Deux ans après notre première rencontre avec Harold et son créateur, nous avons enfin pu mettre la main sur la version finale du jeu, dont la sortie est désormais programmée à demain sur Steam. Après deux livestreams à la bonne humeur que nous espérons avoir été communicative, nous vous livrons notre verdict sur ce jeu d'un genre nouveau au concept pour le moins accrocheur. Comme d'habitude, quelques vidéos direct feed accompagnent notre article mais nous ne saurions trop vous conseiller de commencer par le visionnage de notre replay en français pour bien comprendre ce que propose ce titre indépendant hommage aux grands dessins animés et aux jeux vidéo d'antan.
Expliquer le concept même de Harold n'est pas chose aisée, en dépit d'une idée très simple à la base. Comme Loris nous l'a expliqué hier, tout découle de l'envie de venir chambouler totalement nos habitudes de joueurs en inversant la problématique du jeu de plateforme. Alors que depuis des années, le joueur a toujours été en charge du personnage à l'écran, pourquoi ne pas en effet lui donner la main sur ces fameuses plateformes ? En inversant le principe même du genre, Harold parvient à procurer des sensations assez uniques, en cela qu'il nous force à désapprendre ce que nous avons assimilé ces 30 dernières années. Rien que ça. Attention cependant, avec l'avènement des jeux mobiles, on pourrait ne voir en Harold qu'une énième itération du jeu de runner adapté sur PC et privé de toute sa dimension tactile, mais il n'en est rien. La première chose qu'il faut comprendre, c'est que le jeu de Moon Spider se veut l'antithèse du jeu sur smartphone ou tablette, car qu'on ne s'y trompe pas, sous des apparences mignonnettes, Harold n'est pas un jeu grand public. La cible de Loris et de son équipe est donc claire dès le départ, ce sont les joueurs confirmés, les acharnés du high score et de la manette (le jeu n'est pas jouable au clavier) qui feront le succès du jeu. Le pari est risqué, tout particulièrement sur PC où la scène indépendante est déjà très encombrée, mais on vous le dit, essayer Harold c'est l'adopter.
C'est dans le rôle de l'ange gardien d'un coureur pas vraiment doué que vous vous retrouvez, un protecteur qui devra s'assurer que ce drôle de bonhomme à l'allure aussi attachante que ridicule parviendra au moins sur la troisième marche du podium. Pour ce faire, vous pourrez interagir directement sur Harold en le faisant sauter quand bon vous semble (touche A) et en l'encourageant d'un coup de foudre bien placé dans le postérieur. Faisant office de turbo, cette seconde manipulation n'est réalisable (combinaison des touches Lb et Rb) qu'à la condition d'avoir récolté suffisamment d'anneaux sur le parcours, ou en gênant vos adversaires et en les faisant tomber. Entre alors en jeu l'élément essentiel des mécaniques de gameplay, l'interaction avec les nombreux obstacles qui se posent comme autant de moyens de perdre ou de gagner un temps précieux. Toutes les actions possibles sur l'environnement s'effectuent à l'aide du stick gauche, la manipulation différant en fonction de l'obstacle rencontré. On pourra par exemple couper une corde en effectuant un rapide "gauche-droite", détruire une barrière en la frappant plusieurs fois, ou encore activer une manivelle en faisant pivoter le stick le plus rapidement possible. Toute la difficulté du titre de Moon Spider - et son génie finalement - tient au fait qu'il demande au joueur d'apprendre à jongler entre tous ces éléments sans jamais perdre de vue Harold, qui court inlassablement quoi qu'il arrive, à la manière des célèbres Lemmings.
C'est donc à un véritable numéro d'équilibriste que vous allez devoir vous adonner pour sortir victorieux de chacune des 12 courses disponibles. Si cela pourra sembler peu, attendez de voir le temps que vous passerez (sans rechigner) sur chacune d'entre elles. Théoriquement, les parcours ne sont jamais très longs (autour d'une minute), mais en réalité, l'apprentissage de la mise en pratique vous demandera des heures de "travail". Il nous aura par exemple fallu plus de 3 heures pour obtenir la première place (et toutes les étoiles sur les entraînements - nous y reviendrons) dans les trois premières courses. Heureusement, Moon Spider est parvenu à équilibrer le jeu de manière à ce que le joueur ne se sente jamais injustement puni. Les échecs seront certes nombreux, et Harold assume en ce point son aspect "die & retry", mais la responsabilité en incombera toujours au porteur de la manette. On apprend donc de ses erreurs, on étudie les meilleurs chemins (ou ceux qui nous semblent plus à notre portée), comme on peut le faire dans n'importe quel jeu de course. Une bonne connaissance des obstacles à venir est donc primordiale pour terminer premier et truster les plus hautes marches des leaderboards, mais cela n'enlève pourtant pas la part d'improvisation qui accompagnera obligatoirement certaines portions du tracé moins bien appréhendées. De plus, chaque épreuve se voit précédée d'une phase d'entraînement très ludique qui sert de repérage d'avant course.
Pédagogiques dans le sens où elles nous apprennent les trajectoires optimales pour dépasser tous les concurrents, ces séquences sont également très accrocheuses tant on prend plaisir à décrocher les trois étoiles présentes sur chaque tableau. Au contraire de la course, le mode practice permet d'aborder les obstacles un par un, sans devoir les enchainer à la volée. Il suffit de quelques secondes à peine pour les passer (brillamment ou non), l'obtention de toutes ces fameuses étoiles n'étant évidemment pas obligatoire pour accéder à l'épreuve proprement dite. Au delà du plaisir que l'on peut prendre à relever le défi des trois étoiles, il y a un intérêt réel à les récolter toutes, puisqu'un pouvoir de foudre supplémentaire est octroyé dès le début de la course. Une carotte qui saura motiver les plus acharnés à ne pas quitter le mode entraînement sans avoir fait un carton plein. À noter qu'en plus d'être placées stratégiquement sur chaque écran, les étoiles disparaissent au bout d'un certain temps, ce qui implique d'allier vitesse et précision pour rester dans le bon timing. Une excellente idée que ce mode training donc, même si on comprendra vite qu'il est bien plus compliqué d'aborder les obstacles au sein d'une course, et que le 100% ne sera jamais la garantie d'une victoire rapide une fois sur la piste.
Conséquence de tout cela, les heures passées sur Harold défilent à une vitesse vertigineuse, sans que jamais la frustration et la lassitude ne se fassent sentir, du moins en ce qui nous concerne. Mais ce n'est pas fini ! Terminer sur le podium ne veut pas forcément dire que vous aurez découvert le raccourci caché (chaque course en propose un), ce qui peut demander un certain temps de recherche. La récompense, en sus du temps précieux gagné pour espérer vous mesurer aux meilleurs scores, prend la forme d'une courte séquence hilarante en 2 dimensions - et d'une pause bienvenue pour reprendre ses esprits. Vous l'aurez compris, Harold brille par la richesse et la profondeur de ses mécaniques de jeu, mais c'est également en parvenant à renouveler les situations et le type d'obstacles (même si les manipulations restent les mêmes) qu'il prend une autre dimension. D'autant qu'après 4 courses, le jeu de Moon Spider prend un malin plaisir à bouleverser les nouveaux réflexes du joueur en ajoutant une nouvelle variable à l'équation. Le pouvoir du foresight (que vous pouvez voir en action sur le replay anglais à partir de la 38e minute) permet en effet de se déplacer sur le tracé pour préparer les obstacles pour le passage de Harold (et/ou mettre des bâtons dans les jambes de ses adversaires). L'idée géniale, la musique qui suit Harold passe alors en sourdine, avant de reprendre peu à peu du volume à mesure que notre protégé se rapproche. Une façon très futée de donner au joueur un feedback constant sur sa position (même s'il est toujours possible de revenir vers lui via la touche X).
Comme si cela ne suffisait pas à nous tenir occupé pendant des heures, Loris et son équipe ont décidé de monter la difficulté d'un cran dans le mode challenge que nous vous avons également montré pendant la soirée d'hier. Cette fois, plus aucun adversaire si ce n'est vous-même et les leaderboards ; le but est de terminer le parcours avec une seule vie en récoltant le maximum d'étoiles (bleues cette fois). Harold passant en mode turbo permanent, il "suffit simplement" de gérer les obstacles et les sauts du personnage, les raccourcis étant ici bien évidemment proscrits. Une nouvelle façon de découvrir les courses, le chemin à prendre étant totalement imposé par la disposition des étoiles. Inutile de préciser que la réussite de ces challenges vous demandera un temps conséquent, un très bon entraînement, et une bonne dose de concentration. Toutes les techniques apprises au cours du jeu sont donc mises à contribution pour vous permettre de transcender vos performances, participant au côté très addictif de ce petit jeu indépendant. Un jeu au héros chétif particulièrement musclé et novateur donc. On ne vous a pas parlé du scénario - prétexte - sympathiquement mis en scène via des séquences cinématiques très bien réalisées, ni du visuel et des animations splendides que l'habile mariage entre 3D et 2D a permis, mais il vous suffira de regarder quelques extraits du jeu pour comprendre que Moon Spider ne s'est pas moqué de nous et a mis les petits plats dans les grands. Une sacrée gageure pour cette petite équipe de 10 personnes à peine et complètement autofinancée. Si le succès est au rendez-vous, voilà peut-être un jeune studio sur lequel il faudra apprendre à compter.
Terminons cette review par un paragraphe dédié à l'excellent travail réalisé sur la bande son, qu'il s'agisse des bruitages (Loris délivre une performance très cartoonesque pour le personnage de Harold) ou des musiques composées de main de maître par un certain Olivier Derivière. Si son nom ne vous est pas inconnu, c'est que le monsieur a déjà signé bon nombre de bandes originales reconnues pour leurs qualités (ce qui n'a malheureusement pas souvent été le cas des titres qu'elles accompagnaient). Obscure, Alone in the Dark, Of Orcs and Men, le DLC Freedom Cry pour Assassin's Creed IV Black Flag, ou encore Remember Me, c'est lui. Aidé par ses camarades de Moon Spider dans ses recherches pour trouver la formule adaptée au concept de Harold, le fringuant jeune homme nous a concocté des thèmes particulièrement réussis mêlant chœurs de gospel à des styles musicaux très variés. Entièrement intégrée au game design, la bande originale (désactivable dans les options pour ceux qui auraient perdu la raison) devient un élément crucial car elle réagit aux actions du joueur et le soutient dans ses exploits. Harold démarrant toujours la course en retard, tout commence par une rythmique assez discrète, qui ne prendra en ampleur qu'à condition de dépasser des concurrents. À chaque fois que vous parviendrez à passer devant un adversaire, les chœurs de gospel prendront de plus en plus de place, scandant vos louanges pour vous motiver et vous encourager à continuer. Un échec et tout repart à zéro. Cela n'a l'air de rien dit comme ça, mais cela pousse le joueur à se dépasser, à recommencer encore et encore s'il y a eu la moindre erreur sur le parcours, même une fois la première place acquise. Maintenir le flot musical devient donc l'une des priorités pour profiter de la partition complète, et cette idée est tout bonnement géniale.
Tous les commentaires (28)
Un petit doublon là.
Sinon voilà un jeu qui apporte sa touche de fraicheur. Son esthétique et animation cartoon, son humour, sa musique mélée à un gameplay riche et exigent si on le souhaite est bien vu.
Seule petite crainte, les 12 courses. Elles se font sur genre 6 environnements il me semble? C'est typiquement le genre de jeu ou la découverte d'un nouvel environnement est un plaisir/récompense. Et du coup, je ne crois pas que cela a été abordé dans le live, des courses/environnements sont prévus en DLC?
Par contre, si je suis d'habitude pour une grande variété de décors, je trouve en fait que la force de Harold est dans son gameplay, et que de ce fait peu importe le nombre de courses ou de paysages différents au final. Je craignais aussi que le nombre soit pénalisant, mais vu le temps que j'ai déjà passé sur les 4 premières courses, je me suis vite rendu compte que c'était bien assez pour commencer. :)
J'espère que le jeu aura le succès qu'il mérite pour que l'on puisse avoir d'autres courses un de ces jours, ainsi que des versions consoles et une suite.
Sinon, j'aime bien le design. Curieux de l'essayer mais je n'ai pas vu de démo (d'ailleurs, petite remarque concernant le site officiel si les devs parssent par là : sur la page du jeu, le "Coming in Spring of 2013" est périmé ^^).
Juste une question Drift : en jeu, les éléments de décors qui apparaissent au premier plan ne sont pas trop gênant ?
Parce que j'aime pas trop ce genre d'effet en général, mais ils sont peut être mon handicapant sans le contrôle direct du perso...
Sinon, non, je n'ai jamais été gêné par ces éléments personnellement. Il n'y a pas de démo prévue pour le moment par contre. Il va falloir faire un saut de la foi, ou attendre d'autres avis et voir si ça peut te convenir. Ou alors tu passes à la maison l'essayer. ^^
Mais c'est tout le problème du jeu finalement, il risque de passer pour ce qu'il n'est pas. Avec son look cartoon, les gens vont l'imaginer grand public, et avec ses mécaniques, ils vont penser qu'il s'agit d'un simple jeu tablette. Eh bien, non et non. Harold est hardcore, il le sera trop pour certains même, et il est entièrement pensé pour le pad et ses contrôles analogiques.
http://www.gamersyde.com/thqstream_harold_neuvieme...
Tout ça pour une 9e place. ^^
Mieux sur l'Egypte mais la seconde qui me sépare du premier semble si énorme...
http://www.gamersyde.com/thqstream_harold_folie_eg...
J'admire vachement le style graphique, musicalement c'est pas trop mon style mais c'est travaillé, reste que sans l'avoir eu dans les mains et sans démo, je ne peux pas dire beaucoup plus… mais comme le dit le concepteur « j'ai fait ce jeu parce que j'avais envie d'y jouer », c'est quelque chose que je comprends vraiment, mais j'avoue que c'est pas exactement le style de jeu qui m'attire le plus. C'est clairement dans la veine de jeux de « endless running » (avec une ligne d'arrivée :P ENFIN un jeu qui ne cède pas au procédural, cette insulte au level design…) et c'est un genre qui m'amuse, mais pas pour longtemps. J'adore par exemple les niveaux du temple de Donkey Kong Country Returns, où il faut faire un parcours presque parfait, mais quand j'en ai fini un, je ne me rue pas sur un autre ^^ et surtout, je ne regarde jamais le chrono, j'ai aucun esprit de compétitivité ^^
Ça me fait plaisir de voir un studio indépendant français, avec le souci du détail, toutes ces couleurs… mais j'ai pas de coup de cœur, j'aime pas courir. Avec une manette en main, qui sait… mais comme il n'y a pas de démo non plus, bah… ⌒⌒
Déjà si tu n'es pas en turbo du début à la fin (ce qui implique de ramasser tous les wingrings sur ton passage et d'interférer avec un maximum d'adversaires), tu ne pourras pas réussir à descendre aussi bas.
:addicted:
Edit : 1:04:04 Olivier Derivière battu, cinquième place, mais je doute de pouvoir faire mieux là. \o/