Après un Resident Evil 6 très décrié en dépit de certaines qualités indéniables, Capcom remet le couvert avec l'adaptation HD de l'opus sorti exclusivement sur 3DS, Resident Evil: Revelations. Comme d'habitude avec l'éditeur historique de la série, les réactions sont très partagées auprès des joueurs, entre vives critiques envers cette manie agaçante qu'a le géant japonais d'essorer son catalogue, et l'enthousiasme de pouvoir enfin s'essayer à un titre jusqu'alors inaccessible aux réfractaires à la console portable. Faisant fi de tous les éventuels préjugés qui pouvaient menacer la sacro-sainte objectivité, Gamersyde s'est lancé dans cette nouvelle aventure mettant en scène certains des héros de la grande saga. Une critique réalisée entièrement à partir de la version PC du jeu disponible sur Steam.
Ubisoft nous avait déjà fait le coup il y a deux ans avec la troisième aventure d'Ezio Auditore, il ne faudra pas vous attendre à une avalanche de révélations savoureuses dans ce nouveau volet, et ce quoi qu'en dise son sous-titre. Ce n'est pas en soi une réelle surprise, dans le sens où la série de Capcom n'a jamais particulièrement brillé pour son scénario, mais certains aficionados s'attendaient sans doute à un peu plus de découvertes croustillantes lorsque le jeu est arrivé sur 3DS en janvier 2012. Toujours très caricaturaux, les personnages s'intègrent cependant tout à fait dans l'ambiance série B de la série et la taille généreuse du casting sert directement le jeu puisqu'il permet de proposer un nombre de personnages jouables plutôt élevé, à l'image de ce qu'avait fait le sixième volet il y a quelques mois. Reste qu'on voit mal comment vous pourriez ne pas voir venir la plupart des rebondissements imaginés par les développeurs, dans une intrigue où les trahisons sont à peu près aussi surprenantes que l'indéfectible amour de Musimon pour Nintendo. Mais si on ne jouera donc pas à ce nouvel épisode pour ce qu'il révèle, il serait injuste de dire qu'on s'y ennuie, l'aventure se laissant suivre sans déplaisir.
En termes d'ambiance, le va-et-vient entre les différents binômes n'est néanmoins pas toujours des plus heureux, en cela qu'il vient parfois briser une atmosphère réussie pour nous emporter dans une autre, parfois moins convaincante. Aussi, on préférera sans aucun doute les pérégrinations de Jill Valentine et de son partenaire Parker sur le paquebot Queen Zenobia à certains flashbacks plus tournés vers l'action, voire même aux apparitions de Chris Redfield, dont la première ne restera d'ailleurs pas dans les annales. Si les passages sur le bateau sont aussi sympathiques, c'est que Capcom a eu l'intelligence de jouer habilement sur la corde sensible de la nostalgie en nous imaginant un navire à l'architecture très similaire à celle du vieux manoir du premier épisode. Pas forcément très crédible il est vrai, mais on ne peut plus efficace, avec les fameuses portes scellées qu attendent la bonne clef, le fusil a pompe accroché au mur qu'il faut trouver un moyen de récupérer, etc. On aura certes du mal à ressentir la peur en parcourant les nombreux couloirs du Queen Zenobia, mais comme sur 3DS, ils réservent cependant de très bons moments aux fans de la première heure, voire même quelques sursauts pour les plus sensibles.
Vils Colins
Après avoir gagné sa renommée grâce aux morts vivants et à quelques mutations génétiques désormais cultes (Hunters, Lickers, araignées géantes et autres boss), le série née de l'imagination de Shinji Mikami a ensuite vu son bestiaire se diversifier avec l'arrivée des parasites géniteurs des los Ganados (Resident Evil 4), des Majini (Resident Evil 5) et enfin des J'Avos du sixième opus. Nouvel épisode, nouveau virus, que l'équipe de développement a choisi de nommer avec beaucoup d'à-propos le T-Abyss. Voilà donc pourquoi le joueur se retrouve face à des créatures au fort relent aquatique, sortes d'évolution bipède et gluante du bâtonnet de colin Igloo. Un choix assez discutable dans la mesure où le bestiaire prend des allures plus Silent Hill-esques qu'autre chose, le côté glauque et dérangeant en moins. Hauts sur jambes mais plutôt longs à la détente (du moins pour ceux qui ne tirent pas), ces monstres au pied marin sont complétés par quelques mutations plus classiques, comme ces loups-zombies ou bien encore les fameux Hunters (dont certains sont même doués d'invisibilité) pour n'en citer que quelques exemples.
Mais en dépit de ce manque d'inspiration dans le design du bestiaire, Resident Evil : Revelations réussit enfin à revenir aux sources d'un genre que la série avait de plus en plus abandonné, celui du survival et de l'exploration. Bien sûr, le lien avec les épisodes plus récents n'est pas brisé, avec un bon lot de séquences linéaires plus tournées vers l'action débridée, mais dans l'ensemble, les passages sur le bateau donnent l'illusion d'une linéarité moins prononcée. Entendons-nous bien cependant, il ne s'agit pas de dire que Revelations propose un environnement ouvert où la liberté est le maître mot, car ce n'est évidemment pas le cas. Mais les différentes salles à arpenter dans le Queen Zenobia, les portes fermées qui obligent (ou pas d'ailleurs, à vous de voir) à revenir plus tard, l'impression de pouvoir aller et venir à sa guise dans l'immense bateau, tout cela rappelle les meilleures heures des volets les plus anciens. L'aspect exploration est même accentué grâce à l'apparition d'un gadget bien pratique appelé le Genesis. Ce scanner high-tech permet en effet de découvrir tout un tas d'items dissimulés dans le décor en passant en vue à la première personne - vue qui n'est d'ailleurs plus accessible en mode tir/visée dans cette adaptation HD.
Servant à soutenir le joueur en lui évitant une pénurie trop rapide en munitions, plantes vertes ou autres grenades, le Genesis est également très utile pour étudier ses adversaires. Quel intérêt me direz-vous ? Un peu à la manière du premier BioShock (où il était possible de photographier ses ennemis), le fait de scanner les monstres croisés et d'atteindre un score de 100% donne droit à un bonus, sous forme d'un item de soin supplémentaire. Si au premier abord on pouvait penser que la générosité de ce système rendrait la tâche un peu trop facile, c'était sans compter sur les affrontements contre les impitoyables boss. Même sans opter pour le tout nouveau mode de difficulté (qui modifie les emplacements des ennemis et des items), ces séquences demandent un minimum de jugeote et un maximum de mobilité. Le premier boss rencontré demande par exemple d'utiliser habilement l'esquive ou le slalom pour éviter les vagues de monstres qui arrivent en soutien, tout en n'oubliant pas de vider ses chargeurs sur lui. Entre les projectiles envoyés, les pièges posés par terre et le manque croissant de munitions, la durée du combat fait rapidement monter le tensiomètre. Les gros affrontements qui suivent sont tout aussi exigeants, et on peut d'ailleurs noter que les boss bénéficient d'un design plutôt réussi.
Valentine de luxe
Plombée par ses lourdeurs de gameplay, il est évident que la série court après la concurrence depuis quelques années maintenant, ayant cherché maladroitement à l'imiter dès RE5, avec notamment l'apparition du strafe et l'ajout d'un horrible mode de couverture. Dernièrement, RE6 tentait le tout pour le tout en permettant (enfin) de se déplacer en visant, mais en persistant avec un système de mise à couvert tout sauf intuitif et une visée approximative. Qu'en est-il donc de Revelations ? Eh bien les développeurs ont opté pour un habile mélange entre les deux derniers volets, pour un résultat encore perfectible, mais finalement plus agréable. Tout d'abord, les déplacements sont entièrement gérés à l'analogique, l'inclinaison du stick gauche décidant de l'allure du personnage principal. Les mouvements sont assez nerveux, malgré des lourdeurs dont ne peut décidément se dépêtrer la franchise, et la visée globalement agréable. On regrette tout de même que cette dernière manque de précision et de vivacité à la manette (même en réglant la sensibilité à son maximum), mais elle n'est jamais frustrante. Il n'en va pas de même pour les déplacements du personnage dans le feu de l'action, tout particulièrement dans les zones étriquées. Entre le retournement rapide trop lent - en plus d'être anachronique - et l'esquive capricieuse et difficile à placer, on en vient à regretter l'absence d'une roulade à la Gears of War pour se donner un peu d'air.
Les sensations de tir restent fidèles à l'héritage Resident Evil, à savoir que l'on retrouve le manque de punch des pistolets de base, puis le sentiment de puissance plus marqué qui vient avec les premières armes automatiques ou le bon vieux fusil à pompe. Chaque arme peut être améliorée grâce à des kits d'upgrade très simples à utiliser que l'on doit équiper via les coffres dédiés - qui font leur grand retour dans cet épisode. En fonction du joujou choisi, le nombre d'emplacements pour ces améliorations varie, et comme le personnage ne peut porter plus de trois armes sur lui (en plus du fidèle couteau), il faut souvent faire des choix cornéliens. Heureusement, il est tout à fait possible de déséquiper les perks utilisées pour les placer ailleurs, ce qui fait que l'on peut toujours renforcer les capacités d'une arme fraîchement acquise. Cette simplification du gameplay se retrouve également dans la gestion de la santé, ou plutôt dans la façon de se soigner. Les plantes vertes sont bien évidemment au menu, mais elles ne s'accompagnent ni de leurs congénères rougeoyantes, ni des célèbres sprays. Inutile également de les combiner pour en accroître les bienfaits, il suffit désormais de presser la touche Y en plein combat pour reprendre des couleurs. Mine de rien, cela permet de dynamiser les phases d'action, en évitant au joueur de devoir passer par un menu contraignant.
On retrouve cet effort d'ergonomie des commandes jusque dans la sélection des armes et types de grenades, que l'on peut choisir à la volée par le biais du pavé directionnel. Classique et même obligatoire de nos jours, il n'y a certes pas de quoi crier au génie, mais il fallait tout de même le noter. Tout n'est cependant pas rose, certaines avancées proposées par les deniers volets sortis n'ayant pas été intégrées. On pense par exemple au sympathique mode coop qui aurait pu donner un rôle plus prépondérant au sidekick composant chaque binôme. Il faut dire que l'IA ne fait pas grand chose pour compenser cette absence de mode deux joueurs. Pas aussi gênante que Sheeva dans le sens où elle ne succombe jamais aux assauts adverses et n'a pas besoin de munitions, elle est hélas totalement inutile. Très certainement équipée de munitions en mousse, il lui faut en effet un nombre de balles excessivement élevé pour venir à bout d'une créature de base, tant et si bien que l'on préférera s'occuper soi-même du monstre plutôt que d'économiser des précieuses munitions. Autre détail qui pourra peut-être en chagriner certains, l'évidente réutilisation de certains décors qui, si cela est entièrement justifié par le scénario, pourrait amener un sentiment de lassitude plus marqué sur consoles de salon et PC, les exigences à ce niveau étant généralement plus élevées que sur portable.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul élément qui trahit l'origine nomade du titre de Capcom. Le découpage en chapitres assez brefs et la structure en épisodes qui se prêtaient totalement à des sessions de jeu courtes surprennent déjà plus sur consoles de salon et PC. Tout comme les fameux "previously on" empruntés aux séries américaines. Non que ces derniers ne soient pas habilement montés, au contraire, mais à moins de se forcer à éviter les parties prolongées, leur présence n'est finalement pas très justifiée. Là où par contre, le coup de peinture fraîche est indéniable, c'est sur l'aspect purement visuel. Il est vrai que Resident Evil : Revelations était déjà une belle performance sur la portable de Nintendo, ce qui a très clairement facilité la tâche des développeurs. Ceci étant dit, au contraire de certains portages HD issus de la génération précédente, on sent ici que l'adaptation HD jeu a fait l'objet d'un soin particulier. La modélisation des personnages est tout à fait correcte, tout comme les effets de lumière, et l'antialiasing fait son travail, pour un rendu global très propre. Hormis la pauvreté de certaines textures dans les environnements extérieurs essentiellement (la plage et les séquences en montagne par exemple), le jeu ne souffre pas de sa transposition sur grand écran. Tout juste peut-on s'étonner de constater que les ralentissements présents pendant les zones de chargement (dans les ascenseurs la plupart du temps) soient toujours d'actualité, même sur PC.
Verdict
Tous les commentaires (37)
Sinon tres bon test, je pense craquer alors qu'a la base j'etais pas chaud :)
Y a-t-il des bonus supplementaires dans cette version HD hormis le mode Raid ? Merci
*placez la dernière phrase de skiwi ici*
Comme je le dis dans le test, les passages sur le bateau sont réussis, car dans l'esprit des premiers RE. L'ambiance est fidèle à la série (donc avec ses moments kitchs) mais certains chapitres sont très en dessous, ludiquement également d'ailleurs. Je ne pensais pas accrocher après m'être essayé à la démo mais j'y ai pris du plaisir, un plaisir un peu nostalgique qui ne prendra sans doute pas avec tout le monde, mais un plaisir bien réel malgré tout. Si tu compares avec le 6 par exemple, les phases sous-marines sont autrement plus réussies dans Revelations (ambiance et gameplay). Par contre, la mise en scène est moins tape-à-l’œil.
Ceci étant dit, je te conseille tout de même de le prendre à un prix plus abordable. Le jeu a beau être divertissant, le proposer quasiment au même prix que les gros jeux triple A, c'est un peu moyen.
Pis la 3D, encore une fois, je ne la vois quasiment pas, je ne l'active JAMAIS.
Sinon je passe pour le jeu. RE ce n'est de toute évidence plus ma came sous cette forme et sous cet angle.
Après je parle plus de l'aspect Next Week sur lequel repose le jeu.
C'est u peu le même principe que les missions sur Luigi et clairement ça casse le rythme sur de longues parties
Blackninja : compte tenu du fait que la jouabilité de la version 3DS quand on n'y ajoute pas l'investissement dans un circle pad pro est tout de même moins agréable, je ne suis pas certain que la version portable soit la meilleure. D'autant qu'en effet, la 3D n'a finalement que peu d'intérêt en général pour la plupart des joueurs (jamais je n'ai pas jouer comme cela plus de 5 minutes sur 360 ou PS3 par exemple). Après, ce qui choque sans doute plus quand on fait le jeu sur consoles de salon ou PC, c'est le comportement de l'IA peu agressif dès qu'il s'agit d'un monstre très mobile (type Hunter ou loup). C'est assez bizarre de les voir gentiment tourner autour de toi à attendre que tu les alignes, tout ça pour compenser la maniabilité pataude de la série (amplifiée sur 3DS classique évidemment). Les boss sont vachement moins indulgents par contre, notamment le dernier, bien tendu avec ses trois phases distinctes. ;)
J'avais pris le collector avec le pad qui est resté sagement dans sa boîte.
La 3DS classique avec un grip c'est le top.
La 3D sur Mario,Zelda, Luigi, Paper c'est quasi obligatoire tout de meme
edit :grillé:
Merci, me citer m'honore!
Sinon, je suis tout d'accord avec la review. Tout d'accord. Même pas une remarque. Tout est vrai...enfin, d'après mon ressenti de la version 3DS.
http://www.jeuxvideo.org/wp-content/uploads/2012/0...
Par contre oui, funomètre totalement plat pour moi aussi. Limite je me ferais moins chier sur FIFA; c'est dire.
Par contre, sur le gameplay, là, je ne reviens pas dessus : naze. Ton allié qui reste comme une moule au milieu du passage, qui se fait complètement ignoré par les streums... je me suis amusé dans plusieurs salles à tourner en rond autour d'un obstacle avec le streum qui me poursuit comme un benêt pendant que l'autre lui tire quelques balles à chaque passage, on dirait du Benny Hill.
Quand on tire sur les ennemis, il n'y a pas de physique. Il suffit de butter deux gars aux shotgun pour voir de magnifiques animations de morts parfaitement synchronisées. On a des héros qui trottinent alors qu'ils doivent échapper à des monstres. Et des scènes qui sont tout de mêmes bien ridicules genre Chris blessé à la jambe qui résiste au pistolet à une vingtaine de loup (heureusement, ils ont tendance à attendre leur tour pour mordre). Et moi qui suit plutôt du genre impressionnable, là, bah rien.
Je veux bien croire que l'expérience passe bien sur une 3DS mais sur console de salon, franchement, quand je compare ça à Dead Space 3 que je trouve pourtant décevant par rapport aux précédents, ce n'est pas un simple écart, c'est un gouffre.