Décidément, plus encore que la précédente, cette génération est placée sous le signe des remakes et des remasters, et si Sony n'est pas le seul à se laisser tenter, le constructeur japonais se retrouve peut-être plus régulièrement sous le flot des critiques parce que les gens ont l'impression que leurs productions internes de ces dernières années se sont trop appuyées sur des rééditions de titres, certes cultes, mais pas nécessairement assez anciens pour le justifier. Après The Last of Us Part I, The Last of Us Part II Remastered, et avant Horizon Zero Dawn Remastered à la fin du mois, Until Dawn entend bien toucher celles et ceux qui étaient un peu trop jeunes pour le découvrir il y a bientôt dix ans, ou qui ne jouent que sur PC. Un choix assez surprenant dans le riche catalogue d’exclusivités de la PlayStation 4, mais après tout, pourquoi pas ?
On vous l'avoue, en 2015, quand Until Dawn est arrivé sur PS4 après bien des déboires (on rappelle que le jeu était au départ pensé pour être joué avec le PlayStation Move sur PlayStation 3), on ne lui accordait pas beaucoup de crédit. À cette époque, les seuls titres dont on pouvait vaguement le rapprocher étaient les productions Quantic Dream, ou Life is Strange, sorti cette même année. La fenêtre de lancement, calée à la fin du mois d'août, n'était pas si habituelle il y a bientôt dix ans, et on s'était déjà fait une idée assez négative du potentiel du jeu avant même notre première prise en main. Depuis, Supermassive Games est parvenu à développer son propre genre avec un relatif succès, ce qui rend assez intéressant ce retour aux sources. Car en effet, Until Dawn était bien leur première tentative de film d’horreur intéractif. Rétrospectivement, c'était même assurément la meilleure, même si The Quarry et au moins deux épisodes de la série The Dark Pictures Anthology nous ont plutôt convaincus. Disons-le d'ailleurs d'emblée, ce fut aussi le cas d’Until Dawn au final, ce malgré les nombreux préjugés que nous avions à son égard. Plus jeunes de dix ans, mais déjà plus vieux que la moyenne des joueurs traînant sur le site ou ailleurs, on voyait pourtant d'un assez mauvais œil cette approche teen movie horrifique et cette histoire qui semblait emprunter aux films Scream de Wes Craven, entre autres. Si nous avions mis quelque temps à nous lancer sérieusement dans l’aventure, elle nous avait finalement vraiment accrochés, grâce notamment à son côté imprévisible. En effet, loin des manipulations scénaristiques de David Cage, Supermassive Games mettait en avant une expérience où la moindre erreur pouvait se solder par la mort, ajoutant forcément une tension que l’on ne connaissait pas vraiment dans le genre à l'époque. Bien sûr, tout le monde n’avait pas adhéré pas à la mécanique de QTE, parfois assez injuste, mais elle s'avérait néanmoins efficace. Et puis il y avait cette excellente idée de devoir éviter de bouger sa manette (merci le détecteur de mouvements) dans certaines séquences, sous peine de se faire repérer (et généralement tuer). On pouvait certes ne pas jouer le jeu en posant le contrôleur sur une table, mais pour celles et ceux qui se refusaient à tricher, ces passages étaient vraiment réussis. Autre atout du jeu, son casting de personnages, qui laissait pourtant craindre le pire au départ. Assez horripilants pour la plupart au début de l'aventure, ils finissaient pas dévoiler leurs failles au fur et à mesure, jusqu'à devenir suffisamment attachants pour que l’on ait pas envie de les perdre au détour d'un QTE. Enfin, impossible de ne pas mentionner le twist qui survient à quasi mi-parcours, car même s’il sera sans doute de moindre impact aujourd'hui pour celles et ceux qui ont pratiqué plusieurs jeux Supermassive Games, il nous avait totalement pris par surprise en 2015.
La question aujourd'hui est cependant de savoir si, à la lumière de toutes les autres productions du studio sorties entre-temps, Until Dawn conserve toutes ses forces. L’autre interrogation légitime vient également de l'intérêt d’un remake, quand on sait que le jeu original est rétrocompatible et qu’il tourne parfaitement bien à 60 images par seconde sur PlayStation 5. D'autant que la mise à jour graphique, si elle est indéniable en comparaison directe, ne sautera pas nécessairement aux yeux des joueurs et joueuses qui se baseront sur leurs simples souvenirs. Cet Until Dawn sous Unreal Engine 5 respecte en effet tellement bien le matériau de base qu’il semblera sans doute très proche de l'original. Dans les faits, c’est surtout vrai quand on se contente de regarder les modèles de personnages, leur modélisation faciale nous semblant moins percutante que ce que Supermassive a pu faire par la suite. Il y a certes eu des efforts à ce niveau pour les mettre à jour, mais les expressions faciales restent assez rigides dans l’ensemble. En revanche, tous les éclairages et les différents effets volumétriques profitent clairement de l’apport de l’Unreal Engine 5 et ce sera sans nul doute ce que les vidéos comparatives mettront en avant dans les jours qui viennent. Comme vous pourrez le constater dans notre vidéo de découverte, le prologue n'a finalement pas subi de grosses modifications de fond, contrairement à que nous avions compris dans la communication autour du jeu. Il nous semblait pourtant que l'on nous avait promis un temps d'exposition des sœurs Washington un peu plus long, de manière à leur donner plus d’épaisseur et de background. Peut-être que le studio en charge du remake a ajouté quelques éléments narratifs les concernant par la suite, mais le prologue de ce remake nous a paru très proche de l'original, en dehors donc des modifications apportées aux éclairages (qui changent d'ailleurs parfois radicalement l'atmosphère originale). Les habitués du jeu de 2015 remarqueront surtout l’implémentation de passages où les angles de caméra ne sont plus systématiquement fixes. On se retrouve donc avec un point de vue à la troisième personne, plus rapproché du personnage que l’on incarne, avec la liberté de déplacer la caméra comme bon nous semble la plupart du temps. Mine de rien, cela permet au moins de se déplacer un peu plus naturellement. Comme c'était déjà le cas dans les productions plus récentes de Supermassive, on se gardera bien de parler de révolution. La plus grande déception de cette version PS5 vient sans aucun doute des petites saccades aperçues au cours du premier chapitre en extérieur, alors même que le jeu ne tourne pourtant qu'à 30 images par seconde. Quand on sait que l'original atteint les 60 fps en rétrocompatibilité, c'est un peu dommage. Pas que le gameplay du jeu ne nécessite un rafraîchissement aussi élevé bien sûr, mais on aurait au moins pu attendre un framerate parfaitement stable sur une console comme la PS5. Si les quelques effets de ray tracing ajoutés sont à ce prix, ce ne sera pas obligatoirement du goût de tous. Gageons que la version PC s'en sort mieux à ce niveau, et que ce sera peut-être aussi le cas sur PlayStation 5 Pro.
Tous les commentaires (5)
Sinon après d'après tes vidéos ce n'est qu'un tout petit ravalement de façade, rien qui ne justifie les 30fps.
Pour la caméra libre, sur le papier et pour des anim moins robotique je suis d'accord mais on perd le côté Resident Evil.
Franchement les comparaisons font mal à cette nouvelle version, l’original avait vraiment ce coté sombre grâce à cette ambiance très bien retranscrit de nuit, avec un personnage plus éloigné, contrairement à cette nouvelle version avec une caméra bien trop rapprochée…
Sans oublier les effets de la neige, les arbres qui ondulent au gré du vent, etc… là c’est statique.
Franchement sur ce coup, il faut mieux jouer à l’original !