Un an après une sortie PC remarquée sur la scène indépendante, The Swapper se prépare à atterrir sur les consoles Sony (Playstation 4, Playstation 3 et Playstation Vita) le 5 août prochain. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, le jeu de Facepalm Games adapté par Curve Studios est proposé en cross-buy. C'est via l'opus Vita que nous avons replongé dans la mystérieuse station spatiale Theseus qui sert de cadre à l'aventure. Notre verdict juste après le clic.
MAJ: Retour en tête de gondole de la review, à l'occasion de la sortie du trailer de lancement.
L'intrigue de The Swapper est sans nul doute l'une des forces du titre grâce notamment au mystère qui l'entoure. Vous prenez le contrôle d'un astronaute dont vous ne savez rien et qui semble en bien fâcheuse posture dans une station spatiale apparemment désertée. Tout commence par son éjection dans un module de secours, le contexte entourant cet événement étant bien évidemment aussi obscur que le voile sombre du cosmos environnant. S'en suit la découverte d'un objet aussi révolutionnaire qu'étrange et qui donne au jeu son titre : le swapper est en effet capable de faire apparaître jusqu'à quatre clones du personnage principal, clones dans lesquels il est possible de se projeter pour résoudre les nombreuses énigmes rencontrées. Eh oui, The Swapper ne se contente pas de proposer une aventure narrativement soignée, il brille aussi par ses mécaniques de gameplay à la logique particulièrement originale. En effet, le jeu de Facepalm Games est un véritable bijou d'ingéniosité qui parvient à construire une histoire alambiquée à l'interprétation très ouverte (de celles auxquelles on repense souvent – comme dans BioShock Infinite) autour d'une série de puzzles articulés autour d'un seul et même but : la récupération d'orbes.
Theseus est composé d'un véritable labyrinthe de salles où vos méninges vont parfois être mises à rude épreuve tant la logique du jeu demande à être apprivoisée. Une carte vous permet heureusement de vous retrouver dans le dédale de couloirs, et les déplacements sont finalement très aisés, d'autant que des téléporteurs que l'on découvre au fur et à mesure de la progression évitent bien des allers-retours inutiles. Chaque salle comprenant une orbe propose un challenge différent basé sur la mécanique de clonage du personnage principal. Première contrainte, les doubles (que l'on peut placer la plupart du temps où bon nous semble – nous y reviendrons – sont soumis aux mêmes déplacements que le héros, ce qui peut vite rendre l'activation d'interrupteurs un brin plus complexe que l'on pourrait penser de prime abord. Deuxième contrainte, l'environnement lui-même, dont l'éclairage va venir interférer avec vos besoins de démultiplication. Une lumière rouge vous interdira par exemple de vous projeter dans un clone qui se trouverait dans la zone en question ou au delà. Une lumière bleue rendra impossible tout "dépôt de clone" mais ne viendra jamais interférer dans la mécanique de passage d'un corps à l'autre. Si la zone est teintée de rose, vous ne pourrez y faire apparaître aucun clone ni changer de corps puisqu'elle rendra votre swapper totalement inopérant. Bien sûr, le jeu prend un malin plaisir à combiner les trois éclairages au sein d'une seule et même salle, pour le plus grand bonheur des amateurs de casse-têtes.
S'il sera souvent possible de jouer avec l'environnement et ses clones pour désactiver ces fameuses lumières et atteindre la précieuse orbe (que seul votre "vous réel" peut ramasser), il vous faudra aussi parfois vous triturer les méninges pour "vaincre" la salle sans pouvoir les éteindre. En résulte une grande variété dans les énigmes et la façon de les aborder, non que chaque puzzle puisse être résolu de différentes façons, mais toutes les salles demandent une approche particulière. Plusieurs passages peuvent par exemple s'enchaîner sans trop de mal, donnant alors au joueur une confiance aussi éphémère que les clones qu'il sacrifie sans état d'âme, avant de le bloquer un long moment grâce à une gestion différente des contraintes qui pèsent sur lui. Et c'est là toute la beauté du jeu, le sentiment jubilatoire qui accompagne la résolution des énigmes et son caractère addictif. Des énigmes qui nous auront parfois mis à l'amende de longues minutes durant. On n'ira pas jusqu'à dire que le jeu n'en devient jamais frustrant - car nul doute que certains perdront patience de temps à autre - mais le jeu est suffisamment bien conçu pour que l'on y prenne un réel plaisir. The Swapper ne prend donc jamais le joueur pour un idiot et si le challenge n'est jamais insurmontable, il ne fait pas semblant d'être difficile pour mieux offrir ensuite la solution sur un plateau. Les moins courageux ne seront heureusement pas obligés de ratisser toute la station pour parvenir à la conclusion de l'aventure, toutes les orbes n'étant pas nécessaires pour déverrouiller l'accès au différentes zones.
Autres indéniables réussites de The Swapper, sa plastique et son atmosphère. Avec ses décors entièrement modélisés à la main (en pâte à modeler) et son animation en stop-motion, le jeu de Facepalm Games affiche en effet une forte identité visuelle qui le démarque nettement de la concurrence. Sur Playstation Vita, le jeu n'a heureusement pas souffert du portage, même si le personnage principal peut parfois sembler très petit sur les quelques plans éloignés qui peuvent survenir de temps en temps. Le travail sur la lumière est également de qualité, chaque salle ayant fait l'objet d'un soin particulier. On découvre donc avec plaisir les différents quartiers d'équipage, mais aussi quelques extérieurs en apesanteur qui laissent apparaître la structure métallique de la station. L'animation n'est pas en reste, avec un framerate stable (30 fps) et agréable sur la portable de Sony, mais n'attendez pas les mouvements fluides et coulés d'un Flashback ou d'un Prince of Persia (on parle bien sûr des originaux), le héros de The Swapper restant toujours bien droit dans ses moon boots. Côté contrôles, la Vita propose de diriger le curseur du swapper à l'aide du stick analogique droit ou de l'écran tactile. Ce dernier offre des sensations plus proches de la version PC (qui se jouait uniquement au combo clavier/souris), la rapidité d'exécution laissant quelque peu à désirer au stick (même en poussant la sensibilité au maximum). Rien de dramatique pour les allergiques au tactile cependant, le jeu ne demandant jamais une réactivité surnaturelle pour résoudre les différents puzzles.
Pour finir, impossible de ne pas mentionner le sentiment d'isolement qui vient saisir le joueur tout au long de l'aventure. Au casque, l'immersion est totale avec une bande son capable de rendre à la fois le sentiment de mélancolie et de désolation qui règne dans la station, mais également une certaine forme de malaise, à cause du mystère qui entoure les étranges événements qui s'y sont déroulés. Alors que le personnage principal est capable de se démultiplier à l'envi, il ne parvient jamais à se débarrasser de l'écrasant sentiment de solitude qui l'assaille ; et même quand il parvient enfin à établir un contact avec un autre être vivant, l'impression d'être seul au monde face à l'inconnu persiste. Si la narration rondement menée devrait plaire à tous les adeptes de science fiction, elle est pourtant d'une sobriété qui confère au minimalisme. Au lieu d'assommer le joueur de cinématiques indigestes, elle se développe le plus simplement du monde au travers de carnets de bord que l'on découvre régulièrement, mais aussi de textes apparaissant soudainement à l'écran lorsque l'on croise de bien étranges pierres. Des pensées qui semblent toutes converger vers une seule et même conclusion, comme si le jeu lui même soulignait sa linéarité pourtant jamais dissimulée. Et pourtant, au bout du compte, une fois la dernière page de l'histoire tournée, c'est bien vous qui serez maître du destin de cet astronaute que vous aurez cloné à l'infini (et au delà).
Tous les commentaires (8)
http://www.gamekyo.com/group_article33976.html