Sorti cette semaine sur Steam et GOG, entre autres, Ether One est passé entre nos mains le temps d'une visite médicale pour le moins particulière. Le résultat de ce rendez-vous en terre inconnue en salle de réveil, juste après le clic de seringue.
Impressions
À l'heure où la narration prend une place de plus en plus prépondérante dans le jeu vidéo, il n'est pas étonnant de voir de nombreux studios indépendants tenter d'ajouter leur pierre à l'édifice, certains titres comme Dear Esther ou The Stanley Parable allant même jusqu'à réduire au minimum l'essence même du médium, son gameplay. Ether One tente une approche un peu plus mesurée en proposant au joueur de suivre une intrigue soignée et originale, tout en lui laissant la possibilité de résoudre des énigmes entièrement optionnelles. Ces dernières, pas seulement présentes pour faire de la simple figuration, étofferont l'histoire de cette femme atteinte de démence dont il faudra s'occuper. Car en effet, au delà de son concept même, le jeu de White Paper Games sait aussi faire preuve d'un brin d'audace en abordant un thème délicat finalement peu traité dans l'industrie : les maladies mentales.
Vous jouez le rôle d'un "restorer", personne envoyée dans le psyché de patients souffrant de troubles mentaux et dont la tâche consiste à les sauver du carcan dans lequel la folie les a emprisonnés. Guidé par la voix autoritaire d'une scientifique que l'on devine assez mystérieuse, vous déambulerez donc dans les souvenirs de Jean, une femme de 69 ans marquée par certains événements bien précis de son passé. Objets à ramasser (avec un système d'inventaire plutôt original on le verra), notes à découvrir, puzzles qui donnent à réfléchir, le gameplay de Ether One est résolument tourné vers l'exploration. Les nombreux items que l'on peut découvrir sur son chemin ne sont pas tous forcément utiles, mais ils pourront également vous permettre d'avancer dans la résolution d'une énigme, à condition d'avoir une bonne mémoire. En effet, il se passera parfois un bon moment avant que l'une de vos trouvailles ne vous soit enfin nécessaire, ce qui vous obligera à faire preuve d'un bon sens de l'organisation dans votre inventaire.
Deuxième originalité du titre de White Paper Games, sa gestion très particulière de son inventaire justement. En décidant de limiter le nombre d'objets transportables à un seul, les développeurs ont fait un pari assez audacieux en apparence. Pourquoi un tel choix ? Tout simplement parce qu'en lieu et place d'un bête écran comme dans tous les autres titres, l'inventaire d'Ether One prend la forme d'une pièce dédiée où vous pourrez revenir instantanément d'une simple pression de touche/bouton. C'est donc dans ce lieu étrange nommé "The Case" (que l'on pourrait traduire par "Le Cas" dans le jargon médical) que vous reviendrez régulièrement déposer tout ce que vous pourrez trouver dans les différentes zones de la mémoire de la patiente. Des étagères prévues à cet effet vous y attendent et ce sera à vous de placer tout ce capharnaüm d'objets trouvés selon votre bon désir. Une approche plus "réaliste" donc, moins contraignante que celle du dernier Alone in the Dark en date, mais qui, une fois assimilée, fonctionne finalement de manière tout aussi pratique qu'un inventaire classique.
Doté d'une atmosphère intrigante et prenante, Ether One profite également d'un visuel assez réussi dans son genre. Si l'on aurait aimé que les textures ou les inscriptions apparaissant sur certains objets soient plus soignées, la touche très pastelle de la direction artistique possède le charme indéniable des vieilles choses qui étaient belles en leur temps. Aucune performance technique à attendre bien sûr, mais un ensemble cohérent qui ne dessert jamais le propos du jeu. L'ambiance sonore reste assez discrète, mais sait souligner les moments clefs de l'aventure avec une certaine efficacité. Sans jamais être un jeu horrifique, Ether One sait installer une ambiance inquiétante, les cachotteries évidentes de la supérieure hiérarchique du "restorer" ne faisant qu'accentuer la méfiance et les interrogations du joueur. À ce titre, il faut également souligner l'excellent travail réalisé sur les doublages, qui auraient pu tout saboter s'ils n'avaient pas été dirigés correctement. L'accompagnatrice voix-off a beau être devenue un classique depuis Portal, encore faut-il que le jeu d'acteur soit au niveau. C'est le cas ici, ce qui rend évidemment le scénario d'autant plus marquant. Seul bémol, il n'existe à ce jour aucune traduction française pour le jeu.
Tous les commentaires (3)
J'ai eu la même référence, mais ce n'est pas positif (j'ai abhorré GH... Le plein tarif du jeu n'aidant pas), mais vu la manière dont Driftwood parle d'Ether One, je sens que je vais craquer et l'acheter quand même. ^^'
Sinon, une question bête :
Dans les sous-titres, on peut séparer les dialogues des textes d'ambiance (Music fade in, telephone blabla...) ?