Après un léger report, Sherlock Holmes: The Devil's Daughter est sur le point de débarquer sur Xbox One, Playstation 4 et PC dès la fin de la semaine. Comme il y a deux ans, Gamersyde n'a pas hésité à enfiler un deerstalker tout neuf pour vous donner un avis précis sur les nouvelles aventures du célèbre détective britannique. Si l'article qui suit et les vidéos qui l'accompagnent ne suffisent pas à votre bonheur, sachez que nous serons en direct dès ce soir 21h30 pour vous présenter la version PC du jeu.
MAJ : Ajout des deux replays.
The Devil's Daughter débute in medias res, alors que Sherlock Holmes se trouve en bien fâcheuse posture. Chassé tel un vulgaire lapin de garenne, le détective né sous la plume d'Arthur Conan Doyle tente de fuir les balles d'un mystérieux assaillant. Mais avant de découvrir pourquoi et comment il en est arrivé là, il faudra prendre son mal en patience. En effet, de la façon la plus classique qui soit, le jeu nous ramène très rapidement quelques jours plus tôt, dans l'appartement même du héros. En proie à une légère déprime que l'inactivité prolongée de son brillant cerveau a provoquée, Sherlock désespère de trouver une affaire digne de ce nom pour l'occuper comme il se doit. Vous vous en doutez, elle ne tarde pas à pointer le bout de son nez, grâce à la nouvelle voisine du détective qui traîne dans son sillage un enfant sans nouvelle de son père depuis plusieurs semaines. Les bases sont donc très vite posées pour cette première enquête, qui emmènera Holmes et son fidèle acolyte Watson sur les traces d'un tueur particulièrement déterminé.
Comme dans Crimes & Punishments, Frogwares a décidé de proposer des enquêtes indépendantes les unes des autres, même si une trame narrative plus personnelle servira de fil rouge tout au long de l'aventure. Cela donnera d'ailleurs lieu à un chapitre dédié qui fera office de conclusion au jeu. Au nombre de 4, les différentes affaires sur lesquelles Holmes va travailler suivent une structure assez proche du précédent jeu mais, nous le verrons plus tard, proposent néanmoins une plus grande variété de situations. Qu'il s'agisse de leur ambiance, des mécaniques de gameplay mises en œuvre et de leurs protagonistes, chacune des enquêtes manie habilement les fondamentaux de la série, sans pour autant tomber dans l'impression de déjà vu. Une fois les quatre crimes résolus et vos conclusions tirées, Holmes se retrouvera confronté à une situation qui l'impliquera beaucoup plus personnellement, puisque touchant son entourage proche. Cette enquête de conclusion, bien que plus courte que les précédentes, est tout aussi bien menée que les autres, et le sentiment d'urgence qui la caractérise tranche assez radicalement avec le reste de l'aventure.
Si les joueurs ayant terminé Crimes & Punishments et ses 6 enquêtes commencent à s'inquiéter sur la durée de vie du titre, qu'ils se rassurent. Même avec une histoire de moins à découvrir, la durée de vie atteint très largement les 13 heures, dans le mode de difficulté le plus facile (deux sont disponibles, le second imposant en plus un compteur de temps lors des phases d'observation des suspects/témoins). Un temps de jeu plus que satisfaisant, même si l'intérêt de recommencer les enquêtes nous semble assez discutable. Les amateurs de succès/trophées seront d'ailleurs ravis de tous les débloquer en une seule et même partie. Un mot rapide sur la réalisation, plus soignée dans l'ensemble mais malgré tout assez proche de l'épisode précédent. L'Unreal Engine 3 montre évidemment ses limites, mais les décors dégagent une atmosphère vraiment réussie. D'abord promis pour Crimes & Punishments, les quartiers un peu plus ouverts permettent à Holmes de se dégourdir enfin les jambes à la recherche d'une adresse - même si leur présence reste assez anecdotique au final. Au rang des regrets, citons pêle-mêle les problèmes de pop-in, les (rares) ralentissements de la version PC, les animations datées et la modélisation des visages un peu vieillotte. Rien qui ne vienne réellement gâcher l'expérience, mais le bilan technique demeure assez modeste, encore une fois.
Mais l'habitué de la série vous le dira, le nerf de la guerre dans un Sherlock Holmes, ce sont ses énigmes et son système d'investigation qui mêle recherche d'indices, observation et interrogatoires. De ce côté là, pas de surprises, The Devil's Daughter reprend peu ou prou les bases de son prédécesseur, que le sympathique The ABC Murders avait d'ailleurs déjà empruntées. On retrouve donc les habituelles séquences de scènes de crime, où il faudra balayer l'écran à la recherche des éléments importants qui lanceront Holmes sur une piste, mais également les phases (chronométrées ou non en fonction du niveau de difficulté) où l'on observe un personnage pour en dresser le portrait. Si certains détails vous seront révélés gracieusement une fois repérés, il faudra parfois choisir entre plusieurs interprétations et vous fier à votre instinct. Les indices récoltés en amont vous permettront également d'interrompre le témoin/suspect en le confrontant à son mensonge. En progressant dans votre enquête, les faits que vous aurez découverts devront être reliés entre eux via le menu dédié qui vous plongera dans le cerveau de Holmes. Connecter deux éléments par erreur ne sera jamais sanctionné, mais comme dans Crimes & Punishments, les déductions que vous ferez pourront vous amener à condamner un innocent. À moins que vous ne décidiez de l'absoudre, puisque vous serez toujours libre de faire arrêter le suspect ou de le laisser partir. Un aspect moral qui aura d'ailleurs sa petite importance en fin d'aventure.
Les énigmes et autres puzzles sont également de la partie, mais de façon moins systématique et artificielle que dans certains autres jeux du genre. Toujours très abordables, ils ont la bonne idée de s'appuyer sur des systèmes de jeu assez variés qui évitent dès lors tout sentiment de lassitude. On percera la combinaison d'un coffre fort, on déchiffrera un message codé maya, on évitera des pièges mortels à la manière d'Indiana Jones, on désamorcera une bombe, bref, de multiples activités bien pensées qui s'intègrent totalement dans le scénario. Bien que trop en retrait à notre goût, le docteur Watson aura également l'occasion de mettre la main à la pâte en aidant Holmes dans des séquences de coopération où il faudra passer de l'un à l'autre. Autre aptitude hors normes du détective au chapeau en tweed, sa capacité à recréer mentalement des événements passés à partir des témoignages récoltés auprès des témoins. Déjà présents dans l'opus de 2014, ces passages consisteront à remettre en ordre la chronologie des événements avant de les valider pour vérifier si celle-ci correspond bien aux informations en votre possession. Une mécanique sympathique qui prend toute son ampleur au cours de la quatrième enquête pendant laquelle il faut retracer les différentes étapes d'un terrible accident impliquant une dizaine de personnes.
Si la nouvelle version du docteur Watson ne manquera pas de rappeler l'acteur Jude Law dans le film de Guy Ritchie, épargnez-vous la peine de rechercher les traits du très bankable Robert Downey Junior dans ceux de Sherlock Holmes. Rajeuni lui aussi depuis Crimes & Punishments, sa ressemblance avec l'acteur américain tient plutôt à sa capacité à se dépêtrer de situations plus portées sur l'action. Entre la séquence de fuite en pleine forêt qui vous demandera de vous mettre régulièrement à couvert et celle vous obligeant à traverser une salle avant que le plafond ne vous écrase, votre vie sera mise en danger à plusieurs reprises. Dans les deux exemples mentionnés, vous resterez totalement maître de vos déplacements, et devrez donc agir vite tout en restant prudent, sous peine de devoir recommencer au dernier checkpoint. Le passage dans la forêt n'est sans doute pas le plus intéressant ludiquement parlant, mais il a le mérite de proposer une situation radicalement différente des précédentes. Bien sûr, vous n'échapperez pas à quelques "cinématiques interactives" où les QTE proposés ne se contenteront pas de vous indiquer le bouton sur lequel appuyer. Il faudra en effet diriger le curseur sur l'un des objets en surbrillance à l'écran pour déclencher une réaction du héros, en espérant avoir fait le bon choix dans le bon timing pour ne pas avoir à recommencer.
En complément de ces scènes d'action, The Devil's Daughter osera même vous proposer une partie de pétanque anglaise (le boulingrin) le temps de quelques manches. Amusant à défaut d'être passionnant, ce passage sert là avant tout à mettre en place le cadre de la seconde enquête. On y retrouve cette volonté farouche de varier au maximum les activités disponibles du début à la fin de l'aventure. Non loin de Baker Street, on pourra donc s'adonner aux joies des fléchettes, ou même à la boxe de rue (via des QTE évidemment), mais les enquêtes amèneront aussi Holmes à pratiquer une autopsie, à s'infiltrer dans un cimetière, à jouer aux équilibristes (en maintenant les deux sticks dans leur cercle respectif à l'écran), à se déguiser en prêtre pour abuser une vieille dame, à forcer des serrures, ou bien encore à inspecter des preuves sur la table d'analyse de son appartement. Une générosité qui se voit un peu contrebalancée par l'intérêt relatif de certains de ces mini-jeux, mais l'impression globale est indéniablement positive, ce en dépit d'une exécution parfois maladroite. On avait pourtant craint le pire lors de la présentation en demi-teinte de la Paris Games Week, qui montrait le jeune Wiggins en pleine filature dans un véritable couloir rempli de scripts. Au bout du compte heureusement, la formule fonctionne car ces passages savent se faire suffisamment courts pour être agréables.
Tous les commentaires (11)
Je le prendrais dans quelques temps !
Même si je pensais que le formule évoluerait un peu plus pour celui la.
Pour un fan comme moi du jeu Détective Conseil cette absence de challenge est un sacré défaut. :/
Va falloir passer à la caisse...