Lorsque l'on se voit confier la lourde tâche de mettre en avant les capacités d'une nouvelle machine comme la PS4, on se doit de mettre les petits plats dans les grands. Seule exclusivité boîte à sortir aux côtés de Knack, Killzone: Shadow Fall se devait donc de justifier l'investissement des "early adopters", au moins du point de vue technique. Après nous être confrontés à la campagne solo du jeu de Guerilla Games pendant une petite dizaine d'heures, nous vous livrons notre sentiment à l'égard de ce nouvel épisode de la série.
On ne peut pas dire que la vie du jeune Lucas Kellan commence particulièrement bien. Alors que la séquence d'ouverture nous montre le petit garçon en fuite avec son père, on peut déjà supposer que l'absence de la mère n'est déjà pas très bon signe. Les minutes qui suivent ne se montrent pas plus clémentes avec lui, puisqu'à l'issue d'une scène à l'intensité dramatique assez discutable, le pauvre Lucas perd également son père, abattu par des soldats Helgasts. Pris sous l'aile de Thomas Sinclair, un haut gradé de l'ISA rencontré le jour fatidique de l'attaque helgane sur la ville principale de Vecta, Kellan devient finalement un Shadow Marshall. Chargé de maintenir l'ordre entre la communauté vectane et celle des Helgasts réfugiés après l'explosion de missiles petrusites sur leur planète (voir Killzone 3), il devra essentiellement protéger les intérêts du peuple de Vecta soumis aux assauts de plus en plus insistants des Helgasts.
Il va donc s'agir de suivre à la lettre les ordres de Sinclair dans des missions qui vont amener le jeune héros à traverser des environnements variés, des forêts de Vecta en passant par les coursives sombres de vaisseaux spatiaux ou les allées décrépites du territoire Helgast. Une fois de plus, la série de Guerilla Games parvient à jouer habilement avec la frontière qui sépare le bien et le mal pour amener le joueur à se poser des questions. Les soldats de l'armée Helgaste, plus redoutables et effrayants que jamais avec leur casque aux yeux rouges sang, n'inspirent évidemment aucune sympathie, mais qu'en est-il vraiment de la population qu'ils servent ? Pour qui a étudié un minimum le background de la franchise, il n'est pas toujours simple de décider qui des humains ou des Helgasts étaient dans leur bon droit lorsque tout a commencé. Confiné de l'autre côté du mur, le peuple helgan ne semble en effet pas profiter des meilleures conditions de vie par rapport à l’opulence de Vecta. Mais au regard des épisodes précédent, peut-on vraiment les plaindre ?
Situé 30 ans après les événements de Killzone 3, le scénario de Shadow Fall n'est peut-être pas encore suffisamment bien mené pour bouleverser le joueur en quête d'histoires originales et palpitantes, mais il faut malgré tout lui reconnaître une certaine efficacité par rapport à ses illustres "ancêtres". Il faut dire que ces derniers ne jouissaient pas d'une intrigue particulièrement intéressante, la faute peut-être au choix des protagonistes qui manquaient singulièrement de background. Pour autant, Lucas Kellan n'est pas forcément mieux loti, l'histoire de l'orphelin traumatisé par la mort de son père tombant légèrement à plat à cause du manque d'audace de la mise en scène. On se sent pourtant plus impliqué dans l'intrigue que par le passé, les événements prenant une tournure un peu plus personnelle qui démilitariserait presque le contexte narratif du jeu. Les rebondissements ont beau avoir du mal à surprendre, ils se suivent sans déplaisir jusqu'au final un peu osé de l'aventure.
Longtemps mis en avant lors des démonstrations du jeu sur les différents salons internationaux, la liberté et les grands espaces promis sont finalement assez illusoires. S'il est vrai que certains niveaux possèdent une structure semi-ouverte où l'impression de linéarité se fait moins sentir (la forêt du deuxième chapitre, ou la ville Helgaste du chapitre 5 par exemple), on est encore loin de l'expérience des volets les plus acclamés de la série Halo. On n'échappe donc pas aux séquences en mode couloir où l'on suit un chemin balisé, comme lors du niveau qui met en scène l'évasion du personnage principal. Paradoxalement, Shadow Fall est sans doute le titre dans lequel on se perd le plus depuis longtemps, la faute à une absence de guidage des objectifs assez marquée. Il est bien sûr possible de les afficher à l'écran, mais au contraire de la plupart des titres actuels où les indications GPS sont reines, on ne se retrouve jamais lié à un fil d’Ariane. La plupart des niveaux ayant la bonne idée de proposer plusieurs passages possibles, cela risque déjà d'en perturber certains. Toutefois, si l'impression de linéarité ne disparaît jamais, voilà déjà un petit pas dans la bonne direction.
Il est malheureusement dommage que les bonnes idées de la version Vita n'aient pas pu être intégrées à cet épisode next gen. Ainsi, point d'expérience à accumuler pour améliorer son arsenal ou acquérir de nouvelles armes. L'aspect infiltration, bien que toujours un peu présent (voire obligatoire dans certains passages, à la manière d'un Modern Warfare), passe très nettement au second plan. Les ennemis ayant fâcheuse tendance à repérer Lucas au moindre geste suspect, les surprendre est difficile, d'autant qu'aucune arme n'est munie d'un quelconque silencieux. Les positions et déplacements des soldats ennemis ne favorisent pas non plus l'approche furtive, ce qui est d'autant plus dommage que de nombreuses zones possèdent pourtant des alarmes qui nécessitent d'être désactivées pour stopper l'arrivée des renforts. Shadow Fall tente néanmoins d'arpenter le chemin hasardeux de la nouveauté avec la présence d'un drone capable de combattre à vos côtés, de vous protéger d'un bouclier ou de vous ranimer (à condition de posséder un pack d'adrénaline), ou même de pirater tout un tas de choses (portes, ordinateurs, signal d'alarme).
Cela ne change pas radicalement le gameplay, mais ce compagnon aérien offre finalement un soutien équilibré (comprendre qu'il pourra vous aider mais ne se substituera jamais à vos exploits). Tout juste peut-on regretter son extrême fragilité lors d'un passage assez frustrant où son rôle est de verrouiller une porte pour mettre fin au flot continu de soldats ennemis. Même en mode normal, le challenge est de taille tant il est dangereux de se lancer tête la première dans la mêlée pour détourner l'attention de vos adversaires et donner au drone le temps nécessaire pour faire son travail. Dans pareils cas, l'utilisation spontanée d'un peu d'adrénaline peut certes aider quelques secondes, le jeu passant alors au ralenti pour vous laisser le temps d'aligner quelques tirs à la tête. Précisons aussi que l'idée de devoir activer les différentes fonctions du drone via le pavé tactile du DualShock 4 est une excellente idée, car à la fois intuitive et ergonomique. Pour le reste, en dehors de quelques séquences plus originales (passages en apesanteur ou en chute libre, utilisation de robots araignées) tout est très (trop ?) classique mais indéniablement efficace. C'est donc finalement plus dans la partie visuelle que les développeurs de Guerilla Games se sont risqués à venir chambouler les habitudes des fans de la série.
Digne héritier de la couronne technologique de la série, Shadow Fall est une démonstration visuelle du début à la fin de l'aventure. Pour le joueur consoles habitué de devoir se satisfaire de textures assez sommaires depuis des années, le choc sera obligatoirement de taille : pas un centimètre carré des environnements de ce nouveau Killzone ne peut être véritablement pris en défaut, même en s'y collant le nez à la Super Glue 3. Le titre de Guerilla Games met donc à profit la généreuse RAM de la machine pour proposer un niveau de détail propre à mettre en valeur la nouvelle génération. De même, les effets de lumière en temps réel atteignent un réalisme assez bluffant (il suffit de voir le drone se déplacer dans les coursives sombres d'un vaisseau spatial), même si l'influence de J.J. Abrams se fait clairement trop sentir. Les amateurs de lens flare seront donc ravis, mais aussi beau soit-il, il faut avouer que Shadow Fall en fait parfois un peu trop sur l'intensité lumineuse - au point que le port de lunettes de soleil peut être très sérieusement conseillé. La variété des environnements fait également plaisir à voir, mais il semble évident que tout le monde ne sera pas forcément sensible à la nouvelle patte artistique, un changement de direction que l'on peut qualifier de virage à 180 degrés pour la série.
Fort de nouveaux moyens techniques, les développeurs de Guerilla Games se sont en effet laissés porter par leurs envies de grandeur, tel George Lucas dans sa deuxième trilogie Star Wars. En résultent des passages qui tranchent un peu avec l'esprit Killzone, voire même qui lorgnent du côté d'autres franchises de la science-fiction comme Deus Ex ou Dead Space par exemple. Nous n'avons pas été particulièrement gênés par le changement, mais on entend déjà les irréductibles fans s'en offusquer. Pourtant, Shadow Fall n'oublie pas non plus de proposer des paysages Helgasts plus sombres, et donc plus en accord avec l'esprit de la série. Dans l'ensemble, nous sommes de ceux qui ont apprécié les choix faits par l'équipe de développement, la monotonie graphique des épisodes précédents s'estompant assez nettement dans ce quatrième volet. Cette envie évidente d'inscrire Killzone dans l'héritage de la science fiction se retrouve d'ailleurs dans la bande originale, aux légers accents "Mass Effectiens". Dommage cependant qu'elle ne comporte pas de morceaux plus mémorables au final, car on l'oublie assez vite par rapport à d'autres titres. Côté ambiance sonore (on pense en particulier au rendu des armes) et doublages, rien à dire, tout est très immersif, jusque dans le silence oppressant de l'espace.
Reste à parler des quelques détails qui fâchent, comme le manque de répondant d'une intelligence artificielle que l'on a pourtant connue plus véloce et maline dans le passé. En mode normal, la difficulté tient essentiellement aux passages qui nous mettent aux prises d'assaillants en surnombre, comme dans la séquence finale qui risque d'ailleurs d'en laisser quelques-uns sur le carreau. Ennemis suréquipés (boucliers d'assaut en métal, boucliers à énergie façon Halo, armes lourdes, etc.), pièce assez vaste mais où il est impossible de se cacher pour reprendre son souffle, résistance relative du héros, tout est fait pour faire monter le tensiomètre dans les tours. Toujours dans le registre des regrets, nous avons été quelque peu déçus du rendu des visages des différents personnages (à l'exception de Sinclair), bien loin de ceux de Ryse. De même, le choix de proposer un framerate fluctuant est sujet à controverse, tant nous sommes plutôt de ceux qui pensent qu'un jeu locké à 30 images par seconde vaut mieux qu'un jeu qui fait le yoyo entre 30 et 60. On s'en accommode évidemment, mais on espère tout de même qu'une option permettant de bloquer le framerate sera bien proposée dans un futur patch. Enfin, parce que nous sommes les rois du chipotage, on se demande pourquoi le héros donne encore et toujours l'impression d'avoir la taille de Tom Cruise (le plus étonnant étant que dans un passage, il semble plus petit que l'un des personnages féminins, alors que dans le suivant, il peut enfin la regarder sans lever les yeux), pourquoi la pluie fait tellement grise mine, et enfin pourquoi la maniabilité en apesanteur n'a pas été un peu plus soignée.
Tous les commentaires (36)
Bref, il fera l'affaire jusqu'à la prochaine bombe des studios Sony (Naughty Dog, Santa Monica, etc...), qui je l'espère, sera plus qu'une vitrine technologique cette fois-ci...
Je n'ai jamais vu dans un Killzone autre chose qu'une vitrine technologique. Les précédents étaient de bons jeux, mais ça n'allait pas plus loin non plus.
Edit : Grillé... Sinon j'espère qu'on en apprendre rapidement plus sur la collaboration avec le Lead Writer de Fallout New Vegas.
La vidéo Plus dure sera la chute est hyper impressionnante.
en tout cas aujourd'hui je ne vois pas un jeux lui tenir tête tout support confondu.
Ryse a de plus belles modélisations, battlefield 4 des décors déstructible mais sinon niveaux eclairages, textures etc...
ça pop pas mal par contre mais bon pas bien plus que bf4 ultra pc...
Jeu magnifique mais creux au possible malheureusement.
J'ai de très loin préféré les autres épisodes, même celui sur Vita est plus respectueux de l'univers (hormis la fin pourrie comme toujours).
On a vraiment l'impression de se retrouver dans Crysis (sans les +).
Si il n'y avait pas la surenchère technique et la baffe à chaque couloir je ne serais même pas allé au bout je pense, sans parler du feeling des armes que je n'ai pas apprécié.
Un jeu vitrine mais que je ne garderai pas en mémoire.
par contre je ne connais pas killzone :)
Merci pour la review, un jeu que je prendrai lorsque j'aurai la PS4, juste histoire de l'avoir fait.
Puis quelques petits trucs par ci par là viennent justement apporter au back ground (les affiches, les cassettes audio par exemple).
Après niveau gameplay je suis loin d'être expert (mon seul FPS déjà acheté et joué étant Crysis premier du nom) mais j'ai trouvé ça convaincant. Après pour les habitués du genre j'imagine bien que ça n'a absolument rien de révolutionnaire et que ça doit se noyer dans la masse de FPS qui sortent chaque année :)
Le même effet que pour Spec Ops The Line.
C'est pas forcément une mauvaise chose d'ailleurs (enfin c'est pas un drame), tous les jeux ne peuvent pas être des chef-d'oeuvres uniques, des fois y en a qui sont "seulement bien". Comme on peut avoir des films même à gros budgets qui sont divertissants sur le moment mais qu'on oubliera vite.
Pour le coup, ce genre de titres ont bien leur place dans une lineup de lancement, ça permet d'étoffer un peu l'offre, de faire le spectacle, en attente de titres plus ambitieux.
Ce Killzone est certes plutot joli mais traverser de grands niveaux en courant sans pratiquement rencontrer personne, je ne vois pas bien l'intérêt. Les visages sont assez moches aussi dans l'ensemble. J'espère encore que ca va décoller niveau intensité parce que pour le moment c'est assez désert. C'est sur que quand on affiche qu'un couloir statique sans personne dedans, on peut envoyer le pâté mais même pour moi qui suis très sensible a l'esthétique et l'immersion, la c'est pas suffisant pour me garder éveillé.
Crysis 3 avait l'arc/invisibilité/force, Killzone à le Drône, d'ailleurs sur certains passage j'avais tendance à oublier que j'étais sur Killzone et cherchais inconsciement les pouvoirs de Crysis.
Après niveau histoire c'est aussi débile l'un que l'autre donc bon...
Et puis cette fin minable tout de même...
Par contre, vu que Crysis 2 et 3 sont pires à tous les niveaux à mes yeux, ça les fait tomber encore plus bas que je pensais dans mon estime maintenant. ^^
Quant à Soda, vu qu'il est attaché à l'esthétique monochrome et l'ambiance guerre des tranchées du deuxième, c'est normal qu'il accroche moins.
Enfin bref, personne ne tombera d'accord de toute façon, et je pense que c'est assez normal. Par contre, je ne suis pas d'accord pour mettre les deux derniers Crysis au même niveau.
J'ai pris du plaisir sur Shadow Fall mais j'ai regretté son manque d'ambition narrative et les lacunes de son IA. Comme je le dis, son défaut, c'est que ce n'est qu'un FPS qui n'apporte rien au genre, mais au moins je suis allé au bout sans me forcer (pas comme Crysis 2, ou Crysis 3 que je n'ai même jamais voulu finir). Au delà de ça, c'est un titre de lancement qui fait le job, bien plus qu'un Ryse à mon sens (qui aurait pu être inoubliable et qui n'a au final quasi aucun intérêt en tant que beat them all). Tu trouveras aussi des gens (qui auront terminé les deux jeux comme moi) et qui ne partageront pas mon sentiment, c'est comme ça.