Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine... Nous vous parlons ici d'une galaxie si éloignée du monde du jeu vidéo que ses concepts et préceptes nous sont aussi étrangers que les créatures qui la peuplent et s'y amusent. Vous l'aurez reconnue, c'est donc dans la joyeuse contrée du casual gaming pour joueurs non exigeants que Kinect Star Wars nous propose d'atterrir le temps de quelques heures. Un parcours initiatique vers le côté obscur de la force que vous allez pouvoir suivre juste après le clic de souris laser.
Avec une licence aussi juteuse et mal exploitée que celle de Star Wars, la crainte de voir se briser un nouvel espoir après le très décevant Force Unleashed 2 était grande. À défaut de pouvoir s'enorgueillir d'une filmographie sans la moindre fausse note, la série de George Lucas a toujours été à la pointe des effets spéciaux et du rendu visuel. Côté jeux, il faut malheureusement avouer que le bilan technologique est déjà beaucoup moins flatteur. Les plus belles réussites (les épisodes de la Super Nintendo ou le Rogue Leader de la GameCube pour n'en citer que quelques exemples) ont toujours côtoyé les plus grandes déceptions, les adaptations des épisodes 1, 2 et 3 arrivant en tête de peloton dans cette catégorie. Inutile de dire qu'à l'annonce de Kinect Star Wars, on espérait que la partie graphique serait à la hauteur, ne serait-ce que pour compenser le côté potentiellement limité du gameplay lié au périphérique de Microsoft...
Las, on est ici bien plus proche de la médiocrité technique d'un Star Wars Starfighter que de la maîtrise d'un Rogue Leader, le célèbre jeu de lancement de la GameCube qui en avait surpris plus d'un à l'époque. Au programme donc, modélisation douteuse (il suffit de jeter un œil à Mace Windu), textures abominables, aliasing tenace, ralentissements, ce à quoi il faut ajouter un rendu global particulièrement flou. Après un premier contact visuel aussi rude, inutile de dire que l'immersion dans l'univers du cinéaste américain s'annonce difficile. On tente alors de se consoler avec les bruitages et musiques cultes des 6 films, mais le pire contre-attaque sans laisser la moindre seconde de répit dès que les personnages iconiques de la saga commencent à s'exprimer. En VO, il faut en effet supporter des imitations peu inspirées dignes de celles déjà entendues dans l’adaptation vidéoludique de la série Lost. Ambiance, ambiance...
Mode principal de Kinect Star Wars, le mode Destin Jedi vous met dans la peau d'un jeune padawan qui devra affronter les forces de l'Empire et les vilains Sith. Après une phase tutorielle longue et fastidieuse pendant laquelle vous apprendrez tout des "subtilités" du gameplay, l'aventure commence alors que la planète Kashyyyk (où vivent les Wookies) est attaquée. Commence alors un enchaînement de séquences qui se veulent assez variées et qui ne seront d'ailleurs pas sans rappeler de vagues souvenirs aux habitués de la saga. Aussi, après une virée en landspeeder dans la forêt (limitée mais globalement réactive et à peu près amusante), on passera par des phases à pied où l'on se frayera un chemin parmi les troupes ennemies à coups de sabre laser, avant de s'envoler dans un proche cousin du Faucon Millénium pour une séquence de rail shooter assisté dans l'espace qui se terminera à bord d'un vaisseau ennemi où vous devrez libérer des prisonniers. Voilà en gros le menu des deux premières heures de jeu, une mise en bouche qui donne le ton pour le reste de l'aventure, en nous servant peu ou prou tous les types de gameplay qu'on puisse imaginer autour de Kinect.
Mais revenons un peu sur les séquences à pied dont on nous avait tant vanté les sensations, celles-là même qui devaient permettre à chacun de réaliser le fantasme ultime de participer à de vrais combats au sabre laser. Sans surprise, on se retrouve face à un système de jeu plutôt limité qui s'assimile presque à une sorte de QTE géant pendant lequel on nous demande d'agiter les bras bêtement, de sauter (sur place) par dessus ses adversaires, de se pencher vers l'avant (pour se précipiter automatiquement vers un ennemi), voire parfois de faire un pas de côté ou de se baisser pour éviter un obstacle. Si la main droite permet de manier le sabre avec une précision un brin douteuse, la main gauche est, elle, dédiée au pouvoir de la force. L'intérêt de celle-ci reste hélas assez limité et elle est surtout peu évidente à utiliser, la faute à une reconnaissance de mouvements aléatoire et à un système de ciblage totalement imprécis. Bien que limité dans ses interactions, le mode Jedi requiert tout de même une bonne forme physique tant le brassage d'air a tendance à épuiser le joueur pantouflard plus habitué aux canapés qu'aux salles de gym.
L'enchaînement frénétique des séquences de jeu laisse d'abord espérer une aventure rondement menée, mais tout ceci est immédiatement contrebalancé par la banalité et le manque de charisme des personnages inventés pour l'occasion - l'avatar que vous aurez choisi en tête puisque celui-ci reste muet du début à la fin... Si l'on ajoute à cela le côté assez classique des différentes séquences proposées et les problèmes techniques mentionnés en début d'article, il faudra une bonne dose de motivation pour aller au bout de l'aventure. D'autant que les phases de duel au sabre laser ne rattrapent en rien le reste du jeu. Poussives et d'une lenteur à faire pâlir un Hutt narcoleptique, ces séquences sont surtout d'une rigidité effrayante. Le principe est simple : il faut d'abord commencer par contrer son adversaire un certain nombre de fois avant d'être autorisé à attaquer. Le cycle se répète ensuite ad nauseam, jusqu'à la victoire finale, laissant le joueur à peu près aussi enthousiaste qu'un Wookie devant un épilateur au laser. Les plus masochistes pourront d'ailleurs se tourner vers le mode Duel dédié, accessible dans le menu de départ.
Si la scénarisation simpliste et sans intérêt de ce mode ne retiendra pas votre attention bien longtemps, les courses de pods promettent malgré tout quelques bons moments. Première constatation, le système de contrôle fonctionne parfaitement et est la preuve qu'avec quelques efforts, il est tout à fait possible de proposer un gameplay intéressant avec Kinect. Il faut bien sûr un léger temps d'adaptation pour se faire aux commandes, mais dans l'ensemble, tout fonctionne parfaitement. Les mouvements nécessaires au pilotage des engins sont de plus en totale cohérence avec les gestes aperçus dans Star Wars Episode 1. À mesure que le championnat avance, votre engin reçoit son lot d'améliorations (vitesse de pointe, temps de turbo, résistance) et vous débloquez divers gadgets utilisables en course (kit de réparation, lance-flammes, drone de défense, etc). Les tracés deviennent évidemment plus ardus au fur et à mesure et vous permettent de voyager d'une planète à l'autre et de faire le tour des lieux les plus connus de la série. Dans certains moments de confusion, il ne sera pas toujours facile de garder la tête froide, mais une fois le jeu pris en main, les sensations sont plutôt bonnes. Reste que la fatigue se fait vite sentir, le jeu obligeant à rester debout les bras tendus, un écueil prévisible malheureusement.
Un jeu de danse estampillé Star Wars, il fallait oser. Entre originalité décalée (second degré obligatoire sous peine de malaise "stardiaque") et opportunisme débridé (placer tous les types de gameplay Kinect dans le jeu), ce surprenant mode met en scène les héros des films dans des chorégraphies assez surréalistes. Nul doute que les fans pleureront à chaudes larmes en apercevant Han Solo se trémousser au son d'airs bien connus des pistes de danse, des reprises dont les paroles ont été adaptées à leur nouveau contexte. Calqué sur les mêmes codes que les autres jeux du genre, cet ersatz de Dance Central se veut donc aussi hors sujet qu'amusant. Les "commandes" répondent bien, ce qui n'a rien d'une prouesse en soi, et la bonne humeur est de mise si l'on accepte le côté incongru de la chose. Jouable à deux simultanément, on n'y passera sans doute pas plus de quelques minutes lors de soirées bien arrosées, mais voilà une occasion comme une autre de prouver aux autres que la force du dance floor est en vous.
C'est dans ce mode pour le moins bourrin que vous allez pouvoir laisser éclater toute la rancœur que vous pouvez avoir vis à vis de George Lucas et de son œuvre. Aux commandes du célèbre monstre aperçu dans le Retour du Jedi, votre but consiste à mettre en pièces les différents environnements imaginés par le cinéaste/producteur américain, dans le plus pur esprit de l'ancêtre Rampage. Si l'on met de côté les quelques secondes de nostalgie que pourraient ressentir les vieux de la vieille à l'évocation de ce titre, le principe est finalement aussi basique que limité. Une fois de plus, les contrôles ne font pas grand chose pour mettre en valeur les capacités de Kinect et, si ici le manque de précision n'est pas trop pénalisant, on aurait tout de même aimé avoir l'impression de maîtriser ce qui se passe à l'écran. S'agiter dans tous les sens pour causer le plus de dégâts dans un temps imparti n'a déjà rien de bien amusant, mais quand en plus on se sent complètement déconnecté de son personnage, cela n'arrange rien. On imagine que les enfants seront ravis de mettre le chaos virtuel dans le salon de papa et maman, mais pour les adultes responsables que nous sommes, mieux vaut se tourner vers une bonne scène de ménage avec madame ou une bagarre de bar au PMU du coin.
Tous les commentaires (15)
Et ça continue Rancor et Rancor
au travers de titres lan, solo ou multijoueur
Review très sympa et très marrante, pour un jeu qui n'a pas l'air de l'être beaucoup... ^^"
Mais depuis le début on savait que ça allait être...ça^^"
Sinon, je suis de l'avis de guts_o en ce qui concerne les movinect & co ! Ces périphériques ont du mal de s'affranchir de l'image "p'tits jeux pour casuals". Pour un truc qui annonçait une nouvelle façon de jouer, et qui devait être révolutionnaire... Cette mode va t-elle survivre à la prochaine génération si le public visé en particulier ne suit pas ? Moi personnellement, j'ai des doutes ! Star Wars ne méritait pas ça, c'est clair. Et effectivement, si Microsoft voulait réconcilier gamers et kinect, c'est raté ! Du moment qu'ils ne touchent pas à Star Trek... :)
Pis, même dans la dernier phrase de la review je me suis mare même si la je ne suis pas certain que ce voulu: