Titanesque masse de vaisseaux délabrés, de pierre et de glace, les Space Hulks dérivent dans l'espace et les dimensions. Lorsque leur trajectoire croise celle d'une planète, ils deviennent une menace aux proportions cataclysmiques. Il n'y a alors qu'un moyen d'en venir à bout : dépêcher une équipe dans l'antre de la bête pour y placer des charges explosives, mais les lieux sont souvent infestés de Genestealer, des aliens baveux et dentus qui n'ont rien à envier à ceux de Ridley Scott. Devinez qui a été désigné volontaire pour s'en occuper de Space Hulk: Tactics ?
Note : Les vidéos ayant été enregistrées en 1680x1052, donc en 16:10, il vous faudra vous contenter du 720p et de bandes noires pour le stream. Pour une meilleure qualité, optez pour le téléchargement.
Si l'univers tentaculaire de Warhammer 40K peut être intimidant, le jeu de plateau Space Hulk a toujours été l'une des portes d'entrées les plus accessibles, réduisant la formule à trois ingrédients simples : des corridors étroits, une équipe de Space Marines lourdement armés et des hordes de Genestealers. Après avoir tenté une adaptation à la sauce FPS sur Deathwing, Focus Interactive revient aux sources avec du tour par tour dans Tactics. Évidemment, on retrouve de nombreuses mécaniques typiques du genre, comme les déplacements par cases, les points d'action, les pourcentages de précision des attaques… Mais il ne faut pas bien longtemps pour comprendre que Space Hulk offre une expérience particulière et surtout très exigeante. L'exemple le plus parlant est peut-être la gestion des points de vie : il n'y en a pas. Au premier taquet, Marines comme Genestealers restent sur le carreaux. Et ce n'est que le début. Les humains sont lents, ne peuvent se mettre à couvert, ne visent que dans une direction à la fois, leurs armes s'enrayent, la précision de leurs attaques dépasse rarement les 30 %, sans oublier que les corridors étroits ne permettent pas de progresser à plusieurs de front. La vie n'est pas plus simple lorsque l'on incarne les genestealers, qui ne peuvent attaquer qu'au contact et manquent cruellement de polyvalence. Bref, il y a de quoi se demander si Space Hulk Tactics ne s'adresse pas aux masochistes.
En réalité, il faut simplement intégrer que l'approche diffère radicalement des autres jeux du genre. Dans XCom et consorts, tout repose sur le principe d'une attaque (ou contre-attaque) unique par tour. Et pour augmenter son pourcentage de réussite, on améliore ses équipements, on se rapproche de la cible, on la prend à revers… Dans Space Hulk, il est rare de pouvoir booster son pourcentage d'attaque MAIS, on peut effectuer plusieurs attaques ou contre-attaques par tour. Ainsi, en posture défensive (le classique Overwatch), un Space Marine déclenche un tir à chaque fois qu'un Genestealer se déplace d'une case dans son champ visuel. Si l'Alien doit remonter un couloir de 6 cases surveillées, il va devoir esquiver 6 tirs, certes imprécis, mais il suffit qu'un seul le touche… Du coup, les affrontements virent au contrôle des espaces. Les Genestealers s'entassent en embuscade aux croisements, attendant une faille dans les prises de position de leurs adversaires. Les Space Marines, eux, verrouillent les longs corridors, avancent prudemment et jouent l'objectif quitte à se sacrifier, car les missions ne nécessitent généralement pas d'évacuation, juste une action spécifique. C'est tactique, tendu et le jeu injecte ponctuellement quelques éléments interactifs amusants (tourelles, portes verrouillées, téléporteurs, bidons explosifs…) pour chambouler les choses.
Cyanide prend aussi la liberté d'ajouter un système inédit de cartes, liées aux unités et améliorables. Côté Genestealers, elles servent à réguler les renforts, tour après tour, en produisant des unités ou des leurres pour tromper le radar des humains. Coté Space Marines, elles permettent au choix d'obtenir un petit bonus situationnel ou quelques points d'actions supplémentaires. Employées au bon moment, elles suffisent à renverser une situation difficile ou corriger une erreur fatale. Tout cela pour dire que l'on a une excellente conversion du jeu de plateau Space Hulk, agrémentée d'un ajout intelligent et d'une réalisation agréable extrêmement respectueuse de l'univers Warhammer 40K. La présence d'un éditeur de mission promet aussi des choses sympathiques pour peu que la communauté s'y investisse. Dommage donc que, comme souvent avec les jeux Cyanide, quelques "mais" intempestifs viennent tempérer l'enthousiasme initial. Par exemple le fameux "mais que c'est lent !". Il faut en effet attendre qu'un personnage ait fini son pesant déplacement pour pouvoir donner des ordres à un autre. C'est laborieux en solo et cela implique de se bloquer facilement trois quarts d'heure pour une partie en ligne. Il y aussi le "mais cette interface de ...", qui donne lieu à des instants de solitude lorsque l'on gaspille une attaque imparable sur un bête champignon plutôt que sur le Genestealer qui vous montre sa belle dentition. Il est d'ailleurs fortement recommander d'opter pour le gamepad et de lire attentivement les descriptions d'attaques, car le jeu oublie d'expliquer certaines mécaniques essentielles.
N'oublions pas non plus les petits "Mais c'est abusé !" des campagnes solos. Celle des Space Marines, consistant à explorer le Space Hulk via un réseau labyrinthique de salles, offre une bonne durée de vie et une narration efficace. On y débloque des armes et éléments qui élargissent les possibilités de l'escouade. Bref, c'est sympathique, sauf qu'en marge des affrontements majeurs uniques, on se coltine moult batailles aléatoires piochées en boucle dans une réserve de 5 ou 6 missions. À quoi bon avoir un éditeur de niveau ? Et coté Genestealer, on expédie rapidement ce qui n'est en réalité qu'un gros tutorial. Abusé. Enfin, dernier "mais" qui n'est pas imputable aux développeurs, il y a un réel manque de variété dans la configuration des champs de bataille et dans les types de Genestealers. Avec les avantages d'une licence viennent ses limitations et l'on se prend à regretter de ne pas croiser les autres races du vaste univers de Warhammer 40k.
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