La Playstation 4 a beau avoir déclaré sa flamme pour le jeu indépendant depuis quelques mois, la Vita et la PS3 n'ont pas attendu l'arrivée de la descendance pour proposer un catalogue indie de qualité. Bien connu des joueurs PC depuis déjà deux ans, Lone Survivor arrive donc sur les deux machines de Sony dans une version Director's Cut remaniée pour l'occasion. Pour savoir si ce survival horror en deux dimensions mérite votre attention, on vous invite à lire les quelques lignes de notre critique et à visionner au moins quelques extraits de nos quatre vidéos tirées de la version PS3 du jeu.
Le pitch de Lone Survivor est à la fois simple et classique pour tout amateur de survival horror. Dernier survivant d'une terrible épidémie ayant transformé la population en monstres sanguinaires, le personnage principal utilise toute son énergie pour survivre à la tragédie et pour lutter contre la démence. La solitude, le stress et la faim sont en effet des compagnons de route pour le moins destructeurs et notre héros au masque antibactérien sera régulièrement assailli par d'étranges visions : homme "coiffé" d'une boîte en carton, jeune femme étrange, homme au visage blafard et au discours bien mystérieux, les rencontres auront toujours le don de mettre mal à l'aise et d'amener beaucoup de questions dans la tête du survivant. Bien sûr, il faudra également faire face aux monstruosités locales, qu'on ne pourra d'ailleurs pas toujours affronter par manque de munitions, ce qui place toujours le joueur en position de faiblesse. Comme si cela ne suffisait pas, il est obligatoire de prendre soin de son personnage en le faisant dormir régulièrement (le jeu sauvegardant la partie au passage) et en le nourrissant. Pour ce faire, il faudra au préalable fouiller chaque pixel de l'environnement à la recherche de précieuses denrées, dont certaines nécessiteront des objets particuliers pour les consommer (un ouvre-boîte pour les boîtes de conserve, le nécessaire à cuire – poêle, gaz – pour le jambon, de l'eau pour le café, etc.).
Aussi, malgré une représentation en 2D des décors, l'exploration tient un rôle majeur dans le gameplay de Lone Survivor, celle-ci étant d'autant plus délicate que l'on ne sait jamais sur quoi/qui on va tomber lorsque l'on part en expédition. Sachant que la mort renvoie immédiatement le joueur à l'écran titre avec pour seule option la reprise de la précédente sauvegarde, nombreux sont ceux qui repasseront régulièrement par l'appartement du personnage principal pour se reposer. Assez rapidement muni d'un pistolet pour se défendre des créatures abjectes qui hantent rues et immeubles, le héros sans nom devra absolument économiser ses balles en se cachant à chaque fois que ce sera possible. Il pourra également utiliser des morceaux de viande avariée pour détourner l'attention des monstres, ou les aveugler avec des fusées de détresse pour se donner le temps de leur passer sous le nez. Reste que la tâche est ardue dès le départ, le jeu ne faisant pas de cadeau aux imprudents, et la carte sera votre meilleur allié pour vous repérer. Heureusement, les aller-retour obligatoires à la chambre du héros sont facilités par la présence de miroirs magiques qui permettent de rejoindre son immeuble sans devoir retraverser certaines zones. Les voyages fonctionnant dans les deux sens, le fait de franchir la glace de son appartement renverra le personnage à l'endroit où il était précédemment. Au fur et à mesure de l'histoire, de nombreux raccourcis se débloqueront pour lui éviter de devoir obligatoirement trouver un miroir pour revenir à l'abri.
Silent Pill
Fervent admirateur de la série Silent Hill et de l'incroyable bande son de Akira Yamaoka, Jasper Byrne rend décidément un bien bel hommage à la saga horrifique de Konami avec Lone Survivor. Cela n'a cependant rien de surprenant quand on sait que le monsieur avait déjà développé un remake non officiel de Silent Hill 2 entièrement en 2D, la relecture retro du jeu allant jusqu'à son titre à peine déguisé : Soundless Moutain 2. De l'utilisation de la lampe torche qui attire les monstres (mais qui nécessite des piles dans Lone Survivor sous peine de sombrer dans la folie la plus totale) aux grésillements de la radio et autres sons de validation lorsque l'on ramasse un objet, tout rappelle immanquablement Silent Hill. Impossible d'ailleurs de ne pas penser au quatrième épisode à chaque utilisation des miroirs pour retrouver le calme et la sérénité de l'appartement du malheureux héros. La place de la psychologie et l'importance donnée à la psychose du personnage principal sont également deux éléments fondamentaux que l'on retrouve ici, l'introspection restant donc l'un des vecteurs principaux du récit. Le jeu de Jasper Byrne ne fait cependant pas uniquement dans la simple copie, avec sa gestion de la fatigue et de la faim d'abord, mais aussi grâce à la présence de mystérieuses pilules, dont certaines permettent de se réapprovisionner en nourriture ou munitions au prix de quelques cauchemars. Cerise sur le gâteau, en dépit de son parti pris très rétro, le soin apporté au scénario et à l'ambiance font de Lone Survivor un titre marquant qui invite le joueur qui a terminé l'aventure une première fois à y revenir pour découvrir tous les dénouements possibles – de nouvelles fins ayant été ajoutées à cette version Director's Cut.
Autre point fort de la série Silent Hill, sa bande son a très clairement influencé le travail de Jasper Byrne, dont le travail musical est tout bonnement excellent. En parvenant à rendre la solitude du héros, la tension et l'horreur de certaines rencontres, et la bizarrerie de ce monde infesté de phénomènes étranges, Byrne nous livre un jeu à l'atmosphère saisissante. Si la partie graphique se veut fidèle aux pixels de l'ère 8/16 bits, les bruitages et les musiques sont travaillés dans un style plus moderne, ce qui démarque d'ailleurs Lone Survivor d'autres productions indie comme Hotline Miami par exemple. Très malsaine, la bande originale est donc pour beaucoup dans l'immersion de ce titre et prouve que l'aspect sonore peut très largement compenser un aspect graphique un peu simpliste pour proposer une expérience viscérale et mémorable - comme le premier Silent Hill en son temps. Tout le monde ne sera sans doute pas sensible à l'appel du pixel art, notamment sur PS3 où la taille de l'image pourra en rebuter certains, mais on ne peut nier le talent avec lequel Jasper Byrne a réussi à donner vie à son univers, tout en laissant une grande place à l'imagination du joueur qui aura vite fait de donner un visage et des difformités plus précises aux créatures rencontrées. Comme souvent, c'est au casque et dans le noir total que l'on profite au mieux de l'ambiance dérangeante du titre, mais rien ne vous empêche de pousser les conditions de jeu à l'extrême sur Vita en tentant une partie en pleine nuit au beau milieu d'une forêt. Sensations garanties.
Verdict
Tous les commentaires (11)
Vous avez pas pu faire de videos sur la version francaise ?
J'avais essayé le jeu sur PC. Très sympa!
Il sera sur ma Vita dés qu'il baisse un peu ^^ !
Je l'ai toujours pas fini d'ailleurs... :(
En tout cas l'ambiance est excellente. Et si le jeu s'inspire de Silent Hill, il parvient à trouver sa propre identité. Je trouve que visuellement, le jeu gagne à être joué sur Vita. Dans le noir avec un casque sur les oreilles on ne perd pas grand-chose en terme d'immersion.