Pendant que certains jouent les nounous barbues dans le grand nord, d'autres découpent des colosses multicolores à la chaîne. Avec Extinction, le studio Iron Galaxy nous propose sa vision d'une attaque titanesque, pour un résultat pour le moins discutable. Un massacre à tous points de vue, disponible après le clic !
Le jeu de série B se meurt. Coincé entre les triple A aux budgets de plus en plus pharaoniques et les indépendants, le petit jeu au budget moyen n'existe quasiment plus. Si le genre n'offrait certes pas que des chefs d'œuvre, la génération précédente nous avait gratifié de titres tels que Splatterhouse, Timeshift ou encore Knights Contract, imparfaits mais parfaitement fréquentables en période de disette vidéoludique. Mais quel est le but de cette courte digression introductive ? Tout simplement montrer au lecteur que les lignes qui vont suivre ne sont en rien influencées par le budget manifestement plus que moyen du jeu critiqué. Et que l'auteur de cette review regrette amèrement de ne pas avoir éprouvé avec Extinction la satisfaction ressentie lors de ses parties de Matt Hazard, Binary Domain ou autres 3D Dot Game Heroes. Ceci posé, passons au cœur du sujet.
Avil est une Sentinelle. Aidé de sa fidèle amie Xandra, il chasse et tue les Ravenii, de gigantesques orcs détruisant toute vie humaine sur leur passage. Et ? C'est à peu près tout. D'un minimalisme assez effarant, le scénario d'Extinction tient plus sur un M&M's qu'un ticket de métro, ce qui n'empêche paradoxalement pas ses protagonistes d'être fort bavards in-game. En effet, les personnages (enfin, leurs artworks) n'ont de cesse de noyer le joueur sous un flot de paroles, pour la plupart inutiles et répétitives. Le semblant de background amené par des cinématiques en mauvais dessin médiocrement animé ne relève hélas guère le niveau, pour un sentiment d'immersion totalement absent d'une pauvre histoire largement inspirée de L'Attaque des Titans.
Mais après tout, l'important dans un jeu vidéo n'est-il point le gameplay ? Hélas, Extinction est sans doute l'un des beat them all les plus pauvres du monde vidéoludique. Grâce à sa lame magique, Avil pourra découper les hordes de chacals (les soldats des Ravenii à échelle humaine) et explorer la profondeur d'un unique enchaînement, qui proposera de légères variantes selon le timing appliqué à la touche d'attaque. Inutile de préciser que, malgré des effets tape à l'œil qui ne tromperont pas grand monde, les sensations d'impact sont absolument nulles, et que découper du chacal sera à peu près aussi passionnant que de jouer à Puyo avec une seule couleur. On pourra aussi se livrer à d'exaltants sauvetages de civils, qui attendent patiemment autour d'un cristal magique qu'Avil les téléporte en lieu sûr en maintenant une touche enfoncée. Palpitant.
Ces actions se révéleront malgré tout indispensables pour affronter les Ravenii, auxquels on ne pourra ôter la vie qu'une fois la lame magique chargée d'énergie au maximum, ladite énergie ne s'acquérant qu'en effectuant les actions suscitées. Mais on pourra aussi se contenter de foncer directement sur les Ravenii afin de les démembrer promptement, l'élagage des orcs géants remplissant également l'arme d'Avil. Un moyen d'autant plus sûr que les membres des Ravenii repoussent à l'infini. Une fois l'épée chargée, on pourra alors décapiter d'un coup le géant. Il faudra bien sûr grimper sur la bête au préalable, grâce à un gameplay de grimpette somptueusement imprécis, où l'on se contentera de spammer la touche de saut tout en luttant contre une caméra aux fraises et une physique épouvantable. La décapitation et le démembrement se feront au moyen d'un ralenti déclenché en maintenant une gâchette, qu'on relâchera pour lancer le coup fatal. Ce même ralenti servira à détruire les armures dont sont couverts certains Ravenii et nous fera profiter d'un énième défaut du soft, à savoir une visée aux abonnés absents nous faisant rater notre coup une fois sur trois.
Et à part ça ? Eh bien, rien. Tuer des sous-fifres, sauver des civils idiots, découper des Ravenii : voilà tout ce qu'Extinction a à offrir. Durant les six-sept heures que dure l'histoire, le jeu d'Iron Galaxy ne propose rien d'autre que ces mêmes actions répétées ad nauseam. Il y a bien un système de points de compétence censés augmenter les capacités du héros, mais il sert surtout à gonfler artificiellement la durée de vie du jeu, ce dernier se permettant des pics de difficulté stupides lors de certaines missions. Il faudra alors farmer les points pour acquérir les compétences nécessaires pour passer outre les errances du gameplay. Le summum sera atteint lorsque dès le deuxième chapitre, le jeu proposera des missions à objectifs et lieux aléatoires déterminés par une roulette, faisant se demander au reviewer ici présent s'il ne se serait pas trompé de mode de jeu.
Visuellement, Extinction est à l'image de sa jouabilité : loupé et répétitif. Affublé d'une direction artistique ultra générique et d'une 3D cartoon passe-partout, le soft a en outre le culot de recycler allègrement ses décors et modèles 3D. En effet, pour donner l'illusion de la variété, les développeurs usent et abusent de l'option Benetton pour leurs Ravenii, affublés de toutes les couleurs de l'arc en ciel pour tenter de masquer la similitude de leur modélisation. Ne parlons pas de la destruction des décors, qui se désintègrent instantanément en cas de choc au lieu de s'écrouler. Seule consolation, l'action reste relativement fluide, ce qui reste un minimum vu la pauvreté graphique de l'ensemble. Finissons cette review de la catastrophe en précisant qu'Extinction est non seulement vendu 59 euros, mais qu'il est également gratifié d'un season pass. Face à un tel niveau d'aplomb, on préférera parler pudiquement de naïveté.
Tous les commentaires (10)
Du coup je réagirais juste sur le premier paragraphe : je noterai juste Focus Interactive qui se place vraiment comme l'éditeur des jeux au budget moyen et ils le font fort bien !
Vous êtes quand même sympa d'essayer jusqu'au bout de trouver un truc positif!
@Driftwood : merci ^^ Ah, le bon vieux temps du testeur masqué :D
@GTB : je suis loin d'être toujours d'accord avec lui, mais là, effectivement, on ne peut faire autrement que de descendre ce truc. J'aimerais bien connaître les conditions de développement, ce qui a motivé ce jeu, le pourquoi du tarif... il y a une part de mystère là-dedans.
@Soda : en sept ans de commerce, on apprend des choses :D
@augur : évidemment, toi, dés qu'on parle de taille... :D