Dix-neuf millième news sur Gamersyde pour le retour d'un monument du jeu d'aventure, Full Throttle Remastered, qui arrive donc aujourd'hui sur PC, Xbox One et Playstation 4. Pour l'occasion, une petite review accompagnée de plusieurs extraits dévoilant les quarante premières minutes de l'aventure. Inutile de préciser qu'il vaut mieux en regarder le moins possible si le jeu vous intéresse un tant soit peu.
Pour les joueurs les plus vénérables, on ne présente plus Full Throttle, point and click né de la longue tradition de jeux d'aventure des studios LucasArts. Mené de main de maître par un Tim Shafer en grande forme, le titre met en scène Ben, biker de son état dans un futur où la fabrication de belles cylindrées est compromise. En effet, en 2040, seule la compagnie Corley dirigée par un Malcolm Corley vieillissant et malade continue de produire des deux roues "à l'ancienne", au grand dam de l'impitoyable Adrian Ripburger (doublé par Mark Hamil), qui se verrait bien à sa place. Tout commence dans le bar où Ben et sa horde sauvage ont fait halte, et où tout va basculer. À la demande de Corley, Ripburger va tenter de convaincre les motards de devenir les escortes du vieil homme d'affaire, ce que Ben refuse catégoriquement. Le bras droit de Malcolm ayant une idée bien précise en tête, il se débarrasse du héros et fait croire à ses acolytes qu'il a finalement accepté son offre, avant de partir sans attendre en reconnaissance sur la route. Tous finissent donc par quitter le bar, laissant le personnage principal dans une benne (tiens ?) à ordures. Quelques questions musclées au barman plus tard, le chef de bande réalise que tout ceci fait partie du plan machiavélique de Ripburger, qui a prévu de faire tomber les malheureux easy riders dans une embuscade pour une raison inconnue.
Un démarrage sur les chapeaux de roues, avec une galerie de personnages haute en couleurs fidèle à l'esprit des autres projets sur lesquels Shafer avait déjà travaillé. À sa sortie en 1995, Full Throttle jouit d'un excellent accueil auprès de la presse spécialisée et des joueurs, à une époque où le genre a pourtant pris un peu de plomb dans l'aile, avec l'avènement de la 3D et le développement de titres plus cinématographiques. On rappelle tout de même qu'en avril 1995, la Playstation est déjà sortie au Japon depuis plusieurs mois, et qu'elle est fébrilement attendue en Amérique du Nord et en Europe pour septembre, avec des titres impressionnants comme Ridge Racer, Wipeout et Battle Arena Toshinden. Malgré cela, comme à la sortie du deuxième volet des aventures de Guybrush Threepwood, les joueurs de l'époque trépignent d'impatience à l'idée de jouer à Full Throttle ou, pour les moins chanceux, sentent monter la frustration de ne pas posséder la machine adéquate pour le découvrir. D'une part, la réputation du studio est telle que l'on ne peut s'imaginer passer à côté d'une telle perle. D'autre part, l'effort de mise en scène, très cinématographique justement, et l'inclusion de passages en 3D, font beaucoup pour faire monter la sauce. Alone in the Dark a beau être disponible depuis trois ans, le genre point and click n'a pas dit son dernier mot au sein de LucasArts, mais il vit néanmoins ses dernières années, puisque seuls The Curse of Monkey Island, Grim Fandango (qui a lui aussi eu droit à sa version remastérisée) et Escape from Monkey Island verront le jour dans les années qui suivent.
Mis en place pour la première fois dans Maniac Mansion, puis réutilisé pas loin de 8 fois avant la sortie de Full Throttle, le système SCUMM (Script Creation Utility for Maniac Mansion) est de nouveau à l'oeuvre ici, dans une version plus épurée et simplifiée. En effet, à l'inverse de jeux comme Maniac Mansion (et sa suite Day of the Tentacle, elle aussi remise au goût du jour), The Secret of Monkey Island 1 et 2, ou encore Indiana Jones and the Last Crusade (ou The Fate of Atlantis), qui incluaient un système de commandes assez complexes, Full Throttle limite les possibilités à quatre "ordres" uniquement. On oublie donc l'interface encombrante en bas de l'écran pour se contenter du seul curseur, qui, en contact avec des éléments interactifs, propose plusieurs possibilités. L'icône du poing permet d'actionner certains mécanismes, de frapper à une porte (ou sur quelqu'un), tandis que celle du pied laisse parler la force brute du héros, pour enfoncer une ouverture par exemple. Enfin, le crâne est alloué aux fonctions de la parole (ou de tout ce qui touche à la bouche) et du regard, le choix se faisant en cliquant sur ses yeux ou sa mâchoire. Un menu d'objets est bien évidemment aussi disponible en appuyant sur le bouton droit de la souris ou le bouton Y (ou triangle) de la manette. En plus des séquences de recherche et de dialogue, Full Throttle comporte quelques phases d'action au guidon de la moto, qui donneront lieu à des combats de type Road Rash assez simplistes - dont l'un demande tout de même d'utiliser la bonne arme pour vaincre ses adversaires et obtenir l'item recherché.
À la souris comme au pad (les touches qui apparaissent à l'écran sur PC sont celles de la DualShock 4), les contrôles de cette version Remastered sont intuitifs, même s'il est plus aisé de promener le pointeur avec le périphérique historique du genre. Pour fluidifier les enchaînements, le choix des commandes ne nécessite pas de déplacer le pointeur lorsque l'on joue à la manette, ce qui permet de gagner du temps. Il suffit alors de sélectionner l'action désirée à l'aide du stick gauche. Du point de vue esthétique, le ravalement de façade est plutôt réussi dans l'ensemble, avec des personnages bien dessinés très respectueux du design original - dont on profitait essentiellement lors des cinématiques et des gros plans. Les décors ne sont généralement pas en reste, sauf peut-être sur certains tableaux, comme l'écran d'ouverture du jeu, qui donnent un peu l'impression d'un gribouillis assez disgracieux. Les passages en moto ont eux aussi bénéficié du lifting, avec des rochers en bord de route bien plus précis et détaillés, mais ne vous attendez pas à un défilement d'image d'une fluidité exemplaire. La version originale restant accessible à tout instant en appuyant sur la touche F1 (ou le bouton back de la manette - le touchpad sur PS4), c'est assez compréhensible, et ce n'est en rien gênant. Au rang des problèmes graphiques mineurs, signalons que la version remastérisée souffre parfois de petits bugs d'affichage au dessus des sous-titres, qui disparaissent lorsque l'on revient aux graphismes originaux. Nul doute que cela pourra être corrigé aisément dans un futur patch. Pour terminer, mentionnons la bande son, toujours aussi efficace, qu'il s'agisse de la bande originale très rock'n'roll ou des doublages de qualité, en version originale ou française comme à la belle époque. Dans le contexte de sa sortie, l'utilisation de vrais acteurs au lieu des voix des développeurs était bien sûr plus révolutionnaire qu'aujourd'hui, mais leur performance reste excellente, même en la comparant aux standards actuels.
Tous les commentaires (4)
Dans les point and click récents et abordables tu as Anna's Quest de très sympathique. J'en avais proposé la review.
Déjà il me semble que c'était le premier P&C Lucas Arts véritablement moderne au sens ou ce fut le premier à sortir sur Pentium avec à la clef de véritables FMV et des voix digitalisées sur CD.
Mais surtout c'est une bonne entrée en matière question énigme car les autres sont généralement plus longs et tirés par les cheveux.
PS : j'ai été devancé. ^^