Sega nous a fait parvenir une version finale d'Alpha Protocol il y a maintenant une petite semaine. Après avoir pris le temps de terminer l'aventure une première fois, nous vous proposons donc une nouvelle critique histoire de vous occuper un peu pendant les longues journées qui nous séparent de l'E3 2010. Votre mission, si vous l'acceptez, lire notre review et regarder les vidéos qui l'accompagnent avant que Gamersyde ne s'auto-détruise. Bonne chance Monsieur Phelps !
Alpha Protocol, c'est un peu comme la fille sympa, pas spécialement attirante au départ et qui s'évertue en plus à s'habiller encore à la mode des années 90. Le jeu d'Obsidian ne part donc pas avec toutes les chances de son côté pour conquérir un marché de joueurs de plus en plus sensible à la plastique fantastique des grosses productions bien tape à l'œil. Il manquerait même de finir par tout gâcher en nous servant un gameplay perfectible, mais, pour on ne sait quelle raison, les quelques bonnes idées fonctionnent et l'aventure se vit même avec un certain plaisir.
Pas la peine de tourner autour du pot, ni même de prendre des pincettes, Alpha Protocol n'est pas beau, avec une technique semblant tout droit sortie des prémices de la génération actuelle (et encore...). Animations dépassées (voire ridicules lorsque l'on se déplace furtivement), textures d'un autre âge à l'affichage tardif, modélisation sommaire des environnements, rendu de la lumière daté (et raté), micro-chargements au sein d'une même zone (pourtant pas si grande au demeurant), tearing de l'image, et, comme si tout cela ne suffisait pas, baisses de framerate assez incompréhensibles compte tenu du reste. Tout n'est pas négatif pour autant, puisque les différents protagonistes sont relativement bien modélisés dans leur genre, même si les animations faciales manquent cruellement de naturel. Vous l'avez compris, on ne joue pas à Alpha Protocol pour le plaisir des yeux. Non, l'intérêt est ailleurs, heureusement.
Alpha Protocol nous met dans la peau de Michael Thorton (et non Thornton comme on peut le lire dans les tests de certains de nos confrères), un agent fraichement recruté par une unité spéciale top secrète dont la spécialité est de gérer des situations compliquées. Après une phase d'intronisation rapide faisant office de tutorial, Mike se retrouve au Moyen-Orient pour intercepter Al Shaheed et les missiles qui sont en sa possession. S'en suivra une épopée riche en rebondissements, où Thorton aura bien sûr l'occasion de voir du pays (Italie, Russie etc.), comme tout bon agent secret qui se respecte. Un petit air de James Bond ou d'Alias (sans les perruques rouges) qui n'est pas déplaisant et qui pourra donc séduire les amateurs de films d'espionnage.
Le dernier jeu d'Obsidian est un véritable RPG, aussi vous faudra t-il au préalable choisir une spécialisation (ou classe), puis répartir vos points d'expérience en choisissant quelles compétences améliorer à chaque fois que votre personnage montera en niveau. Infiltration, utilisation d'armes divers (pistolet, fusil d'assaut, fusil à pompe etc.), sabotage, combat à mains nues, voilà, entre autre, les différentes aptitudes que vous pourrez choisir de faire progresser au cours de l'aventure. De façon très classique, en se spécialisant dans un domaine, on débloque de nouvelles aptitudes, comme par exemple la possibilité de devenir invisible aux yeux des ennemis pendant un temps donné (qui varie selon le niveau d'expérience), ou encore une sorte de bullet time qui donne au joueur le temps de viser un ou plusieurs ennemis, un bon moyen de faire le ménage rapidement. Pas forcément très réaliste me direz-vous, mais pratique quoi qu'il en soit.
L'expérience s'acquiert grâce aux actions du joueur, qu'il s'agisse de ses choix (j'y reviendrai), des sabotages réussis, des documents secrets récupérés au cours d'une mission et des objectifs que l'on est parvenus à remplir évidemment. La partie customisation est complétée par un inventaire assez riche en gadgets et autres améliorations d'armes ou d'armures, que l'on peut soit récupérer sur place, ou bien encore acheter au marché noir entre deux missions. Les prix n'ayant rien de particulièrement attractif, il ne faudra pas hésiter à bien fouiller le moindre recoin des lieux visités, forcer les coffres qui se présenteront à nous ou même revendre les objets dont on a pas l'utilité.
Cela permet de proposer un gameplay assez varié, puisque saupoudré de séquences de casse-tête (piratage d'ordinateurs, forçage de serrures etc.) assez réussies et qui parviennent même à être plus intéressantes que dans de nombreux autres jeux du genre. Prévoyez quand même quelques crises de nerfs à mesure que la difficulté augmente (si, comme moi, vous n'avez pas pensé à augmenter les capacités correspondantes), les timings et la précision nécessaires devenant parfois assez redoutables. Thorton pourra aussi réveiller le geek qui sommeille en lui en entretenant de bonnes relations avec ses contacts via les nombreux mails que vous pourrez lire et envoyer avant de vous lancer dans votre prochaine mission.
Mais malgré un tonne de bonnes intentions, le gameplay du jeu garde les traces d'un développement long et laborieux, et il faudra vraiment être prêt à accepter des mécaniques maladroites et divers bugs pour apprécier l'aventure. En effet, même si la partie action d'Alpha Protocol ressemble à s'y méprendre à n'importe quel Third Person Shooter, avec l'indispensable système de couverture et la visée à l'épaule caractéristique, il s'agit bel et bien d'un RPG : ce n'est donc pas parce que le joueur placera correctement son viseur sur l'adversaire que celui-ci sera forcément touché. Assez agaçant lorsque l'on sort d'un RPG nerveux comme Mass Effect 2, on peut "heureusement" compter sur une IA assez anémique (et globalement sourde et aveugle) pour ne pas transformer le jeu en calvaire, avec un héros incapable de toucher un adversaire alors même que ceux-ci font tout le temps mouche.
À noter quand même le syndrome Call of Duty avec des grenades qui semblent aimantées au joueur (à moins que les rangs ennemis ne soient composés d'anciens joueurs de baseball...), et qui vous forceront à quitter votre position pour vous mettre à l'abri. On préférera donc sans doute jouer la carte d' l'infiltration, plutôt sympathique, et si, une fois encore, l'IA vous facilitera grandement la tâche (il faut savoir que le terroriste de base n'a pas de vision périphérique), on ne se lasse pas de se faufiler dans une base ennemie ni vu ni connu. Thorton peut également se battre à mains nues si le besoin s'en fait sentir, mais ne vous attendez pas à des possibilités très étendues : une seul bouton (B ou Rond), et des coups qui varieront en fonction de votre niveau d'expérience dans le domaine, c'est très maigre. On apprécie tout de même la possibilité de pouvoir aller au contact.
Là où Alpha Protocol ne souffre quasiment d'aucun reproche, c'est bien dans les séquences de dialogues intelligemment orchestrées. En donnant un temps limité au joueur pour prendre la décision d'orienter la discussion dans tel ou tel sens, on sent assez vite toute la pression qui repose sur les épaules de l'agent, pression d'autant plus présente que les choix que vous ferez auront, pour une fois, un réel impact sur la suite de l'aventure. Laisser la vie sauve à une cible en espérant qu'elle vous renvoie l'ascenseur plus tard, faire confiance à quelqu'un que vous venez à peine de rencontrer, flirter et décider de conclure ou non, tout cela aura son importance à un moment ou à un autre de l'histoire.
Selon la façon dont vous êtes perçu par votre interlocuteur, la relation évoluera, vous donnant, c'est selon, un allié fidèle ou un adversaire tenace. Plus vous parviendrez à développer une relation de confiance avec un contact, plus celui-ci pourra vous épauler, vous offrant au passage un bonus de caractéristiques (endurance, infiltration etc.) quand vous travaillerez ensemble. De plus, si vous avez fait vos devoirs sérieusement avant de partir en mission, de nouvelles possibilités de dialogue pourront apparaître, vous donnant par exemple de quoi convaincre votre interlocuteur, ou lui forcer la main. Avec un jeu d'acteur suffisamment crédible pour ne pas tout gâcher (en VOST, le jeu n'étant pas doublé), il est donc très facile de se laisser porter par le scénario du jeu. Ce dernier ne gagnera certes pas la palme d'or de l'originalité, mais il reste cohérent et a le mérite de ne pas infliger de temps mort au joueur.
Verdict
Tous les commentaires (22)
Bon je me suis souvent fait piéger parle genre de femme que tu décris au début donc ca doit venir de ça.^^
Plus sérieusement en voyant les vidéos après t'avoir lu bizarrement ca passe mieux parce que je sais maintenant où se cache l'intérêt de ce jeu,je vais tester ça.
Merci...enfin pour l'instant parce que si la jeune demoiselle est fringué finalement avec le style année 80 ca risque de moins le faire.^^
Quelque chose me gène énormément dans le gameplay. J'étais vraiment intrigué par le côté dialogue et je suis sûr que cet aspect du jeu est au point mais ça m'enlève pas le gout amer du gameplay qui lui, tout comme les graphismes, vient d'un autre temps
Merci mais non merci.
Merci mais non merci.
Avec un système de dialogue et de choix très intéressant je trouve. On n'est jamais dans le schéma "gentil ou méchant" de Mass Effect.
Obsidian à un petit côté "Bioware en moins bien" (dû à un manque de talent ou de moyens ça j'en sais rien), mais pour le coup Mass Effect 3 pourrait choper quelques idées d'Alpha Protocol je trouve.
Quand on lance le jeu, on a vraiment du mal à continuer à cause des nombreuses tares graphiques et de gameplay du jeu, mais en creusant bien, les qualités commencent à ressortir et le plaisir refait surface. J'ai terminé l'aventure une première fois et je serais curieux de comparer les évènements qui me sont arrivés avec l'aventure de quelqu'un d'autre.
J'ai pesté, j'ai râlé mais j'ai aimé! :)
Ps: excellente review qui se lit toute seule, bravo sieur Driftwood!
À peine le jeu lancé (tutorial), on tombe sur ça, et franchement, ça fait amateur... -_-'
Et le pire, c'est que le bug est arrivé à chaque fois que le perso prenait en main une arme à deux mains.
Je n'ai pas assez joué pour donner un avis sur le jeu en lui-même. Mais mes premières impressions sont très mitigées : le gameplay des missions est vraiment très maladroit et que les animations du héros donne l'impression de revenir 10 ans en arrière et je ne parle même pas de l'IA. Faut en vouloir pour avancer dans le jeu je pense.
Une fois passé outre les défauts esthétiques (et les bugs), il y a peut-être quelque chose d'intéressant à voir. Je m'y mets dans la semaine et je ponds un article dès que possible.
Ce qui est difficile à avaler, c'est que le jeu ne sorte pas sans le moindre bug alors qu'il a été repoussé maintes fois. Exemple d'un truc hallucinant : pendant une phase d'infiltration au début du jeu, si tu te fais repérer et que tu recharges la dernière sauvegarde, ça te vire tous les ennemis de la zone.
Les dialogues ne sont pas inintéressants ceci dit. Pas mal d'infos à récolter, surtout si l'on fouille aussi les emails et les trucs du genre. Avec une grosse équipe derrière et un bon budget, ça aurait pu être mieux mis en valeur esthétiquement.
(je parle de RDR certes excellent mais truffé de bugs lui aussi. Et l'excuse du "jeu sandbox prenant place dans un univers immense" ne tient pas forcément puisque Just Cause 2 - présenté comme "jeu de seconde zone" - en est pourtant quasiment exempt, lui ^^)
Sinon pour AP , le piratage des ordis avec les séries de chiffres qui défilent, moi ça me gave totalement.
(je parle de RDR certes excellent mais truffé de bugs lui aussi. Et l'excuse du "jeu sandbox prenant place dans un univers immense" ne tient pas forcément puisque Just Cause 2 - présenté comme "jeu de seconde zone" - en est pourtant quasiment exempt, lui ^^)
En effet, ayant acheté le jeu la semaine dernière et joué pour l'instant une petite dizaine d'heures dessus il s'avère que malgré la jouabilité bancale, les graphismes d'un autre âge et le nombreux autres bugs, je ne peux m'empêcher d'y revenir régulièrement en raison de l'histoire et du système de dialogue (en ce qui me concerne il y a également le fait que j'aime bien acheter du matériel et gérer l'inventaire et les stats... de vieux restes de Diablo).
A présent je me prends à rêver d'un Alpha Protocol correctement terminé... le jeu aurait été grandiose
J'ai réussi sans souci a faire Morrowind et Deux Ex qui sont des jeux ou les animations sont archaiques (je les ai fait bien apres leur sortie), mais la je peux pas, j'ai tenté le coup deux fois, et je ne peux vraiment pas, ils auraient peut etre du faire une vue interieure :p.
C'est d'autant plus dommage que le reste me fait de l'oeuil et que que votre test a beaucoup d'importance a mes yeux, bien plus que tout les sites soi disant spécialisé.
Mais je ne pense pas que je remettrai la galette a 70 euro ( ) dans la console, meme je me dit que si vous écrivez ceci, c'est qu'il y a surement du bon, on verra... D'autant plus dommage que je l'ai attendu TREEEEES longtemps.
Choc des titans, jeu surfant sur le film, donc grand public, prix bas sinon pas de ventes car c'est pas non plus une tuerie de film, réédition d'un vieux film.
Et merci au test de Drift qui a finit de me convaincre d'essayer ce jeu(avec un peu de retard^^).
Il y a vraiment beaucoup de variations et d'embranchements possibles, ce qui lui donne une bonne replay-value.
Les seuls problèmes gênants sont d'une part l'IA et d'autre part le système de combat irréaliste, les armes ne touchent pas tes ennemis même au corps-à-corps (genre le fusil à pompe, sauf peut être en boostant la jauge à fond mais encore...) et à côté tu as le pistolet qui est juste surpuissant par rapport aux autres.