Depuis quelques années, il est toujours de bon ton de pointer du doigt les grosses productions vidéo-ludiques pour mieux encenser les jeux issus des plus petits studios. Un contraste assez radical qui a eu vite fait de propulser les jeux indie sur le devant de la scène, à raison souvent, mais aussi parfois à tort. Attendu depuis son annonce en mars 2012, le jeu de Compulsion Games qui s'intitule justement Contrast arrive aujourd'hui en Europe sur PC et Xbox 360, tandis qu'il faudra encore attendre jusqu'au 19 novembre pour y jouer sur PS3, et la fin du mois sur PS4. Pour savoir si le jeu édité par Focus Interactive est destiné à rester dans l'ombre ou au contraire à s'attirer la lumière des projecteurs, on vous invite à découvrir le verdict de Gamersyde sans plus attendre.
Contrast brille avant tout par son univers particulier dont l'ambiance oscille entre celle des films noirs dont l'histoire se situaient dans les années 20 et la magie des expositions universelles du début du vingtième siècle. Vous jouez le rôle de la mystérieuse Dawn, personnage irrémédiablement muet que l'on croirait tout droit issu d'un cirque de l'étrange, et dont les intriguants pouvoirs lui permettent de se fondre dans les ombres pour en devenir une elle même. Didi, de son côté, est une petite fille qui, malgré son jeune âge, n'est pas dupe devant l'impitoyable dureté du monde des adultes, et qui fera tout pour aider sa famille. Jamais naïve, toujours très déterminée, elle deviendra plus ou moins la narratrice d'une histoire dont vous serez l'héroïne, celle pour qui vous remuerez ciel et terre, dans le monde réel comme dans celui des ombres. Soutenu par une bande son de qualité aux sonorités très jazzy, le titre de Compulsion Games se démarque donc assez vite par son atmosphère feutrée et son excellente direction artistique, mais c'est son choix audacieux de faire usage de mécaniques de jeu réellement originales qui retiendra surtout l'attention du joueur un peu curieux.
En effet, Contrast vous invite à découvrir tout un pan du décor qui ne vient d'habitude jamais se mettre au premier plan, servant avant tout à l'habiller et lui donner tout son relief. Dans le jeu de Compulsion, les effets de lumière ne sont donc pas anodins, car ils créent tout un autre monde avec lequel Dawn est capable d'interagir pour progresser dans les niveaux. D'une simple pression sur la gâchette droite, l'acrobate filiforme passe du monde réel à celui des ombres, transposant le gameplay 3D - dédié à l'exploration - en 2D, pour des passages de plate-forme qui jouent avec les perspectives. En résultent des idées que l'on n'a pas l'habitude de voir dans les jeux du genre, même si certains passages rappeleront immanquablement le cultissime Limbo. Il faut donc toujours rester attentif aux ombres portées qui cachent souvent un passage vers un objet à collectionner, un luminaire (sorte de boule de lumière), ou tout simplement la suite du niveau. Certains passages sont d'ailleurs totalement optionnels, avec ces ombres du passé qui se projettent soudainement sur un mur pour se laisser doucement escalader, vous permettant alors d'atteindre un luminaire à ajouter à votre collection.
La volonté farouche de la jeune Didi à jouer les anges gardiens d'un père qui se démène pour récupérer sa famille va évidemment l'obliger à le suivre à la trace pour le tirer de bien des mauvais pas. Si la petite n'a de cesse de répéter qu'elle est douée pour arranger les choses, elle aura bien évidemment toujours besoin de son amie imaginaire et de son talent particulier. On aurait peut-être pu craindre que la présence quasi continuelle de l'enfant aux côtés de Dawn finisse par générer quelque lassitude ou agacement, mais à l'exception de rares moments où la petite aime répéter la même phrase pour vous forcer à poursuivre votre objectif en cours, on s’accommode totalement de sa compagnie. Il arrivera même que Didi intervienne pour vous aider en utilisant son ombre pour vous faire progresser, ou en intervenant sur un spectacle de marionnettes dont vous êtes l’héroïne pour vous sauver la mise. Régulièrement, la petite fille vous laissera trouver seul l'accès à la pièce suivante et se faufilera par un passage inaccessible en vous demandant de la rejoindre dès que possible. Il faudra alors déplacer des objets de manière à atteindre les hauteurs grâce à leurs ombres, avec des situations qui essaient de se renouveler un minimum pour garder intact le plaisir de la progression. Tout juste peut-on un peu regretter le léger manque d'inspiration de certains puzzles, l'un d'entre eux demandant par exemple d'utiliser des caisses pour activer des interrupteurs. Un peu trop classique dans la mise en œuvre à notre goût.
C'est d'ailleurs un reproche que l'on peut formuler sur le jeu dans sa globalité, car les développeurs ne sont pas toujours allés au bout de leur excellente idée de départ. Certaines énigmes sont donc très inspirées, bien que jamais bien difficiles reconnaissons-le, mais d'autres ne parviennent pas à insuffler la même magie. Vers la fin de l'aventure, de nouvelles idées plutôt sympathiques viennent surprendre un peu le joueur en passe de se reposer sur ses lauriers, mais encore une fois, le challenge reste assez limité. Comprenons-nous bien, si nous en arrivons à être aussi critiques à l'égard de Contrast en dépit de ses nombreuses qualités, c'est qu'il nous semble que le potentiel maximal du jeu n'est jamais vraiment atteint en termes de mécaniques de jeu. Autre plan sur lequel le jeu de Compulsion Games déçoit en certaines occasion, sa maniabilité imprécise. Dawn se meut de façon tellement brusque, quasi épileptique, que les déplacements ne sont pas toujours très agréables dans les espaces cloisonnés et un peu encombrés. Les collisions avec le décor ne sont d'ailleurs pas toujours très bien gérées, donnant un aspect pour le moins vieillot aux déplacements. Certaines séquences de plate-forme nous ont également mis les nerfs à rude épreuve, lorsque Dawn restait bloquée sur l'ombre d'un cheval par exemple, ou quand elle reprenait sa forme humaine sans crier gare, nous forçant à reprendre notre ascension depuis le début.
Malgré ses défauts qui sont autant de chances, difficile d'en vouloir très longtemps à Contrast, qui nous plonge décidément dans un univers très envoutant, voire même hypnotisant. Il est donc particulièrement facile de se laisser porter par son thème musical, magistralement interprété par Laura Ellis, et le reste de sa bande originale, dont on retient vite les mélodies. On vous conseille d'ailleurs de les écouter attentivement si vous craquez pour l'édition collector digitale du jeu, qui contient également un très bel artbook contenant de non moins superbes illustrations. Techniquement, le jeu fait évidemment la part belle aux effets de lumière, et si nous avons noté quelques petits bugs de temps à autre, le rendu est plutôt flatteur. Il ne faut bien sûr pas s'attendre à une orgie visuelle où le nombre de polygones dépasse l'entendement, mais les amateurs de direction artistique maîtrisée en auront pour leur argent (15€ sur Steam pour la version PC collector pour toute pré-commande avant 19h ce soir). Rien à signaler côté framerate, qui n'a jamais failli sur notre machine de test (i5 4670K @ 4.0 GHz, 8 Go RAM, Windows 7 64, Nvidia Geforce GTX 670 Gainward OC), ce qui n'est à priori pas le cas de la version PS4 testée par nos confrères américains. On ne se prononcera pas sur la version Xbox 360 qui sera elle aussi disponible demain, mais comme une version d'essai devrait être proposée, vous pourrez vous assurez de la bonne tenue technique du titre avant de vous décider à investir.
Tous les commentaires (9)
Le manque "d'envergure" au final n'est pas inhérent à un studio retreint un budget limité au final trop serré pour les ambitions du studio? Du coup toutes les ressources balancé sur la partie visuelle qui par contre à l'air plutôt sympa... C'est dommage quand même, le verre est à moitié plein du coup ou à moitié vide selon...
Un gros GG pour ce titre de chapitre : Je te Dawn toutes mes différences... Je sui sen train d'essuyer le café sur mon clavier!
Bon ça confirme que je prends direct donc :).
Les animations, sa gâche tout pour ma part.
Elle est flottante, pas très détaillé... on à l'impression de diriger un pantin.
J'ai même l'impression qu'il l'on pas du tout travaillé en fait... bref, c'est dommage.
La version 360 semble souffrir de baisse de fps et des problèmes de v-sync sur ici et là.