Après la grisaille de Détroit, Gamersyde se devait de vous donner un petit avant goût de vacances avec Yoku's Island Express, un jeu plutôt original édité par Team 17. Un titre que vous auriez tort d'écarter avant d'avoir jeter un œil à notre review, aussi express que possible pour rendre la lecture agréable. Si nos vidéos preview ne vous avaient pas suffi, ou si vous les aviez manquées, nous en avons une de plus à partager pour l'occasion.
N'avez vu jamais rêvé d'incarner un bousier devenu facteur par la force des choses en s'échouant sur une île perdue ? C'est pourtant ce que vous propose Yoku's Island Express, un jeu de plateforme dont le premier twist est de ne pas permettre à son personnage principal de sauter, en dépit d'un level design tout en verticalité. Si l'on déplace bien le petit insecte qui pousse sa précieuse bouse devant lui, c'est cette dernière qui va être mise à contribution pour le faire progresser dans le monde ouvert imaginé par les développeurs suédois. Deuxième surprise donc, Yoku's Island parvient à intégrer dans son ADN tout ce que l'on est en droit d'attendre d'un jeu de pinball. Grâce à la présence de flippers (ces petits leviers contrôlés mécaniquement qui ont donné leur nom à la célèbre machine de bar) disposés un peu partout dans l'environnement, Yoku va pouvoir atteindre des zones autrement inaccessibles en se servant de sa boule en guise de bille. De deux couleurs différentes (une pour chaque gâchette de la manette), ils ne sont évidemment pas les seuls éléments du monde du flipper à s'inviter dans le jeu.
On retrouve donc pêle-mêle des bumpers, des rampes, des spinners, des cibles de différentes sortes et même des trous, qui retiendront la boule quelques instants avant de la rejeter vigoureusement. À de nombreuses reprises, le décor prend régulièrement l'aspect d'un vrai plateau de flipper, où il faut parvenir à débloquer des portes fermées pour accéder à la zone suivante, ou bien vaincre un adversaire dans un affrontement qui s'apparente à un combat de boss. La notion d'adresse est donc bel et bien présente, même si la légèreté de la boule ne permet pas réellement de la ressentir autant que les billes d'un vrai flipper. Ses réactions demeurent néanmoins cohérentes, et s'il est possible de perdre un peu de temps bêtement parce que l'on ne parvient pas à viser l'endroit désiré, on progresse généralement assez rapidement dans les tableaux, à condition de trouver le bon chemin pour se rendre à l'objectif. Il faut en effet savoir que, comme nous le verrons plus loin, Yoku devra d'abord gagner de nouvelles compétences avant de pouvoir atteindre certaines parties de l'île. Comme dans la prime jeunesse des fringants quarantenaires qui arpentent encore les allées du site, il arrivera aussi que plusieurs billes s'invitent sur le plateau, obligeant le joueur à les gérer toutes en même temps. Pour rester cohérent avec l'univers du jeu, il ne s'agira pas de simples billes mais de nouvelles bestioles qui se joindront ponctuellement à Yoku pour l'aider dans sa quête.
Car ne l'oubliez pas, le jeu de Villa Gorilla vous met dans la peau d'un héros en devenir, seul capable de sauver l'île de Mokumana de son funeste destin. Il va donc falloir vous retrousser les manchedibules pour venir en aide aux habitants, en réunissant les différents chefs de clan qui vivent aux quatre coins de ce petit morceau de paradis en péril. De par sa structure pensée comme un Metroidvania, Yoku's Island Express va toutefois vous demander de respecter un certain ordre avant de pouvoir rejoindre toutes les zones du jeu, ce qui n'est pas toujours évident car il est tout à fait possible de débloquer un objectif avant de pouvoir l'atteindre réellement. Cela peut parfois faire perdre un peu de temps, notamment au début quand on n'a pas encore débloqué les premières bornes de fast travel (des sortes de canons à abeilles qui projettent le bousier jusqu'au suivant). Les allers-retours peuvent donc paraître un peu fastidieux au départ, mais cette impression s'estompe heureusement assez vite, d'autant qu'il y a toujours une boîte à lettre à remplir (vous êtes facteur on vous le rappelle) ou un coffre au trésor à dénicher sur le chemin du petit scarabée. Yoku's Island Express a de toute façon été construit sur l'idée que toutes les zones ne peuvent être accessibles au départ, soit parce qu'il nous manque la capacité pour y aller, soit parce qu'il faut au préalable débloquer un bumper avec la monnaie du jeu, les fruits.
À la manière de LittleBigPlanet et de ses stickers enfermés dans de petites bulles, le jeu de Villa Gorilla fait régulièrement apparaître des fruits "bullifiés", dans les phases de flipper évidemment, mais pas uniquement. Il est possible d'augmenter la capacité de votre sac pour en transporter davantage et ainsi avoir plus de marge pour débloquer les bumpers plus "coûteux" que l'on croisera plus tard dans l'aventure. Le jeu n'étant jamais punitif, vous n'aurez pas à craindre la mort, mais sachez tout de même que retomber en bas de la zone de flipper vous fera perdre quelques précieux fruits au passage. Pour le reste, la difficulté consiste plus à parvenir à viser le bon endroit quand on a compris où envoyer la boule, qu'à vaincre les quelques boss qui se mettront en travers de votre chemin. On les a évoqué rapidement tout à l'heure, mais de nouvelles capacités vous seront octroyées au fur et à mesure, comme la possibilité d'aspirer des limaces explosives pour libérer des passages bloqués ou même celle de nager sous l'eau. Cette progression est évidemment pour beaucoup dans le plaisir procuré par l'exploration, et on se prend suffisamment vite au jeu pour avoir envie de récolter les 100%. Attention cependant, sans être impossibles à atteindre, certains coffres vous demanderont d'utiliser vos capacités différemment, ce qui oblige à réfléchir un peu pour comprendre comment faire sauter un bousier sans le moindre bumper à l'horizon. Ce sont sans doute d'ailleurs ces moments qdemandant le plus d'adresse (et un peu de chance parfois) qui sont donc les plus frustrants.
Heureusement, grâce à son univers chatoyant intégralement peint à la main, la frustration n'est clairement pas le sentiment qui prévaut dans Yoku's Island Express, qui est plutôt à voir comme le billet idéal pour des vacances sereines et reposantes dans un lieu exotique et dépaysant. En plus des mécaniques de gameplay originales qui l'habille, l'île de Mokumana propose en effet des paysages assez variés, qui vont de la forêt ensoleillée à des zones pluvieuses, en passant par des pics enneigés ou des grottes. Si l'on a connu plus original dans le genre plateforme, l'ensemble est particulièrement charmant du début à la fin. Les personnages ont eux aussi été pensés pour rendre l'univers encore plus trognon, et même leur charabia Yooka-Laylesque est parfaitement digeste et supportable. Vous ne devriez donc pas ressentir les pulsions meurtrières qui accompagnaient les phases de dialogue du jeu de Playtonic Games ou même d'Okami, qui donnaient tous deux envie de massacrer d'adorables chatons à la chaîne. Pour compléter un tableau déjà fortement engageant, Jesse Harlin (Mafia III, The Secret of Monkey Island Special Edition) a composé une bande originale qui sied parfaitement à l'univers du jeu, entre sonorités exotiques et jazzy pour un grand écart musical qui ne trahit pourtant jamais les ambiances traversées. Seule légère ombre au tableau, quelques menus ralentissements sur la version Xbox One (X) testée, essentiellement dû on le pense au chargement/streaming de la map, puisqu'ils n'arrivent que lors des voyages rapides d'un canon à l'autre.
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Merci pour le test Drift, je t'avoue que les intertitres m'ont régalés.