Il faut bien l'avouer, les jeux tirant parti du Playstation Move ne se bousculent pas vraiment au portillon. Annoncé pendant l'E3 il y a maintenant deux ans, Sorcery avait ensuite mystérieusement disparu des plannings, mais le voilà qui refait surface juste à temps pour sa sortie en magasin, le 23 mai. Un tour de prestidigitation qui inciterait presque à la méfiance, tant on se rappelle encore de notre douloureuse expérience "gamer" avec Kinect Star Wars chez Microsoft. Oui mais voilà, le jeu de The Workshop édité par Sony n'a, lui, jamais prétendu cibler les joueurs hardcore que nous sommes. Au delà des préjugés, il se rapproche pourtant du jeu "classique" tel que nous le connaissons, et si ce n'est sa thématique, rien en apparence ne le destine obligatoirement au seul jeune public. Mais pour savoir si la magie aura une chance d'opérer pour vous, il vous faudra d'abord passer par la case review.
Jeune apprenti sorcier un peu pressé d'exercer ses talents à la baguette, Finn commet une monumentale erreur. Tout commence pourtant par une simple corvée, reçue suite à une énième bévue du héros en devenir. Puni pour avoir fait usage de la magie, il profite de l'absence de Dash, son mentor, pour mettre la main sur une baguette dont les pouvoirs se limitent au départ à la magie d'éclairs, de terre et de télékinésie. Au cours de l'aventure, de nouvelles techniques viendront étoffer les aptitudes du jeune Finn, comme la possibilité de se protéger derrière un bouclier, d'utiliser celui-ci pour repousser les créatures ennemies (ou briser certains murs), ou encore l'apprentissage de nouveaux sorts (terre, vent, feu, glace, etc.). Accompagné d'Erline, une chatte blanche aussi moqueuse qu'attachante, Finn va malheureusement se retrouver impliqué dans une véritable épopée. Lorsque, par erreur, il met à jour le secret entourant l'identité de son amie, l'apprenti sorcier se voit confier la lourde tâche de la protéger. Les forces du mal lancées à la recherche de la mystérieuse Erline ne tardent donc pas à venir troubler la petite vie paisible du sympathique et attachant duo. Allez hop, on y va ! En route pour l'aventure !
Dès le départ, il semble clair que le propos même du jeu semble s'adresser aux jeunes adolescents avant tout. Cela n'empêche cependant pas certains niveaux de proposer une ambiance plus inquiétante, comme un aveu de la volonté légitime d'élargir au maximum le public visé. Que les choses soient claires, il n'est point question ici de dépeindre un monde à la noirceur palpable, où le joueur avance la peur au ventre. Non, Sorcery se veut tout de même bien plus léger, pensé dans un esprit similaire à celui de Fable, qui, en dépit d'un propos parfois sérieux, prenait les atours d'un jeu à l'apparence plus naïve. Mais en dépit d'un traitement plus féerique que les classiques du fantastique pour adultes, Sorcery a le bon goût de ne pas proposer des mécaniques de jeu au rabais, ou une difficulté aux abonnés absents. Le titre de The Workshop requiert donc tout autant de réflexes que n'importe quel autre "vrai" jeu, avec une réelle importance de l'esquive, du bouclier ou des combinaisons de sorts. Autant vous dire que le joueur confirmé qui penserait que l'aventure est une véritable promenade de santé n'est pas au bout de ses peines, particulièrement lors de certains passages.
Il ne faut bien sûr pas s'attendre à un challenge et une profondeur de jeu digne du premier Ninja Gaiden, le but n'étant pas ici d'attirer le hardcore gamer en manque de sensations. L'utilisation du Playstation Move se pose d'ailleurs comme garant de cela, en ouvrant donc le jeu au mésestimé public amateur des contrôleurs de mouvements. Armé du bâton de joie de Sony et de sa manette de navigation (ou d'un simple pad PS3), le joueur est libre de se déplacer comme bon lui semble, tout en agitant la main droite pour lancer des sorts. Il est possible de viser les différentes zones de l'écran, devant soi, sur les côtés ou encore en hauteur, et même de donner un effet aux trajectoires de tirs en donnant un léger coup de poignet. Un dernier mouvement pratique pour atteindre les ennemis cachés à l'abri du décor, mais que le PS Move peine à reconnaître. Sans être d'une précision phénoménale, la visée fonctionne correctement dans l'ensemble, et le passage d'un sort à un autre dans le feu de l'action ne pose aucun problème particulier. Bonne nouvelle, la caméra est gérée de manière totalement automatique, ce qui évite des manipulations compliquées pour la maintenir en place. En contrepartie, il arrive parfois que l'angle de vue proposé ne soit pas des plus pratiques, essentiellement lorsque Finn explore les environs et revient brusquement sur ses pas. Un peu agaçant certes, mais jamais pénalisant puisqu'il est possible de recentrer la caméra en appuyant sur L1.
Les combats demandent ce qu'il faut de jugeote pour être intéressants, puisque certains ennemis obligent Finn à se débarrasser de leur bouclier à l'aide d'un sort de terre, avant de pouvoir les toucher mortellement. D'autres ne peuvent être tués que par un type précis de sort, ce qui amène logiquement à jongler entre les différents pouvoirs en pleine bataille. Le décor peut aussi parfois être d'un grand secours, comme ces brasiers que l'on peut utiliser pour transformer les éclairs en boules de feu, ou ces courants d'air qui, une fois combinés à un sort de feu, peuvent s'avérer bien pratiques. Les rencontres régulières avec des boss rythment bien sûr la progression, chacun demandant une technique particulière pour en venir à bout. Dans les deux premiers niveaux de difficulté, ces derniers tombent assez rapidement, mais dans les deux suivants, il en est tout autrement. La magie autorise également quelques interactions avec les éléments du décor, comme les cascades d'eau que l'on peut geler sur place pour créer un pont, ou les mécanismes à actionner avec l'un des sorts dont Finn dispose. Des séquences qui offrent un peu de répit entre deux vagues massives de monstres.
Dans la grande tradition des jeux d'action/aventure, Finn et Erline rencontrent régulièrement sur leur route un marchand ambulant qui est toujours heureux de racheter les divers objets ramassés. En récoltant (ou en achetant) des ingrédients, il est possible d'améliorer ses compétences en concoctant des potions dont il faudra trouver les formules (à force d'essais et de combinaisons). Le détecteur de mouvements de Sony est alors une nouvelle fois mis à contribution, passant de l'état de baguette magique à celui, entre autres, de spatule d'alchimie. Les potions créées (ou ramassées) devront également être secouées (pour éviter que la pulpe, elle reste au fond), avant que le joueur puisse les boire en effectuant le mouvement correspondant. Parmi tous ces breuvages étranges, il en est même un qui permet de transformer Finn en animal, le temps d'atteindre une zone autrement inaccessible. Autre utilisation du Playstation Move, certaines portes nécessitent l'utilisation de clefs (ou de gemmes) qu'il faudra assez logiquement placer correctement et actionner en effectuant le geste adéquat. Au final, qu'il s'agisse des combats ou des autres interactions, le contrôleur de mouvements s'intègre tout naturellement, sans jamais devenir contraignant.
Visuellement, Sorcery surprend très agréablement, avec ses décors plutôt inspirés, dont chacun parvient à dégager une ambiance particulière. Des tombeaux brumeux et inquiétants de Lochbarrow à la petite ville d'Ordale, en passant par les ruines majestueuses de l'escalier sans fin, chaque tableau atteste d'une direction artistique de qualité. La beauté des environnements traversés participe d'ailleurs entièrement au plaisir de jeu et ajoute aussi beaucoup au sentiment d'immersion. Alors que les premières minutes du jeu pouvaient laisser craindre un certain manque de personnalité, l'univers créé par The Workshop prend tout son sens à mesure que le joueur progresse. Bercé par les musiques très celtiques de la bande originale du jeu, il devient même difficile de lâcher la manette, tant l'envie de poursuivre l'aventure se fait grande. Pourtant, côté personnages (amis comme ennemis), la déception est de mise, à commencer par le héros Finn, dont la modélisation s'avère quelque peu décevante. Un visage loin d'être charismatique, un style vestimentaire assez médiocre, s'il peut encore faire illusion pendant les (jolies) cinématiques présentées sous la forme de planches à dessin, il n'en va pas de même une fois en jeu.
Mais le plus gros écueil sur lequel notre apprenti sorcier se heurte violemment, c'est sur le plan de l'animation et du framerate... Les mouvements du héros manquent en effet un peu de naturel, avec des déplacements assez brusques dans l'ensemble, et l'impression que le personnage glisse plus qu'il ne court. À ceci, il faut également ajouter un manque de souplesse dû, entre autres, aux collisions parfois hasardeuses avec le décor. Il faut dire que la caméra ne fait pas toujours tout ce qu'il faut pour donner le meilleur angle de vue, et ce n'est pas le recadrage via la touche L1 qui pourra forcément arranger les choses. Plus problématique, le framerate, déjà relativement moyen à la base, est mis à mal assez régulièrement, certains combats un peu animés pouvant même le mettre quasiment à genoux. Tout cela est d'autant plus dommage que cela vient quelque peu ternir l'excellent travail sur l'aspect graphique du titre, tant et si bien que l'on pourrait finir par croire que cette version finale est en fait un code preview. Fort heureusement, la jouabilité ne souffre par de ces errances techniques, ce qui incite à passer outre pour se concentrer sur tout ce que le jeu a à offrir de bon.
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Bref, merci encore, et de mon côté, je me mets à l'affût du jeu à bon prix!
Merci pour cette nouvelle chouette review, ça fait plaisir de voir un jeu Move aussi soigné :)
Je me laisserai bien tenter ;)