Après un échec assez cuisant sur Kickstarter, Iron Wings est finalement parvenu à la fin de son développement 6 mois après son annonce, et vient d'atterrir ce jeudi sur Steam. Un exploit qui en surprendra plus d'un, mais qui pourrait également lui valoir la méfiance des joueurs. Après avoir pu nous essayer aux premières missions de l'aventure, nous pouvons déjà vous dire que le projet est ambitieux pour un petit studio, et qu'il porte les stigmates d'un budget que l'on imagine limité. Frustrant par certains côtés, prenant par d'autres, on ne vous cache pas que le jeu aura réussi à exercer son pouvoir attractif et répulsif à la manière d'un yo-yo infernal dont on aurait perdu le contrôle. Explications.
Les développeurs nous ont assuré que les problèmes mentionnés dans notre article, rédigé sur la base de la version du jeu testée hier soir, ont été corrigés pour le lancement. Nous ne pouvons pas vous le confirmer sur les missions que nous avons déjà terminées, aussi faudra-t-il faire preuve d'un peu de patience, d'ici que nous puissions les relancer. De ce que nous avons pu jouer ce soir (mercredi) par contre, la frustration reste une constante dans les missions chronométrées (et elles semblent très nombreuses). À sa décharge, Iron Wings oblige le joueur à découvrir l'approche la plus efficace pour s'en sortir dans le délais imposé, ce qui demande sans doute un peu plus de patience que nous n'en avions à disposition ces derniers jours. Certains choix de design demeurent néanmoins critiquables de notre point de vue, même s'ils sont toujours faits dans l'optique de proposer un maximum de variété. N'hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires, nous y répondrons dans la mesure du possible, tout en poursuivant notre avancée dans la campagne du jeu.
Le premier écueil auquel se heurte Iron Wings tient au choix de sa présentation narrative, soutenue par des cinématiques en 3D qui souffrent d'une modélisation des personnages particulièrement datée. Si les efforts de mise en scène sont indéniables, avec des angles de caméra qui sont souvent bien pensés, les lacunes techniques sautent tellement aux yeux qu'il est de fait difficile de s'immerger totalement dans le contexte historique du titre. Il faut dire que le doublage en anglais, sans être le plus mauvais de l'histoire du jeu vidéo, n'est pas toujours très convaincant, la faute à un narrateur très moyen dont les interventions sont souvent perturbées par le mixage sonore douteux. Visuellement, il aurait peut-être été plus sage d'opter pour des planches dessinées dans l'esprit des artworks que l'on peut apercevoir lors des écrans de chargement, ce qui aurait d'ailleurs pu donner un style et une personnalité bien plus marqués à l'ensemble. Pour autant, le moteur graphique n'est pas aussi limité que l'on pourrait le penser de prime abord, et il ne faudrait pas que ces passages narratifs ne finissent par devenir l'arbre qui cache une bien jolie forêt. Si le rendu est clairement inégal, les phases de jeu permettent en effet de profiter de décors bien détaillés et assez immersifs. Iron Wings ne manquera pas de rappeler la série Blazing Angels d'Ubisoft, en plus poussé graphiquement, et avec une palette de couleurs plus étendue mais qui conserve néanmoins cette touche WWII un peu délavée qui renforce sa dimension historique. Soyons honnêtes, autant les séquences cinématiques peinent à mettre le jeu en valeur, autant les phases de gameplay nous ont surpris dans le bon sens, avec des panoramas réussis, des cockpits modélisés efficacement et quelques effets spéciaux bien maîtrisés. En revanche, il ne faudra pas être trop regardant sur les grosses explosions, sur la vitesse excessive à laquelle se propage la fumée qui s'échappe des fermes dans la seconde mission, ou sur la modélisation et l'animation des troupes au sol, pour citer quelques exemples. Dans l'ensemble heureusement, la présentation visuelle de Iron Wings s'en tire avec les honneurs.
Très arcade dans l'âme (bien qu'il soit possible de rendre le pilotage un peu plus complexe en passant par le menu des options), Iron Wings propose un gameplay et un contrôle des avions plutôt nerveux. La moindre inclinaison du stick analogique permet de changer de trajectoire très rapidement, et on ne ressent pas spécialement tout le poids de ces vieux coucous issus de la Seconde Guerre mondiale. Comme dans la plupart des jeux du genre, la gestion de la vitesse de votre appareil aura son importance, pour vous placer derrière un ennemi ou larguer une bombe sur des cibles au sol, mais le tout reste très simple et abordable, avec un certain nombre d'informations à l'écran pour vous faciliter la tâche. Ainsi, en sus de votre viseur et du cercle qui apparaît sur votre adversaire quand vous le lockez, un point rouge situé plus ou moins près de l'avion ennemi vous indique la zone qu'il vous faudra viser pour le toucher. En fonction de votre placement par rapport à lui, il faudra donc parfois anticiper ses mouvements et viser un peu à l'écart de sa carlingue pour que vos balles le touchent quelques secondes plus tard. Une gestion un minimum réaliste de la balistique donc, et qui a d'autant plus d'importance qu'il est possible de déclencher une vue zoomée similaire à celle du dernier Ace Combat en date, à condition de parvenir à toucher votre adversaire suffisamment longtemps pour qu'une jauge circulaire se remplisse totalement. Bien sûr, l'action demandera plus de précision sur une cible qui décroche devant vous, et il ne sera pas toujours aisé de maintenir le viseur en place suffisamment longtemps pour enclencher le potentiel coup de grâce. Ce "coup spécial" sera également efficace contre les cibles au sol, et donnera lieu à quelques courtes séquences cinématiques qui vous montreront l'homme ou le véhicule abattu. À ceux qui n'apprécieraient pas ces "aides", elles sont évidemment désactivables dans les options. Il serait cependant bien naïf de penser pouvoir vous en passer, à moins de faire preuve d'une incroyable dextérité à la manette, mais nous y reviendrons.
Pour se démarquer de la concurrence, Iron Wings propose de gérer, non pas un héros, mais deux, chacun possédant son arsenal propre. Au cours d'une mission, une simple pression sur la touche X permettra de passer de l'un à l'autre à l'envi. Entre chaque sortie dans les airs, on pourra investir dans un nouvel avion, modifier sa "robe" ou son armement, tout cela grâce à l'argent durement gagné aux commandes de vos appareils. À noter d'ailleurs qu'en plus des objectifs principaux, des quêtes secondaires vous seront proposées de temps à autre (prendre des photos, trouver la fréquence d'un SOS pour ensuite s'y rendre pour faire le ménage, etc.). De ce que nous avons pu voir, Iron Wings fait l'effort de proposer un maximum de variété, avec une alternance entre les attaques sur des cibles au sol (qui obligent à larguer des bombes en complément des attaques à la mitrailleuse) et les vrais combats aériens, très dynamiques et rapides. L'ambiance de chaos qui régnait à l'époque est plutôt bien retranscrite, et l'on se dit alors que l'on a affaire à un titre, certes perfectible, mais finalement assez prenant. Arrive alors le problème majeur du jeu, sa gestion de la difficulté... Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le danger vient rarement des autres dans Iron Wings, puisqu'il nous est rarement arrivé de tomber sous le feu ennemi pour l'instant. Vous aurez sans doute l'occasion de vous écraser à plusieurs reprises, mais cela viendra essentiellement d'une erreur d'inattention ou d'une imprudence de votre part. Non, votre ennemi le plus redoutable, ce sera le temps. En effet, le jeu de Naps Team abuse d'une mécanique souvent insupportable dans les jeux vidéo, en vous forçant à abattre tout un bataillon d'ennemis en un temps donné, sous peine de devoir tout recommencer, encore et encore, jusqu'à l'écœurement.
Problème, à moins de parvenir à enchaîner très rapidement les "tirs zoomés", le temps alloué pour réussir ces missions est excessivement juste, même en indiquant régulièrement des cibles à votre coéquipier virtuel - une obligation si vous voulez vous en sortir. Aussi, quand après un nombre conséquent d'essais, l'écran de game over vous nargue une nouvelle fois alors que vous venez d'abattre la dernière cible au moment précis où le chronomètre atteint zéro, difficile de ne pas se laisser aller à un langage particulièrement fleuri (on vous épargnera les exemples d'hier, mais nous n'avons pas lésiné sur les insultes). Pour couronner le tout, ce fameux chronomètre n'apparaît parfois que dans les dernières 30 secondes de la mission, ce qui rend ces séquences encore plus agaçantes. Après avoir contacté les développeurs suite à ces quelques déconvenues, l'espoir semble toutefois de mise, nos déboires leur ayant apparemment été très utiles. L'équilibre du jeu semble donc être remanié régulièrement jusqu'à sa sortie. On espère donc que notre feedback vous permettra de ne pas subir la frustration de ces passages autant que nous. Il suffirait de donner une marge de temps un peu plus importante pour ne pas braquer les moins habiles, quitte à offrir un bonus d'argent en fonction de la performance du joueur (c'est déjà le cas pour la précision des tirs, le nombres de cibles abattues ou de missions secondaires effectuées, par exemple). Au rang des autres défauts évoqués au studio de développement, l'impression que les bombes manquent d'efficacité et que leur zone d'effet s'avère trop limitée. Dans une mission de sauvetage où des soldats américains étaient pris en tenaille par les Nazis, le déséquilibre entre la fragilité des alliés (dont la barre globale de vie baissait à vitesse grand V) et la résistance des Allemands nous a aussi forcés à recommencer la mission plus que de raison. Après avoir déjà dû nous acharner sur une mission - qui dure pourtant moins de 5 minutes - pendant trois quarts d'heure, voilà qui avait de quoi nous décourager. Pourtant, malgré tout cela, nous ne pouvons nous résoudre à accabler le jeu de Naps Team, qui est parvenu à maintenir notre intérêt - en dépit du bon sens diront certains.
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