On le sait, malgré la sortie annoncée de nombreux titres assez variés, cette fin d'année 2022 ne s'annonce pas forcément aussi folle que d'habitude, la faute aux nombreux reports d'une part, mais aussi aux retards pris dans l'industrie sur cette génération. Heureusement, le mois de septembre commence tout de même sur les chapeaux de roue, avec la sortie de The Last of Us Part I chez Sony. La firme japonaise n'est cependant pas vraiment dans les petits papiers des joueurs en ce moment, entre la hausse de prix de la PS5 dévoilée il y a peu et l'absence du remake sur PS4 alors que le très attendu God of War: Ragnarok a bien droit à une sortie cross-gen. Nous vous livrons donc notre verdict écrit et vidéo sur le retour de Joel et Ellie deux générations après avoir marqué l'histoire du médium à de nombreux égards. On vous a également préparé de jolies galeries d'images pour le simple plaisir des yeux.
À une époque où les infos nous abreuvent de nouvelles pour le moins anxiogènes, où le COVID continue de s'immiscer dans nos vies et où un nouveau virus potentiellement mortel fait parler de lui à intervalle régulier, l'histoire de The Last of Us résonne comme un écho. Reflet d'une peur commune, d'une angoisse contée maintes fois au cinéma ou dans les livres, la fin du monde tel qu'on le connaît, de la civilisation humaine, a toujours fasciné. Cette perte des repères, des certitudes qui habitent notre quotidien, voilà ce dans quoi Naughty Dog a décidé de nous plonger sans la moindre concession. Après un prologue hommage aux films du genre d'une efficacité rare, The Last of Us nous projette dans une Amérique dévastée par une épidémie causée par le Cordyceps, un champignon parasite. Cette infection fongique ayant transformé la majeure partie de la population en monstruosités sanguinaires et contagieuses, les survivants sont soumis aux nouvelles règles imposées par l'environnement dans lequel ils vivent désormais. Regroupés dans des zones de quarantaine dirigées par ce qui reste de l'Armée ou livrés à eux-mêmes, les êtres humains ont aussi bien changé en une vingtaine d'années.
Prêts à tout, impitoyables, cruels même pour certains, les hommes sont finalement tout aussi dangereux pour leur prochain que les infectés. Joel, le personnage que l'on incarne, est donc loin du boyscout Nathan Drake que le développeur américain a su nous faire aimer. Non, Joel n'est pas du genre à faire dans la dentelle, son passé est sombre et ses actes loin d'être tous motivés par le bien commun. C'est un survivant et vous l'apprendrez bien assez tôt, il n'y a point de salut dans le monde de The Last of Us. Ici, le Darwinisme a repris ses droits, révélant les pires instincts humains. Là où les infectés ne sont finalement que des êtres sans conscience ni pouvoir de décision, les hommes calculent, envient, volent et pillent, cherchant à obtenir toujours plus. Dans une certaine mesure, rien n'a véritablement changé sur terre. Les dernières barrières qui ont sauté avec la chute de la civilisation ont juste permis à l'homme d'exprimer toute sa bestialité, sans risque de se voir ennuyé par une quelconque morale. Les rencontres ne sont pas toujours mauvaises, certains survivants tentant malgré tout de préserver un semblant d'humanité, mais sachez que The Last of Us vous mettra aux prises avec ce que la race humaine a de pire.
Car oui, en dépit de l'épidémie de Cordyceps et de la présence d'infectés à différents stades de la maladie, les rencontres et les affrontements avec les hommes de ce monde apocalyptique seront légion, le jeu alternant habilement les passages d'exploration, les combats contre les monstres et ceux vous mettant face aux humains. Pour tout vous dire, vous allez apprendre à haïr les hommes tout autant que les clikers et autres abominations locales, une haine qui vous amènera peut-être même devenir l'un d'entre eux. Et là se pose la question majeure de The Last of Us. Jusqu'où serez-vous prêt à aller pour préserver votre humanité ? Prendrez-vous du plaisir à malmener vos adversaires à coup de hache ou de barre à mine ? Hésiterez-vous à achever ceux qui vous supplieront de les épargner ? Pas de méprise cependant, le jeu de Naughty Dog ne vous laisse pas vraiment libre de vos choix, qui ne sont d'ailleurs pas les vôtres, mais ceux de Joel. Des ennemis, il faudra immanquablement en tuer pour survivre, même si l'approche furtive sera toujours possible (voire conseillée) pour se donner les meilleures chances de réussite. Mais l'incroyable retranscription de la violence, l'escalade des situations qui ne cessent de prendre le joueur à la gorge pour ne plus le lâcher ne pourra pas laisser insensible.
Rarement dans un jeu vidéo sera-t-on parvenu à retranscrire aussi bien cette violence brute qui sommeille en chaque homme. Grâce à des animations impressionnantes de réalisme, le moindre coup porté devient aussi dérangeant que jubilatoire, rendant chaque nouvel affrontement plus viscéral encore que le précédent. Si Joel fait déjà partie intégrante de ce monde à la brutalité crue, la jeune Ellie va s'y retrouver confrontée pour la première fois. Et c'est suite à une débauche d'horreurs que l'empathie du joueur finira par atteindre son paroxysme. Portant d'abord un regard naïf et émerveillé sur le monde qui l'entoure, Ellie ne manquera jamais d'exprimer son sentiment sur cette civilisation qu'elle n'a pas connue, apportant cette petite touche de légèreté bienvenue pendant les nombreuses (et longues) séquences d'exploration. Parfois agaçante, la faute à son impertinente jeunesse, touchante aussi, dans les moments forts de l'aventure, Ellie est avant tout un personnage d'une force sans égal qui n'hésitera pas à prêter main forte à Joel. Qu'il s'agisse de lancer une brique au visage d'un adversaire pour laisser le temps à son chaperon de finir le travail ou de le couvrir à l'arme à feu (on gardera sous silence les nombreuses surprises qui vous attendent), Ellie déploie tant de détermination qu'elle en devient humaine, au point que l'on s'inquiétera de ses silences autant qu'on se réjouira de sa joie de vivre.
Riche d'une durée de vie que l'on peut qualifier de plutôt généreuse pour le genre (il nous avait fallu 21 heures 42 minutes et 26 secondes en mode difficile en 2013), The Last of Us parvient à installer une relation forte entre les deux personnages principaux. Non content de bénéficier d'une écriture de très grande qualité, le titre de Naughty Dog nous propose de participer pour la quasi première fois à un road trip que le temps de jeu rend totalement crédible. L'évolution du regard que l'on porte sur les personnages et sur le monde qui nous entoure s'en trouve automatiquement affecté, pour le meilleur et jamais pour le pire. Quand on arrive enfin au bout de cette épopée, les premiers kilomètres passés auprès d'Ellie semblent si loin que l'impression d'avoir voyagé à leurs côtés prédomine. Il y a bien quelques ellipses, mais elles sont habilement placées et n'enlèvent rien à la puissance narrative, bien au contraire. Et puis il y a tous ces longs passages où l'on avance en quasi temps réel pour rejoindre un objectif (un pont qui ne semble pas si loin par exemple). Toute cette cohérence spatiale et temporelle, cette rythmique narrative maîtrisée loin des soubresauts épileptiques des autres jeux à la troisième personne font de The Last of Us une expérience unique dont on ne sort pas indemne. Le choix d'avoir opté pour des personnages aux antipodes des autres héros de jeu vidéo est bien sûr pour beaucoup dans ce sentiment.
Grâce à un savant mélange entre exploration, combat et infiltration, le nouveau titre de Naughty Dog s'articule constamment autour de la notion de survie en milieu hostile. Chaque élément du gameplay est là pour vous rappeler que votre vie ne tient qu'à un fil et que la moindre erreur de jugement se paie le prix fort. La rareté des ressources oblige à réfléchir ses actions, à ne jamais se précipiter dans un affrontement à l'issue incertaine. Aussi, les moments de calme sont propices à la fouille minutieuse et à la contemplation, comme s'il fallait absolument profiter d'un répit qui est condamné à ne pas durer. On passe donc beaucoup de temps à explorer les ruines de la civilisation passée, à la recherche de précieuses munitions, d'objets divers qui permettent de se préparer aussi bien offensivement que défensivement. On arpente les rues, les maisons abandonnées où le temps semble s'être arrêté, en récoltant de temps à autre les témoignages écrits des habitants depuis longtemps disparus. Une paire de ciseaux, un ruban adhésif, un peu d'alcool, on amasse tout ce qui peut servir à notre avancée, à la confection d'un kit de soin, d'un cocktail molotov ou bien d'une bombe artisanale, tout en espérant y avoir recourt le plus tard possible. Dans ces séquences ô combien nécessaires, la solitude qui pèse sur le dos des deux héros est si palpable qu'elle les rapproche forcément l'un de l'autre au fil des heures, la communion avec le joueur devenant d'autant plus forte qu'il sera sensible aux macabres découvertes ou aux instants magiques (car il y en a) qu'il croisera.
Survie oblige, les différentes rencontres seront toujours génératrices de tension, les bandes croisées étant toujours hostiles. Un vague regret d'ailleurs, tant on se dit qu'il aurait été intéressant de ne jamais savoir si les survivants croisés hors cinématiques avaient des intentions louables. Joel n'ayant de plus rien du bon samaritain, il ne faudra pas compter le voir intervenir pour sauver des innocents condamnés à une mort certaine. Point de missions annexes à se mettre sous la dent donc, seule compte celle qui lui a été confiée, ce qui est par ailleurs totalement cohérent avec les enjeux de l'histoire et le psyché du héros. Face aux humains organisés en bandes armées, l'approche furtive permettra de maximiser ses chances de survie face à des groupes généralement en surnombre. Tant que vous restez invisible, leurs rondes se poursuivent normalement, mais attention à l’œil affûté de vos ennemis qui ne vous laisseront que quelques secondes pour vous cacher quand ils penseront avoir repéré quelque chose de louche (ceci étant signalé par un effet sonore spécifique). À la moindre alerte, la chasse est lancée, la mobilité discrète étant alors la clef tant les balles ennemies rappellent douloureusement la grande fragilité de Joel. Tout le jeu consiste alors à contourner habilement vos adversaires, ceci se trouvant facilité par le mode écoute (que nous conseillons toujours de désactiver dans les options pour plus de tension et de réalisme).
Le passage de l'infiltration à l'action se fait de la façon la plus naturelle du monde, tout comme celui entre le combat à distance (plus lent et compliqué que dans un Uncharted) et le corps à corps. Le plaisir de jeu s'en trouve décuplé, l'enchainement des actions donnant souvent lieu à des scènes mémorables pendant lesquelles le joueur laisse s'exprimer toute la violence de Joel. Maladroit et hésitant, le système de visée force à préserver ses rares munitions pour assurer un tir fatal, rendant chaque tir un peu lointain incertain. Parce que Joel a toujours besoin d'être le plus immobile possible pour être précis, les affrontements contre des hommes armés sont toujours délicats, et ce même une fois l'aptitude visée améliorée. En réduisant les tremblements du héros, les tirs gagnent indéniablement en précision, mais la lourdeur voulue du personnage - qui lui donne d'ailleurs beaucoup de réalisme - n'en fait pas une fine gâchette capable d'enchaîner les headshots par dizaine. Une très bonne idée tant elle souligne l'aspect impitoyable de l'environnement dans lequel on évolue. Dans le remake, contrairement à l'original où il nous arrivait de pester contre certains tirs qui ne touchaient pas leur cible proche alors que le réticule était pourtant bien placé, nous n'avons rencontré aucune situation de ce genre. Nous avons aussi trouvé la visée plus souple, plus précise, mais difficile de savoir si on le doit à notre expérience accrue du jeu ou à la DualSense, plus ergonomique que les pads PS3 et PS4. Moins frustrants que ceux d'Uncharted (pas de séquences énervantes comme celle du bateau dans le troisième volet par exemple), les combats parviennent même à être plus agréables et viscéraux, et ce malgré l'absence d'un système de couverture à proprement parler - une bonne chose selon nous d'ailleurs.
Mais là où The Last of Us frappe le plus fort, c'est au niveau des combats au corps-à-corps contextuels qui profitent d'une réelle variété de coups et de situations, sans pour autant donner l'impression du tout automatisé façon QTE d'Uncharted. Les coups portés font mal, ils vous feront même serrer les dents de temps à autre, et de plus, ils s'adaptent totalement à la situation et/ou au placement de Joel. Montez sur un comptoir et frappez votre adversaire alors que vous êtes toujours dessus et Joel décochera un coup de pied dans la tête du malheureux. Frappez quelqu'un à côté d'un mur ou une table et son visage finira par servir de pot de peinture d'appoint pour redécorer la pièce où vous vous trouvez. Par contre, malgré l'annonce un peu floue d'une refonte du gameplay des combats, l'esquive de TLOU2 n'est pas au programme, pas plus que la possibilité de ramper dans les hautes herbes. Une petite déception certes, mais de tels changements dans le game design auraient peut-être fini par avoir un impact sur les autres projets en cours du studio, en demandant une plus grosse équipe ou un temps de développement plus long. Pour revenir aux sensations de jeu, l'élimination discrète n'est pas moins brutale que les attaques de mêlée, avec la possibilité d'étrangler ses ennemis (humains comme infectés, à condition que ceux-ci n'en soient qu'au premier stade de la maladie) ou de les poignarder violemment - ce qui a un coût, comme nous le verrons plus tard. Et puisque l'on parle enfin des infectés, sachez que l'imprévisibilité de ces derniers par rapport aux humains les rend particulièrement difficiles à approcher lorsqu'ils sont en groupe ou lorsqu'on les tient en joue. En effet, leurs mouvements de tête frénétiques et quasi saccadés pourra vous faire manquer votre cible à plus une reprises. Si le jeu de Naughty Dog n'est pas particulièrement effrayant en soi (encore que cela dépendra vraiment des joueurs et des séquences), certaines rencontres avec ces monstres dans des lieux confinés devraient vous donner quelques sueurs froides, voire même provoquer quelques sursauts.
Bien que ces zombies d'un nouveau genre ne réagissent pas à la lumière de la lampe torche, l'excellente vue des infectés de stade 1 ne vous laissera aucune chance si vous n'êtes pas prudent. Quand la zone pullule en plus de clickers (claqueurs en français) qu'on ne peut abattre à mains nues et dont la première morsure est fatale, nous vous laissons imaginer votre temps estimé de survie quand il vous repère. Bien équipé, il est toutefois possible de se sortir de ce genre de situation, un nouveau problème se posant alors : comment faire pour gérer correctement la prochaine rencontre maintenant que vos ressources sont tombées à zéro. D'où l'importance de bien penser l'évolution de son héros et de réfléchir longuement avant de décider quels objets fabriquer en priorité et quelles armes améliorer. L'infiltration étant sans doute encore plus importante lorsque l'on fait face à des infectés, l'amélioration (temporaire) du surin sera de première importance. Ce couteau maison est en effet capable d'éliminer un clicker attrapé dans le dos ou d'ouvrir certaines portes menant à des ressources supplémentaires. Seul problème, à chaque utilisation, il faudra attendre d'avoir les outils nécessaires pour le renforcer de nouveau. Des manuels d'entraînement cachés dans l'environnement (mais somme toute peu nombreux) améliorent - entre autres - la durée de vie des modifications, mais il vous faudra être patient avant de pouvoir en profiter. Aveugles, les clickers font donc indubitablement partie des adversaires les plus coriaces et dangereux (même si l'infection vous réserve quelques surprises de plus), parce qu'ils réagissent au bruit et que l'on est jamais certain qu'ils ne nous ont pas entendus.
Quelles que soient vos attentes vis à vis du nouveau jeu de Naughty Dog, il faut bien avoir en tête que The Last of Us se pose comme la parfaite antithèse de la série Uncharted. Là où Drake devait subir moult événements scriptés qui, par leur omniprésence, pouvaient parfois atténuer les effets de surprise (difficile ne pas anticiper le énième effondrement d'un morceau du décor sur le passage du héros par exemple), la construction des aventures de Joel et Ellie repose au contraire sur tout l'aspect imprévisible du monde qui les entoure. Ainsi, The Last of Us ne tombe jamais dans le piège d'Uncharted, n'hésitant pas à prendre le joueur à contrepied en ne répondant pas à ses "attentes". Déclencher un mécanisme pourra par exemple attirer une nuée d'infectés sur les lieux à un moment donné, mais plus tard, dans une configuration de jeu analogue, tout se passera peut-être différemment. Il y a bien évidemment des scripts, mais ces derniers sont utilisés avec tant d'intelligence qu'ils se fondent dans les mécaniques de jeu, comme s'ils devenaient aussi organiques que les paysages laissés à l'abandon où la nature a repris ses droits. Conséquence, quand bien même le fond du jeu ne change pas au fil des heures, jamais l'impression de vivre la même situation ne vient perturber l'avancée, chaque étape du voyage amenant son lot de surprises - scénaristiques parfois, même si certains événements sont un peu trop convenus. Bien sûr, c'est une impression qui sera d'autant plus prégnante si vous n'avez jamais eu l'occasion de jouer au jeu original.
Cette maîtrise du rythme de l'aventure apporte tant à l'immersion que le travail accompli pour amener le remake au niveau de TLOU2 est salvateur. À l'époque où nous avions testé le jeu original, nous avions regretté un visuel plus inégal que dans la série Uncharted. Ainsi, de splendides panoramas au sens inouï du détail côtoyaient quelques décors plus décevants, la faute à un aliasing assez prononcé et à certaines textures moins tape-à-l’œil. De même, il était dommage de constater la disparition des ombres portées générées par la lampe torche à certains moments du jeu, leur présence demandant à l'évidence trop de ressources à la console. Elles avaient heureusement fait leur retour pour le remaster en 1080p/60 fps sorti sur PS4 un an plus tard. Aujourd'hui sur PS5, la différence est flagrante à tous les niveaux, dans le mode Performance (en 4K dynamique et 60 fps - mais surtout en 1440p dans les faits, l'image étant visiblement plus douce) comme dans le mode Fidélité (en 4K native - cela se voit - et à 40 fps sur les écrans compatibles - et 30 pour les autres). Les environnements sont beaucoup plus riches visuellement, le studio n'ayant d'ailleurs pas hésité à modifier certains détails, en ajoutant par exemple une épave de bateau au bord de l'eau, des voitures dans la rue, ou en modifiant l'architecture de certains bâtiments. Tous les assets originaux ont de toute façon été remplacés et, au petit jeu de la comparaison directe, même le remaster de 2014 est totalement dépassé. Normal nous direz-vous avec la technologie actuelle et la puissance du hardware d'aujourd'hui, mais tout de même. La nouvelle gestion de la lumière donne aussi beaucoup plus de relief aux différentes scènes, et comme la DA de cet épisode est plus colorée et variée que celle de sa suite, redécouvrir tous ces environnements connus est un réel plaisir. Seule ombre au tableau si on peut dire, certaines ombres éloignées justement. Non seulement elles sont très pixelisées mais, dans quelques séquences comme à la sortie des égouts avec Henry et Sam (voir Offline anglais), certaines vont même jusqu'à clignoter dès que l'on déplace un peu la caméra. Comme dans Uncharted 4 et TLOU2 en somme...
De son côté, si l'IA était globalement fonctionnelle à l'époque, il fallait fermer les yeux sur certaines incohérences liées au comportement de nos alliés. En effet, pour éviter de transformer le jeu en expérience plus frustrante que marquante, Naughty Dog avait pris la décision de rendre les adversaires totalement indifférents à nos compagnons lors des phases d'infiltration. On pouvait donc parfois observer avec stupeur un ennemi rester complètement stoïque alors que Tess passait accroupie juste devant lui, ou encore sentir pointer une montée de tension en voyant ses camarades de voyage se déplacer lourdement (ou parler un peu fort) dans une pièce infestée de clickers, pourtant sensibles au bruit. S'il nous est encore arrivé de voir un allié passer à découvert au mauvais moment dans le remake, les passages d'infiltration à plusieurs se déroulent désormais de manière bien plus cohérente, et rares sont les moments où l'immersion se craquelle comme par le passé. Concernant la réaction des ennemis, il est un peu moins évident de constater de réels changements ou améliorations. En comparant plusieurs scènes dans les deux versions du jeu, on a cependant pu remarquer quelques différences dans certains comportements. Par exemple, en arrivant près du lycée de Lincoln et après nous être fait repérer par un infecté, tous ceux qui étaient présents dans la zone se sont rués sur nous dans le remake, rendant le passage bien plus délicat. Dans le remaster, seule une partie d'entre eux a semblé réagir aux cris de celui qui nous avait aperçus, les quatre derniers nous étant tombés dessus par surprise un peu plus tard, au détour d'un bus. Difficile de savoir s'il faut mettre ceci sur le compte d'une IA plus réactive ou si cela s'est joué au niveau de l'endroit précis où nous nous trouvions quand l'alerte a été donnée. On se demande aussi si les clickers ne sont pas un brin plus sensibles au bruit quand on ne se déplace pas suffisamment lentement en position accroupie, mais sans certitude aucune.
Ce qui est certain en revanche, c'est que Naughty Dog a parfois opéré de légers changements dans le placement des ennemis. On pense tout particulièrement à une maison traversée peu après avoir quitté l'église de Lincoln avec Bill. Dans une zone pavillonnaire infestée d'infectés, on se retrouve obligé de passer par un pavillon où plusieurs clickers semblent avoir élu domicile. Dans le jeu original, on en trouvait deux à l'extérieur et un dans le salon. Cette fois, quand nous avons joué ce passage, nous avons été surpris de tomber sur un clicker supplémentaire qui faisait le guet dans une chambre. Il y a peut-être d'autres exemples de ce type dans le reste de l'aventure, mais comme nous ne nous sommes pas amusés à regarder les deux versions à la loupe, et qu'il a bien fallu nous tourner plus exclusivement vers le remake au bout d'un moment pour progresser un peu plus vite, nous ne pouvons pas vous le garantir. Ceci étant dit, le fait d'avoir pu prendre le temps de jouer aux deux versions suffisamment longtemps nous permet au moins de vous assurer que l'expérience n'est pas radicalement différente de l'un à l'autre au niveau du ressenti global côté gameplay. Il est peut-être un peu plus facile d'attraper un adversaire humain qui nous fait face quand on est caché derrière un meuble ou un mur, mais en l'absence de nouveaux mouvements ou de nouvelles armes, on pouvait difficilement espérer des changements plus radicaux.
En dehors de quelques modifications visant à harmoniser l'expérience entre les deux volets (on entre désormais la combinaison des coffres-forts, on voit Joel modifier ses armes sur l'établi, le QTE des transformateurs reprend la présentation visuelle de celle de TLOU2, les manipulations à la manette ont été modifiées pour que les deux titres se jouent de la même manière, etc.), la mise à jour est donc essentiellement graphique. Néanmoins, cela inclut une amélioration évidente dans toutes les animations faciales, désormais capables de restituer la moindre nuance dans les réactions des personnages. Cela est bien sûr dû aux nombreux détails ajoutés pour rendre les visages encore plus réalistes, mais on remarque aussi que la synchronisation labiale paraît encore plus précise et qu'on le doit certainement aux améliorations apportées au moteur de Naughty Dog dans TLOU2. Le jeu des acteurs a donc pu être retranscrit beaucoup plus fidèlement dans le remake que dans le jeu de 2013, rendant d'autant plus honneur aux performances hors normes de Troy Baker et d'Ashley Johnson. Et c'est sans compter sur le reste du casting vocal, qui campe des personnages capables de déborder d'humanité ou d'être totalement rongés par la folie. Si vous découvrez le jeu pour la toute première fois, inutile de vous dire qu'ils vous marqueront tous à leur manière, et tous leurs noms resteront gravés dans votre mémoire même une fois le générique de fin terminé. La bande son est tout aussi incroyable évidemment, aussi bien par ses silences, ses quelques notes de musique mélancoliques, que par ses percussions inquiétantes ou ses cris déshumanisés. Comme dans tous les grands jeux, elle fait intégralement partie de l'expérience, et on ne peut que vous conseiller d'en profiter dans les meilleures conditions : au casque, avec l'audio 3D (qui remplit parfaitement son office) ou avec une installation home cinéma digne de ce nom. Louanges mises à part, on est tout de même assez surpris du très faible volume global dans le remake, alors même que tous les paramètres de son sont à 100%. On imagine que cela sera corrigé, mais pour l'instant, l'écart entre ce jeu et les autres (ou même le menu de la console) est bien trop grand.
Il s'agit de la seule amputation de contenu original du jeu, mais pour certains, elle est de taille, le mode multijoueur plutôt apprécié de the Last of Us n'a pas été reconduit dans le remake. Sachant que Naughty Dog travaille d'arrache-pied sur une expérience multi dans l'univers de la série, on se doute qu'il n'y avait pas grand intérêt à dépoussiérer le mode original pour le proposer dans cette nouvelle version. Difficile de jouer les surpris compte tenu du fait que la compilation Legacy of Thieves n'incluait pas non plus le mode multijoueur d'Uncharted 4, mais il fallait tout de même le rappeler à celles et ceux qui n'auraient pas suivi toutes les annonces de ces derniers mois.
Personnage clef de l'aventure principale, Ellie n'était pas qu'un simple compagnon dont on devait prendre soin, elle était l'essence même de The Last of Us, la raison d'être du titre de Naughty Dog. Jouable le temps d'une séquence mémorable dont on taira les détails pour préserver ceux qui n'ont pas encore pu se frotter au jeu, elle était parvenue à faire monter l'attachement du joueur (et de Joel) envers elle grâce à sa naïveté et sa détermination. Une naïveté qui se transformera d'ailleurs vite au fil d'une épopée sans concession, l'adolescente devenant de plus en plus consciente du côté impitoyable du monde qui l'entoure. Left Behind nous propose de découvrir ces deux facettes de la jeune Ellie, dans des séquences qui mêlent une fois de plus exploration, contemplation et action/infiltration. Pas de changements dans la structure de ce contenu additionnel donc, qui s'appuie sans surprise sur les acquis solides de l'aventure principale, à ceci prêt que Naughty Dog s'essaie à quelques séquences plutôt originales visant à renforcer les liens qui unissent Ellie à sa camarade Riley. La relation entre les deux adolescentes et l'impact de celle-ci sur l'héroïne sont donc au centre de ce DLC, et force est de reconnaître que Naughty fait de nouveau preuve d'une vraie maestria dans l'art de l'écriture.
En effet, alors que l'histoire de Left Behind est déjà tracée pour quiconque a déjà terminé The Last of Us, la tension ne quitte jamais le joueur dès lors que commence l'aventure. L'attente de l'événement déclencheur qui va tout faire basculer, la sensation de vouloir tout faire pour retarder l'échéance, pour changer le cours d'événements dont on sait pourtant où ils vont nous mener, tout est là pour prouver que Naughty Dog maîtrise encore et toujours son sujet comme personne. Mieux, Left Behind réserve même quelques surprises que l'on n'attendait pas, dont une a évidemment contribué à façonner le personnage d'Ellie et son évolution dans le deuxième épisode. Très bien rythmé, ce nouveau pan de la vie d'Ellie n'hésite pas à prendre son temps pour installer son atmosphère, ce qui a pour effet de rendre la violence de certaines scènes encore plus fortes quand vient l'heure de faire face au danger. Naughty Dog s'amuse toujours autant à prendre le joueur à contre-pied en le surprenant au moment où il s'y attend le moins, et si les mécaniques demeurent similaires à celles de la trame principale, elles n'en restent pas moins efficaces. Les ennemis, qu'ils soient humains ou infectés, sont plus redoutables que jamais, Ellie n'ayant pas la force de frappe de Joel, et il est vivement conseillé de garder un profil bas.
Les séquences d'action pures existent cependant bel et bien, et demandent d'ailleurs beaucoup de sang froid quand on y joue en mode difficile (ou plus). Les adversaires humains n'hésitent pas à prendre le joueur à revers, à battre en retraite pour mieux revenir à la charge, et les infectés sont plus imprévisibles que jamais. Il faut d'ailleurs noter que Left Behind incite souvent à ruser pour nettoyer certaines zones encombrées des deux types d'ennemis. Lorsque des humains pénètrent dans un grand magasin à pas de velours alors que des clickers végètent plus ou moins dans une salle adjacente, un simple jet de bouteille dans la bonne direction mettra vite le feu aux poudres. Une manière efficace d'équilibrer un peu ses chances face à la menace, la tension étant toujours à son paroxysme même lorsque l'on se trouve face à un seul adversaire. Comme dans The Last of Us, la moindre erreur est souvent fatale, ce qui oblige toujours à bien réfléchir la manière d'appréhender une situation. À ce sujet, une fois encore, nous ne saurions trop vous conseiller de vous passer du mode écoute, qui révèle la présence des ennemis derrière les murs et facilite bien trop la tâche.
Tous les commentaires (18)
Pour ma part l'ayant fait sur ps3 et sur ps4 j'attendrais un prix plus doux aux alentours de 30 euros max.
Graphiquement ça améliore notablement l'original quand même j'ai l'impression.
Bon ca saoule de racheter tout le temps le meme jeu refait 20 fois mais il faut reconnaitre que c'est réussi.
Je fais parti de ceux qui ont craqué pour cette version PS5. Alors je ne sais pas si j'aurais sorti 80euros, mais comme la question ne s'est pas posée dans mon cas (et comme pour tous dès lors où on dispose d'une PS5 avec lecteur) je n'ai pas hésité un instant (le jeu m'a coûté 49 euros).
Je ne l'ai fait entièrement qu'à une reprise, lors de sa sortie initiale sur PS3, et ça fait vraiment parti de mes jeux favoris et j'ai hâte de redécouvrir tout ça avec une mise à jour technique conséquente. D'avoir les vidéos les éclairages ont l'air dingues, surtout le rendu des intérieures. Vivement ce week end :)
Quand je pense à l’incroyable remake de shadow of the collossus qui était à 40€ T_T.
En l'état osef total.
Vivement la version ps6 car d'ici là j'aurai probablement pas eu le temps de jouer à celle là :D
Merci pour la review, on sent que c'est un jeu qui te tient à cœur Driftwood.
Le mode 40 i/s est une bonne nouvelle en tout cas. Je me laisserai tenter l'année prochaine, à l'occasion de la série par exemple ^^
En l'état osef total.
Pour la peine je le prendrai d'occaz, une fois que j'aurai fait Cyberpunk et A Plague Tale Requiem sur PC
Je trouve les jeux très beaux mais c'est pas encore la mega claque vis à vis de la précédente, peut être au niveau de la fluidité.