Faire revivre un genre tombé en désuétude nécessite plus que du travail, cela requiert de la passion. Et la passion de Mimimi Games pour la vénérable série d'infiltration tactique Comandos est indéniable. Après avoir fait ses preuves avec l'excellent Shadow Tactics, le petit studio se voit confier les rênes d'une licence majeure du genre pour Desperados III.
Note : Les vidéos arriveront dès que possible.
MAJ : Ajout du replay du live.
Si aucun de ces titres ou de ces termes ne vous parlent, imaginez vous un Mission : Impossible version cowboy. Comme dans la célèbre série (de la télé et du cinéma), vous suivez un petit groupe de spécialistes aux aptitudes uniques et complémentaires qui doivent collaborer pour atteindre divers objectifs (élimination, libération de prisonniers, enlèvement, fuite, vol…), généralement de la façon la plus discrète possible. Les 16 missions de Desperados III se déroulent dans de vastes zones, peuplées de gardes et parfois de civils, où vous disposerez souvent d'une certaine liberté d'action pour atteindre votre but. Bien que l'on joue en temps réel, passant librement d'un héro à l'autre, le rythme reste lent, nécessitant de véritables phases d'observation et de planification. Quels sont les chemins de rondes des gardes ? Jusqu'où porte leur regard (loin !) ? Qui surveille qui et quand ? Où se cacher et où dissimuler les corps ? Quels éléments de l'environnement permettent de provoquer des accidents ? On se retrouve à chaque fois en face d'un puzzle à résoudre, d'un cadenas à déverrouiller. Il s'agit de trouver le maillon faible qui permet, petit à petit, de desserrer les mailles du filet pour s'infiltrer, faire ce que l'on a faire, et repartir ni vu ni connu. Une gymnastique familière si vous avez déjà joué à Hitman, mais qui dans le cas de Desperados III prend une dimension collective.
Cooper, héros de la série, se montre suffisamment athlétique pour escalader des murs couverts de lierre, nager ou porter un corps sans problème. Il est très précis au lancer, qu'il s'agisse de pièces pour détourner brièvement l'attention ou de couteau pour tuer silencieusement à distance, et en cas de besoin, ses colts permettent d'éliminer simultanément deux ennemis. Kate préfère se déguiser pour s'infiltrer où bon lui semble, monopoliser l'attention d'une cible, voire l'attirer à l'écart, dans un coin plus tranquille. Ses bouteilles de parfum peuvent aveugler un groupe et son petit revolver se montre efficace à courte portée. À l'inverse, Doc McCoy est un tireur d'élite qui fait mouche à très longue distance. Ses fioles servent à soigner ou empoisonner et il lui suffit de poser sa luxueuse sacoche piégée pour attirer un garde. Par contre, ne comptez pas sur lui pour la trempette, la grimpette et il peine laborieusement pour tirer un corps. Rien à voir avec le massif Hector qui peut porter deux cadavres sans soucis ou éliminer d'un coup de hache les adversaires les plus puissants. Il dispose d'un énorme piège à loup baptisé Bianca et d'un bruyant canon scié dévastateur à courte portée. Enfin, l'agile Isabelle, en bonne sorcière du bayou, possède un sort pour contrôler une personne et un autre permettant de relier deux esprits pour que ce qui arrive à l'un se répercute sur l'autre. Généralement, son poignard en travers du cou.
Avec un tel éventail d'aptitudes, on pourrait croire que les choses vont être trop faciles, mais il n'en est rien. Dès le mode Moyen, le défi est au rendez-vous. Les gardes se couvrent entre eux, les lignes de vue portent loin, la moindre alerte peut se solder par un game over et chaque niveau introduit de nouveaux éléments. Ici des poules bruyantes, là de la boue qui garde temporairement vos empreintes, des marécages qui décuplent le son de vos pas, le train qui passe à intervalle régulier, les chiens qui sentent à travers les buissons et les murs, les lanternes qui vous rendent visible de très loin dans l'obscurité, sans compter les différents types d'ennemis à gérer... Le jeu se montre sans pitié et parvenir à surmonter ce rapport de force défavorable, à se glisser dans un trou de souris, s'avère particulièrement plaisant. Surtout lorsque l'on utilise l'outil permettant de planifier une action pour chaque personnage, puis de toutes les déclencher simultanément. Presser un bouton et voir 4 ou 5 gardes s'effondrer sans que la moindre alarme ne se déclenche est tout bonnement jouissif. Et non, ne vous inquiétez pas, nous n'avons pas besoin d'un suivi psychologique.
Nous parlions plus haut de passion et, si elle se voit dans le soin apporté à la maîtrise des mécaniques de gameplay et au level design, elle va bien au delà. Mimimi a aussi soigné l'ambiance Western, que ce soit au niveau des musiques, des environnements ou des éclairages. Ce troisième opus fait office de prologue, et à défaut d'être originale, l'histoire narrant la rencontre de nos héros s'avère plaisante à suivre, cohérente et accessible, avec un final digne d'un Sergio Leone. Desperados III pense aussi aux détails qui comptent, en vous rappelant de sauvegarder régulièrement (car vous allez échouer souvent, très souvent), en vous permettant d'accélérer le temps (car les rondes sont parfois longues), de faire ressortir les éléments interactifs, en proposant des options visuelles… bref, en pensant "en joueur". Et ce n'est pas si commun croyez-le bien. Cerise sur le gâteau, l'ergonomie du jeu a été parfaitement pensée pour la manette, offrant un confort optimal dans un genre pourtant historiquement lié au combo clavier/souris. C'est évidemment une bonne nouvelle pour les joueurs PS4 et Xbox One, mais même les possesseurs de PC peuvent en profiter s'ils le souhaitent.
Tous les commentaires (7)
Merci pour la review
Ca se joue si bien que ça au pad? J'ai toujours joué aux commandos/Desperados sur pc.
Confort optimal = aussi bien qu'avec un clavier et une souris?
Ce genre de jeux, c'est un peu comme les RTS, on a besoin d'un rapidité et au pad c'est souvent laborieux. Même si c'est optimisé pour le pad vous ne conseillez pas plutôt de le prendre sur pc si on a le choix?
En fait, je dirais que dans certaines situations (par exemple lorsque l'on veut passer pile au moment où un garde qui balaye une zone regarde ailleurs) avoir le contrôle direct du personne plutôt que de cliquer pour qu'il bouge, est sans doute plus rapide et précis.
De plus, dans les moments un peu tendus, le système de planification permet de mettre en pause pour décider de ce que l'on veut faire tranquillement, puis de lancer l'action choisie (ou de l'enregistrer pour plus tard) donc aucun soucis.
Mad, je joue au pad dans le replay et j'explique comment ça fonctionne.