Ron Gilbert, pour les vieux de la vieille, c'est avant tout le génial créateur des incroyables séries Maniac Mansion et Monkey Island. Pour les plus jeunes, c'est également l'homme à l'origine de DeathSpank, un joyeux défouloir sorti sur le Xbox Live Arcade et le Playstation Network, un titre qui partageait avec ses grand frères un penchant très net pour l'humour et le burlesque. Deux ans et demi plus tard, voici enfin la nouvelle perle du papa du SCUMM : The Cave. C'est dans ce mélange entre réflexion, exploration et narration que nous avons plongé le temps de nous forger un verdict solide comme le roc voisin des spéléologues de l'étrange. Verdict et vidéos à l'intérieur évidemment.
Note : Même si nos vidéos montrent le moins possible de choses, on vous conseille évidemment de les éviter si vous comptez acquérir le jeu.
The Cave, c'est avant tout un personnage et narrateur aussi caustique que la soude du même nom. C'est lui, ou plutôt elle, puisque cette voix masculine est celle d'une grotte, qui accompagne trois aventuriers obligés de se serrer les coudes pour parvenir à réaliser leur rêve. L'histoire d'un groupe soudé par la force des choses, dont chaque membre possède une aptitude particulière et une raison d'être là. Tout commence par la sélection du trio de votre choix parmi un total de sept personnages tous très différents : un chevalier en armure, un plouc de la campagne, une aventurière, une scientifique, une amatrice des voyages dans le temps, deux enfants, et enfin un moine bouddhiste . Voilà ce qu'on appelle un casting des plus incongrus vous en conviendrez. Si le début de l'aventure est le même pour tous (on vous demandera de récupérer trois articles de la boutique cadeau de la Grotte avant que les choses sérieuses ne commencent vraiment), les niveaux traversés ensuite dépendent en partie des personnages que vous avez choisis. En effet, le jeu s'articule autour d'une succession de zones, dont certaines sont dédiées à un personnage en particulier, ce qui donne l'occasion de découvrir la personnalité bien tordue des différents protagonistes. La Grotte vous suit bien évidemment dans vos pérégrinations, n'hésitant pas à lâcher quelques commentaires bien savoureux (en version originale sous-titrée) en fonction de vos actions et au fur et à mesure de votre progression.
Mention maniaque
Si dit comme cela, on aurait pu croire que la durée de vie ne vaudrait pas tripette, c'était sans compter sur l'imagination fertile de Gilbert qui nous livre ici des énigmes dignes d'un point'n click, à ceci près qu'elles n'atteignent tout de même pas le loufoque illogique de celles auxquelles le sieur Threepwood s'était frotté. Il s'agit donc d'abord de bien explorer les environs, de repérer les objets qu'il est possible de ramasser (chaque personnage ne pouvant en porter qu'un seul) et d'essayer de comprendre ce que l'on attend de vous. Les choses sont bien sûr assez abordables au tout départ, mais le jeu demande néanmoins de réfléchir un minimum, aucun tutoriel n'étant proposé pour vous prendre par la main. Si retrouver les trois articles de la boutique de souvenir se fera en deux temps trois mouvements, croyez bien qu'il en sera tout autrement une fois parvenu dans le manoir des jumeaux, ou quand il vous faudra jongler entre les époques pour résoudre les énigmes liées à la voyageuse dans le temps. C'est évidemment la coopération entre les trois personnages qui permet de venir à bout des situations les plus inextricables, et en cela The Cave rappelle bien évidemment The Lost Vikings.
À la manière de l'excellent jeu de plateforme/réflexion de ceux qui allaient plus tard devenir Blizzard Entertainment, il ne faut pas hésiter à user des capacités spéciales du trio pour avancer dans les niveaux - ce qui implique que certains passages peuvent être résolus de plusieurs manières. L'aventurière utilise un grappin bien pratique dans la pyramide égyptienne qu'elle traverse à l'occasion de son niveau dédié, le paysan plouc peut créer une bulle d'air autour de sa tête pour respirer sous l'eau, les enfants, une sorte de fantôme d'eux-mêmes capable de maintenir un mécanisme enclenché, etc. Malgré l'absence de tutoriel, tout se fait très naturellement après quelques tâtonnements : le bouton Y (ou triangle) permet d'user de cette fameuse capacité spéciale tandis que le bouton A (la croix sur PS3) est assigné au saut et la touche X (carré) à l'activation des mécanismes et/ou le ramassage d'objets. Le pavé directionnel est quant à lui dédié au switch entre les personnages, puisqu'il ne sera pas rare de devoir les faire travailler de concert pour avancer. Des peintures dévoilant le sombre passé de votre petite bande sont dissimulées un peu partout, et à mesure que l'on progresse dans le jeu, on réalise assez vite que le casting de départ n'a rien d'aléatoire et que tous partagent les mêmes envies meurtrières à l'égard de leurs proches.
Murder Ballads*
Parce que The Cave marie habilement les joies d'un platformer avec celles du jeu d'aventure à l'ancienne où l'on doit comprendre quels objets utiliser et dans quelles conditions, le jeu est tout sauf statique et répétitif. Les puzzles font toujours appel à des situations différentes, tantôt pensés pour la coopération, tantôt plus tournés vers l'un ou l'autre des personnages. Jamais évidents au point de rendre le challenge inintéressant, jamais tordus jusqu'à transformer le titre de Ron Gilbert en séance de torture, le sentiment d'accomplissement ressenti à chaque victoire est bien réel, un vrai plaisir jubilatoire qui fait aussi écho aux temps anciens des jeux point'n click. Pour ne rien gâcher, l'ambiance du titre est toujours très soignée, celle-ci oscillant entre macabre et humour drolatique qui ne dépareillerait pas chez un certain Burton. Difficile en effet de ne pas penser au réalisateur américain en découvrant les deux jumeaux, ces enfants terribles élevés dans un manoir gothique dont la version délabrée de la Grotte reflète le psyché torturé des deux bambins. Comme nous le disions précédemment, The Cave mise aussi sur un narrateur cynique, assez bavard, mais jamais envahissant, comme si chacune de ses interventions était minutée et calculée pour faire mouche.
Graphiquement, le jeu de Ron Gilbert arbore une direction artistique maitrisée qui, en dépit de graphismes 3D, propose un rendu tout aussi cartoon que les séries cultes de ce grand monsieur. Les jeux d'ombre et de lumière participent beaucoup à l'atmosphère singulière du titre, et ceux qui pourraient craindre une certaine redondance des environnements peuvent se rassurer, cette fameuse Grotte n'est pas à quelques entorses à la réalité prêtes pour mettre en scène des décors aussi variés qu'un château médiéval ou une jungle préhistorique. Côté animations, rien de particulièrement exceptionnel, mais un rendu qui rappelle parfois l'animation de pâte à modeler image par image et qui donne finalement un cachet supplémentaire à The Cave. Les déplacements sont rapides et nerveux et on ne note aucun souci de jouabilité, mais quelques ralentissements peuvent cependant survenir de temps à autre sur Xbox 360. Nous aurons accès dès demain à la version PC et nous ne manquerons pas de mettre à jour l'article pour préciser ce qu'il en est sur ce support. Ceci étant dit, ces petites baisses de framerate ne sont jamais préjudiciables, dans le sens où elles n'affectent jamais le gameplay lui-même.
Une jouabilité sans accroc donc, même si on aurait aimé pouvoir rassembler les trois personnages dispersés en un seul clic pour éviter de multiplier les trajets identiques ou les allers-retours. Les 3 protagonistes se suivent bien parfois, mais cela arrive essentiellement lorsque l'on quitte une zone de jeu pour rejoindre la suivante, ce qui implique qu'il faille bien souvent les déplacer manuellement. Un léger bémol qui aurait pu n'être qu'un mauvais souvenir si le jeu avait proposé de partager l'expérience en ligne, mais ce n'est hélas pas le cas et il faudra vous contenter d'un mode coopératif en local (sans écran splitté, ce qui oblige à jouer chacun à son tour lorsque l'on se sépare). Au delà de ces quelques réserves, le plaisir reste optimal, que vous soyez amateur de jeux d'aventure ou non. L'expérience de jeu est d'ailleurs d'autant plus agréable que la mort est interdite dans la Grotte - ou du moins elle n'est pas punitive puisque votre personnage réapparaît quelques mètres plus loin après une mauvaise chute.
Tous les commentaires (16)
Aller, dans la besace!
Bon tanpis je jouerais en solo en tout cas moi ça me donne grave envie \o/
Après je ne sais pas trop sur quelle plateforme le prendre,merci pour cette review !
8+ chez Gk
15/20 coup de coeur chez jv.com
8/10 chez jv.fr
7/10 chez eurogamer
7.9/10 chez ign
8/10 chez videogamer
La démo est dispo ? Flemme d'allumer la console...