Si les locomotives du jeu de rôle occidental semblent quelque peu avoir déraillé ces dernières années, les fans du genre ont adopté de nouveaux champions compensant des moyens modestes par un amour immodéré des standards d’antan. Pillars of Eternity, Tyranny ou autres Divinity se sont ainsi trouvés un public fidèle et le studio Owlcat Games, en charge d’adapter la licence Pathfinder, compte bien en faire autant avec ce second opus baptisé Pathfinder: Wrath of the Righteous. Faute de temps pour véritablement tester une expérience de cette envergure, nous vous proposons simplement nos impressions s’appuyant sur les premières heures de jeu ce qui, espérons-le, vous donnera un aperçu utile de ce titre par ailleurs bien accueilli par la critique.
Note : Les versions PS4 et Xbox One arriveront normalement en mars 2022.
Comme beaucoup d'univers heroic-fantasy, Pathfinder possède un background particulièrement riche et intriqué qui situe l'intrigue de Wrath of the Righteous dans une longue continuité digne du 10 648ème épisode des Feux de l'Amour. Néanmoins, les événements de départ sont suffisamment simplifiés pour prendre le train en marche. Votre personnage vient de débarquer dans Kénabres, une vaste cité fortifiée qui constitue depuis plusieurs siècles un rempart inébranlable contre les forces démoniques, protégée par un dragon ancestral et une Pierre de garde mystique. Pourtant, un assaut surprise des troupes abyssales parvient à balayer ces défenses en quelques minutes. La ville devient un vaste champ de bataille dans lequel vous devrez survivre avant d'aider la résistance qui s'organise, sans oublier de… suivre vos propres objectifs.
Car Pathfinder revendique fièrement sa dimension roleplay et ce dès la création de votre avatar. Si les impatients se tourneront vers les 5-6 archétypes préconçus, d'autres passeront des heures à peaufiner leur personnage, fouillant parmi les 25 classes disponibles, les spécialisations, les races, les origines, les religions, les dons, l'alignement moral, les statistiques ajustables ou les familiers pour façonner "leur" héro. Et cette vertigineuse profusion de variables ne se contente pas d'affecter les affrontements, elle impacte aussi les très nombreuses conversations, ouvrant de nouvelles réponses, des réactions décalées ou une vision perspicace de situations équivoques. Soyons clair, la narration est LE point fort du jeu. L'écriture est bonne, la traduction (écrite) française d'excellente facture, les personnages (qu'il s'agisse de PNJ ou de compagnons) sont complexes, originaux, multipliant souvent les facettes qui peuvent les rendre aussi attachants qu'irritants. On s'immerge progressivement dans la mythologie de cet univers qui, sans se départir d'un certain classicisme, n'en demeure pas moins prenante. Derrière la quête principale relativement manichéenne se cachent de nombreuses missions secondaires plus subtiles, abordant des sujets de société et des questionnements personnels, souvent avec une approche ouvertement progressiste. Et bien sûr, vous pourrez influencer le cours des événements par vos choix tout au long de l'aventure.
Malgré des moyens limités, le studio Owlcat nous offre un monde agréable à explorer. On reste sur une vue aérienne du champ de bataille, avec un zoom limité qui camoufle la simplicité de certains modèles (ce sont d'ailleurs des illustrations qui servent lors des dialogues). Néanmoins, les environnements 3D sont plutôt réussis avec la possibilité de faire pivoter la caméra pour profiter des architectures. Les créatures rencontrées offrent une belle variété et malgré des animations souvent basiques, les affrontements profitent d'effets visuels prononcés qui dynamisent l'action. Les musiques collent bien à l'ambiance du jeu et les doublages ponctuels (en anglais) s'avèrent de bonne facture. Pour les nostalgiques de l’ère Baldur's Gate, cela suffit largement à s'immerger efficacement dans le monde. Un monde qui offrent d'ailleurs quelques interactions sympathiques lors des phases d'exploration, comme le désamorçage de pièges, l'activation de raccourcis ou l'utilisation d'éléments du décors. Les choses se complexifient cependant lorsque l'on en vient aux combats.
Les affrontements reprennent le classique système de la pause active dont j'avoue ne pas être spécialement fan. Je m'en accommode sur des titres comme Dragon Age ou Divinity ayant une approche relativement permissive, mais Pathfinder applique de façon stricte les règles complexes de son équivalent papier (pour rappel, une version customisée de la version 3.5 de Donjons & Dragons). D'un coté, cela apporte une profondeur considérable avec une multitude de sorts intéressants, d'effets modificateurs à prendre en compte, de timing précis et d'utilisations limitées par "jour". De l'autre, cela donne une action très "statistique" où l'on est à la merci de lancés de dès ratés, où les actions urgentes ne sont pas immédiates, où il y a une certaine approximation sur les déplacements, où il faut établir un camp pour se reposer et "recharger" les sorts. Les fans de la licence seront certainement aux anges, malgré quelques soucis de pathfinding dans les environnements étroits (pour un jeu qui s'appelle Pathfinder, c'est dommage…). Les autres seront sans doute moins convaincus. La bonne nouvelle, c'est qu'à l'instar de nombreux éléments paramétrables, il est parfaitement possible d'ajuster la difficulté pour expédier les combats et se focaliser sur l'excellente narration. Reste une dimension gestion de troupes dans la veine d'un Heroes of Might and Magic que je n'ai malheureusement pu essayer, non pas faute de te temps, mais à cause de ce qui ressemble fortement à un bug de la quête principale. Que les traumatisés du lancement de Pathfinder Kingmaker se rassurent, ce second opus profite d'une bien meilleur finition, mais les accidents restent possibles.
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