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Longtemps réservés aux seuls joueurs Playstation, les jeux Quantic Dream sortis pendant les ères PS3 et PS4 arrivent au compte-gouttes sur PC, avec un rendu évidemment plus fin qu'à leur sortie initiale. Nous vous proposons de vous replonger dans l'univers de Beyond: Two Souls imaginé par David Cage le temps d'une review et de quelques vidéos en 4K/60fps.

David Soul

Avec la sortie de la démo de Heavy Rain sur l'Epic Store, vous êtes peut-être déjà nombreux à avoir pu vous essayer à l'un des titres du catalogue Playstation de David Cage et de son équipe. Attention cependant, car Beyond : Two Souls s'éloigne assez nettement de la façon qu'avait eu le studio d'appréhender les mécaniques de jeu dans Heavy Rain. Inutile de vous voiler la face cependant, si le parti pris ludique de Quantic Dream vous a toujours laissé froid, il y a peu de chance que ce portage PC du jeu mettant en scène Ellen Page soit plus apte à vous convaincre, et ce même s'il se veut plus fluide et plus agréable dans sa mise en œuvre. En se libérant des contrôles maladroits et peu intuitifs de Heavy Rain, Beyond gagne en effet en plaisir de jeu, grâce à des déplacements plus naturels – bien qu'encore soumis à une inertie parfois déroutante. Même si les interactions "inutiles" s'avèrent clairement moins nombreuses qu'auparavant, elles n'ont pas pour autant totalement disparu et apportent indéniablement plus de crédibilité au monde imaginé par David Cage. Des petits riens qui ne sont certes pas des plus élaborés au niveau du gameplay, mais qui permettent néanmoins de rendre le jeu plus immersif et les personnages plus humains.

Beaucoup continueront évidemment d'y voir un simple enchaînement d'actions contextuelles et de QTE, mais l'affichage étant devenu largement moins intrusif que dans les précédentes productions du studio, on profite pleinement de ce qui se passe à l'écran. Le jeu donne malgré tout l'impression d'un dirigisme excessif par moments, les angles de caméra du réalisateur guidant fermement le joueur jusqu'au morceau de narration suivant. On reste également toujours cloisonné à des décors où la liberté de mouvements est limitée, mais à partir du moment où l'on embrasse pleinement la vision de Quantic Dream, cela ne vient jamais perturber l'expérience de jeu. Loin de la liberté avant-gardiste d'un Nomad Souls, Beyond cherche avant tout à conter une histoire, ce qui implique automatiquement d'encadrer le joueur un minimum. Certains s'entêteront à n'y voir qu'un simple film interactif, mais après tout, c'était aussi la voie choisie par le pourtant très plébiscité The Walking Dead, qui suivait finalement le chemin que Quantic Dream avait commencé à tracer en 2005 avec Fahrenheit. La question était donc de savoir si le studio français parviendrait à créer un attachement aussi fort à ses personnages, en impliquant le joueur dans la narration de manière aussi marquante que dans le titre de Telltale.

Physique Quantic

Pour ce faire, David Cage n'a pas lésiné sur les moyens, en s'offrant pour commencer les services de pointures du cinéma comme Ellen Page et Willem Dafoe, mais en affinant aussi encore plus les techniques de rendu et de motion capture. De ce côté, les détracteurs du studio auront plus de mal à trouver les arguments recevables pour critiquer la performance visuelle, le travail sur les visages étant tout bonnement incroyable pour l'époque de sa sortie. Souvent moqué par les anti-Cage, le syndrome de l'uncanny valley dont souffrait beaucoup Heavy Rain n'est plus qu'un lointain souvenir la majeure partie du temps. Non seulement les acteurs principaux sont reconnaissables au premier coup d’œil, mais leur regard n'a rien perdu en expressivité, affichant une palette de sentiments variés et crédibles. Le fameux photo-réalisme dont on parle pourtant un peu moins à l'heure actuelle est donc largement atteint, avec des plans qui mettent les personnages à leur avantage grâce à des effets spéciaux de qualité et des textures qui semblent encore plus détaillées dans cette version PC poussée en 4K. Des vêtements des protagonistes (on croirait presque que le bonnet d'enfant de la jeune Jodie est fait de laine et non de polygones texturés) aux effets météorologiques (la neige comme la pluie tombent superbement sur les décors), tout bénéficie d'un tel soin que chaque chapitre dégage une atmosphère particulière dont on se souviendra longtemps une fois la console éteinte.

PC oblige, on peut également oublier les menus défauts qui entachaient quelque peu le titre de Quantic Dream sur Playstation 3, comme l'aliasing, encore plus discret, le framerate imperturbable à 60 fps, ou le pop-up moins invasif en extérieur à priori. Les plus chipoteurs remarqueront sans doute toujours que certains visages de personnages secondaires sont un peu moins réussis que d'autres, mais dans sa globalité, la partie technique est encore digne d'éloges. On l'avait déjà souligné, mais la partie vocale n'est pas en reste, dans la version originale en anglais (jouable avec des sous-titres français pour les puristes de la performance d'acteur) comme dans la langue de Molière. Il ne pouvait en être autrement dans un titre qui mise avant tout sur son histoire et sur les émotions du joueur, mais on insiste encore une fois sur le fait que l'excellent jeu des acteurs est admirablement soutenu par la partie graphique, et que c'est ce tout cohérent qui rend l'aventure si immersive. La bande originale du célèbre Hanz Zimmer s'ajoute évidemment à tout cela pour faire du jeu de Quantic Dream une vraie expérience cinématographique interactive.

Une belle Page de l'histoire Playstation sur PC

Après ce petit interlude technico-geek, il est grand temps de revenir au jeu lui-même et à ce qu'il transmet au joueur. Là où la narration et le scénario d'Heavy Rain avaient parfois reçu de vives critiques, l'histoire de Beyond : Two Souls dépasse toutes nos espérances en livrant un jeu émotionnellement éprouvant que l'on ne veut absolument pas lâcher avant d'atteindre l'un des 23 dénouements possibles (le générique de fin ne survenant qu'après 10 à 12 heures de jeu d'après nos estimations). The Walking Dead était brillamment parvenu à rendre ses personnages attachants en nous plaçant à leurs côtés suffisamment longtemps pour que l'empathie s'invite chez nous autres joueurs ; or, de par sa narration déstructurée qui nous livre des morceaux de la vie de Jodie Holmes comme les pièces d'un puzzle que l'on assemble dans le désordre, Beyond courait le risque de centrer toute notre attention sur sa seule héroïne, au détriment des personnages secondaires. Il n'en est heureusement rien, et quel que soit le temps passé à leur côté, toutes les âmes errantes que Jodie croise dégagent immédiatement quelque chose. On peste donc contre ces adolescents stupides, on déteste ceux qui essaient de faire du mal à notre héroïne, on s'émeut de l'histoire difficile des autres. Tout un panel d'émotions qui ira crescendo du début à la fin, malgré quelques scènes un peu convenues il est vrai.

On entend déjà certains reprocher un certain classicisme dans le caractère de quelques uns des personnages rencontrés, mais il n'en est pourtant rien. Chacun possède en effet un passé dont l'éventuelle banalité apparente nous renvoie directement à un référentiel connu, qui nous touche donc d'autant plus par son aspect familier. Il y a dans ces bribes de vie vécues par le biais d'événements joués ou narrés un peu de chacun d'entre nous, à un moment ou à un autre de notre parcours. Il y a bien quelques scènes que l'on aurait souhaité plus longues, ou traitées avec plus d'audace, mais la qualité de l'histoire est telle qu'il est impossible d'en tenir rigueur à Quantic Dream pour si peu. David Cage livre donc ici un scénario à la hauteur de ses deux têtes d'affiche, sorte de rencontre improbable entre tous les titres issus du studio français, sans les petites incohérences et erreurs de jeunesse du passé. Le rythme très bien dosé entre les différents chapitres est également à souligner, tant on sait à quel point il est délicat de raconter une histoire captivante pendant une dizaine d'heures. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Beyond, comme Heavy Rain et Fahrenheit avant lui, c'est avant tout le jeu d'une histoire qui se conte seconde après seconde, sans que jamais la narration ne s'efface quand le joueur est aux commandes des événements.

Sens dessus deux souls

Quoi de plus normal dans un titre où chacun vivra une aventure qui lui est propre, où les choix et les actions des joueurs varieront selon leur sensibilité. Car en dépit de l'impression biaisée de linéarité de l'histoire, ne vous y trompez pas, Beyond ne racontera pas exactement la même chose pour tout le monde. Le déroulement des scènes pourra en effet changer assez radicalement, ce qui n'a pas manqué de nous surprendre lorsque nous en avons parlé entre nous une fois le jeu terminé. Les différences sont parfois subtiles, l'issue de certaines scènes ne varie évidemment pas à chaque fois, mais l'investissement reste total pour qui se laisse porter par l'expérience. Et c'est bien là que se trouve toute la problématique d'un titre comme Beyond : Two Souls, dans cet éternel débat sur la définition même du jeu vidéo. Plutôt que de nous y soustraire et de tenter vainement de rappeler que le spectre du medium est bien plus large que ce que certains voudraient le penser, nous préférons vous dire que, de la même façon que l'on peut rester totalement insensible aux jeux de stratégie ou aux simulations automobile, on peut également ne pas adhérer à la vision de Quantic Dream. Faut-il pour autant minimiser l'aspect ludique de Beyond ? Nous ne le pensons pas, car s'il fait les choses différemment, il reste malgré tout un jeu où la narration même devient gameplay par le biais d'interactions diverses pensées pour donner le contrôle de l'histoire au joueur.

S'il ne fait aucun doute que le jeu de David Cage et son équipe nous a transporté du début à la fin, nous ne pouvons clore cet article sans vous expliquer à quel point cette dizaine d'heures passées aux côtés de Jodie Holmes nous aura marqués. En la suivant de son enfance à l'âge adulte, en affrontant avec elle les épreuves d'une existence aussi exceptionnelle que compliquée, nous avons peut-être fait pour la première fois dans un jeu vidéo ce que l'on appelle tout simplement une jolie rencontre, de celles que l'on aura du mal à oublier. À la manière du cinéma ou même de la télévision et de ses séries, nous sommes ressortis de Beyond : Two Souls avec cette impression d'avoir côtoyé un véritable être humain, avec ses faiblesses, ses défauts et ses qualités. La présence d'une actrice de chair et d'os comme Ellen Page n'est évidemment pas étrangère à ce sentiment, nous en sommes parfaitement conscients. Mais encore une fois, sans cet étonnant travail de modélisation des visages, sans l'impressionnante technologie d'animation faciale utilisée ici, l'illusion n'aurait jamais pu être aussi parfaite. David Cage nous l'avait dit, son espérance était de réussir à laisser en chacun de nous le vide de l'absence une fois l'aventure terminée. Il a finalement fait encore plus à nos yeux, en nous donnant tout simplement envie de passer un peu plus de temps avec Jodie, à explorer tout l'éventail de possibilités narratives qu'offre le jeu. Un bien beau cadeau dans un genre qui, malgré l'utilisation de multiples embranchements, n'invite pas toujours le joueur à se relancer dans une nouvelle partie.

Verdict


Véritable coup de cœur de la rédaction à sa sortie, Beyond : Two Souls est sans nul doute l'un des titres à vocation narrative qui nous aura marqué le plus sur la génération précédente. Alors que la Playstation 3 s'apprêtait enfin à passer le flambeau, l'audace des développeurs de Quantic Dream leur avaient permis de signer une œuvre majeure qui aura su profondément toucher une bonne partie de ceux qui s'y étaient essayé. Qu'il s'agisse de sa narration, de la performance technique à sa sortie, de la justesse de tous les acteurs ou même des mécaniques de jeu elles-mêmes, Beyond va bien au delà de Heavy Rain. Oh bien sûr, tout n'est pas parfait, mais plutôt que de vous énumérer les failles objectives de Beyond, ce que d'autres se sont de toute façon fait un plaisir de faire pour nous depuis, nous avons décidé d'assumer notre subjectivité et de continuer de nous laisser porter par notre enthousiasme. Ce n'est certes pas avec ce nouveau jeu que David Cage sera parvenu à remporter tous les suffrages, tout particulièrement auprès des hardcore gamers, mais si vous n'avez jamais eu l'occasion d'y jouer et que vous avez l'esprit suffisamment ouvert pour accepter l'invitation, vous ne le regretterez pas. On vous conseille donc de savourer cette rencontre avec Jodie Holmes, de prendre votre temps, et de surtout vous laisser porter par vos choix et vos émotions, le tout en 60 fps et en 4K si possible !
  • Les plus
  • La meilleure version de Beyond Two Souls
  • 4K/60fps
  • Comme sur PS4, choix entre la narration originale et l'ordre chronologique
  • Une histoire que l'on prend plaisir à suivre
  • Aiden amène une "liberté" de déplacement agréable dans un jeu QD
  • Vraiment pas cher
  • Les moins
  • Rien de neuf par rapport à la version PS4
  • Les bandes noires auraient pu être désactivables
  • Conséquences des choix moins évidentes à percevoir (quand on joue dans le mode original)

Pour comparer

La version originale sur PS3 et le portage PS4.

deepbluesea - SLI ou caleçon ?
deepbluesea
Commentaire du 26/07/2019 à 16:25:59
[ Conséquences des choix moins évidentes à percevoir dans le jeu original ] 

Je ne suis pas bien sûr de comprendre correctement cette phrase. Mais c'est peut être la chaleur.

Sinon j'ai testé la démo, c'est super propre c'est sûr, mais peut être trop, l'aliasing et le flou ne sont plus là pour faire cache-misère, du coup, tous les compromis techniques sautent à la gueule et renforce encore plus le sentiment d'uncanney valley.

Je n'ai pas pu terminer la version PS4 (qui ne proposait pas le choix de faire l'aventure dans l'ordre chronologique des événements au passage, du moins, pas à son lancement), je doute replonger dedans. Même si bon, 19€90, c'est donné, j'attendrais peut être une promo à 9€ cet hiver. On verra.

Merci pour votre feedback.
En réponse à
Driftwood - Dictateur en chef
Driftwood
Commentaire du 26/07/2019 à 17:07:33 En réponse à deepbluesea
Dans le jeu original, la narration éclatée qui ne suivait pas l'ordre chronologique ne permet pas toujours de bien se rendre compte des conséquences de ses choix. Ça ne m'avait pas dérangé personnellement, mais pour ceux qui ça ennuie on peut maintenant y jouer dans l'ordre chronologique.
En réponse à
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    Driftwood heureusement pour le moral que j'ai eu davton toutes ces années d'ailleurs :p (il y a 3 Jours)

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    Driftwood et nos vies de famille. Mais oui, comme davton le dit, ceux qui penseraient que c'est une bonne planque et qu'on a des vies de rois, c'est un peu plus compliqué, et parfois on l'a bien payé aussi. (il y a 3 Jours)

  • Driftwood

    Driftwood on n'a pas commencé gsy étudiants non, surtout pas moi #vieux ^^ on apprend à jongler, on fait des sacrifices, on essaie de mériter la confiance qu'on nous donne en préservant tout de même nos métiers (il y a 3 Jours)

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