Après la preview de maître guts_o il y a quelques semaines maintenant, nous voici de retour avec la review de The Dark Pictures - Man of Medan, qui sort dans deux jours sur PC, PS4 et Xbox One. Premier jeu multisupport de Supermassive Games, nous étions impatients de découvrir ce qu'il avait dans le ventre. Charmés par son ambiance et sa réalisation, nous sommes restés sur notre faim en atteignant son générique... de fin. Explications.
Configuration utilisée : i9 9900k, RTX 2080 Ti, 16 GO de RAM.
Pour qui ne connaît pas encore Supermassive Games, il s'agit d'un studio britannique essentiellement connu pour ses jeux narratifs inspirés de la démarche entreprise par Quantic Dream dès Farenheit en 2005. Leur succès majeur, uniquement sorti sur Playstation 4, mettait en scène un groupe de jeunes coincés dans un chalet de montagne avec un tueur à leur trousse. Until Dawn avait réussi à surprendre son monde, nous les premiers, en parvenant à rendre ce qui ressemblait à s'y méprendre à un bête slasher movie pour ados intéressant pour un public plus âgé. Ambiance réussie, personnages plus attachants qu'il n'y paraissait au premier abord, et surtout, une implémentation de l'effet papillon qui renvoyait les pseudo choix et conséquences de Quantic Dream et Telltale dans les cordes. Hidden Agenda, toujours sur PS4 et jouable aussi bien à la manette qu'avec un téléphone, marqua moins les esprits, mais démontra néanmoins la maîtrise du studio de l'Unreal Engine 4, que l'on retrouve dans Man of Medan. Ce dernier se présente comme le premier titre d'une anthologie qui abordera différents genres et sous-genres du cinéma horrifique, et c'est sans surprise que l'on y retrouve les mécaniques qui ont fait le succès de leur première grosse réussite commerciale. Objets à saisir et à observer avec la gâchette et le stick droits, photos/tableaux à découvrir pour déclencher des visions prémonitoires (ou non), angles de caméra fixes et QTE, chacune des mécaniques de gameplay d'Until Dawn répond présente à l'appel. Bien sûr, à tout cela il faut ajouter la gestion des relations entre les personnages et de leurs traits de caractère, qui évoluent toujours en fonction des choix du joueur, sans oublier toutes les conséquences qui découleront de choix ou d'actions heureuses/malheureuses.
L'autre emprunt à Until Dawn tient en la présence d'un mystérieux interlocuteur qui s'adresse cette fois directement au joueur. Ses interventions ont lieu à chaque fin de séquence (qui font office de chapitres, ou de mini épisodes si l'on veut), et elles ajoutent à l'ambiance inquiétante du titre. Il y a également ces passages qui demandent de conserver son calme, mais dont l'application sur PC et Xbox laisse à désirer. Là où dans Until Dawn, il fallait que la manette reste totalement immobile pour réussir à passer inaperçu, on nous demande ici d'appuyer en rythme sur un bouton. D'autre part, comme nous l'évoquions plus haut, le casting est un peu plus anonyme que dans Until Dawn, malgré la présence de Shawn Ashmore (qui était déjà à l'affiche de Quantum Break). Si certaines répliques sonnent un peu faux au départ, les acteurs et actrices font un travail globalement convaincant dans la version originale et la VF nous permet de retrouver avec plaisir l'immense Benoît Allemane (Morgan Freeman, le Tigre - est en toi - de Frosties, l'Ancien et Kain dans Soul Reaver, etc.). Petit détail surprenant, certains personnages de la vo sont francophones, et s'expriment donc parfois en français. D'habitude, dans la plupart des jeux ou séries qui s'y risquent, on doit supporter un accent anglophone à couper au couteau, mais ce n'est pas le cas ici. Problème, sauf erreur de notre part, on dirait que les acteurs qui parlent dans la langue de Molière sont différents de ceux qui pratiquent celle de Shakespeare, avec des timbres qui paraissent assez éloignés les uns des autres. Nous ne sommes pas certains que ce soit le cas, mais le fait que certains protagonistes laissent parfois échapper une réplique en français avec un fort accent nous laisse penser que c'est le cas. Un défaut que les amateurs de VF (ou les oreilles moins attentives que les nôtres) ne remarqueront pas, mais nous nous devions néanmoins de l'évoquer.
Man of Medan met en scène un groupe de jeunes (oui encore) partis en mer pour explorer les fonds marins, et plus précisément l'épave d'un avion de la seconde guerre mondiale. Brad et son frère Alex, issus d'un milieu modeste, Conrad et sa sœurJulia, les nantis de l'histoire, et enfin Pliss, la capitaine du bateau loué pour l'occasion. Cinq personnages qui pourront tous trouver la mort tout au long des 4/5 heures que durera votre première partie (le jeu et le conservateur vous inciteront à en faire plusieurs) et que vous devrez protéger au mieux grâce à vos choix judicieux et vos réflexes. Inutile de vous en dire trop sur l'intrigue, qui défile de toute façon assez vite (bien trop à notre goût d'ailleurs), sachez juste que les cinq protagonistes vont être amenés à croiser la route de pêcheurs peu commodes pour finir par se retrouver sur un vieux bateau de guerre, où ils vont devoir faire face à de bien étranges manifestations. Un menu qui semble alléchant de prime abord, mais qui pêche (non on ne cherche pas à être spirituels) par un manque de contenu. En gros, il va juste leur falloir survivre une nuit en ces lieux empreints d'une histoire morbide, mais dont les ficelles vont très rapidement apparaître. Cela n'a peut-être l'air de rien dit ainsi, mais cela va obligatoirement influer sur le déroulement du jeu, rendant certaines scènes bien plus aisées à appréhender qu'elles ne le devraient. Pour un titre qui repose beaucoup sur les décisions d'urgence, voilà qui est très dommageable, surtout compte tenu du fait qu'il n'a jamais la chance de réellement pouvoir développer ses personnages. En cause, la durée de vie bien réduite qui ne permet ni de s'attacher réellement au groupe que l'on suit, ni de leur faire vivre un nombre de péripéties satisfaisant. Reste au bout du compte cette désagréable impression de n'avoir vécu qu'un ersatz d'Until Dawn, qui parvenait à nous impliquer bien plus. Tout n'est évidemment pas à regretter dans Man of Medan, l'ambiance est très réussie, la bande son parfaite dans son genre, et l'idée de pouvoir y jouer à deux (sans communiquer - à moins de passer par le chat privé) est aussi excellente. Mais au final, ce que l'on retient surtout après avoir joué au dernier Supermassive Games, c'est son impressionnante réalisation (sur PC du moins - nous n'avons pas vu les versions consoles) et la déception de n'avoir eu besoin que d'une tentative pour sauver quatre des héros sur les cinq (la mort ayant frappé pour un bête QTE manqué dans la première partie de l'aventure).
Si l'on oublie le côté direct-to-dvd de l'histoire du jeu, Man of Medan peut aisément passer pour un jeu à gros budget tant son rendu visuel est impressionnant. On a beau ne pas totalement éviter le syndrome bien connu de l'uncanny valley (ce malaise créé par des graphismes quasi photo-réalistes et l'impression de faux qui en ressort tout de même), le travail réalisé sur les visages, les détails de la peau, les yeux (jetez donc un œil - justement - à l'image qui illustre l'article) et les regards est assez époustouflant. On est ici bien au dessus de tout ce que pouvait faire Until Dawn, tant dans la modélisation elle-même que la qualité des textures. Les animations ne sont pas en reste, même si parfois on a l'impression d'observer un androïde malhabile quand il faut faire demi-tour pour revenir en arrière. Si vous prêtez un peu d'attention aux pieds des personnages, vous devriez aussi constater comme nous que tout le poids des appuis est parfaitement restitué, ce qui est loin d'être toujours le cas dans le jeu vidéo. C'est bien simple, quasi rien ne vient briser l'immersion du point de vue visuel. Les effets de profondeur de champ sont sublimes, les angles de caméra parfaits, les effets de lumière très précis, le tout à 60 images par seconde sur PC. Tout juste nous faut-il signaler des petites accroches régulières de framerate qui nous font dire que le jeu peut encore s'améliorer techniquement. Le 4K/60 en ultra n'est malheureusement accessible que pendant l'intro, le reste de l'aventure faisant perdre la moitié de ces images par seconde aux possesseurs de RTX 2080 Ti que nous sommes. Qu'à cela ne tienne, le jeu reste magnifique en 1440p, comme le prouvent nos vidéos. Nous mettrons juste un bémol sur les scènes de jour, qui laissent plus facilement apparaître les petits défauts de rendu sur les personnages. En dehors de ce petit chipotage en règle, nous n'avons rien à dire sur la partie technique du jeu, qui devrait d'ailleurs faire la joie de Digital Foundry. Il serait en effet bien étonnant que notre ami John et ses camarades n'en profitent pas pour mettre en avant toutes les prouesses de Supermassive Games avec l'Unreal Engine 4.
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