Attendu par certains, condamné d'avance par d'autres, Bioshock 2 se décide enfin à sortir la tête de l'eau pour mieux nous y plonger le temps d'une nouvelle aventure dans la cité engloutie de Rapture. Que valent donc les premières heures de jeu de cette suite que beaucoup ont qualifié de commerciale ? 2K a t-il sacrifié son jeu sur l'autel de la rentabilité au mépris de toute considération artistique ? La réponse sans appel, et illustrée des désormais habituelles vidéos, après le clic.
Bioshock 2 vous met dans le scaphandre d'un Big Daddy, ce dont on avait fait la courte expérience à la fin du premier opus. Histoire de ne pas donner l'impression au joueur qu'il incarne un personnage anonyme, c'est à travers le masque du premier Big Daddy de l'histoire de Rapture que vous allez vivre cette plongée en eaux troubles. Mis hors service - euphémisme - dans des circonstances révélées au cours de l'introduction du jeu (voir la vidéo ci-dessous), notre homme de cuivre va se réveiller dix ans plus tard pour partir à la recherche d'Eleanor Lamb, la petite sœur dont il était autrefois responsable.
Dix ans pendant lesquels la ville fantasme d'Andrew Ryan aura poursuivi sa décadence, dix ans d'absence qui amèneront bien évidemment leur lot de questions sur le tourbillon d'évènements qui a eu lieu entretemps. Soutenu par le docteur Tenenbaum (qui signe donc ici son grand retour pour des raisons expliquées dès le début du jeu) et Auguste Sinclair, le héros ne manquera pas de croiser toute une galerie de personnages tous plus inquiétants et dangereux les uns que les autres, même pour un Big Daddy.
Les premières heures de jeu dévoilent un scénario assez convenu, en plantant le décor avec le nouvel homme, ou plutôt ici, la nouvelle femme, à abattre. C'est en effet assez logiquement que Ryan et Fontaine laissent la place à Sofia Lamb, une fanatique de plus que le joueur va apprendre à connaitre au travers des fameux enregistrements audio disséminés un peu partout, mais aussi via quelques échanges vocaux par radio. Le jeu se base sur une construction très similaire au premier épisode, avec un objectif principal - une personne à trouver et affronter en général - à atteindre par niveau, et la montée en puissance du héros : Big Daddy ou non, les plasmides seront donc bien au rendez-vous, sans oublier l'arsenal de rigueur de tout protecteur qui se respecte. C'est d'ailleurs plus à ce niveau qu'on pourra constater de réelles nouveautés, les pouvoirs étant semble t-il identiques à ceux du premier jeu (dans le but sans doute de garder une certaine cohérence narrative).
Bioshock 2 ne prend donc aucun risque par rapport à son prédécesseur, et c'est sans doute un choix à double tranchant. D'un côté, les fans de la première heure seront sans aucun doute ravis de retrouver un univers et une atmosphère si bien retranscrits, sans perdre pour autant les mécaniques de gameplay qui avaient fait le succès du jeu en 2007. Mais il y aura également ceux qui ne verront finalement qu'une copie carbone de l'original et qui n'en démordront pas, malgré ses qualités évidentes. Le jeu alterne donc entre phases d'exploration et combats nerveux et difficiles, et bien que linéaire dans sa structure, il permet tout de même d'explorer à peu près librement chaque niveau, à la recherche de précieux items ou bien d'indices pour progresser. Les combats demanderont une approche réfléchie pour ne pas finir en charpie, et bien avant de rencontrer sa première Grande Sœur, il ne sera pas rare d'avoir recours aux Vita Chambres (désactivables dans les options pour les plus masochistes d'entre vous) tant le moindre papy de Rapture fait de la résistance aux coups un véritable art de survivre. Un art qu'ils mettent d'ailleurs un "poing" d'honneur à vous inculquer très rapidement. Quelques nouvelles créatures bien revêches font leur apparition pour amener un peu de variété à l'ensemble, avec par exemple le chrosôme brute, peu enclin à la discussion et au dialogue. Globalement cela dit, on retrouve vraiment le même bestiaire qu'auparavant.
Le premier Bioshock demandait au joueur de faire le choix cornélien de sauver les petites sœurs, ou bien de récolter l'Adam qu'elles avaient amassé, en leur ôtant la vie au passage. On prend les mêmes et on recommence dans Bioshock 2, puisqu'une fois débarrassé du protecteur de la petite fille génétiquement modifiée, vous pourrez, soit l'adopter, soit la tuer pour récupérer la limace sous-marine qui a été placée dans son corps pour collecter l'Adam. Si vous décidez de vous occuper de la petite sœur, elle vous guidera alors aux cadavres (deux par enfant) contenant encore de l'Adam et votre tâche consistera alors à la protéger le temps que l'opération se termine. Attendez-vous à des assauts massifs de chrosômes en furie, qui vous donneront du fil à retordre si vous n'êtes pas bien équipé en seringues d'Eden et en munitions (du moins avant de débloquer l'attaque dévastatrice à la foreuse pour laquelle il faudra néanmoins une bonne réserve de carburant).
Une fois le travail terminé, vous aurez une seconde fois le choix de la tuer pour récupérer le fruit de ses efforts, ou de la sauver et lui rendre sa vie de petite fille normale. Quelle que soit votre décision, à partir de là, tout se complique, puisque une Grande Sœur débarque de fort mauvaise humeur et entreprend de vous montrer pourquoi vous avez eu une très mauvaise idée en vous mêlant des affaires de Rapture. Si les combats contre les Big Daddies étaient déjà pour le moins tendus, ce nouvel adversaire devrait vous apprendre très vite la notion d'humilité tant ses déplacements rapides et ses attaques puissantes ont vite fait de vous mettre KO, direction la case Vita Chambre la plus proche (ou le point de sauvegarde précédent si vous avez opté pour les conditions hardcore), sans toucher les 20 000 lieues sous les mers.
Pour se rendre la vie un peu plus facile, il est heureusement toujours possible de pirater les diverses machines de Rapture, celles-ci allant du simple distributeur à la caméra ou la tourelle de défense. Cette fois, il est par contre possible de le faire à distance, à l'aide d'une sorte de petit pistolet bien pratique. Le système de piratage diffère également de celui de Bioshock, aussi laisse-t-on les casse-têtes de type plombier du dimanche pour un simple jeu de réflexe où le joueur doit appuyer au bon moment sur un bouton (dans la pratique, il faut parvenir à viser la couleur verte, ou mieux, la bleue, qui donne droit à un bonus supplémentaire).
L'Adam et les plasmides sont toujours au centre du gameplay et des préoccupations du joueur, et si leur utilisation ne change pas fondamentalement, les choix possibles pour orienter les pouvoirs de son personnage sont toujours aussi importants et conditionneront la manière dont vous aborderez les différentes situations. Tout aussi vital dans un milieu aussi hostile, l'amélioration des capacités via des fortifiants spécifiques est suffisamment motivante pour créer le dilemme chez le joueur qui sera tenté de tout acquérir. Jusqu'où serez donc vous prêts à aller cette fois ?
S'il est un domaine où tout le monde sera heureux de retrouver les mêmes bases, c'est bien la réalisation. Qu'il s'agisse du point de vue artistique - déjà inattaquable dans Bioshock - ou du point de vue technique, le jeu vous arrachera certainement un bon nombre d'exclamations enthousiastes en découvrant les nouveaux quartiers de Rapture. Le travail sur le rendu de l'eau est toujours admirable, notamment dans une scène (que je me garderai bien de montrer en vidéo) où l'eau se met à envahir tous les couloirs, pour finir par totalement submerger toute une partie du niveau. L'occasion de vivre alors des séquences très contemplatives sous l'eau, où seule la respiration du personnage et les quelques bruits sourds du monde sous-marin viennent troubler le silence de la progression. Si le jeu n'abuse pas de ces moments de repos au fond de l'océan, on ne peut rester de marbre devant la beauté de la majestueuse cité vue de l'extérieur ou de la faune et la flore aquatiques. Ajoutez à cela des éclairages très réussis et des jeux d'ombre saisissants (sources de nombreux sursauts) et vous obtenez un ensemble plus que satisfaisant malgré des textures pas toujours assez détaillées.
Le framerate n'est pas en reste, même s'il a tendance à ralentir un peu lorsque les choses deviennent un peu trop chaotiques (c'est rare cependant) et la bande son ne déçoit pas, avec des doublages convaincants et des musiques qui apportent aussi beaucoup à l'ambiance. Il faut entendre son rythme s'accélérer lorsque la tension monte, les violons grinçants de leurs accords inquiétants pour se rendre compte à quel point la bande son fait partie intégrante de l'expérience vécue. Certes, du point de vue technique, le jeu ne diffère pas énormément du premier opus, mais le fait est qu'il reste à l'heure actuelle, l'un des titres les plus réussis dans le genre.
Il y a quelque chose d'hypnotique dans le monde de Bioshock. Et quand bien même il peut être tentant de s'y jeter avec un certain à priori, il est difficile de ne pas se prendre au jeu au final. Offrant un vrai challenge (que vous optiez pour la présence des Vita Chambres ou non, n'oubliez pas de rester zen), en mode normal ou difficile, il semble aussi pouvoir proposer une durée de vie au moins équivalente à son prédécesseur, ce qui n'est pas rien (il fallait une bonne vingtaine d'heures pour boucler la première aventure). On peut, cela étant, regretter un peu ce sentiment de vulnérabilité qu'on éprouve face aux ennemis les plus basiques (même si cela a tendance à s'atténuer avec le temps), de quoi relativiser un peu le côté redoutable du Big Daddy que l'on incarne.
L'univers est respecté à la lettre, et si ce n'est des ficelles narratives un peu trop proches de la recette du premier - du moins en me basant sur les six premières heures -, le jeu ne souffre d'aucun véritable reproche. Alors bien sûr, le jeu ne débarque pas comme en 2007, comme cette belle inconnue mystérieuse et surprenante qu'on ne connait ni d'Eve ni d'Adam, mais est-ce une raison pour se priver d'un titre développé avec soin dans le but d'étoffer un univers déjà très riche ? Je vous laisse le soin de vous faire votre propre opinion en terminant cet article avec les irremplaçables dix premières minutes de l'aventure, une vidéo où vous remarquerez à quel point j'ai parfois pris mon temps pour (re)découvrir la déjà culte Rapture.
Les vidéos ont été capturées en mode difficile à partir de la version Xbox 360.
Tous les commentaires (39)
Preuve puisque monsieur n'assume pas :
@Drift': Pour Elo', c'est pas que tu es très drôle... :D
ps: Zavvy moins cher que Play.com la plupart du temps maintenant !
Reste aussi à voir ce que donne l'histoire dans son ensemble, mais je n'ai pas eu le temps de terminer le jeu pour avoir un avis tranché sur la question.
Et puis, encore une fois, difficile de te répondre sans avoir parcouru tous les niveaux du jeu. :p
Le jeu semble proposé une difficulté plus élévé que le premier, c'était bien le seul reproche que je pouvais lui faire (avec sa fin un brin précipité )
Enfin si peut-être, ces fameux passages sous-marins (encore que... ça semble toujours être des couloirs de 2 mètres de large :p).
Tout cas merci pour le CR ainsi que ces videos qui me permettent d'économiser de l'argent (quoiqu'il faut quand même souligner qu'il est proposé pour pas cher, un bon point qu'on voit assez rarement).
Bon je verrai, si c'est pas maintenant ça sera pour un peu plus tard. A défaut de proposer du neuf, ils ont au moins évité de massacrer leur copie.
Sinon l'une des nouveautés de cet opus, c'est qu'on peut avoir à la fois une arme et un plasmide sans avoir à switcher, non? Remarque j'imagine qu'on doit le voir dans les vidéos donc j'y vais de ce pas.
Tu devrais vraiment essayer de t y mettre à ce jeu, beaucoup d amis étaient dubitatifs et pourtant après quelques heures, impossible de décrocher.
L'ambiance à l'air d'être là c'est le principal !
merci pour l'info drift