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Ce mois d'octobre 2022 est à marquer d'une pierre blanche. Après avoir repris brillamment la licence WRC des mains de Milestone en 2015, KT Racing s'apprête à passer le flambeau à EA et Codemasters l'an prochain. WRC Generations est donc le dernier titre du studio français à bénéficier de la licence officielle du championnat du monde des rallyes. Le moment est donc venu de vous livrer notre verdict sur ce baroud d'honneur, ici dans sa version Playstation 5.

Un frein de retard

Dernier jeu WRC développé par KT Racing pour Nacon, Generations tente le tout pour le tout en compilant tout le travail du studio depuis WRC 5. Six épisodes qui ont vu la formule s'affiner au gré des années, avec au tout départ des améliorations graphiques évidentes, puis des ajouts de contenu (pays, spéciales, voitures, modes de jeu) et des évolutions plus ou moins perceptibles sur le moteur physique et la conduite. Parfois moins évidentes d'un volet à l'autre, elles sont ici bien plus perceptibles, rendant l'approche du jeu un peu plus tournée vers la simulation. Très clairement, Generations propose un véritable aboutissement en termes de sensations de conduite. Les distances de freinage, autrefois plutôt généreuses, ont été nettement allongées, ce qui empêche désormais de piler au dernier moment en espérant rester sur la piste. WRC 10 avait déjà entamé ce virage vers la simulation, mais il nous semble qu’il est encore plus prononcé sur ce nouvel opus. L'efficacité des freins a également été revue à la baisse, surtout sur les surfaces meubles ou glissantes et, mine de rien, cela change drastiquement la manière d'aborder les spéciales, même si on les connaît déjà toutes pour les avoir déjà pratiquées dans les jeux précédents. Là où, par le passé, il n'était pas rare de pouvoir terminer une épreuve au premier essai sans trop de difficulté, on se voit maintenant régulièrement obligé de la relancer à plusieurs reprises le temps de maîtriser le tracé et la voiture. Il est aussi beaucoup plus fréquent de perdre le contrôle et de partir en tête à queue, obligeant à bien doser freinage et accélération, mais aussi à utiliser le frein à main correctement et à faire très attention aux abords de la route. On note également que les différentes voitures sont maintenant bien plus lourdes, ce qui influe évidemment beaucoup sur le style de conduite que l'on peut adopter. Le jeu a beau rester parfaitement jouable à la manette, la différence avec les anciens opus se fait tout de suite sentir, sans pour autant que l’on y perde en précision. Assez logiquement, si vous possédez un volant, les sensations n'en seront que meilleures, mais attendez-vous à une expérience plus sportive par la même occasion. Notez d'ailleurs que notre volant CSL Elite de la génération précédente est bien confirmé comme étant compatible avec la version PS5, renseignez-vous donc sur votre propre matériel s'il date un peu.

L'épisode hybride par excellence

Avant d’aborder la partie visuelle, un mot tout de même sur le véritable ajout de cet opus avec les modèles hybrides désormais utilisés dans le championnat WRC. Ces derniers disposent d’une jauge qui se vide quand on accélère et se recharge à chaque freinage. Il est possible de choisir entre trois stratégies d’utilisation avec trois modes de puissance : la première est plus axée sur la vitesse de pointe gagnée ("electric boost"), la seconde sur le temps d’utilisation du module électrique (grâce à une batterie plus puissante) et la dernière propose une gestion plus équilibrée. Peut-être manquons-nous encore un peu de pratique, ou bien ne sommes-nous pas suffisamment connaisseurs pour bien percevoir les différences avec des modèles plus classiques, mais nous ne trouvons pas que cela bouleverse l’expérience. Ces véhicules ne sont clairement pas moins intéressants que toutes les autres voitures incluses dans cet opus (WRC 2, WRC 3, légendes de la discipline et modèles bonus), mais le passage de l’un à l’autre ne se ressent pas plus que cela de prime abord. Cela n’enlève rien à tout le bien que nous pensons de la conduite, avec une meilleure gestion des changements de revêtement, l’asphalte accrochant enfin les pneus comme il se doit, sauf par temps humide où les pertes d’adhérence sont bien plus nombreuses. Les stars du jeu comme tous les ans, ce sont évidemment les spéciales, parfaitement calibrées pour proposer un mélange entre vitesse, passages de précision et pièges à éviter. Le seul regret que l’on peut formuler, même si l’on imagine que KT Racing les a encore retravaillées pour les améliorer, c’est l’absence de nouveaux tracés dans la majorité des vingt-et-un pays disponibles et le fait que certains lieux (comme la Corse et Sanremo en Italie) n’offrent que trois spéciales seulement. Aussi excellentes soient-elles, il est évident que les habitués de la série rechigneront peut-être à y revenir une énième fois. Les six spéciales suédoises sont cependant annoncées comme étant totalement nouvelles, mais cette destination demeurant l’une des plus délicates, les joueurs les moins aguerris regretteront sans doute l’absence de nouveaux tracés dans les autres pays. Le fait de pouvoir les pratiquer à quatre heures différentes de la journée (aube, midi, soirée et nuit) sous huit types de météo différents (sachant que l’on peut aussi décider si le changement de temps est géré dynamiquement ou non), assure une bonne variété, mais que l’on soit bien clairs, c’était déjà le cas dans les précédents volets.

Rouler des mécaniques

Visuellement pourtant, nous trouvons ce nouvel épisode plus réussi. La modélisation des environnements et des voitures est certes proche de ceux des épisodes précédents, mais il nous a semblé qu'elle a néanmoins été affinée. Plus évident sans doute, la gestion de l'éclairage est plus naturelle et donne un rendu global plus réaliste, surtout à midi (où les couleurs explosent de mille feux en HDR) ou la nuit (qui nous a paru plus nuancée dans son rendu global, mais cela venait peut-être aussi de l'apport du HDR). Tout n'est pas encore parfait, mais même sans atteindre le niveau un Grand Turismo 7 ou d'un Forza Horizon, l'ensemble est finalement plutôt flatteur pour l'œil. Sur Playstation 5 (et Xbox Series X également on imagine), deux modes graphiques sont proposés, l'un favorisant le framerate et l'autre la résolution. On vous déconseille assez logiquement ce dernier puisqu'il est locké à 30 fps et que l'expérience en devient nettement moins agréable. Seul réel avantage de ce mode, l'aliasing y est moins visible et la qualité d'image (un peu) accrue. Pour profiter du 60 fps, il faudra se contenter du 1440p et d'un scintillement plus prononcé des décors (essentiellement sur la végétation ou les lignes qui composent les portiques, les clôtures ou les fils électriques). La qualité d'image reste tout à fait satisfaisante selon nous et les bienfaits du rafraîchissement plus élevé rendent la jouabilité bien meilleure, plus précise, et donc plus jouissive. L'aspect sonore a lui aussi gagné en crédibilité à notre sens, même s'il manquait encore quelques sons (de carrosserie lors des accidents) sur la version à laquelle nous avons eu accès - qui était encore en attente d'un patch avant la sortie du jeu. On peut tout de même regretter le rendu sonore trop étouffé de certains moteurs, mais en dehors de cela, KT Racing a fourni un excellent travail. De son côté, la DualSense est une fois de plus parfaitement mise à profit dans la version PS5 et elle parvient donc à retranscrire précisément le moindre chaos de la piste. Pour celles et ceux qui apprécient ce genre de petits détails, il est indéniable que cela décuple les sensations et l’immersion quand on ne peut pas y jouer au volant. Le studio avait déjà prouvé qu'il ne considérait pas le pad PS5 comme un simple gadget qui ne méritait pas que l'on s'y attarde, on n'est donc pas particulièrement étonnés que l'implémentation de la DualSense soit excellente.

Un jeu qui en fait des caisses

Enfin, il est temps de parler des différents modes de jeu intégrés à WRC Generations, et ce même s’ils ne sont pas non plus très originaux pour qui connaît un minimum les volets sortis les années passées. Passons rapidement sur la partie multijoueur, qui voit le retour des clubs ou la possibilité d’incarner le copilote pour les modes en ligne, avec également l'arrivée des Ligues pour affronter des joueurs en crossplay. Si vous n'aimez pas jouer seul, WRC Generations permet aussi de pratiquer le jeu à deux sur le même écran, comme à la belle époque. On peut toujours lancer une partie rapide et personnaliser son expérience, se frotter aux défis (des épreuves assez brèves où l’on essaie de décrocher l’or), s’entraîner dans le mode dédié ou aller se promener pour tester les différents véhicules dans la zone de test (Test Area), une carte ouverte qui intègre à la fois zones urbaine et campagnarde. Celles et ceux qui ne veulent pas s'embarrasser de la gestion de leur équipe peuvent opter pour le mode Saison et participer à des rallyes, mais les autres se jetteront de nouveau dans le mode Carrière pour embrasser pleinement l’expérience la plus complète possible. Trois emplacements de sauvegarde sont proposés si vous souhaitez mener trois carrières en parallèle et vient ensuite le choix de la difficulté globale, du niveau des dégâts (de légers à réalistes en passant par moyens et élevés), de la longueur des spéciales (courte, moyenne, longue et réaliste) et du nombre d’essais auxquels vous aurez droit à chaque épreuve (un seul pour le mode “crash permanent” et quatre sinon). Ensuite, il faut sélectionner sa catégorie WRC entre le WRC 3 Junior (où tous les participants pilotent tous la même voiture), le WRC 2 Constructeur et le WRC 2 Privé (qui oblige à démarcher les sponsors et à créer sa propre livrée), ce dernier étant cette fois disponible dès le départ. Enfin, avant de découvrir le siège de votre équipe et les différentes sections de votre QG, il faudra d’abord décider de votre team parmi Ford, Hyundai et Skoda, chaque constructeur ayant droit à un panel de pays (plus ou moins) différent (sur sept au total) pour le premier championnat à venir. Le déroulement de la carrière suit ensuite peu ou prou celui des années précédentes, avec des jours dédiés à l’entraînement et d’autres au repos, aux défis ou au bien-être du personnel qui travaille avec vous. Comme dans les derniers épisodes en date, la participation à des rallyes ou à toutes activités de conduite se solde par l’obtention de points d’expérience que l’on peut ensuite dépenser dans la section R&D (soit dans la partie technique, le personnel, etc.). Un mode Carrière qui fonctionne donc toujours aussi bien, même s’il demeure toujours un peu austère.

Verdict


WRC Generations se veut plus que jamais le volet de la synthèse, le plus complet à ce jour, même si WRC 10 l’an dernier surfait lui aussi un peu sur cette vague. Même sans proposer beaucoup de nouveautés en termes de contenu pur, les améliorations notables dans la conduite et la réalisation solide sur Playstation 5 le rendent tout à fait fréquentable. Il sera sans doute plus facile de se laisser tenter si vous ne vous êtes pas frotté à un jeu de rallye depuis quelque temps et que vous n’avez pas roulé votre bosse sur tous les opus précédents. S’il reste sans doute encore un peu plus abordable que Dirt Rally 2, WRC Generations ne se contente plus d’être exigeant au niveau de ses spéciales et propose un modèle de conduite moins arcade, et donc plus subtil. Une façon de rallier à la fois les amateurs de rallye qui ne se sentent pas l’âme de professionnels du genre et ceux qui en demandent un peu plus. Maintenant que la licence WRC est officiellement entre les mains d’EA et de Codemasters, on est à la fois curieux, impatients mais aussi un peu inquiets de voir la tournure que prendront les événements pour la saison prochaine. On se demande aussi ce que nous réserve KT Racing à l’avenir, en dehors du très attendu TDU Solar Crown en qui nous fondons tout de même bon nombre d’espoirs. On espère que le studio français n’abandonnera le développement de jeux plus tournés vers le off-road, avec un retour possible de la série V-Rally, même si le quatrième volet nous avait extrêmement déçus. L’idéal selon nous serait la mise chantier d’un jeu de rallye non officiel qui pourrait leur donner le champ libre sur les destinations possibles, en espérant qu’ils ne tombent pas dans le piège facile du recyclage de contenu directement issu de WRC. Quoi qu’il en soit, les développeurs de KT Racing ont maintes fois prouvé leur expertise dans le domaine du jeu de course, ils ont donc toute notre confiance et on leur souhaite bon vent pour la suite !
  • Les plus
  • Dépaysement garanti
  • De bien jolis paysages…
  • Le HDR rend le jeu moins terne
  • Conduite plus axée simulation
  • Moteur physique affiné
  • Les spéciales
  • Les véhicules historiques de retour
  • Ni tearing, ni ralentissements
  • Mode carrière complet
  • 21 destinations et 165 spéciales
  • Les moins
  • Manque de nouveautés
  • … mais que l’on connaît déjà
  • Pop-up encore bien trop visible
  • Quelques bugs en replay

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