Vous souvenez-vous de Limbo ? Le jeu de plateforme de 2010 crée par le studio danois, Playdead ? Ce jeu incroyable, porté par une ambiance hors du commun, a permis le retour d’un genre découvert il y a de cela des années avec Another World de Eric Chahi. Monochroma est fait de la même veine. Les développeurs de Nowhere Studios ne cachent d'ailleurs clairement pas le fait que Limbo ait grandement inspiré leur jeu. Monochroma espérait devenir l’un de ces classiques, mais quelques défauts viennent malheureusement gâcher ce qui aurait pu être une expérience mémorable.
MAJ : ajout d'une vidéo de gameplay officielle.
Présenté comme un cauchemar à la monochromie audacieuse, ornée d’une légère pointe de rouge, Monochroma ne perd pas son temps pour vous immerger dans sa sombre aventure. Elle commence quelques minutes après le début du jeu, lorsque votre petit frère se blesse, vous obligeant à le hisser sur vos épaules avant de vous diriger vers une destination inconnue. Filant à travers les champs de maïs humides, les deux garçons se dirigent vers ce qui devient lentement un véritable cauchemar industriel. Sans que le moindre mot ne soit jamais prononcé, Monochroma raconte l’histoire de ces deux garçons qui découvrent les sombres secrets d’une société Walmart-esque. Le récit est intéressant, troublant, il s’adapte magnifiquement au style visuel, mais le vrai méchant de l’histoire est le gameplay.
La plupart des puzzles tournent autour de l’immobilité de votre petit frère. Alors que votre personnage fait preuve d'une mobilité extraordinaire malgré le poids de son frère sur son dos (escaladant cordes, échelles, et faisant même de grands sauts), ce dernier reste un handicap suffisant à vous ralentir juste assez pour vous empêcher de franchir certains obstacles. Le problème, évidemment, est que sa peur du noir vous empêche de le déposer n'importe où afin de vous occuper de vos affaires. Cela signifie que vous allez devoir chercher de petites zones éclairées où le déposer pour aller résoudre le puzzle tranquillement. Cela semble un peu artificiel parfois, avec l’apparition de ces petites zones seulement lorsqu’un puzzle attend d’être franchi, mais ceux-ci offrent tout de même un challenge intéressant qui demande à être attentif.
Votre petit frère est complètement immobile, et incapable de communiquer d’une quelconque façon. Il pourrait tout autant être un rocher ou un sac à dos, et cela atténue malheureusement l’aspect dramatique recherché par l’équipe de développement. Il est difficile de sentir la moindre connexion avec un personnage qui ne dit, ni ne fait, absolument rien. On rencontre également dans le jeu quelques robots qui jouent un rôle limité mais intéressant pour l’histoire et le gameplay. Malgré leur apparition très courte, leurs animations donnent à ces machines une plus grande personnalité que celle de votre frère, et leur lien avec le récit appuie cette sensation. Le gameplay qu’ils apportent est judicieux et permet, lorsque l’on se retrouve au sommet de ces êtres métalliques, de se déplacer verticalement et horizontalement afin de traverser des matières dangereuses ou d’atteindre des lieux autrement inaccessible de part leur hauteur.
Peut-être plus qu’aucun autre type de jeu, le jeu de plateforme dépend énormément de la qualité de ses mécaniques de gameplay ; si les simples actions de sauter et courir ne fonctionnent pas correctement, ou que le ressenti est insatisfaisant, la bonne réception du jeu dans son ensemble est compromise. Malheureusement, Monochroma ne parvient pas à échapper à ce piège. Les mouvements sont rigides et mal animés, les sauts sont flottants et assez étranges, et la détection des collisions peut parfois s’avérer très frustrante. Tout cela fait que parfois la réussite de simples sauts n'est plus une question de talent ou d'adresse, et c'est à la chance que l'on doit se remettre pour passer l’obstacle. Il n’y a rien de pire que de traverser un niveau difficile pour finalement échouer à la fin parce que votre personnage ne parvient pas à attraper la plateforme, ou reste coincé dans le paysage. Le manque de cohérence d’un passage à l’autre est donc extrêmement frustrant. Les puzzles ont parfois l’air simples au premier coup d’œil, mais les animations trop lentes et les contrôles ratés amènent un challenge malvenu.
C’est quand la physique devient l'axe central d’un puzzle à résoudre que les choses deviennent vraiment difficiles. Prenez par exemple une pièce remplie d’eau. En bas se trouve une caisse, et au dessus un certain nombre de plateformes à hauteurs variables. Alors que la pièce commence à être inondée, vous devez sauter sur la caisse, en descendre et la tirer avec vous afin d’atteindre la corniche suivante. Cela semble simple, et pour le coup la solution l’est réellement. Pourtant, la physique, par son manque de friction et de prédictibilité, transforme cette pièce en véritable cauchemar pour votre pad. Mourir vous demande de recommencer le niveau au départ, ce qui oblige à attendre énormément. Sur l'échelle de Mario, Monochroma est donc plus proche d’un jeu de stratégie russe au gameplay mal calibré que de la précision d'horloger d'un jeu de plateforme made in Nintendo. Le titre de Nowhere Studios manque de soin et c’est très dommageable, les bonnes idées étant chaque fois gâchées par des contrôles hasardeux. En ressort l’impression d’être devant un jeu encore en développement plutôt qu’en face d’un produit fini. Même les mouvements de caméra ont du mal à suivre l’action...
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