L'histoire étant un perpétuel recommencement, on ne s'étonne plus de devoir poser nos sandales virtuelles dans les pas des années passées, tout cela pour redécouvrir les grands classiques du jeu vidéo. Brothers: A Tale of Two Sons Remake nous renvoie aussi loin que 2013, deux mois à peine après la sortie d'un certain The Last of Us, qui allait marquer durablement les esprits par sa narration sans concessions. Moins cinématographique mais tout aussi puissant du point de vue narratif, le jeu de Josef Fares (A Way Out, It Takes Two) n'en méritait pas moins les éloges pour la trace durable qu'il a laissée chez celles et ceux qui ont eu la chance de le découvrir à l'époque (ou depuis). On vous explique pourquoi juste après le clic.
Comme son nom l'indique, Brothers : A Tale of Two Sons, c'est avant tout le remake d'une histoire de famille, cette dernière se voyant malheureusement brisée par le décès d'une mère et la maladie d'un père que ses deux fils se refusent à laisser partir. Voilà donc les deux jeunes frères prêts à affronter les pires dangers pour ramener le remède miracle qui le sauvera d'une mort certaine. Un voyage long de quelques heures qu'il sera difficile d'oublier tant l'univers dans lequel les deux personnages évoluent est réussi à bien des égards. Graphiquement déjà, grâce au lifting opéré par AvantGarden, Brothers est un titre visuellement encore plus abouti qui baigne dans une atmosphère hypnotisante. Le calme des villages traversés, les points de vue riches en poésie, les rencontres fortuites, les zones plus macabres où les effets de lumière renforcent l'atmosphère, tout respire l'attention du détail et la volonté de construire un tout cohérent et diablement immersif. Le prix à payer pour revivre cette expérience marquante ? Une structure toujours aussi linéaire et quelques concessions sur les options graphiques (ou la résolution) compte tenu de la relative gourmandise du titre quand on ne possède pas une carte graphique dernier cri. Tellement peu de choses au final au regard du reste... Brothers : A Tale of Two Sons parvient en effet à toucher le joueur, de par son sujet évidemment, mais également via les nombreuses interactions possibles - et totalement optionnelles - avec le monde qui l'entoure.
Des échanges parfois sans réelles conséquences, mais qui peuvent aussi amener les deux enfants à modifier le destin d'une personne croisée. Pas question d'en dire plus, Brothers est un titre qui se découvre seul et qui mérite qu'on s'y lance les yeux fermés, d'autant plus quand on n'a jamais eu la chance d'y jouer. Il faudra cependant les avoir bien ouverts pour maîtriser totalement les contrôles très originaux du jeu. En effet, là où certains pourraient penser Brothers destiné à la coopération avec un ami, le jeu de Starbreeze ose à la base le mode deux joueurs à un seul joueur. Point d'IA pour vous seconder non plus, ni même de système de switch entre les deux personnages, il va vous falloir vous plier à une gymnastique bien particulière puisque le contrôle de chaque frère est alloué aux deux sticks analogiques et aux deux gâchettes. Pour diriger l'aîné, il vous faudra donc actionner le stick gauche, pour le plus jeune, ce sera tout bêtement le stick droit. Comme il est souvent nécessaire de faire avancer les deux personnages en même temps, il faut vous attendre à quelques couacs. Pas évidente, cette maniabilité donne néanmoins toute sa singularité au gameplay, et tout son intérêt pour ainsi dire, au point d'ailleurs que l'implémentation d'un véritable mode deux joueurs, aussi sympathique soit-il au demeurant, fait obligatoirement perdre une bonne partie de de son impact émotionnel à ce remake. On rappelle en effet que ce choix particulier de game design résonnait jusque dans ses velléités narratives. Les puzzles rencontrés font également bon usage de la mécanique de complémentarité des deux personnages mais ne posent jamais problème très longtemps, le jeu restant très facile globalement, en plus d'être très court (comptez moins de trois heures pour en voir le bout). À deux joueurs, tout fonctionne évidemment parfaitement bien, mais on ne saurait trop vous conseiller de découvrir l'aventure en solo une première fois avant de partager ce conte avec quelqu'un.
Autant vous prévenir avant de vous laisser vous lancer dans le jeu avec vos enfants, l'histoire imaginée par Josef Fares se veut plutôt sombre, voire parfois violente. Non seulement l'issue de la quête des deux frères reste incertaine jusqu'au bout, mais en plus, les péripéties qu'ils traversent touchent parfois des thèmes très adultes, le suicide et le deuil, entre autres. Certains passages peuvent aussi s'avérer assez effrayants pour les plus jeunes, comme celui où l'on se trouve traqué par une meute de loups affamés en pleine nuit, ou la rencontre avec le dernier boss. On a donc ici affaire à une histoire fidèle aux ambiances souvent dures et impitoyables des contes originaux de Perrault et des Frères Grimm et non dans la vision adoucie des productions Disney. Visuellement, ce remake parvient à la fois à rester fidèle à celle de Josef Fares tout en la rapprochant des standards actuels, avec une modélisation plus détaillée des différents personnages, des effets de lumière et des textures plus détaillés et réalistes, sans pour autant se dépareiller de son esthétique de conte. Il est vrai que le jeu original, de fait que son approche artistique assez stylisée, reste tout à fait viable aujourd'hui, et certains penseront certainement que la refonte graphique proposé par AvantGarden n'était pas vraiment justifiée. Pourtant, difficile de nier la grande réussite visuelle qu'est ce remake, qui parvient à ne pas trahir le jeu original tout en enrichissant son univers graphique. Les animations sont sans doute l'aspect qui semble avoir le moins évolué depuis 2013, même si elles nous paraissent également plus détaillées que celles du jeu sorti sur Xbox 360, notamment pendant les quelques cinématiques qui illustrent la progression des deux protagonistes. Il est toutefois surprenant de voir que ces dernières soient, dans leur très grande majorité, lockées à trente images par seconde, y compris sur PC.
Nous l'évoquions plus haut, mais cette version demande une configuration assez musclée malgré le placement de la caméra en hauteur (que l'on peut seulement déplacer de droite gauche via les gâchettes hautes) qui limite forcément l'angle de vue. Ainsi, avec notre RTX 2080 Ti vieillissante et notre vénérable i9 9900k, pour conserver un framerate irréprochable à soixante images par seconde avec les réglages ultra, nous avons dû nous contenter d'une résolution en 1440p avec le DLSS Qualité (en résolution native, le nombre d'images par seconde retombait autour des 40/50 fps) ou de la 4K et du DLSS Ultra Performance (au-dessus, impossible de maintenir les 60 fps). Bien sûr, il est parfaitement possible d'essayer de toucher aux nombreuses options graphiques pour trouver un autre type de compromis, d'autant que les modifications se font en temps réel et ne nécessitent pas de relancer le jeu comme c'est parfois le cas sur PC. Concernant le rendu du DLSS, il sera plus ou moins bon en fonction de celui que vous choisirez évidemment, mais quel que soit celui pour lequel vous opterez, il restera des effets de fourmillements au niveau de la végétation ou des cheveux des personnages. Rien de dramatique, mais on voulait surtout insister sur le fait que le résultat obtenu reste tout à fait satisfaisant même en passant par des versions de la technologie qui altèrent plus le rendu de l'image. Nos vidéos peuvent d'ailleurs en attester si vous ne nous croyez pas sur parole. Enfin, évoquons l'excellence de la bande son originale, avec ses musiques dignes d'un long métrage et ses dialogues dans une langue inconnue qui restent parfaitement compréhensibles grâce au contexte visuel et aux animations des personnages.
Tous les commentaires (4)
Par contre le jeu était très sympa donc pour ceux qui ne connaissent pas c'est plutôt une bonne nouvelle.
Je vais pas forcément me lancer day-one, mais ce remake reste dans ma liste pour sans aucun doute le lancer et redécouvrir cette petite histoire version 2024.
Je retiens la recommandation de ne pas le faire en coop.