À peine moins d'une semaine après la réception des versions PS4 et Xbox One de Fallout 4 et un peu plus de 24 heures de jeu, nous allons nous risquer à un premier avis sur l'un des titres les plus attendus de cette fin d'année. Pétri de défauts mais également bourré de qualités, ce nouvel épisode ne devrait pas laisser les forums des internets de marbre. La preuve en quelques paragraphes et vidéos, à l'intérieur.
Note : On vous donne rendez-vous ce soir pour un live consacré au jeu à partir de 20h30 (version PS4).
La semaine passée aura été rude à bien des égards, mais nous pourrons dire que c'est surtout Fallout 4 qui nous en aura fait voir de toutes les couleurs. Tout d'abord, il nous faut être honnêtes avec vous, il nous a été très difficile d'accepter les tares techniques de la version console tant d'autres jeux open world ont prouvé ce que la génération actuelle était en mesure de réaliser du point de vue graphique. Si Fallout 4 réserve malgré tout quelques bonnes surprises visuelles quand on arpente les zones les moins citadines de la carte, les déambulations dans les intérieurs et les villes sont souvent synonymes de déception. La modélisation y est globalement assez pauvre, et surtout très anguleuse, les textures ne faisant pas grand chose pour relever le niveau. Les habitués des productions Bethesda ne manqueront pas de dire que les jeux de l'éditeur ne brillent que rarement par leurs graphismes, et ils auront raison, mais on était tout de même en droit d'attendre un peu plus pour un premier essai sur PS4 et Xbox One. D'autant que la plupart des zones boisées profitent d'un rendu tout à fait honorable, grandement soutenu par quelques effets de lumière bien sentis qui leur donnent beaucoup de charme. Las, les bugs graphiques s'invitent aussi à la fête, comme lorsque certains effets de fumée se transforment en polygones saillants et opaques (voir notre vidéo The Pickman Gallery par exemple), ou que certains arbres se mettent à rendre un vibrant hommage à Parkinson.
Plus ennuyeux encore, le framerate est bien trop souvent pris en défaut, en intérieur (malgré le fait que ces zones fermées ne soient pas intégrées à l'open world) comme en extérieur (essentiellement lors de mauvaises rencontres). Dans nos vidéos d'analyse de framerate, le nombre d'images par seconde tombe facilement sous la barre des 15 fps dès que la scène est un peu chargée en éléments de décor ou en ennemis ; hélas, au cours de nos 24 heures de jeu, nous sommes aussi clairement descendus en dessous. S'ajoutent à cela des freezes sporadiques énervants qui gèlent l'image une bonne seconde et qui nuisent tout autant à la jouabilité qu'à l'immersion. Inutile de dire que compte tenu de la partie graphique assez modeste, il est inacceptable de devoir constater autant de problèmes de fluidité, quand bien même il ne s'agit pas là d'un FPS ou d'un jeu de course. Fidèle à sa réputation, Bethesda n'a pas non plus spécialement soigné les animations des personnages ou de leurs visages, particulièrement limitées et raides. Encore une fois, ce n'est pas une surprise, mais tout comme Telltale qui s'escrime à utiliser le même vieux moteur pour leurs productions récentes, l'éditeur américain se contente de coller quelques rustines pour améliorer les éclairages et cela se ressent dans le bilan technique.
Heureusement, une fois acceptée l'idée que Fallout 4 ne sera pas le bon élève de cette fin d'année sur la partie technique, on est enfin en mesure d'apprécier la direction artistique plus colorée que celle des épisodes précédents. Les ambiances sont donc radicalement plus variées que par le passé, et les teintes vertes et jaunes/marrons de Fallout 3 et New Vegas sont désormais oubliées. Un mot sur la bande originale née à la fois du travail de l'excellent Inon Zur, mais également de l'inclusion de chansons d'époque (entre années 30/40 et 50) qui donnent toujours un ton très particulier aux déambulations dans le monde apocalyptique du jeu. Il est néanmoins dommage que ces morceaux soient aussi peu nombreux sur la radio de Diamond City, car on en a rapidement fait le tour. Les répliques de son présentateur tournent également vite en rond, mais l'acteur qui lui donne de la voix en VO a au moins le mérite d'être parfaitement crédible dans son rôle. On peut aussi mentionner les musiques traditionnelles de l'époque de la guerre d'indépendance américaine, que l'on entend une fois branché sur la radio adéquate. Un mot rapide sur l'excellent doublage en anglais, pour ceux qui n'auront pas peur de configurer leur console dans la langue de Shakespeare - le choix des langues n'étant toujours pas disponible dans les options.
Seconde difficulté pour entrer pleinement dans le monde de Fallout 4, son rythme particulièrement lent au départ, sa construction parfois redondante, et sa mise en scène mollassonne. Dès la séquence d'introduction, on est saisi par l'absence totale de tension, alors même que pour la première fois dans l'histoire de la licence, on nous fait vivre le tout début de l'apocalypse. Après une mise en place rapide des personnages principaux (et la création de son héros/héroïne devant la glace de la salle de bain - une très bonne idée au passage), arrive le moment de la fuite vers l'abri 111. Une scène scriptée qui semble tout droit venir du passé tant elle manque de spectaculaire et de dynamisme. On se contente tout simplement de suivre des PNJ apeurés limités par les animations rigides dont nous parlions plus haut, avant que ne survienne enfin la première explosion nucléaire. Vient alors le temps de découvrir ce qui deviendra le fil rouge de l'aventure, la raison pour laquelle le héros se lancera dans une quête sans relâche à travers tout ce qui restera des environs de Boston. Une quête que l'on ne vous spoilera pas ici, même si elle reste très classique dans le fond, mais qui donne néanmoins un réel enjeu narratif à l'aventure principale. Seul problème, il faudra attendre un certain temps avant de voir décoller l'histoire et de faire des rencontres intéressantes, tout particulièrement si vous décidez d'aider les Minutemen au début de l'aventure (dans des missions d’annihilation de brigands harceleurs de colons).
Après quelques heures de missions principales et d'exploration à la recherche de quêtes annexes plus intéressantes (elles ne le sont pas toutes, mais elles existent et valent tout de même le détour), on commence enfin à s'intéresser au sort de notre personnage et à son évolution. De ce côté d'ailleurs, attendez-vous à en avoir pour votre argent tant le tableau - très bien pensé - des caractéristiques spéciales est énorme en termes de possibilités. C'est bien simple, même après plus de 24 heures de jeu et un niveau 19 atteint à la sueur de notre front, nous n'avons débloqué qu'une très infime partie des compétences proposées ; tant et si bien que l'on se demande bien comment on pourra en découvrir tout l'éventail sans devoir y passer des mois (années ?). Fallout 4 est indéniablement un jeu dans lequel il vous faudra vous investir pour en tirer toute la substantifique moelle. À la vue du nombre de lieux à explorer, il n'y aura donc pas de quoi s'ennuyer pour qui accroche au concept de la série : explorer, fouiller, gérer son inventaire, combattre, faire des rencontres, etc. Des rencontres qui vous amèneront à lier des amitiés solides qui se retranscriront par une aide sur le terrain si vous souhaitez être accompagné dans vos pérégrinations sur les terres désolées.
Le chien Dogmeat sera votre premier fidèle serviteur, bientôt rejoint par la jolie Piper et bien d'autres encore dont nous vous laissons la surprise. En plus de vous fournir un soutien offensif et défensif face aux dangers permanents du monde qui vous entoure, ils vous permettront de stocker des objets ramassés quand vous aurez atteint votre poids maximal. Un atout non négligeable quand on sait à quel point il est parfois difficile de se séparer de tout un arsenal durement acquis pour ramasser des pièces d'équipement ou autres matériaux. Il sera possible de profiter de discussions privées avec vos compagnons et de faire évoluer votre relation avec eux (flirter avec une fille quand on en est une soi-même, c'est possible), et chacun de vos choix et actions sera approuvé ou non par ces derniers. Fournir une vieille dame en drogue ne se fera donc pas forcément sans la désapprobation de votre équipier, le mensonge pouvant lui aussi être sanctionné si vous êtes suivi par quelqu'un de droit et honnête. L'aide de votre binôme en combat n'est pas négligeable, mais il aura cependant souvent tendance à foncer tête baissée si vous le laissez se débrouiller seul. On peut alors choisir de gâcher un Stimpack pour le remettre sur pied pendant l'affrontement, ou attendre qu'il se relève de lui-même à la fin.
Quoi qu'il en soit, compte tenu du défi qui vous attend même en mode normal, il ne faudra pas négliger leur rôle dans votre progression. Survivre à l’apocalypse ne se fera en effet pas sans y perdre quelques plumes. Le niveau de difficulté ne vous pardonnera jamais la moindre imprudence, et chaque rencontre pourra vite tourner au vinaigre, même une fois votre personnage bien amélioré. Entre les bandits qui errent dans les rues des villes, les monstruosités parfois énormes qui arpentent les sentiers forestiers, et les nombreux pièges qui vous attendent (attention aux mines), il va falloir prendre l'habitude d'abuser de la fonction Quick Save du jeu, sous peine de devoir recommencer de longues sections d'exploration. Il ne s'agit évidemment pas d'un défaut, à moins d'être totalement allergique au challenge, mais on conseillera aux moins aguerris d'opter pour un niveau de difficulté plus doux pour débuter. Il faut effectivement rappeler que même si Fallout 4 peut se jouer en temps réel à la manière d'un FPS, il reste un véritable jeu de rôle et que l'adresse du joueur n'est pas le seul facteur à prendre en compte pour sortir victorieux des combats (toujours assez brouillons). Les statistiques du personnage et des armes employées influent évidemment sur le nombre de dégâts encaissés et sur la précision des tirs, ce qui pourra surprendre les novices de la série.
Si les problèmes de framerate vous rendent les choses difficiles en temps réel, il vous faudra vous rabattre sur le désormais classique système de VATS qui ralentit l'action pour vous laisser le temps de viser une partie du corps de votre adversaire. Chacune d'entre elles s'affiche avec un pourcentage de réussite et l'impact potentiel sur la barre de vie de l'ennemi, la tête étant bien souvent la zone la plus radicale pour s'en débarrasser rapidement. Il est cependant parfois plus malin d'opter pour une tactique différente en visant les jambes (de manière à ralentir leurs déplacements) ou les bras (pour les désarmer ou les handicaper). L'utilisation du VATS est bien sûr l'occasion d'admirer les explosions des corps adverses dans des gerbes de sang du plus bel effet, même si le ragdoll prêtera toujours à sourire, comme d'habitude. Attention néanmoins, il faudra au préalable bien apprendre à connaître votre arsenal, puisque certaines armes seront plus efficaces en temps réel, ou inversement. On retrouve assez logiquement une bonne partie de l'armement iconique de la série, le Fatman et ses mini nukes inclus. Parce que ce quatrième volet pousse plus loin encore les options de personnalisation, le crafting vous permettra de semer encore plus de destruction qu'auparavant.
Largement mis en avant dans les quelques présentations auquel le jeu a eu droit depuis son annonce, l'aspect crafting s'avère indéniablement plus poussé et en parfait accord avec l'idée même de la survie en milieu hostile. On pourra donc appliquer de nombreux mods à ses armes, en y ajoutant par exemple une lunette de visée ou en la rendant plus létale via diverses améliorations possibles. Mais ce n'est pas tout, car dans Fallout 4, tout ou presque peut être fabriqué pour éviter de dépenser des sommes folles en capsules dans les boutiques croisées sur votre route. Pour ce faire, il vous faudra passer par une potentiellement fastidieuse récolte de matériaux trouvés sur le terrain. Pourquoi fastidieuse nous demanderez-vous ? Eh bien parce que, toujours limité par un poids maximum (dépendant de votre niveau de force), il sera souvent obligatoire de transférer vos trouvailles à votre sidekick avant de refaire le plein une fois de retour au bercail (pour tout stocker dans le lieu prévu à cet effet). Heureusement, il est possible de "traquer" les matériaux manquants quand vous constatez qu'il vous manque des vis (par exemple) pour fabriquer quelque chose. On ne vous indiquera jamais sur la carte l'endroit précis où vous rendre, mais à chaque fois que vous fouillerez le décor, une icône en forme de loupe vous indiquera que l'objet contient un matériau désiré. Cela donne alors une réelle importance à tous les types d'objets découverts, du ventilateur au jouet d'enfant en passant par l’appareil photo.
En plus des armes et des armures (pour vous comme pour les exosquelettes locaux que les fans connaissent bien), vous pourrez vous préparer à manger à partir de votre butin de chasse ou de cueillette, confectionner des médicaments ou des drogues pour vous soigner ou vous donner un coup de jus le cas échéant, mais vous pourrez également faire évoluer les différents campements que vous aurez aidés lors de missions annexes. Optionnelle, cette partie du jeu n'en restera pas moins très chronophage pour qui mettra un point d'honneur à satisfaire les besoins des habitants de toutes ces petites bourgades de fortune. L'interface y est très bien pensée, avec la possibilité de transformer presque tous les éléments du décor en matière première, de manière à pouvoir ensuite équiper les différentes zones de la meilleure façon qui soit. Ajouter un point d'eau, des cultures pour obtenir rapidement quelques réserves de nourriture, des lits bien évidemment, et tant d'autres choses qui vont participer au taux de satisfaction de vos protégés. Il est même possible d'attirer plus de monde en diffusant des messages à condition d'avoir construit une antenne et un générateur pour la faire fonctionner. Bien sûr, plus la population augmente, plus les besoins se font importants. Un jeu dans le jeu en somme, mais qui ne parvient malheureusement pas à être plus qu'un sympathique bonus, l'intérêt de cet aspect gestion étant pour le moins limité. En effet, au delà de la satisfaction d'avoir créé un petit havre de paix, il n'y a finalement rien à gagner en jouant à Minecraft dans Fallout 4.
Tous les commentaires (33)
Heureusement que l'éclairage et l'artistique rattrapent le tout car techniquement c'est dégueulasse. oO
En plus les choix ont l'air bien moins important..
En tout cas les "moins" cités ne m'étonnent pas de la part de ce studio.
D'ailleurs à ce niveau là, je ne comprend pas les sites qui collent des notes de 8/9 sur 10. Ça m'échappe complètement. Il y a quand même un moment donné, ou il faut poser des sanctions selon moi.
Va vraiment falloir que Bethesda se remette en question pour Elder Scroll 5.
Après c'est une honte c'est sur.
Après c'est une honte c'est sur.
Skyrim n'était pas non plus incroyable dès que tu regardais bien dans le détail (et les animations étaient tout aussi mauvaises). Mais c'est clair qu'il était bien plus tape-à-l’œil.
Après ouais il n'y a pas que la technique ok, mais là je voulais juste parler de ce point là. :o
Pour Fallout 4, vu que j'ai encore le 3 en édition GOTY à finir et le New Vegas à faire tout court également en édition GOTY, j'attendrais peinard de le trouver en occase, histoire de l'avoir moins cher et bien patché.
Une belle tuerie!
Le jeu est blindé de défauts impossible à ignorer mais ses qualités l'emportent pour moi haut la main.
En parallèle, je me suis fait le Heart of Stone de TW3 (excellent DLC d'ailleurs) et c'est amusant parce qu'il est toujours magnifique, superbement mis en scène mais les combats sont toujours chiants, sans variation, et le craft quasi inutile. Quant tu sors de F4, les différences sont violentes.