GSY Review PS5 Xbox Series X PC

Nostalgiques des vieilles séries policières américaines des années 80, The Precinct a pensé à vous, mais avant d’endosser votre panoplie de T.J. Hooker, on vous conseille tout de même de jeter un œil à notre retour sur le jeu, juste après le flic. Avant de vous laisser découvrir notre verdict toutefois, nous souhaitions commencer par faire amende honorable en vous avouant n’avoir pas réussi à terminer l’intrigue principale du jeu avant de nous lancer dans la rédaction de cet article 40 du code pénal et de ses intertitres louches. On espère que vous ne nous ferez pas un procès d’intention pour autant et que vous saurez apprécier le rapport de nos dernières patrouilles à Averno comme il se doit. Zebra trois, terminé !

Uber Heat

L’idée de départ de Precinct, et sa promesse finalement, était bonne et plutôt prometteuse sur le papier. Après tout, en dehors des séries Driver, True Crime ou des "one shots" Sleeping Dogs et L.A Noire, la plupart des propositions open world en zone urbaine nous ont plutôt mis de l’autre côté de la loi. Dans les GTA, on ne joue que des gangsters, dans Watch_Dog, des citoyens qui remettent en cause l’autorité pour dénoncer ses abus de pouvoir. The Precinct, comme son nom l’indique, nous met dans la peau d’un simple flic qui fait ses débuts au commissariat d’Averno dans les années 80. Fils d’une figure célèbre de la police locale, Nick Cordell Junior a donc décidé de suivre les traces d’un père dont l’engagement indéfectible a fini par causer sa mort. Un cadre scénaristique relativement engageant, à défaut d’être très original il faut quand même le reconnaître, mais dont on sent rapidement qu’il reste bien trop limité dans sa mise en œuvre pour inciter le joueur à s’accrocher pour découvrir le fin mot de l’histoire. D’une part, l’intrigue se développe essentiellement par le biais de séquences de dialogue réalisées avec des images fixes peu immersives (même si les doublages sont généralement relativement corrects), et surtout, elle s'avère totalement diluée dans une structure de game design trop rapidement routinière - pour ne pas dire excessivement lassante. Le manque de mise en scène peut certes se comprendre pour un projet de cet acabit, bien plus modeste que les modèles dont il essaie de suivre l’exemple, mais le problème, c’est que l’on peine à se sentir investi dans ce qui arrive à l’écran, et qu’une fois passé le plaisir de la découverte, le ballon d’alcoolémie se dégonfle bien rapidement...

Pas de patrouille

Comme le jeu repose sur une structure calquée sur celles des jeux de simulation (Police Simulator: Patrol Officers, Ambulance Life, etc.), on finit par s’ennuyer ferme au bout de quelques heures (pour les plus endurants du moins, d'autres n'iront peut-être pas jusque-là). La progression dans l’histoire principale s’articule autour d’une investigation qui concerne les deux gangs principaux de la ville et elle va dépendre d'indices les concernant que vous allez pouvoir récolter petit à petit. Cependant, n’allez pas croire que cela va vous demander de mener votre propre enquête via diverses missions aussi scénarisées que variées. Non, vous allez en fait passer l’essentiel de votre temps à patrouiller dans les quartiers de votre choix pendant un temps donné, des rondes qui vous demanderont de mettre des procès verbaux aux voitures mal garées, verbaliser les citoyens peu respectueux de la propreté des rues, vérifier les plaques d’immatriculation des véhicules de votre choix, apporter un soutien aérien aux équipes au sol grâce à l’hélicoptère du commissariat, ou bien sûr stopper vous-même les chauffards ou les voleurs qui auront l'outrecuidance de perpétrer leurs crimes pendant vos heures de travail. Au gré des arrestations, vous débloquerez au hasard des indices concernant ces fameux gangs, sans que cela apparaisse comme spécialement logique ou évident. Il est par exemple tout à fait possible de voir une notification vous annonçant la découverte d’une preuve clef alors que vous intervenez sur une voiture arrêtée sans résistance pour un léger excès de vitesse, voire même un bête jet de détritus par la fenêtre. Il n'y a pas de petite victoire.

Chaque gang étant composé d'un lieutenant, d'un bras droit et d’un chef suprême, chacun demandant la découverte d’un certain nombre d’indices (entre huit et dix en règle générale) pour être arrêté. On vous laisse imaginer le nombre de rondes potentielles à réaliser pour réunir la cinquantaine d’indices nécessaires pour mettre fin aux affaires des deux gangs, tout cela pour accéder à des missions plus scriptées, mais pas nécessairement plus intéressantes dans les faits. Une fois que l’un des barons peut être appréhendé, on nous demande en général de faire face à un certain nombre de ses sbires dans des séquences de tir avec couverture assez peu excitantes. Pour commencer, pour que le viseur s’affiche, il faut obligatoirement se mettre à découvert, ce qui, lorsque l'on fait face à plusieurs ennemis surarmés, a vite fait de transformer Cordelle en véritable passoire. La barre de vie du héros a certes le bon goût de se régénérer seule une fois que l’on se trouve de nouveau à l’abri, mais au début, quand on ne possède qu’un simple revolver pour se défendre, cela rend les affrontements assez laborieux. D’autant qu’il arrive aussi que l’on tombe à court de balles, et quand cela arrive, cela oblige à se ruer sur la caisse de munitions la plus proche (quand il y en a une à proximité), ou à foncer tête baisée vers l’adversaire le plus proche pour tenter de prendre le dessus à mains nues (en martelant la touche A) et lui passer enfin les menottes. Inutile de dire que s’il n’est pas seul, vous risquez de perdre la vie avant même d’avoir eu le temps de lui crier “Police lâchez votre arme !” (avec un jeu d’acteur totalement raté dans ces moments d’ailleurs). Le genre de situations que l’on rencontre surtout au tout début, avant de récupérer un arsenal plus efficace et de pouvoir transporter une réserve de munitions plus confortable.

Larmes fatales

Pour essayer de pimenter légèrement la progression et donner au joueur l’envie d’enchaîner les patrouilles jusqu’à plus soif, The Precinct s’appuie sur deux méthodes toutes simples. D’un côté, tout bon travail que vous effectuerez vous rapportera des points d’expérience là où la moindre de vos erreurs vous en coûtera un certain nombre. Fouiller quelqu’un avant d’avoir contrôlé son identité est plutôt déconseillé par exemple. De même, on vous invite à être bien attentif et réactif quand la touche permettant de lire les droits apparaît à l’écran. Pour chaque passant ou conducteur arrêté, vous devrez également établir la liste des délits ou crimes qui lui sont reprochés. Comme il arrive régulièrement qu’une personne puisse en avoir commis plusieurs, il faut rester attentif pour obtenir un maximum de points, mais attention car un mauvais jugement de votre part ne sera jamais sans conséquences pour votre précieux total en fin de patrouille. À force d’engranger de l’expérience, le personnage va pouvoir monter en niveau, ce qui débloquera l'accès à de nouveaux véhicules de police (break, 4x4, pickup, etc.) et de nouvelles armes (fusil d’assaut, pompe, pistolet automatique, etc.). En complément, vous pourrez également dépenser vos points de compétence dans quatre arbres différents (pour améliorer votre jauge de vie, votre endurance, votre nombre de munitions, le type de renforts que vous pourrez appeler, etc.). Sympathique, mais on vous mentirait en vous disant que cela relance totalement l’intérêt du jeu. S’il est par exemple très pratique de pouvoir réquisitionner n’importe quelle voiture (de sport de préférence) pour faire la chasse aux bandits, cela n’enlève rien à l’aspect routinier de votre travail. Pour cette raison, les développeurs du jeu ont opté pour une seconde méthode de séduction - et non, il ne s’agit pas de la méthode Coué.

En essayant d'insuffler à leur titre un aspect émergeant, et donc plus imprévisible, le studio Fallen Tree Games pensait sans aucun doute compenser les quelques lacunes que nous venons d’évoquer dans les précédents paragraphes. Dans une certaine mesure, l'approche procédurale du studio sur ce point fonctionne assez efficacement, pendant un temps du moins. Ainsi, quand on se lance dans une patrouille, on ne sait jamais vraiment comment les choses vont finir par tourner, et les réactions souvent imprévisibles de l’IA peuvent occasionner des situations assez cocasses : une course poursuite qui finit dans l’eau (pour les fuyards comme pour notre propre véhicule), nous obligeant à continuer à la nage, puis à pied, un coéquipier qui passe en courant comme un dératé pour rattraper un criminel alors que nous l’avions laissé en plan quelques secondes plus tôt pour en arrêter un de notre côté, un conducteur récalcitrant qui parvient à mettre sa voiture sur le toit d’une autre, le forçant à se rendre, les imprévus s’enchaînent à un rythme assez réjouissant pendant un temps. Si les mécaniques de tir ne sont pas très intéressantes, la conduite s’avère, elle, plutôt réussie dans son genre, et la possibilité de détruire certaines parties de l’environnement, de faire appel à des renforts, ou de demander à vos collègues de poser des herses au sol, ajoute du dynamisme à l’ensemble. Le problème encore une fois, c’est que l’on finit tout de même par tourner en rond au bout de quelques heures, ce que la taille microscopique de la ville ne fait que souligner davantage. En effet, la carte ne comporte que les deux îles déjà disponibles dans la démo, chacune proposant une superficie très limitée. On ne pouvait évidemment pas attendre un terrain de jeu immense d’une si petite équipe, mais force est de constater que cela enlève tout espoir de variété au titre sur le moyen/long terme. Et ce ne sont pas les quelques courses de rue, épreuves de contre-la-montre ou sauts uniques à faire en voiture qui peuvent y changer grand chose… Le jeu essaie toutefois d'incorporer une enquête parallèle sur des crimes en série, qui nous demande régulièrement de fouiller des scènes de crime à la recherche d'indices indiqués à l'écran, mais cela reste peu au bout du compte.

Et la tendresse ? Cordell !

Pourtant, nous n’arrivons pas vraiment à en vouloir à The Precinct, d’autant que l’on sent bien tous les efforts qui ont été apportés par le studio pour le rendre le plus attractif possible. Visuellement, le jeu s’en sort par exemple plutôt bien. De jour comme de nuit, sous le soleil ou sous une pluie battante, le rendu global reste tout à fait correct pour un jeu de cette catégorie, et si ce n'est sa taille trop réduite, la ville d’Averno est suffisamment vivante pour être crédible et agréable à arpenter. On regrette bien sûr que la version PlayStation 5 testée ne propose qu’un seul mode graphique dont le framerate a été locké à trente images par seconde, y compris sur Pro, tout comme il est bien dommage de devoir subir quelques baisses de framerate sporadiques en dépit de cela. N’attendez pas non plus de prise en charge spécifique de la DualSense pour faire pencher la balance en la faveur de la version PS5 si vous possédez plusieurs machines et que vous ne savez pas sur quel support acquérir le jeu. Sur PC, il nous a fallu un peu de temps pour trouver des réglages satisfaisants sur notre configuration de test un peu plus ancienne (RTX 2080 Ti et i9 9900k) car nous subissions régulièrement des ralentissements plus ou moins notables quand toutes les options graphiques étaient poussés au maximum, ce quels que soient la résolution choisie et le niveau de DLSS appliqué. Au final, après quelques essais et bidouillages, nous sommes tout de même parvenus à obtenir un résultat satisfaisant, et forcément plus agréable que sur console grâce à l’apport du soixante images par seconde, qui rend tout de même la conduite plus précise. Malgré tout, il nous faut insister sur le fait que le jeu reste parfaitement jouable à 30 fps, et il dispose d’ailleurs d’un mode Steam Deck qui limite le rafraîchissement d’images à cette valeur précise. En dehors de quelques saccades notables, The Precinct s’en sort plutôt honorablement sur la machine de Valve, mais nous ne pensons pas pour autant que cela en fera un indispensable de votre ludothèque “portable”. On a beau dire "qui aime bien, châtie bien", notre affection pour le titre n’aura finalement pas duré au-delà de la huitième heure de jeu (avant d’en voir le bout donc), et nous avons pourtant fait preuve d'une certaine patience - la lassitude s'étant déjà fait ressentir bien avant.

Verdict


Pour celles et ceux qui attendaient beaucoup de The Precinct, ils risquent d’être pour le moins déçus tant le jeu final n’apporte absolument rien de plus que ce que la version d’essai, toujours disponible sur Steam à l’heure actuelle, montre en termes de contenu et d'expérience. Trop redondant à cause de sa structure inspirée des simulateurs qui font fureur auprès d’un certain public depuis des années, le jeu peine à maintenir l'intérêt du joueur malgré l’implémentation d’un système de progression pour le héros, la présence de plusieurs arbres de compétences et l’existence d’un fil rouge narratif. Reste néanmoins un petit capital sympathie pour le titre grâce aux quelques tranches de rigolades qu’il peut offrir le temps de quelques patrouilles, avant que la routine ne finisse par s'installer et que l’on finisse par le ranger dans un coin pour ne plus y revenir. Tout le monde ne sera peut-être pas aussi catégorique, mais en ce qui nous concerne, le titre de Fallen Tree Games n’est jamais parvenu à dépasser son statut de lettre d’intention, ce qui le rend parfaitement dispensable à nos yeux. The Precinct n’est finalement qu’un petit apéritif sans prétention à base de CHiPs, de ceux qui ne rassasient pas suffisamment pour que l’on s’en contente et qui donnent surtout envie de mettre la main au porte-monnaie pour commander une boisson rafraîchissante.
  • Les plus
  • Les poursuites en voiture, sympathiques
  • Le côté imprévisible des patrouilles
  • Les bêtises/folies de l’IA sont drôles
  • Rendu visuel global compétent
  • BO façon Tonnerre Mécanique
  • Les moins
  • On tourne vite en rond
  • Manque de variété
  • Gunfights ratés
  • Structure très redondante
  • Ville bien trop petite
  • Scénarisation peu excitante
  • Doublages inégaux
  • Plus simulateur que GTA-like
  • 30 fps uniquement sur console
  • Quelques soucis de performances (PC/PS5)

Gamersyde Offline Review

eskyves - n comme noob
eskyves
Commentaire du 13/05/2025 à 18:54:59
Aie, tu confirmes ce que je craignais, c'était forcément le gros piège tendu à ce jeu et visiblement il n'y a pas échappé, malheureusement vu la quantité de jeux en ce moment je vais faire l'impasse.
En réponse à
Driftwood - Dictateur en chef
Driftwood
Commentaire du 13/05/2025 à 19:16:29 En réponse à eskyves
Je n'ai pas lu l'article, mais GK semble avoir plus apprécié que moi, je suppose que ce ne sont pas les seuls. :)
En réponse à
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