Les possesseurs de Playstation3 ont beau avoir les yeux tournés vers God of War: Ascension en ce mois de mars météorologiquement capricieux, il ne faudrait pas qu'ils oublient que le printemps arrive et avec lui Sly Cooper: Thieves In Time. Nous avions déjà eu l'occasion de vous donner nos toutes premières impressions dans notre preview du mois de décembre mais l'heure est venue de découvrir notre verdict final sur les toutes nouvelles aventures du raton voleur. Vous nous connaissez, pas question de faire les choses à moitié sur Gamersyde, aussi cette review couvre aussi bien la version PS3 que sa petite sœur la Vita, avec bien sûr les vidéos du titre de Sanzazu Games sous son format portable et salon.
Un jeu qui ne manque pas de Punch
Lorsqu'une célèbre série se voit confiée à un tout nouveau développeur, il est somme toute légitime de s'inquiéter de son devenir. Désormais entièrement dévoués à la saga inFamous, Sucker Punch a donc cédé la place aux petits nouveaux de Sanzazu Games, un vrai défi quand on sait à quel point les trois volets précédents avaient su convaincre bon nombre de joueurs. Inutile de faire durer le suspens plus longtemps, ce nouvel opus est une indéniable réussite et il mérite toute votre attention. Riche en contenu, doté d'une excellente durée de vie, d'un univers drôle et attachant, cette suite respecte non seulement ses origines, mais elle se permet également d'en améliorer la recette pour offrir un divertissement qui ravira petits et grands. Nous ne reviendrons pas sur les bases du scénario, ce que nous avions déjà fait dans notre preview, mais Thieves in Time est avant tout une histoire de voyage dans le temps. Une idée pour le moins lumineuse car elle s'accompagne non seulement d'une variété bienvenue des lieux traversés (7 environnements différents répartis sur 6 époques – prologue et niveau de fin inclus), mais aussi d'un vrai renouvellement du gameplay grâce aux nouveaux costumes (5 en tout) et aux aptitudes particulières des ancêtres de Sly.
Grâce au van customisé par les soins de Bentley, Sly va donc partir à la rencontre de 5 de ses aïeux, qu'il devra d'abord secourir avant de pouvoir profiter de leurs talents divers. Après un passage dans le Japon féodal, le dynamique trio découvrira tour à tour les terres poussiéreuses du Far West, les étendues gelées de l'ère glaciaire, l'Angleterre de Robin des Bois et les mille et une nuits de l'Arabie d'Ali Baba. Des destinations toujours très dépaysantes, offrant à chaque fois un monde ouvert où de nombreux items peuvent être collectionnés pour amasser de sonnantes et trébuchantes pièces d'or bien utiles pour améliorer les gadgets et capacités des différents personnages. Bouteilles et trésors (à ramener au refuge dans un temps limité) vous donneront donc de quoi vous occuper entre les missions, et vous pousseront aussi à revenir dans le passé une fois un nouveau costume acquis. En effet, chaque époque s'accompagne d'un déguisement dédié qui procure à Sly de nouvelles aptitudes nécessaires à son avancée dans le jeu, mais aussi à la récupération de certains trésors cachés dans les zones ouvertes. Quelques exemples : la peau de tigre donne droit à un saut d'attaque bien pratique pour franchir certains gouffres, le costume de voleur permet de ralentir le temps, tandis que Sly pourra aussi montrer ses talents d'archer grâce à son costume médiéval.
À tout ceci s'ajoutent donc les talents des 5 ancêtres du raton cel shadé, talents qui sont évidemment mis à contribution lors des missions les mettant en scène. Assez logiquement, le ninja Rioichi Cooper optera plus pour l'infiltration (avec sa capacité à sauter de longues distances) tandis que Tenessee Kid Cooper fera parler la poudre, transformant au passage le jeu en TPS assez permissif. Le lointain aïeul de l'âge de glace et son verbiage taz-maniesque mettra lui ses compétences de grimpeur à l'épreuve pour gravir d'abruptes parois, non sans avoir dû subir un entraînement draconien de la part de Murray, dans une séquence WTF parodiant la série Rocky. On vous laisse la surprise pour le reste, mais ce qu'il faut retenir, c'est que le jeu offre une variété qui fait réellement plaisir à voir, même si l'essentiel du gameplay reste bien évidemment axé sur la plate-forme. Les séquences de jeu apportent aussi souvent que possible leurs petites particularités, ce qui évite toute sensation de lassitude même après des sessions de jeu prolongées. Une variété que l'on retrouve aussi avec les autres personnages principaux jouables, Sly évidemment, Bentley, Murray mais aussi la fine gâchette Carmelita Fox.
Les phases de piratage sont par exemple l'occasion de sympathiques mini-jeux. Mettant parfois à profit la fonction gyroscopique de la Vita et le Sixaxis de la PS3 (avec un net avantage de précision pour la portable), ils flirtent aussi souvent avec le shoot them up (à l'ancienne, en 2D et vue latérale, ou en pseudo 3D dans un esprit vaguement plus proche de Super Stardust HD, dans une version camomille-isée). Les mini-jeux ne sont cependant pas l'apanage du piratage : on les retrouve donc en d'autres occasions, comme lors d'un bombardement en hélicoptère radio-commandé ou une séquence de pêche, quand ce ne sera pas aux commandes de la voiture téléguidée de Bentley, seule capable de filer une cible en toute discrétion (merci le camouflage poule) ou de s'infiltrer dans certains conduits trop étroits. Murray a droit à des passages un peu plus musclés portés sur le corps à corps viril, pas forcément des plus intéressants mais qui ont au moins le mérite de ne jamais durer trop longtemps. L'hippopotame rose vous fera aussi sourire lorsqu'il passera en mode séduction de gardes au cours d'un mini-jeu de danse ; des séquences (qui ne sont pas réservées qu'à son seul personnage) d'un intérêt ludique certes limité, mais dont on retient vite les airs rigolos et entraînants. Quant à Carmelita, elle fait toujours bon usage de son arme de poing, notamment lors de quelques passages de rail shooting. Comme certains objectifs demandent un vrai travail d'équipe, il n'est pas rare de passer d'un personnage à un autre (et donc d'un gameplay à un autre) au sein d'une même mission, l'assurance d'un rythme soutenu et prenant.
Un jeu cel chiadé
Ce qui transparaît immédiatement en lançant Thieves in Time, c'est que chaque compartiment du jeu respire le travail bien fait. Les contrôles, simples et intuitifs, répondent au doigt et à l’œil, aussi bien sur PS3 que sur PS Vita. Une fois de plus, la console portable de Sony prouve son excellente ergonomie, avec une implémentation des fonctions tactiles tout sauf envahissante, car pensée pour compenser le manque de touches par rapport à un DualShock 3. On passe donc d'un costume à un autre en appuyant dans le coin inférieur droit de l'écran, tandis qu'on utilise les jumelles via l'icône situé dans le coin inférieur gauche. Comme nous le mentionnions plus haut, la fonction gyroscopique (uniquement obligatoire dans l'un des mini-jeux de hacking et lors de la séquence de pêche) est utilisée à la manière de ces jeux de réflexe sur smart phone et est de ce fait plus agréable sur Vita que sur PS3. Les séquences de plate-forme s'enchaînent avec beaucoup de fluidité, grâce notamment à la touche rond qui permet de se poser sur certains éléments du décor sans risquer une mauvaise chute. Jamais difficile, le jeu propose de plus des checkpoints réguliers et bien placés, ce qui n'enlève pourtant rien à la durée de vie du titre de Sanzazu Games. On avance donc sans la moindre frustration, et même les affrontements contre les boss avec leurs patterns bien définis se jouent avec plaisir, sans le moindre couac de maniabilité. Seul petit regret, les développeurs ont eu l'étrange idée de transformer l'affrontement final en séquence de QTE - bien trop permissive qui plus est.
Que l'on aime ou pas le style graphique de Thieves in Time, impossible de nier le profond respect de la direction artistique de la série. Bardée de couleurs chatoyantes, de décors bien plus détaillés qu'il n'y paraît, cette suite fait honneur à la PS3, non parce qu'elle affiche un nombre de polygones indécent, non parce que ses effets spéciaux en mettent plein la vue, mais tout simplement parce qu'elle propose un tout très cohérent où chaque morceau de décor, chaque ennemi, s'intègre parfaitement à l'époque traversée. Les zones ouvertes qui font office de HUB entre les missions plus linéaires n'ont certes pas la taille des mondes de Skyrim ou des jeux Rockstar, mais qu'importe. Découvrir toutes les périodes clefs de l'histoire des Cooper est un réel plaisir, tant et si bien que nous n'avons pu nous résoudre à vous en montrer trop dans les vidéos qui accompagnent cet article. Parfois baignés dans la lumière chaleureuse du soleil, parfois seulement caressés par l'astre lunaire et l'éclairage public, les décors s'affichent à perte de vue dans des ambiances variées, le léger affichage tardif de quelques éléments se faisant très vite oublier sur Vita (qui n'a par ailleurs pas à rougir par rapport à sa grande sœur). Les animations ne sont pas en reste, les personnages (amis comme ennemis) bougent comme dans un dessin animé, avec un framerate locké à 60 images par secondes sur PS3 (en dépit de menus ralentissements sporadiques). Sur la portable de Sony, le nombre d'images par seconde est certes un peu plus bas, mais à part de légères baisses de framerate de temps en temps, le jeu est d'une fluidité à toute épreuve.
Ayant eu l'occasion de jouer en version originale (sur PS3) et en version française (sur Vita, comme vous pouvez le voir dans nos vidéos d'ailleurs), nous avons pu constater la grande qualité des doublages, très fidèles à l'esprit dessin animé. On retrouve donc des accentuations très exagérées, des personnages aussi drôles que ridicules (on pense par exemple à l'ours Grizz, artiste peintre/patineur et rappeur à ses heures perdues), le tout au service d'un scénario certes classique, mais pas sans surprises. Le casting vocal est bon et varié (on évite la désagréable impression de rencontrer encore et toujours les mêmes personnages), même en VF, ce qui est loin d'être toujours le cas. Les plus attentifs reconnaîtront d'ailleurs sans doute quelques uns des timbres au travail ici, de quoi se sentir à la maison devant le poste à l'heure du goûter. Bon, on vous avoue que certains accents de Bentley qui tendent parfois dangereusement vers ceux d'un Christian Clavier surexcité peuvent agacer, mais c'est heureusement assez rare. La traduction ne souffre d'aucun problème, même si on retrouve quelques maladresses comme dans tout bon Disney (le génie d'Aladin et sa chèvre). On pense par exemple à l'expression "connaître la ville comme sa poche", qui intrigue beaucoup l'ancêtre Salim Al Coopar. En entendant Bentley prononcer l'expression, on le voit alors observer sa main sous toutes les coutures. Pas étonnant quand on sait que l'équivalent anglais est en fait "to know the city like the back of one's hand". Avec leurs sonorités en accord avec les siècles visités, les musiques se fondent dans le décor, les habillant parfaitement, non sans rappeler au passage quelques bons souvenirs (les vieux westerns de notre enfance ou les jeux Aladin sur Snes et Megadrive).
Verdict
Tous les commentaires (13)
Petite question, la durée de vie est elle à la hauteur?
Dommage qu'il sorte un peu tard, ça aurait pu faire une belle mascotte.
Le coup du cross-play ça doit vraiment être sympa, dommage qu'il soit si peu exploité.