Dragon Quest a soufflé ses 30 bougies l’année dernière, et ce fut l’occasion pour Square Enix de proposer quelques spin-off, à l’instar de Dragon Quest Builders ou de Dragon Quest Heroes, un titre orienté Musô développé par Omega Force. Si ce premier épisode apportait un mélange original plutôt réussi, Dragon Quest Heroes II s’éloigne encore un peu plus de la recette initiale en proposant une aventure plus posée. En résulte une suite qui pourrait bien s’attirer de nouveaux adeptes, au détriment des fans de la première heure. On vous explique pourquoi en détail après le clic.
Alors qu’Omega Force et Square Enix auraient pu faire de Dragon Quest Heroes II une simple suite à ce spin-off Musô, il en a visiblement été décidé autrement. "Plus ouvert" est probablement le terme qui devait être entouré en rouge sur le whiteboard lors du brainstorming qui précéda le début du développement. Ajoutons à cela un aspect RPG plus poussé à la recette et cette suite devrait avoir tout pour plaire ! Sur le papier tout du moins, car dans les faits, il semblerait qu’Omega Force ait légèrement négligé l’équilibre de son assaisonnement. Mais qu’à cela ne tienne - délaissant le rythme très soutenu d’un Dynasty Warriors-like, DQHII propose un déroulement plus orienté action/aventure. En effet, le plus gros changement de cette suite est l’arrivée de grandes zones ouvertes appelées zones libres, reliées entre-elles par un hub et explorables à volonté. Les ennemis y sont moins nombreux, plus éparpillés et surtout, ils n’attaquent pas à vue, laissant généralement au joueur la liberté de les affronter ou non. Le cycle météo aura son importance, puisqu'en fonction des zones, les diverses conditions rencontrées auront un impact sur vos pouvoirs. Ainsi, la pluie favorisera vos attaques de foudre, les tempêtes de sable renforceront vos attaques de vent, et ainsi de suite. En avançant dans l’histoire, on accède aux zones de combat où l’on retrouve enfin des phases de Musô sur des maps fermées. Le côté Tower Defense du premier opus a, à notre grand regret, quasi disparu, puisque l’on dénombre seulement 3 ou 4 séquences de la sorte sur toute la durée de l’aventure. Nous avons ici plus l’impression de jouer à un RPG plus classique dans l'univers Dragon Quest, composé de séquences Musô en guise de quêtes principales, qui finissent par déboucher sur un boss. Il peut arriver que l’on se retrouve à tourner sur la map sans trop se soucier de l’objectif en cours, instaurant ainsi un rythme à 2 vitesses avec une partie action bien moins soutenue. En contrepartie, avec ce côté défouloir un peu mis sur la touche, le titre a gagné une tournure RPG plus poussée.
En effet, DQHII vous permet de choisir au fil de votre progression parmi 7 vocations et 16 types d’armes pour chacun des 2 héros. Non seulement vous pourrez emprunter le style de l’un de vos compagnons, mais vous aurez surtout la possibilité d’opter pour des classes inédites, chacune proposant son propre arbre de compétence avec ses coups spéciaux uniques. Mieux, monter certaines vocations en débloquera de nouvelles, ainsi que des quêtes dédiées. À titre d’exemple, monter un Voleur donnera accès à une quête secrète permettant de débloquer la Clef de voleur – indispensable pour ouvrir les coffres fermés éparpillés sur la carte. Il est par ailleurs parfaitement possible, voire même conseillé, de monter plusieurs classes en parallèle, sachant que cette option peut être envisagée seulement en fin de partie. Si votre héros devra obligatoirement faire partie de l’équipe, la sélection des 3 autres membres se fera à votre guise et en fonction de vos besoins. Il est par exemple conseillé d’opter pour compagnon possédant une capacité de soin lorsque vous irez affronter un boss. Avec les 2 héros principaux (dont le design ne nous a pas franchement emballé au passage), ce ne sont pas moins de 13 compagnons qui rejoindront votre épopée. En plus de nouveaux protagonistes crées spécialement pour l’occasion (César et son énorme espadon ou Desdémone la guerrière à la hache), on retrouve certains personnages du premier épisode comme Tommy, Angelo, Jessica, Alina, Kirly et Maya, ainsi que de nouvelles têtes dont Torneko le marchand ambulant, Olivier le gaillard qui tape fort, Raph et sa meute de loups, Maribel la pro du boomerang ou encore Mina, la diseuse de bonne aventure et soeur jumelle de Maya. De quoi faire donc avec ce casting riche et varié, et qui, si l'on en croit la version japonaise du jeu, proposerait aussi d’autres anciens acolytes que nous n’avons toujours pas réussi à débloquer qui arriveront via un DLC gratuit à la fin du mois de mai.
En termes de gameplay, on retrouve les mêmes mécaniques en plus de quelques nouveautés. Les médailles de monstres alliés sont toujours présentes, mais réparties en 3 catégories. Les rouges invoquent des monstres qui se battent à vos côtés, les bleues ont une utilisation instantanée qui pourront, soit vous redonner des PV ou PM, soit faire une puissante attaque, et le meilleur pour la fin, les jaunes, qui donnent la possibilité d’incarner un instant un monstre possédant 3 attaques qui lui sont propres. Utile et rafraîchissante, cette mécanique est probablement l’une des meilleures nouveautés de cette suite, ni plus ni moins. La ruse d’équipe quant à elle vous permet d’enchaîner via un tag, les meilleures attaques spéciales des 4 personnages constituant votre groupe – assez efficace contre les monstres les plus retors. D’autre part, le système de maîtrise permet d’apprendre auprès d’un PNJ pas moins de 20 compétences et bonus par arme en fonction d’une jauge de progression, mais aussi de déverrouiller des compétences d’équipe octroyant divers bonus passifs. La capitale d’Accordia, servant de hub, donne accès aux indispensables marchands d’armes, d’orbes et autre comptoir de quêtes. De nouvelles échoppes viennent s’ajouter, comme le comptoir de troc, fort pratique pour échanger des matériaux, ou Mamie alchimie, qui permet d’améliorer ses accessoires via le sacrifice d’autres. Enfin, le Havre des aventuriers, tenu par Bérangère, donne accès aux modes de jeu en ligne. Vous pourrez accéder à divers types de donjons uniques (également faisables en solo) via des cartes, ou aux colonies de mercure via de rares clefs donnant accès à des zones remplies de monstres de mercure et de métal – idéal pour gagner un maximum d’XP. Un autre mode vous propose d’aider vos amis ou d’honorables inconnus sur les quêtes liées à l’histoire principale. Il n’est malheureusement pas possible de rejoindre la partie d’un collègue pour explorer les zones libres en coop, mais nous trouvons à titre personnel que cette option aurait présenté peu d’intérêt.
Un point sur la difficulté, qui s’avère mieux équilibrée et plus progressive que sur l’opus précédent. En effet, ce dernier souffrait d’un cruel manque de challenge lors son aventure principale, alors que les quelques boss optionnels de fin de partie exigeaient un très haut niveau avec les meilleurs équipements. DQHII corrige en partie ce souci, d’abord parce que les différentes zones que l’on débloque au fil de l’avancée proposent des monstres toujours un peu plus coriaces, et en accord avec la montée en puissance de nos héros. En sus, arrivé à un certain stade de l’aventure, une version alternative du monde, où la nuit règne, se dévoile (un peu à la manière du Dark World dans A Link to the Past), proposant alors de redécouvrir l’intégralité des principales zones dans une version à la difficulté relevée - ce qui permet d’acquérir de nouveaux matériaux et de meilleurs équipements. Côté durée de vie, il nous aura fallu un peu moins de 50 heures pour voir le bout de l’aventure avec 80% des quêtes secondaires terminées. Tout comme son illustre prédécesseur, un bon nombre d’heures supplémentaires est à prévoir si vous souhaitez viser le 100%, et ce malgré un nombre de quêtes annexes réduit de moitié. Techniquement, le titre s’avère très proche du premier jeu, avec globalement les mêmes qualités et défauts. Visuellement très agréable avec des éclairages très réussis, on constate cependant un aliasing assez prononcé et quelques textures en deçà. Si le framerate maintient le 60 fps la plupart du temps sur PS4, à l’instar de son aîné certains passages semblent souffrir d’un problème de frame pacing (ou de stuttering ?) assez désagréable, mais qui ne ruine pas non plus l’expérience proposée. À noter que sur PS4, le ventilateur de la console a tendance à tourner à plein régime. Précisons aussi que les cinématiques pré-calculées sont bien réalisées et que les doublages proposent une fois de plus les voix anglaises ou japonaises au choix. Si les musiques reprenant les célèbres thèmes chers à la série sont toujours aussi excellentes, elles restent cependant identiques à l’épisode précédent, ce que certains trouveront dommage.