Alors que l'été s'achève tout doucement et que la rentrée se fait de plus en plus concrète, je profite des quelques jours de répit qui me reste avant la déferlante de jeux qui ne vont pas tarder à nous tomber dessus pour revenir sur une seconde lecture vidéo-ludique de ces deux derniers mois. Les vacances étant souvent propices à la découverte de bons bouquins, je ne me suis évidemment pas arrêté au passionnant livre sur Death Stranding dont je vous ai parlé il y a peu. J'ai tout d'abord pris le temps de dévorer le second (sur quatre parus) roman d'Olivier Bal (ex-rédacteur-en-chef de Jeuxvideo Magazine et maître de cérémonie des Masterclass de la Cité des Sciences), que je conseille aux amateurs de fantastique (avec son premier puisqu'il s'agit d'un dytique), avant de me plonger dans un nouveau bouquin Third Editions. Et c'est de ce dernier dont il va s'agir aujourd'hui vous vous en doutez. "The Last of Us - Que reste-t-il de l'Humanité ?" est en effet sorti cet été et, si comme moi, vous avez adoré l'univers du jeu de Naughty Dog, il n'y a pas à hésiter une seule seconde, il est tout aussi indispensable que les deux autres livres de l'auteur que j'ai déjà pu lire ("Uncharted, Journal d'un Explorateur" et "Les Mystères de Monkey Island - À l'Abordage des Pirates"). Au passage, et parce que c'est un copain bourré de talent, je vous conseille aussi l'ouvrage de Régis Monterrin consacré à l'histoire de SEGA (Volume 1), qui a reçu nombre de louanges de la part de nos confrères du web et d'ailleurs. Mais refermons la parenthèse amicale et revenons à nos champignons dans un article que j'ai décidé de faire plus court et plus digeste que le précédent, pour éviter d'en dire trop d'une part, mais surtout pour m'assurer de garder votre attention jusqu'au bout.
Je l'évoquais déjà dans l'introduction à cet article, The Last of Us, plus encore que les autres séries à succès sorties chez Sony, revêt une place particulière dans mon parcours de joueur. Pour commencer, grâce à Gamersyde, j'ai eu la chance de découvrir les deux jeux bien en amont de leur sortie officielle, en me préservant donc de la plupart des spoilers (même pour la suite, dont certains éléments clefs du début de l'aventure avaient pourtant fuité très tôt). Ensuite, j'avais beau avoir apprécié le travail de Naughty Dog sur les trois premiers Uncharted, je ne faisais pas partie des fans les plus fervents pour autant. Lorsque j'ai découvert pour la première fois les aventures de Joel et Ellie, je n'étais donc pas forcément conquis d'avance. D'autant que le code preview du tout premier essayé quelques semaines plus tôt n'avait pas encore déclenché en moi une réaction d'enthousiasme exacerbé. Mais quand on découvre un tout petit morceau d'un jeu où l'écriture tient une place si prépondérante, impossible d'anticiper l'uppercut que l'on va prendre dans la figure une fois la version finale en main. J'étais en effet loin de me douter que j'étais sur le point de vivre le road trip le plus marquant de ces dernières années. Et le plus fou quand j'y pense, c'est que ce n'est pas tant pour son gameplay, classique et même perfectible, que The Last of Us est parvenu à me retourner à ce point. Non, très clairement, la réussite du jeu pour le joueur que j'étais alors tenait aux liens qu'il avait brillamment réussi à tisser entre moi et ses deux personnages principaux, mais aussi à son univers sans concessions et à son ambiance bouleversante. Pas étonnant donc que le premier The Last of Us fasse partie des rares titres "récents" que j'ai eu envie de terminer deux fois (presque trois d'ailleurs). De fait, je dois avouer que j'avais rejoint les rangs des joueurs inquiets concernant la suite, en dépit du fait que Neil Druckmann faisait toujours partie de l'aventure - au contraire de son compère Bruce Straley, pourtant indispensable à la réussite du premier volet. Heureusement pour le fan que j'étais devenu, l'audacieuse proposition du studio californien pour ce second volet ne m'a pas déçu. Bien au contraire même ! Impossible par contre d'imaginer que cela allait passer comme une lettre à la poste pour tout le monde, car en effet, The Last of Us Part II n'est pas le genre de titre où il fait bon vivre… Mais je m'égare, le but de cet article n'étant pas de proposer une relecture de mes deux critiques de l'époque. Avec toute cette longue diatribe j'avais surtout à cœur de rappeler que la série The Last of Us a compté à mes yeux, que j'ai eu l'occasion de lire pas mal de choses à son sujet, d'en visionner tout autant (ce qui inclut bien sûr l'excellent reportage Grounded sur le premier volet) et que cela ne m'a pas empêché d'en apprendre encore plus grâce au travail de Nicolas Deneschau. Même dans l'analyse, exercice auquel je me suis pourtant moi-même livré et où j'ai retrouvé parfois des points que je me souviens avoir évoqués avec mes camarades Cryoakira et davton, l'auteur a réussi à m'accrocher et à m'amener vers des réflexions que je n'avais pas forcément eues, vers certaines références qui pouvaient même me manquer, ou que j'avais tout simplement occultées. Mythologie, classiques de la littérature ou de l'univers télévisuel/cinématographique, The Last of Us puise ses influences un peu partout pour créer sa propre histoire et c'est cela qui en fait un jeu si particulier pour moi.
Sans surprise, le livre est découpé en deux parties, chacune étant consacrée à l'un des deux volets de la saga. Mais au contraire de nombreux ouvrages de ce genre, l'auteur ne concentre pas toute la partie narrative de l'œuvre au même endroit. En général pourtant, il est plutôt d'usage de procéder ainsi, avec une partie dédiée à l'histoire qui donne aussi l'occasion de traiter des personnages qu'elle met en scène. C'était d'ailleurs le cas dans le livre "Entre les Mondes de Death Stranding" et cela fonctionnait parfaitement. Sauf que pour quelqu'un comme moi qui se souvient encore parfaitement de la moindre séquence des deux jeux de Naughty Dog, je ne suis pas persuadé que Nicolas Deneschau aurait capté mon attention aussi longtemps avec cette approche. J'imagine même que j'aurais été capable d'occulter totalement une telle partie, si elle s'était centrée uniquement sur le rappel des pans majeurs de l'histoire. Seulement voilà, l'approche a été ici nettement plus maline à mon sens. Pourquoi ? Eh bien tout bêtement parce qu'au lieu de proposer un résumé compact du récit, l'auteur n'hésite pas à l'interrompre pour revenir sur le développement du jeu dès que cela s'avère pertinent. Et mine de rien, ces petites parenthèses rendent la lecture bien plus fluide et agréable et que je ne l'aurais cru à la base. Ici, il nous explique par exemple comment la musique de Gustavo Santaoalla est arrivée dans le premier épisode. Là, comment et pourquoi elle s'est vue compléter par les sonorités plus métalliques et industrielles de Mac Quayle. Et puis il y a bien évidemment tout l'historique qui va derrière la création du premier volet, l'évocation de la saga Uncharted, des projets envisagés par le studio à l'issue d'UC2, des influences, des origines narratives de l'histoire de Joel et Ellie, de la réflexion qui a amené l'histoire du jeu original et de celle qui a décidé des tragiques événements qui ne cessent d'accabler le joueur dans la suite. Mais surtout, ce livre est l'occasion de comprendre le mode de fonctionnement (parfois destructeur comme en attestent les nombreux départs qui ont étiolé la vie du studio) de Naughty Dog, ses obsessions et sa quête incessante du moindre détail. L'ouvrage met aussi en parallèle le travail des scénaristes de l'équipe avec les préceptes de Robert McKee, professeur d'écriture créative qui a inspiré nombre d'auteurs à Hollywood. Il y a bien évidemment une ribambelle d'anecdotes relatives aux développeurs, à l'histoire personnelle de Druckmann et aux acteurs et actrices qui ont participé à l'aventure. Tout cela confère au travail de Naughty Dog une dimension humaine qui permet de relativiser largement les quelques déconvenues que l'on peut ressentir quand un titre que l'on attend avec ferveur est reporté de quelques semaines/mois. J'ai également particulièrement apprécié l'analyse sur l'évolution du level design chez Naughty Dog et la manière dont l'ouverture des zones de jeu a pu être intégrée grâce à l'expérience acquise. The Last of Us n'a clairement rien inventé en termes de game design, mais le travail accompli sur l'utilisation de la narration au sein (et pour) le gameplay ainsi que sur l'illusion de liberté donnée au joueur est impressionnant. Cette fixation sur le sens du rythme et son importance dans l'expérience étant arrivée à son paroxysme dans TLOU Part II, le livre a la lourde tâche de faire le bilan d'une décennie Naughty Dog placée sous le signe de l'aventure narrative. Une lecture passionnante de bout en bout donc, aidée par le style fluide et agréable de Nicolas Deneschau - qui a juste un peu trop tendance à sur-utiliser la locution usuelle "nous y reviendrons". :)
Tous les commentaires (6)
Le second épisode en revanche est rentré directement dans le top de mes jeux favoris ever! J'ai trouvé la proposition qui est faite tellement géniale et la mise en oeuvre tellement bien orchestrée! J'envie les chanceux qui n'ont pas encore fait le jeu et qui vont pouvoir découvrir tout cela (le patch ps5 est à ce titre réellement excellent!)
Bref Naughty Dog a peut être des méthodes de travail contestables mais ils savent faire des jeux!
https://www.gamersyde.com/news_gsy_livre_entre_les...
J’ai de ce pas commandé ce livre…