Mieux vaut tard que jamais, nous avons enfin eu le temps de nous poser quelques heures le temps de vous rédiger un retour sur le PlayStation Portal, sorti initialement à la mi-novembre. On s'excuse donc de ne pas avoir pu vous en parler à l'époque, mais on espère que vous ne nous en tiendrez pas rigueur et que les quelques lignes qui suivent suffiront à combler le manque.
En arrivant bien après la bataille pour vous parler du PlayStation Portal, nous n’avions pas spécialement l’espoir de pouvoir apporter un nouveau son de cloche riche d’un plus grand recul. Sony ayant été très clair sur l’utilisation de son nouveau périphérique, il restait juste à constater les performances de l'appareil, même s’il était déjà possible de tester le remote play avec un téléphone, une tablette ou même un ordinateur portable. Il n’y avait donc aucune surprise à attendre de notre prise en main. Pour autant, on ne peut s'empêcher d'être assez déçus en pensant à ce que le PlayStation Portal aurait pu être en faisant preuve d'un peu plus d'ambition. Malgré un tarif relativement modeste et l'apport ergonomique indéniable de la DualSense qui lui est intégrée, difficile en effet de savoir à qui s'adresse un tel objet. Dans le cas de joueurs comme davton, dont la Playstation 5 ne produisait plus la moindre image jusqu'à très récemment (une réparation peu coûteuse - mais non officielle - l'a heureusement sorti de ce mauvais pas), cela pourrait certes leur éviter d’investir dans une nouvelle machine pour s’adonner aux quelques jeux non terminés qui traînent encore sur leur disque dur (ou leur étagère). Pour les autres en revanche, ceux dont la console ne souffre pas d'une quelconque panne, pourquoi investir dans un appareil à l’usage si limité alors qu'un bon téléphone et une manette connectée en Bluetooth pourrait faire l'affaire ? D’autant que l'écran du PlayStation Portal est un simple LCD…
Mais reprenons notre réflexion au tout début si vous le voulez bien, en commençant par évoquer ce qui est inclus dans la boîte. La description sera rapide, vous n’y trouverez que l'appareil lui-même, protégé par un petit “sachet” en papier, un câble USB-C pour la charge et un petit manuel en plusieurs langues qui n’explique même pas son fonctionnement. On y trouve donc juste les précautions d’usage à prendre en compte pour ne pas avoir de mauvaises surprises, comme le fait de ne surtout pas avaler la machine qui contient des piles au lithium, ou de ne pas la lancer violemment sur la tête de votre femme ou votre enfant en utilisant la fonction de détection de mouvements. Des informations indispensables donc… Dommage de ne pas y avoir expliqué certaines fonctions, qui n’ont même pas le droit au moindre tutoriel, comme par exemple la gestion du pavé tactile à même l’écran dans les deux zones rectangulaires (en bas à droite et en bas à gauche) prévues à cet effet. Une fois la machine allumée, il suffit de suivre les indications qui apparaissent pour la connecter à votre console, avec la possibilité de passer par l’application PlayStation de votre mobile pour le faire. La configuration est simple et rapide, et on comprend du coup pourquoi le pseudo manuel ne s’embarrasse pas d’inclure la marche à suivre pour mettre en route le PlayStation Portal. Reste qu’il manque malgré tout une explication pour l’absence du pavé tactile.
Au premier allumage, la première impression est plutôt positive grâce à une qualité d'affichage finalement satisfaisante. Nous aurions certes préféré que Sony propose une dalle OLED pour profiter de noirs plus profonds, mais honnêtement, le rendu global est tout à fait correct compte tenu du choix de la technologie LCD. Sa taille, ni trop petite, ni trop grande, rend le PlayStation Portal parfaitement adapté au jeu nomade et tous les titres que nous avons pu essayer dessus étaient bien mis en valeur par l'écran. On ne peut pas dire que la qualité des hauts-parleurs nous aient particulièrement convaincus toutefois. Comparativement à la Switch ou au Steam Deck, il nous a semblé que le son s'avérait plus criard, avec un manque de basses préjudiciable. Il est heureusement possible de brancher un casque ou des écouteurs, mais là encore, Sony a fait un choix bien étrange. Si nous apprécions la présence d'une prise jack classique, que l'on ne trouve malheureusement plus sur les téléphones actuels, on ne comprend pas la décision de ne pas s'appuyer sur le Bluetooth pour le sans fil. En passant par une technologie propriétaire (le PlayStation link), Sony oblige les joueurs à acheter les écouteurs PULSE Explore dont le prix de vente est équivalent à celui du Portal lui-même. Inutile de dire que l'idée est tout bonnement ridicule... Nous n'avons pas pu essayer ledit produit, mais même s'il propose un rendu sonore de qualité et qu'il peut aussi servir avec d'autres appareils (car, oui, ces écouteurs sont bien compatibles Bluetooth, eux), on se voit mal investir autant d'argent dans un périphérique à destination du PlayStation Portal. À noter tout de même que l'emplacement du bouton de volume du Portal est plutôt bien pensé, car accessible facilement en jeu sans devoir nécessairement lâcher les poignées de la manette.
Tout cela est bien joli mais qu'en est-il finalement de l'expérience de jeu avec le PlayStation Portal ? Eh bien, sans surprise, le nouvel appareil de Sony fait ce pour quoi il a été conçu, à savoir permettre l'accès à sa PlayStation 5 et à ses jeux en remote play lorsque le téléviseur familial est occupé. Comme le système pensé par Sony passe obligatoirement par votre modem/box/routeur, la qualité de l'expérience va énormément dépendre de celle de votre wifi. Dommage donc de ne pas avoir également donné la possibilité de transiter par la console elle-même, surtout pour les joueurs et joueuses qui utiliseront le PS Portal uniquement chez eux. Cela aurait sans doute permis d'éviter certains désagréments que même une bonne connexion wifi ne peut éviter. On pense par exemple au fait que la fluidité des jeux sur la machine ne sera pas au niveau de celle dont on profite en principe sur sa télévision. C'est plus particulièrement notable sur les titres qui tournent à soixante images par seconde, dès que l'on bouge la caméra sur un axe horizontal par exemple. Avec un jeu comme Red Dead Redemption, parfaitement fluide sur notre téléviseur OLED, nous avons en effet noté des micro-saccades en faisant tourner la caméra autour du personnage. Cela n'est certes pas forcément gênant du point de vue du gameplay, même s'il existe une légère latence évidemment, mais si vous espériez vivre la même expérience qu'en jouant directement sur la PS5, vous en serez pour vos frais. Le problème est moins perceptible quand un jeu est locké à trente images par seconde mais il subsiste néanmoins. Attention cependant, ce n'est pas le PS Portal qui est à blâmer ici mais la technologie de remote play elle-même. Tout le monde n'y sera pas aussi sensible que nous, mais c'est un détail dont il faut avoir conscience.
En dehors de cela, notre expérience sur l'appareil a été globalement agréable, quel que soit le type de jeu et quel que soit l'endroit de la maison où nous l'avons testé. Nous avons juste rencontré des problèmes de fluidité plus marqués sur EA Sports WRC et une reconnaissance aléatoire du pavé tactile virtuel dans Alan Wake 2 (mais cela a peut-être été corrigé depuis). Soulignons également que notre test du remote play de chez un ami (équipé d'un excellent routeur wifi 6) s'est avéré concluant, avec des performances équivalentes à ce que nous avions pu constater à la maison (sans remarquer d'artefacts de compression donc) alors que nous étions à plusieurs kilomètres de distance. Pour pouvoir accéder à sa console quand on n'est pas chez soi, il faut toutefois ne pas oublier de la laisser en veille. Soyez aussi conscients que, comme le Portal n'intègre aucun navigateur web, il est impossible de le connecter sur le wifi d'un hôtel qui demanderait de valider sa connexion par ce biais. Puisque l'on évoque les limitations de l'appareil, autant mettre les pieds dans le plat tout de suite. Alors que Sony avait un véritable boulevard pour donner une certaine plus-value à son abonnement PlayStation Plus Premium, le Portal ne permet absolument pas de s'adonner aux joies du streaming de jeu. Il aurait pourtant été judicieux d'implémenter une telle fonctionnalité, voire de le permettre sans devoir passer par la PlayStation 5. Ainsi, non seulement Sony aurait donné au Portal une légitimité supplémentaire, mais cela aurait aussi permis de valoriser l'offre la plus onéreuse du PlayStation Plus. À notre avis, cela finira sans doute par se faire, ne serait-ce qu'en remote play, mais en l'état, c'est tout de même un sacré rendez-vous manqué... Bien sûr, pas question non plus de regarder le moindre contenu sur les plateformes de streaming vidéo. Des choix d'autant plus regrettable que le PlayStation Portal peut compter sur une bonne autonomie (entre cinq et huit heures en fonction de la luminosité de l'écran choisie).
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Si un jour Sony lâche les chevaux sur le cloud, pourquoi pas. Mais même dans ce cas là, je pense que jouer sur un laptop, une tablette ou mobile avec la dualsense fera très bien l’affaire. Sauf impératif d’encombrement où l’appareil pourrait avoir un léger avantage (à condition d’acheter une housse non fournie il me semble).
PS : excellents les intertitres.