Dans les années 90, deux grandes séries se disputaient le cœur des fans de tactique au tour par tour : Xcom et Jagged Alliance. Si la première a su renouer avec le succès sous la houlette de Fireaxis, la second enchaîne les reboots ratés. Le studio Cliffhanger Productions compte y remédier avec ce nouvel opus baptisé Jagged Alliance: Rage!
On y retrouve donc les poncifs de la série : des mercenaires spécialisés, une dictature d’Amérique centrale et des affrontements au tour par tour où le moindre geste coûte des points d'action. Néanmoins, Rage joue la carte de la caricature, qui colle plutôt bien avec ses doublages kitch et ses graphismes cartoons aux animations un peu rigides. On sent la série B qui s'assume comme telle et ce n'est évidemment pas un problème tant que le gameplay suit. Sur le papier, les choses se présentent plutôt bien. Les deux mercenaires que l'on recrute au départ (parmi 6 disponibles) ont des aptitudes et personnalités marquées. Ils disposent d'un panel d'action plutôt complet : ramper, sauter, assassiner discrètement, déplacer des corps, découper un grillage, crocheter une serrure, se mettre en vigilance (overwatch), viser des parties spécifiques de l'adversaire, récupérer l'équipement… plus quelques compétences uniques disponibles lorsque la situation dégénère.
Mais ce n'est malheureusement pas aussi courant que l'on pourrait le croire. La plupart des missions se déroulent sur des cartes de petites tailles où la moindre alerte rameute toutes les forces en présence, et elles sont souvent très largement supérieures en nombre. Autant dire que l'infiltration n'est pas optionnelle et que l'on peut presque y déceler des petits relents de la série Commandos - lorsque l'on se retrouve à ramper dans les herbes hautes avant d'aller égorger un soldat. Cela implique évidemment une progression extrêmement lente et l'obligation de recharger une sauvegarde à la moindre alerte. Ce qui arrive souvent, très souvent, trop souvent même. Toute mécanique d'infiltration repose sur la gestion des lignes de vues, or celles de Rage s'avèrent vraiment problématiques. D'une part, elles ne sont pas très réalistes (et donc peu intuitives), que ce soit dans la portée ou la prise en compte des hauteurs. D'autres part, elles sont très mal indiquées. Lorsque l'on pointe un ennemi, on voit son champ visuel intégral, mais pas les parties bloquées par les éléments du décors. On ne sait qu'au moment de poser le pied sur une case si elle est sûre, et encore, tant que l'on ne change pas de posture. Idem pour le son, qui semble traverser les murs comme s'ils n'existaient pas. Le jeu devient de fait beaucoup plus frustrant et difficile qu'il ne devrait l'être, étirant les missions en longueur.
Malheureusement, quand on abandonne la discrétion pour laisser parler la poudre, le résultat peine tout autant à convaincre. Les ennemis se contentent souvent d'avancer jusqu'à être à portée de tir, n'utilisant que ponctuellement les couvertures. Il faut dire que l'on réalise vite que les bonus apportés par les abris sont très… aléatoires. Tout comme les dégâts infligés par les armes d'ailleurs (une grenade dans les jambes, c'est inoffensifs, non ?). On reste donc assez loin du plaisir que l'on peut prendre dans les affrontements tactiques d'autres titres du même genre. La partie gestion n'est pas non plus épargnée. Entre chaque mission, on évolue sur un réseau de cases qui permettent de choisir notre prochaine destination et de faire une pause dans son camp. L'occasion de soigner les blessures, se réhydrater, réparer ou améliorer son équipement. Un concept simple mais sympathique, sauf que des patrouilles ennemis viennent constamment vous mettre la pression en vous prenant en chasse. La moindre pause peut ainsi être sanctionnée par une embuscade mortelle. Là encore, des frustrations qui viennent s'ajoutent à d'autres (petits bugs, impossibilité de redéfinir les touches du clavier ou de recommencer une mission après quelques sauvegardes) et empêchent au potentiel du jeu de se réaliser.
Tous les commentaires (6)
Merci pour la review Cryoakira.
Mais dans tous les cas, oui, ce n'est pas un mal d'avoir privilégié d'autres jeux.