle qui vous convient le mieux, et de vous y tenir en espérant que votre ami (la campagne ne peut être jouée qu'à deux joueurs, même si des missions coopératives à quatre sont prévues pour la fin novembre) n'ait pas les mêmes goûts que vous. Si le système de combat était suffisamment profond, peut-être que cette redondance se ferait moins sentir, mais il n'est malheureusement ni très subtil, ni spécialement varié. On dispose ainsi d'une attaque de mêlée faible (simple pression sur le bouton X) ou puissante (pression prolongée) et d'une attaque à distance ("automatique" avec Y, mais sans lock, ou manuelle avec LT pour viser et RT pour tirer). Il existe finalement peu de combos différents, et si l'on peut attraper ses ennemis quand leur santé est suffisamment basse (pour les jeter sur un élément du décor, sur un autre adversaire, ou les balancer d'un toit, mais également pour les frapper ou les interroger et obtenir des informations sur de futurs crimes prémédités), cela ne permet pas suffisamment de variété pour s'amuser vraiment sur le long terme. La lisibilité est également nettement moins bonne que dans la série de Rocksteady, ce qui rend certains mouvements d'évitement plus délicats. L'esquive parfaite est possible en lançant sa roulade au bon moment (indiqué par un cercle au niveau de l'ennemi), mais il est impossible de bloquer un coup comme Batman le faisait. De plus, quand on se trouve face à certains adversaires équipés de drones qui nous arrosent sans discontinuer, les affrontements peuvent vite devenir frustrants ou laborieux. Et on ne vous parle même pas des boss, qui donnent parfois lieu à des combats à rallonge peu passionnants. Ce n'est heureusement pas une constante, mais on garde un très mauvais souvenir de notre première rencontre avec Clayface...
On est donc très loin de la réussite d'un Arkham, avec lequel Gotham Knights a finalement moins en commun qu'un certain Spider-Man, y compris pendant les phases d'infiltration. On a beau pouvoir évoluer sur des poutres ou des simili-gargouilles, les possibilités d'approche sont nettement plus limitées que dans la série de Rocksteady, qui offrait bien plus de gadgets et de passages dissimulés pour piéger ses adversaires et passer inaperçu. Les développeurs de Warner Bros. Montréal ont bien implémenté une mécanique de peur des ennemis, mais elle n'a qu'une très légère influence sur le gameplay, et surtout, elle n'est finalement visible que pendant les combats, l'ennemi impressionné ayant juste un bref mouvement de recul qui donne quelques secondes au joueur pour l'attaquer sans risque. Cela vient peut-être de nous, mais la plupart des situations de jeu nous a plus souvent amené à nous battre qu'à passer inaperçu, en dehors de séquences où il fallait obligatoirement rester dans l'ombre et éviter les rondes ennemies. Une fois de plus, c'est assez dommage, car même en ayant accès à des personnages plus tournés vers la discrétion, on n'a pas toujours l'impression de pouvoir aborder des zones exactement comme on l'entend, et ce malgré la décision étrange de permettre au joueur de disparaître instantanément à la vue de ses adversaires en combinant son grappin et une bombe fumigène (appui prolongé sur la touche correspondante, sans limite d'utilisation). Il est donc possible de se jouer d'un groupe d'ennemis très facilement en abusant de ce système, sachant qu'il ne demande aucune expertise particulière. Pour la gratification, on repassera... L'expérience n'en devient pas déplaisante pour autant bien sûr, et quand on parvient à passer outre les problèmes de performances, on peut tout à fait y trouver son compte en tant que fan de DC Comics, mais Gotham Knights reste malgré tout assez loin des standards actuels. Les développeurs ont pourtant bien essayé de se tenir aux systèmes à la mode, avec la possibilité de récolter des ressources dans des coffres pour ensuite fabriquer de nouvelles tenues (aux statistiques et aux looks différents), de nouvelles armes ou même de nouveaux mods (que l'on associe aux combinaisons que l'on porte ou à notre arsenal pour ajouter des effets élémentaires ou augmenter sa barre de santé par exemple). Les quatre arbres de compétences que nous avons déjà évoqués sont aussi là pour donner un sentiment de progression, et d'une certaine façon, cela fonctionne, mais tout cela reste très convenu. Les séquences d'enquête amènent certes un peu de variété, mais on peut également les passer très facilement en tentant toutes les combinaisons possibles sans forcément essayer de réfléchir. Citons aussi la bonne surprise de certains passages à moto plus scriptés, qui sont parfois assez bien fichus, en dépit d'une conduite sans grand intérêt malheureusement.
Impossible au final de vous conseiller l'achat à plein tarif, même si l'on imagine très bien que la structure archaïque du jeu et son gameplay trop peu nuancé ne sera pas forcément un frein majeur pour certains. Fondamentalement, Gotham Knights n'est pas un mauvais jeu, mais il n'est pas spécialement bon non plus. Son histoire et ses personnages ne sont pas déplaisants à suivre, mais il tient difficilement la comparaison avec Guardians of the Galaxy sur ce plan. Quoi qu'il en soit, les amateurs de DC Comics y trouveront peut-être leur compte, la ville de Gotham et les missions scénarisées dégageant tout de même une atmosphère plutôt réussie. Un bilan tout juste moyen au final, ce qui s'avère indéniablement décevant quand on connaît le potentiel d'un jeu de super héros tourné vers la coopération. Meilleur qu'Avengers mais moins intéressant que tous les autres jeux du genre, Gotham Knights et ses quatre fringants justiciers masqués sont très clairement condamnés à rester dans l'ombre de leur mentor Batman, dont on attend encore la relève de pied ferme...
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Et puis voilà encore un jeu qui sort pas fini ça devient une habitude franchement soûlante qui ne viennent pas se plaindre que leur jeu ne se vendent pas bien day one.J'imagine les joueurs qui ont fait les pré-commandes ça doit être terriblement rageant ou encore ceux qui raquent 80€.:s
Bon si il arrive dans le game pass je tenterai peu être il y aura surement eu des patchs d'ici là mais hop corbeille au dessus du dernier Saint row.
Merci pour ton sacrifice.
Ayant un doute je n'avais pas encore préco c'est déjà ça.
Le fait que ce soit une approche archaïque de l'open world ne m'aurait pas dissuadé si le gameplay et l'histoire étaient réussis mais là... je regarde le GSY Offline et je partage ton constat, la navigation dans la ville ne donne pas envie. Etant donné que tu confirmes que la moto c'est naze (avec les effets cheap au possible effectivement), ça devient un peu critique.
Un jeu de super héros pour moi son intérêt c'est de kiffer se battre et de virevolter dans la ville... avec si possible une exploitation de l'univers réussie. Des choses que Rocksteady avait compris (ainsi qu'Insomniac) en plus de maîtriser l'unreal engine.
Priorité à Plague Tale Requiem et God Of War Ragnarok pour la fin d'année donc, peut-être à petit prix ou dans un abonnement d'ici quelques temps.