Après The Walking Dead, The Wolf Among Us et Batman, Telltale Games s'attaque de nouveau à la bande dessinée en adaptant Guardians of the Galaxy, rendu encore plus célèbre depuis la sortie du film mettant en scène Chris Pratt dans le rôle de Star-Lord. Puisque nous avons eu la primeur du tout premier épisode à venir aujourd'hui sur PC, Xbox One et PS4, nous vous invitons à découvrir nos impressions sur cette première heure et demie en compagnie des Gardiens. Pour donner à la lecture tout son sens, nous vous conseillons de l'accompagner des trois morceaux phares utilisés dans la bande originale du jeu, Why Can't I Touch It de The Buzzcocks, Livin' Thing de Electric Light Orchestra, et enfin You Make My Dream Come True de Hall & Oates. Trêve de bavardages, il est temps de partager avec vous notre verdict sur ce début de saison de Marvel's Guardians of the Galaxy - The Telltale Series.
On le dit, on le répète depuis des années maintenant, mais comme toutes les productions Telltale, les aspects visuel et technique de ce Guardians of the Galaxy traînent toujours autant la patte par rapport à tout ce qui se fait chez la concurrence. Si le parti pris bande dessinée du rendu de The Walking Dead permet plus ou moins de faire avaler la pilule, la saison 3 se permettant même de l'améliorer légèrement, ici les choses sont moins réussies dans l'ensemble. On peut néanmoins souligner le soin apporté aux personnages principaux, qui malgré des animations toujours trop rigides, profitent d'une modélisation des visages assez respectueuse de l’œuvre originale. Les amateurs de l'adaptation cinématographique regretteront peut-être la non-ressemblance du Star-Lord du jeu avec l'acteur de Parks and Recreation, mais rappelons qu'il s'agit ici d'un jeu basé sur le comic book et non sur le blockbuster hollywoodien de Disney. Reste qu'en dépit de la modélisation soignée des visages, le Guardians of the Galaxy version Telltale est toujours aussi en retard techniquement, avec même quelques ralentissements occasionnels sur un bon PC. La bonne nouvelle, c'est que la bande son met un point d'honneur à respecter le décalage entre le contexte spatial et la musique directement issue des années 70/80. L'introduction du jeu donne d'ailleurs vite le ton à ce niveau, et si le placement des morceaux n'est pas fondamentalement original dans la construction de l'épisode, il a le mérite de donner un peps supplémentaire à la mise en scène. Une mise en scène qui peine d'ailleurs à convaincre dans l'ensemble, les séquences manquant sans doute un peu trop d'enjeux dans ce début de saison. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir eu recours à une belle brochette de talents vocaux, Nolan North en tête - dans le rôle de Rocket le raton laveur -, pour un excellent résultat. Enfin, notons l'effort consenti pour proposer dès le lancement une traduction en français. Dommage qu'il ne soit que partiel puisqu'une bonne moitié des textes sont restés en anglais...
La question légitime à se poser avec Guardians of the Galaxy, c'est si le principe même d'un jeu narratif a un sens dans une série qui, bien que basée sur l'entente et la mésentente et ses héros, s'appuie aussi beaucoup sur l'action. Le très récent Batman a bien sûr prouvé que l'on pouvait complètement faire cohabiter ces deux éléments, mais il est vrai que le personnage de Bruce Wayne était peut-être plus propice aux longues introspections et aux choix moraux. Ici, contrairement à un The Walking Dead, où la survie des héros n'est jamais garantie (en dehors de ceux qui sont directement issus de la bande dessinée), il est difficile de s'inquiéter réellement du devenir des cinq compagnons. Vous nous direz que l'intérêt, comme la vérité, se trouve très probablement ailleurs, et vous n'aurez pas forcément tort, mais cette quasi assurance que rien ne va leur arriver enlève néanmoins une bonne partie de la tension dans les séquences les plus tournées vers l'action. L'exemple le plus probant est le passage les mettant face au terrible Thanos. Alors bien sûr, les fameux enjeux vont reposer sur autre chose que la survie des Gardiens, mais l'intrigue mise en place dans ce premier épisode prend peut-être un peu trop son temps pour réussir à emporter le joueur et ne plus le lâcher jusqu'à l'inévitable cliffhanger de fin - assez décevant à ce titre. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir si l'ensemble de la saison saura se montrer convaincant dans sa globalité, mais pour l'instant, comparativement à des séries comme The Walking Dead ou The Wolf Among Us, on ne peut pas dire que l'on se sente frustré à l'idée de devoir attendre la suite des événements dans les semaines/mois à venir. Pourtant, tout n'est pas décevant dans ce premier contact avec Star-Lord et sa bande.
En effet, le Guardians of the Galaxy façon Telltale parvient, comme souvent avec le studio, à créer un lien entre le joueur et la galerie de personnages, lien que l'on doit sans doute autant au matériel d'origine qu'au talent des développeurs. L'humour caractéristique de Star-Lord est ici bien retranscrit, et on ressent un certain plaisir à choisir la répartie qui semble la plus fidèle au héros. De même, l'ambiance et l'univers font que l'on prend plaisir à découvrir cet autre pan des aventures des Gardiens, même si, encore une fois, c'est tout le travail original de Marvel qui y est pour beaucoup. L'idée de faire resurgir le passé de Peter (Quill, alias Star-Lord) est plutôt bonne en soi, avec des flashbacks qui, à défaut d'être véritablement émouvants, donnent encore plus de consistance au personnage, mais avant de savoir si elle est suffisamment solide pour porter toute une saison, il faudra attendre de voir où elle nous emmène. Pour l'instant, ce premier épisode fait plutôt figure de longue introduction, avec des passages parfois inutilement longuets qui s'appliquent un peu trop à développer la relation entre les protagonistes. C'est important dans un sens évidemment, mais pour l'habitué de la série, c'est peut-être un peu superflu. Le gameplay alterne les séquences de dialogue, pendant lesquels les réponses doivent être données dans un temps limité, avec celles plus basées sur l'action (reposant uniquement sur des QTE sans grand intérêt ou challenge), ou celles qui s'appuient un peu sur l'exploration (comprendre, trouver l'élément interactif important qui va permettre de faire avancer l'histoire). Il est toujours dommage de constater que les zones de jeu soient si restreintes, même si le jeu tente de leur apporter un peu de verticalité avec la possibilité d'utiliser les rétro-fusées de Star-Lord pour changer de niveau. De fait, entre les QTE aux timings très généreux et les pseudo phases d'enquête limitées, on progresse sans la moindre difficulté pendant l'heure et demie que dure l'épisode. Une durée de vie plutôt honnête dans le genre.
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J'espère que la suite sera moins convenu. Et mieux traduit ! La moitié de l'épisode était en vo. Sans parler des bugs d'affichages... honteux pour un jeu de ce genre.
On tombe souvent sur d'autres développeurs pour leur manque de finition, Telltale est à mettre dans le même panier et le bâton va finir par leur revenir dans la figure.