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Exercice difficile que de vous parler d’un action-RPG japonais et que l’on ne s’appelle pas davton, le spécialiste de l’équipe dans le domaine. Mais même avec une expérience en la matière bien plus limitée que la sienne, Scarlet Nexus avait a priori des arguments suffisamment convaincants pour me plaire. Bonne intuition ou monumentale erreur, nous n’avons heureusement pas besoin de Jack Slater pour vous répondre.

L’enfer, c’est les Autres

Partant du principe que l’Homme n’est jamais parvenu à se libérer de la peur de l’autre, l’univers imaginé par Kenji Anabuki (qui a œuvré sur plusieurs Tales of) et son équipe met les humains face à une menace inconnue symbolisée par d’affreuses créatures qu’ils appellent justement les Autres. On ne sait rien de leur motivation, au-delà du fait qu’elles se délectent des cerveaux de leurs victimes, ni de la raison même de leur existence. Tout ce dont on est certain, c’est qu’il s’agit de la plus grande menace que la terre ait jamais connu et que ces montres proviennent de ce que l’on appelle la Ceinture de l’Extinction, dont il faut donc éviter de s’approcher. Pour lutter contre ses ennemis d’un genre nouveau, la race humaine a mis en place une unité spéciale, la Brigade d’Extermination des Autres (BEA), mais fort heureusement pour elle, la découverte d’une hormone cérébrale de type psionique leur permet de résister face à ces êtres insensibles aux armes à feu. Les humains de ce futur alternatif inspiré du Tokyo des années 90 ont en effet développé des pouvoirs extrasensoriels, aussi est-il vite devenu urgent de recruter les plus puissants d’entre eux pour constituer la dernière ligne de défense de l’humanité. C’est dans ce futur ultra-connecté où tous les habitants font partie du même réseau sensoriel (Psynet, qui leur sert dans toutes les interactions de leur quotidien), que l’on va évoluer. Un monde dont on ne sait rien quand débute l’aventure, et qui va se dévoiler petit à petit, au travers de ses règles, de son histoire et des personnages qu’il met en scène. Comme c’est souvent le cas dans les productions japonaises, on ressent dès le départ la très forte densité de cet univers, qui intrigue autant qu’il fascine. Il faut dire que l’approche visuelle très stylisée, qui n’est parfois pas sans rappeler celle de Gravity Rush, donne à Scarlet Nexus un cachet indéniable, pour peu que l’on y soit sensible évidemment.

L’homme ou la femme psyionique

Le premier choix qui nous est demandé quand on lance une partie est celui du personnage que l’on souhaite incarner. Yuito Sumeragi vient tout juste d’être recruté par la BEA, un rêve qu’il poursuit depuis qu’il a été sauvé de la menace d’un Autre par l’un de ses membres alors qu’il était encore un enfant. Pourtant, ses origines bourgeoises ne le destinaient absolument pas à rejoindre la Brigade, son influente et riche famille ne voyant pas d’un très bon œil son choix de carrière. Il faut dire que c’est à eux que l’on doit la création de Néo-Himuka, l’une des deux grandes mégalopoles du pays dans lequel se déroule l’aventure. Il n’est donc pas bien difficile d’imaginer que leurs ambitions pour Yuito étaient clairement plus politiques que militaires. Toujours est-il que malgré une éducation que l’on suppose stricte et conventionnelle, le jeune homme fait preuve d’une grande bienveillance à l’égard de celles et ceux qui l’entourent, et il semble aussi très facile d’accès. Kasane Randall, en revanche, affiche une personnalité bien moins légère, plus sérieuse et froide. Contrairement à Yuito, elle n’a pas eu besoin de postuler pour intégrer la BEA, ses capacités extraordinaires ayant rapidement été remarquées, et c’est en compagnie de sa grande sœur Naomi qu’elle fait ses débuts dans l’organisation. On comprend rapidement que cette jeune fille, même si elle a, semble-t-il, sauvé la mise de Kasane à plusieurs reprises, est bien plus fragile que sa cadette. Elle est aussi beaucoup plus encline à ouvrir son cœur à ses partenaires, à faire preuve de douceur, là où Kassane reste toujours sur la défensive et ne mâche jamais ses mots.

Si les deux personnages principaux partagent logiquement le même pouvoir psionique (la psychokinésie, qui leur permet de projeter sur leurs ennemis tout ce qui leur tombe sous la main), ils utilisent une arme de corps-à-corps différente. Ainsi, Yuito manie l’épée, l’obligeant à aller un peu plus au contact que Kasane, qui utilise des couteaux lui permettant de toucher ses ennemis à moyenne distance, grâce notamment à l'un de ses coups qu'elle lance en faisant un léger bond vers l'arrière. Elle est également adepte des attaques aériennes ou de zone, ce qui complète parfaitement l'éventail de ses capacités offensives. Le choix du personnage ne va toutefois pas uniquement avoir un impact sur le style de combat que l’on va pouvoir utiliser, car il va évidemment aussi influer sur le point de vue que l’on aura de l’histoire, certains événements touchant plus directement l’un des protagonistes que l’autre. Les deux héros vont aussi évoluer séparément, ce qui donnera l’occasion de combler les trous de l’histoire à celles et ceux qui se lanceront dans une seconde partie. Brigade oblige, vous allez faire équipe avec un bon nombre de coéquipiers, chacun disposant d’un pouvoir psionique unique que vous pourrez mettre à profit pendant les affrontements. On y reviendra bien sûr plus en détail dans la suite de l’article, mais citons tout de même pêle-mêle quelques exemples : Shiden possède des attaques de foudre, Tsugumi est capable de faire apparaître les ennemis invisibles ou de voir dans le brouillard, Gemma peut se rendre invincible quelques secondes et Kyoka a la capacité de se dupliquer pour accroître la puissance de ses attaques. En fonction de leurs affinités avec eux, Yuito et Kasane auront accès à de nouvelles aptitudes ou pourront profiter d’un meilleur soutien de leur part, agrandissant le champ des possibles.

Chacun des membres de la BEA dispose d’un caractère qui lui est propre, ce qui les distingue très nettement les uns des autres. Compte tenu de la longue liste de personnages, on aurait pu craindre l’effet doublon, mais il n’en est heureusement rien. Scarlet Nexus est réellement un jeu choral, et ce dès ses premières minutes. Il n’est d’ailleurs pas toujours évident de s’y retrouver au tout départ avec tous ces noms aux consonances japonaises, mais le soin apporté à l’écriture permet à la magie d’opérer rapidement et on finit par s’attacher très facilement à cette jolie brochette de nouvelles recrues. Même les personnalités les plus antipathiques deviennent indispensables à la dynamique des deux équipes, leur comportement agressif ou présomptueux ayant bien évidemment une explication liée à leur passé. Dans la grande tradition japonaise, les motivations de certains des protagonistes ne sont pas toujours bien claires et le jeu est riche en surprises scénaristiques, avec des rebondissements qui relancent régulièrement l’intrigue dans une nouvelle direction. Il faut donc vous attendre à un jeu qui ne lésine pas sur les dialogues, où il faut prendre le temps d’écouter ses partenaires pour apprendre à mieux les connaître et à mieux les cerner. Le scénario de Scarlet Nexus est de qualité, mais nous nous garderons bien d’en évoquer ici les thèmes principaux pour ne pas risquer de vous faire la révélation de trop. Reste qu’il nous semble important de bien souligner le soin apporté à l’écriture et à l’ambiance en général. Pour tenir le joueur en éveil pendant une quarantaine d’heures, il fallait au moins cela, mais on vous rassure, le gameplay n’a pas été mis de côté pour autant.

Kasane misyé bobo

Le simple fait de faire partie d’une Brigade et de devoir coopérer implique bien sûr la gestion de son équipe, à la manière d’un J-RPG classique finalement. Mais avant de nous attarder sur le système de combat de Scarlet Nexus, nous souhaitions tout d’abord évoquer toutes les mécaniques qui entourent le côté relationnel du jeu. Certains y verront là un rapprochement évident avec la franchise Persona, et d’une certaine manière, c’est assez vrai. Entre chaque mission principale, le joueur participe à un interlude pendant lequel il peut faire évoluer son niveau de rapprochement avec les personnages qui composent son équipe (qui pourront d’ailleurs varier en fonction du moment). Dans ces séquences qui se déroulent au sein de la planque du groupe, il est possible de discuter avec les partenaires présents sur place, de leur faire des cadeaux (qu’il s’agisse de babioles sans impact sur le gameplay ou d’objets plus utiles, comme par exemple un manuel permettant de débloquer un slot d’inventaire de plus pour ledit personnage). Parfois, à la suite d’un message cérébral reçu (un autre pan de l’aspect relationnel du jeu), on retrouve un équipier à l’extérieur le temps d’une discussion plus ou moins personnelle, voire d’une mission annexe (plus rarement). Ce système de messagerie est également actif en dehors de ces Interludes, avec la possibilité de répondre à ses camarades (on ne décide cependant pas de ce que l’on dit), mais attention car certaines réponses doivent être envoyées dans un temps donné. Tout cela permet assez logiquement de se familiariser avec ses coéquipiers, mais l’intérêt de la chose ne se cantonne pas à un intérêt purement narratif on va le voir.

Les cadeaux que l’on peut offrir sont proposés par le biais d’un système d’échange dans la boutique, des ressources spécifiques (des données environnementales que l’on déniche pendant les missions) étant nécessaires pour pouvoir procéder au troc. A noter que ce principe d’échange moyennant ressources fonctionne tout aussi bien pour les consommables, les armes, les pièces d’équipement, etc. En faisant évoluer les liens entre Yuito/Kasane et leurs alliés (en lançant ce que le jeu appelle des étapes de relation), ceux-ci vous donneront accès à de nouvelles attaques pendant les combats ou vous aideront plus régulièrement, en vous soignant ou en vous réanimant par exemple. Il existe donc un intérêt réel à prendre le temps de mieux connaître les différents personnages, sachant en plus qu’il existe un niveau d’affinité global pour l’équipe elle-même. Si ces interludes sont fréquemment imposés au cours de l’aventure, rien ne vous empêche de les éluder totalement (ce serait une erreur mais vous pouvez le faire), tout comme il est aussi possible de revenir à votre planque quand vous le souhaitez pour récupérer vos points de vie et/ou admirer les cadeaux que vous aurez offerts à vos amis, qui décoreront les lieux au fur et à mesure. Entre deux missions principales, vous pouvez aussi choisir d’aider votre prochain en allant faire un petit tour en ville. On vous demandera par exemple d’aller éliminer des Autres ou de récupérer des objets, ce qui donnera accès à des récompenses ou des items spéciaux. Il ne s’agit cependant pas de vraies missions annexes et il faut plus les voir comme des défis à remplir au cours des quêtes liées à l’intrigue principale. Scarlet Nexus ne proposant ni un monde ouvert, ni de zones très densément peuplées, ne vous attendez pas à la richesse d’un RPG occidental à ce niveau.

Le papotage c’est bien, mais il vient un moment où il faut aussi faire parler la poudre, même si Scarlet Nexus ne fait pas vraiment dans ce genre d’arsenal. Les attaques armées (épée ou couteaux selon le personnage choisi donc), en plus de causer des dégâts à l’adversaire, remplissent légèrement la jauge de psychokinésie qui permet d’utiliser les capacités extrasensorielles des deux héros. On frappe les ennemis en appuyant sur la touche carré (ou X sur Xbox et PC) tandis que la touche triangle (ou Y) donne la possibilité de réaliser une attaque spéciale avec mouvement de recul (pour Kasane) ou une attaque de balayage (pour Yuito). Au départ, on ne peut utiliser cette attaque qu’une seule fois par combo, mais on peut augmenter ce nombre en acquérant les bonnes compétences sur la carte cérébrale du personnage (nous y reviendrons). C’est d’autant plus important que cette attaque spéciale accélère grandement le remplissage de la jauge de psychokinésie. L’astuce consiste donc à l’intégrer régulièrement dans ses enchaînements pour être ensuite capable de saisir les objets situés à proximité (voitures, panneaux, blocs de béton, etc.) à l’aide de la touche R2 (RT) et de les jeter sur les Autres. Des objets spécifiques plus imposants peuvent aussi être utilisés en appuyant sur la touche L2 (LT), pour le simple plaisir de projeter un bus, un train ou un tractopelle sur ses adversaires (liste non exhaustive). Le jeu soigne particulièrement la mise en scène lors de ces attaques, en impliquant le joueur qui se retrouve obligé de jouer des sticks, des gâchettes ou des boutons (à la manière d’un QTE) pour porter un coup fatal.

Voilà pour les bases, mais vous vous doutez bien que le système de combat ne se limite pas à ces simples mécaniques. Tout d’abord, il est vite important de maîtriser les différents enchaînements possibles. Il existe en effet ce que l’on appelle des enchaînements de ruée, qui consistent à appuyer sur la touche carré au moment où l’on porte une attaque de psychokinésie, tout cela dans le but de se rapprocher de l’ennemi visé et poursuivre l’offensive avec son arme. Mais ce n’est pas tout, car lorsqu’une attaque avec carré ou triangle touche sa cible, utiliser le pouvoir de Kasane ou Yuito déclenche aussi un enchaînement de psychokinésie plus puissant, qui fait en contrepartie drastiquement baisser la jauge correspondante. Il est donc très important de bien alterner entre les différents types d’attaques de manière à récupérer assez de puissance pour pouvoir utiliser les pouvoirs psioniques régulièrement. Une bonne maîtrise de ce système vous assure d’infliger des dégâts extrêmement importants, mais en plus de la satisfaction de vous débarrasser de vos adversaires, vous aurez surtout le plaisir de le faire avec un style inégalable. S’il est impossible de bloquer une attaque dans Scarlet Nexus, une esquive parfaite rend non seulement le héros temporairement invincible mais lui donne également une fenêtre potentielle pour lancer une attaque mortelle si la compétence adéquate est débloquée. Attention cependant, le timing demande un peu d’entraînement, et vous ne serez pas aidé par un quelconque signe visuel à l’écran. Face à des adversaires qui sont capables de lancer des projectiles, l’esquive parfaite donne même la possibilité d’intercepter l’objet lancé et de le retourner à l’envoyeur. Les deux héros peuvent également obtenir des combos plus longs, en enchaînant par exemple plusieurs attaques aériennes pour Kasane, ce qui donne aux combats l’allure de véritables ballets. La montée en puissance tout au long du jeu rend les affrontements de plus en plus prenants et spectaculaires, grâce notamment à toutes les nouvelles couches de gameplay qui se rajoutent régulièrement pour les étoffer encore plus.

La main dans le SAC

Avec un système de combat en partie basé sur la coopération, vous imaginez bien que vos partenaires ne vont pas se tourner les pouces pendant les affrontements. Comme dans la plupart des jeux du genre, on peut commencer par leur assigner un comportement spécifique, offensif, défensif ou plus équilibré. Il existe un panel de choix assez important, ce qui permet d’affiner sa stratégie et de se donner un avantage certain en combat, mais le jeu ne pose jamais cela comme un passage obligé en mode normal. Quand vous avez plus de deux coéquipiers à votre disposition, vous pouvez décider des deux compagnons qui vous suivent à l’écran et ceux qui resteront en réserve. Tout se fait très simplement à partir de l’écran Groupe du menu, sachant que le choix de vos deux partenaires principaux vous octroiera un bonus lié à leur pouvoir respectif, comme la durée de l’effet et la vitesse de récupération de la jauge du SAC. Mais au fait, le SAC c’est quoi ? Il s’agit du nom donné à la connexion inter-cérébrale qui relie les différents membres de l’équipe entre eux et permet à Yuito et Kasane d’utiliser temporairement les pouvoirs de leurs alliés. Nous avons déjà donné quelques exemples un peu plus haut, donc nous n’allons pas nécessairement faire la liste complète des capacités disponibles, mais sachez qu’elles affectent aussi bien l’attaque (en ajoutant des effets élémentaires, comme le feu, qui peut causer plus de dégâts aux ennemis recouverts d’huile) que la mobilité du personnage. Le jeu ne voulant pas limiter les possibilités du joueur, l'accès aux capacités psioniques des alliés n'est pas uniquement limité à ceux qui sont physiquement présents sur le champ de bataille. On associe ces pouvoirs à son héros en combinant la touche R1 (Rb) à l’un des boutons de façade et on est libre de laisser la jauge de SAC se vider entièrement ou de stopper son utilisation manuellement. Il n’est d’ailleurs pas obligatoire d’attendre qu’elle soit totalement remplie pour faire appel au SAC, ce qui peut s’avérer pratique quand on fait face à des ennemis qui demandent une compétence particulière pour les voir ou les toucher. Les pouvoirs se rechargent plus ou moins vite, les temps de cooldown restant tout à fait corrects, mais gardez en tête qu’une plus grande affinité avec un allié aura des effets positifs sur l’utilisation de son pouvoir. Scarlet Nexus ne se gêne pas pour étoffer les mécaniques liées au SAC après une bonne dizaine d'heures de jeu, en donnant accès à des attaques spéciales lancées par vos équipiers (via une combinaison L1/Lb et touches de façade). Et c’est sans compter sur la vision combattante, qui leur permet de vous proposer leur aide sous la forme d’une autre attaque spéciale, que l’on déclenche en combinant triangle et rond (Y et B).

Les ennemis disposant d’un point faible (parfois protégé d’une carapace) peuvent également être détruits en un seul coup, à condition d’être parvenu à faire baisser sa jauge de pression (visible sous sa barre de vie) suffisamment. Dès lors que l’icône L2 (LT) apparaît sur l’adversaire en question, il faut s'empresser d’appuyer dessus pour exécuter une pression cérébrale et s'en débarrasser. Pour les autres ennemis, une jauge de pression vidée les mettra à terre quelques instants, vous donnant le temps de placer quelques attaques sans craindre de représailles. Yuito et Kasane sont également capables d’entrer dans un état de concentration intense à force d’éliminer des ennemis ou de subir des dégâts. Une jauge spécifique se remplit progressivement jusqu’à déclencher une poussée cérébrale, octroyant divers bonus. Attaques, déplacements et pouvoirs psychokinésiques sont alors améliorés pendant un laps de temps suffisamment confortable pour permettre de faire le ménage autour de soi. Précisons en revanche que cet état se déclenche automatiquement et que l’on ne peut donc pas le conserver pour plus tard. Tout le contraire du champ cérébral, un espace que tout psionique est en mesure d’ouvrir en canalisant sa puissance, ce qui lui permet alors d’utiliser sa jauge de psychokinésie sans restriction (avec cependant le risque de mourir s’il s'y éternise trop longtemps). Enfin, parlons rapidement des consommables que l’on peut utiliser en temps réel pendant les affrontements. Les touches droite et gauche de la croix directionnelle permettent de passer de l’un à l’autre et une simple pression sur le bouton bas utilise l’objet sélectionné. Certaines potions peuvent avoir un effet sur toute votre équipe là où d’autres ne soignent que votre personnage. Vos alliés n’hésitent pas non plus à vous redonner quelques points de vie, voire même à vous ranimer si vous êtes terrassé (vous pouvez évidemment faire de même avec eux, pas besoin de queue de phénix). Attention tout de même de ne pas trop vous reposer sur leurs épaules, car c’est leur niveau d’affinité avec vous qui décidera de leur comportement à votre égard.

Cette Brigade, elle m’allait

Par de nombreux aspects, Scarlet Nexus s’apparente donc totalement à un JRPG en en reprenant la plupart des codes, mais tout n’est pas uniquement pensé de cette manière. Par exemple, le système de progression du personnage ne concerne que le héros que l’on choisit au début de la partie. On gagne bien de l’expérience après chaque combat, le gain de points d’XP pouvant d’ailleurs être augmenté lorsque la poussée cérébrale est active, mais seuls Yuito et Kasane peuvent en profiter. Lorsque l’on acquiert un niveau supplémentaire, on obtient des points cérébraux (PC), qui servent à accéder à diverses compétences sur la carte cérébrale du personnage. Cette dernière se divise en plusieurs catégories distinctes, même si des ponts peuvent parfois se faire entre elles pour ne pas obliger le joueur à tout débloquer depuis le début de la branche. Ces compétences touchent aussi bien les capacités offensives que les déplacements du héros (on peut par exemple débloquer un double-saut ou un - puis deux - dash quand on est en l’air) et nécessitent plus ou moins de points pour les apprendre. L’arbre s’étoffe avec le temps et nous avons trouvé toutes les aptitudes que l’on peut obtenir suffisamment intéressantes pour motiver le joueur à en débloquer un maximum. Mais si Scarlet Nexus ne nous laisse pas interagir avec les compétences des autres protagonistes (qui montent cependant bien en niveau au fur et à mesure), il nous laisse toutefois les équiper comme bon nous semble. Ainsi, on peut leur fournir des armes plus efficaces, des pièces d’équipement (appelées suppléments) qui leur confèrent certains bonus (plus de points de vie, une meilleure protection aux attaques, une puissance accrue de leurs pouvoirs, etc.) et même les attifer de lunettes rigolotes et autres oreilles de lapin absolument indispensables pour massacrer les Autres avec style. Sachant que le producteur de Scarlet Nexus avait déjà officié sur Code Vein, on ne s'étonnera pas de la présence de cet aspect purement cosmétique, qui ne passe d'ailleurs par aucun système de micro-transactions. Pour récupérer ces babioles, vous pourrez les acheter à la boutique, les obtenir via le système d'échange ou même les recevoir en récompense pour une mission annexe.

Avec son histoire accrocheuse, son système de combat parfaitement calibré qui donne dans le spectaculaire, avec un arbre des talents pertinent qui ne fait jamais dans l’esbroufe inutile, le nouveau jeu de Bandai-Namco friserait presque la perfection ludique. Mais même si ce que nous allons aborder ne nous a jamais foncièrement gênés, nous devons néanmoins évoquer ce qui pourrait potentiellement refroidir les ardeurs de certains. Pour commencer, Scarlet Nexus demande régulièrement de retraverser des zones déjà visitées précédemment. Tout est toujours justifié par l'avancée scénaristique dans l'histoire, mais il n'empêche que les adeptes du tourisme virtuel en seront pour leurs frais s'ils s'imaginent trouver une pléthore de destinations variées. Comme l'intrigue nous tient en haleine pendant trente-cinq heures minimum, on va apprendre à bien connaître certaines zones. L'accent étant à la fois mis sur les mécaniques de jeu et sur l'histoire, il est facile de passer outre pour se laisser porter, d'autant que les combats procurent une satisfaction assez intense. Ceci étant dit, même sans y avoir prêté beaucoup d'attention, on estime tout de même qu'on était en droit d'en attendre un peu plus de ce côté, tout particulièrement dans un jeu dont le développement s'est étendu sur quatre ans. Cette impression de manque de variété des environnements se cristallise d'ailleurs dans la toute dernière ligne droite qui, en plus d'abuser sur le nombre d'affrontements consécutifs qu'elle impose, revisite tous les lieux que l'on a pu croiser dans un style un peu différent. Autre point sur lequel il nous faut insister, c'est la place prépondérante que prend la narration régulièrement, avec des phases de dialogue (assez statiques nous le verrons sous peu) qui peuvent facilement s'enchaîner en laissant le joueur totalement passif. Pour un peu, on se croirait presque dans un Visual Novel parfois, notamment quand, à la moitié de l'aventure environ, on se retrouve à renouer des liens avec certains personnages que l'on n'avait pas côtoyés pendant un moment. Dans ce genre de situation, un interlude peut aisément durer une bonne heure, entre la confection des cadeaux, les instants où on les offres et les étapes de relation (qui lancent donc les personnages dans de longues discussions très personnelles). Une fois encore, ce n'est pas un défaut en soi, mais c'est une donnée à prendre en compte avant de se lancer dans l'aventure car ce n'est pas forcément quelque chose qui trouvera écho chez tous les joueurs.

Le Nexus ultra

On l’a évoqué en début d’article, la direction artistique de Scarlet Nexus possède quelques liens de parenté avec celle de Gravity Rush. Là où le jeu de Keiichiro Toyama optait pour une approche assez steampunk, celui de Kenji Anabuki lorgne bien plus vers le cyberpunk, avec ses rues bardées de panneaux et d’enseignes holograĥiques et l’omniprésence de la technologie. Les deux titres partagent néanmoins quelques similitudes, même si Gravity Rush s’inspirait beaucoup de la bande dessinée franco-belge et que l’effet crayonné de ses décors était nettement plus prononcé. Le jeu de Bandai-Namco s’appuie sur une approche du design plus japonaise dans l’esprit, avec des personnages très fidèles à ce que l’on peut trouver dans les mangas ou les animés (il aura d’ailleurs bientôt droit au sien), mais nous y voyons tout de même une petite filiation, dans les teintes employées ou le choix de certains environnements. Le travail de l’artiste Masakazu Yamashiro, étranger au jeu vidéo jusque-là, a semblé couler de source quand il a fallu imaginer l’apparence des Autres, mélange d’éléments organiques et mécaniques - ou du moins inanimés. Le directeur artistique Kouta Ochiai voulait que ces créatures ne ressemblent à rien de familier, qu’elles évoquent aussi bien le malaise que l’inconnu. Or, les œuvres de Yamashiro exprimaient parfaitement ces deux idées, avec leur design grotesque qui illustrait les principes de la beauté dans la mort. Les Autres étant composés d'éléments totalement dissociés les uns des autres, cela les rend difficile à cerner, et donc d’autant plus inquiétants pour le joueur. Ils dégagent aussi une indéniable forme de tristesse poétique, qui donne à leur présence une dimension d’autant plus tragique. On ne va évidemment pas rentrer plus précisément dans le symbolisme qui se cache derrière leur design, mais tout cela donne au titre une patte très particulière qui fait tout son charme.

Pour revenir à des considérations plus techniques, Scarlet Nexus profite d’un affichage très propre sur PS5, en dehors du dédoublement du personnage dès que l’on déplace la caméra autour de lui (on soupçonne la solution d’antialiasing utilisée d’en être la cause), mais le rendu général tient plus de celui d’un jeu de la génération précédente que d’un titre estampillé next-gen, notamment en raison du pop-up trop prononcé des éléments du décor. Ce n’est évidemment pas surprenant compte tenu du fait qu’il arrive également sur PS4 et Xbox One, mais il fallait néanmoins le souligner. La structure même du jeu porte aussi les stigmates de la génération précédente de jeux japonais, les différentes zones étant séparées par des écrans de chargement, tout en proposant des espaces assez limités avec un cheminement très linéaire. Cela ne nous a absolument pas dérangés, mais tout le monde ne sera pas obligatoirement de cet avis. L’avantage, c’est que le framerate ne bronche quasiment pas et maintient ses 60 images par seconde en presque toutes circonstances, même lors des attaques spéciales les plus spectaculaires. C’est indéniablement le point qui compte le plus à nos yeux dans un jeu de ce genre, la fluidité de l’action permettant de bien mieux en maîtriser le gameplay. Sur PS5, la DualSense est bien mise à contribution, mais cela reste assez timide dans l’ensemble. En dehors des vibrations, nous avons surtout noté la résistance accrue des gâchettes lors des finish-moves ou à chaque fois que l’on utilise les pouvoirs télékinésiques. La musique a beau être une histoire de goût avant tout, nous avons trouvé la bande originale du titre excellente, avec les styles typiques que l'on trouve souvent dans ce genre de productions japonaises. Elle mélange des sonorités tirant vers le rock avec d’autres plus jazzies ou lounge, mais elle ne rechigne pas non plus à s’aventurer sur des lignes mélodiques lorgnant nettement plus sur le dubstep. On n'ira peut-être pas jusqu'à écouter tous les morceaux sur notre temps libre, mais dans le cadre du jeu, c'est parfait !

La qualité du doublage n'a pas à rougir non plus, qu’il s’agisse de la version anglaise ou japonaise, toutes deux accessibles dans le menu des options. Contrairement à certaines localisations de J-RPG (Final Fantasy VII Remake en tête), nous n’avons pas trouvé le jeu des comédiens exagéré, ce qui donne bien plus de naturel aux différents échanges. Ceci étant dit, il n’est peut-être pas inutile d’évoquer le choix du studio concernant les cinématiques. En effet, contrairement à des titres majeurs qui se plaisent à mettre en scène leurs passages narratifs de la manière la plus spectaculaire qui soit, Scarlet Nexus opte pour un format nettement plus sobre. C’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui nous fait penser à Gravity Rush, dont il reprend en partie une présentation très typée bande dessinée. Le résultat est certes moins stylisé que dans le jeu de Sony, mais il n’en reste pas moins similaire dans l’intention. On doit avouer que nous avons tout d’abord regretté la relative staticité de l’ensemble, tout particulièrement quand une séquence est censée illustrer une scène d’action, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, nous avons fini par nous y habituer, jusqu’à trouver ces passages tout à fait passionnants à suivre (et bien plus dynamiques que l’on aurait pu le croire au départ). A titre de comparaison, nous avions trouvé les dialogues de Biomutant aussi statiques qu’insipides, ce qui avait fini par détourner notre intérêt pour son univers et son intrigue. Ce n’est absolument pas le cas ici. Ce qui est étonnant toutefois, c’est le fait que Scarlet Nexus ose parfois s’appuyer sur des cutscenes animées plus classiques, ce qui donne un mélange assez original au final, à mi-chemin entre l'animé et le manga.

Verdict


Avec Scarlet Nexus, Bandai-Namco tient assurément une nouvelle série de poids sur laquelle s’appuyer pour les années à venir. Grâce à son univers particulièrement chiadé, sa direction artistique percutante, sa généreuse galerie de personnages bien écrits et son système de jeu riche et efficace (il n'y a bien que les J-RPG pour oser proposer de nouveaux didacticiels après des dizaines ou vingtaines d'heures de jeu), le titre de Kenji Anabuki accumule les qualités au point de faire oublier ses quelques petites lacunes techniques. Un action-RPG que l’on vous conseille donc de consommer sans modération si le genre ne vous laisse pas insensible. Chose suffisamment rare pour le souligner, nous sommes désormais impatients de découvrir l'adaptation de son univers en animé, en espérant y retrouver le casting de voix original, aussi bien anglais que japonais. La réponse d'ici peu, sa programmation étant prévue pour cet été.
  • Les plus
  • Un style visuel excellent
  • Personnages nombreux et attachants
  • Univers intriguant et passionnant
  • Scénario riche en rebondissements
  • Combats excellents et percutants
  • Bestiaire varié qui se renouvelle
  • Mise en scène des attaques spéciales jouissive
  • Deux personnages, deux histoires à suivre
  • Durée de vie
  • 60 fps sans broncher quasiment tout le temps
  • La DualSense mise à contribution sur PS5
  • Les moins
  • Trop de recyclage des environnements
  • Dernière ligne droite à rallonge
  • Structure à l’ancienne, donc très linéaire
  • Pas vraiment next-gen techniquement
  • Accès disque un peu longs quand on sauvegarde

30 images maison (PS5)

  • GSY Review : Scarlet Nexus - 30 images maison (PS5)
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Luffy
Luffy
Commentaire du 23/06/2021 à 17:29:22
"Cette Brigade, elle m'allait"... 🤣🤣
Merci pour cette review qui donne très envie !
Je pense me le prendre alors qu'il ne m'intéressait pas du tout à la base.
En réponse à
regal58
regal58
Commentaire du 23/06/2021 à 18:39:21
Ça donne envi tous ça surtout si il n’est pas trop long au final ( je crois que je suis traumatisé par persona5 ^^) mais j’attend de voir le prochain tales of quand même 
En réponse à
Driftwood - Dictateur en chef
Driftwood
Commentaire du 23/06/2021 à 19:21:48 En réponse à regal58
Ce sera un autre budget c'est certain, donc côté environnements ça devrait être bien plus riche et varié. 
En réponse à
GTB - Acapello
GTB
Commentaire du 23/06/2021 à 20:38:49
Ah surprenant et intéressant tout ça. Je me m'attendais pas à ce qu'il soit couvert ici et encore moins qu'il plaise à ce point. C'est vrai que la DA offre de belles choses et le chara-design à l'air plutôt cool. C'est un trop gros morceau pour moi, mais limite je jetterai un œil à l'anime.
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Wolfstone
Wolfstone
Commentaire du 23/06/2021 à 20:59:55
Je te remercie pas Drift ! Ton test m'a convaincu, car j'étais pas très partant sur le côté japoniaiserie... Mais tu es un bon chroniqueur ! (vendeur ?) :p Je me demande toutefois : il pèse combien dans le SSD de la PS5 ? Je commence à avoir du monde dedans... Et sans un autre SSD interne, ça va être bientôt dur de faire le tri. J'espère que Sony va bientôt permettre d'installer ce 2e SSD. 
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Driftwood - Dictateur en chef
Driftwood
Commentaire du 23/06/2021 à 21:19:26 En réponse à Wolfstone
Il ne prend pas beaucoup de place, environ 15 go.

Il y a bien quelques dialogues un peu niais dans les interludes, mais difficile d'y échapper dans un jeu japonais. :)
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MadDemon
MadDemon
Commentaire du 23/06/2021 à 21:25:07 En réponse à Driftwood
Même si la demo m'avait bien plu ton test bien écrit confirme encore plus mon achat. Merci drift 👍

Et le côté "niais" dans un JRPG ça serait presque un atout pour moi 😄 toute proportion gardée quand même !!
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Wolfstone
Wolfstone
Commentaire du 23/06/2021 à 22:07:47 En réponse à Driftwood
Merci Drift pour l'info ! Bon, j'ai assez de place du coup. FF7 avec ces 94 Go prend de la place et je parle pas du reste, comme Demon's Souls ou les Spiderman qui pèsent... Ils tardent Sony pour sortir leur patch système pour débloquer le SSD interne à installer. Il serait temps ! Pour les propos niais, bon je m'y ferais si le jeu vaut le coup et il a l'air. La bonne surprise du début de l'été, sans doutes. 
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rouge - et Noir
rouge
Commentaire du 23/06/2021 à 22:27:13
Merci Drift, je n'ai pas lu mais j'ai regardé /écouté le test vidéo et ça confirme ce que j'en pensais. A titre informatif je préfère le ton que tu emploies dans ce test par rapport à celui de ces derniers temps.
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Wolfstone
Wolfstone
Commentaire du 27/06/2021 à 17:17:44
Après un peu plus de 2 h de jeu : les combats sont sympathiques et ça avance petit à petit, à la japonaise. Par contre, on est toujours sur les stéréotypes au niveau des personnages ! À croire que les nippons manquent de nuance...  Je pense que tel que le jeu se construit, l'aventure s'étoffe avec le temps. A suivre ! 
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