Deuxième morceau de The Heavy Rain and Beyond: Two Souls Collection, Heavy Rain a trouvé son chemin jusqu'à notre PS4 la semaine dernière. On en a profité pour vous préparer quelques vidéos de gameplay ainsi qu'une review remastérisée pleine de nouveaux intertitres.
Heavy Rain, c'est avant tout l'histoire de plusieurs vies, celles de protagonistes qui ne sortiront pas forcément tous indemnes de cette course contre la mort dans laquelle ils sont engagés. Destins brisés, désespoir et solitude, on pourrait penser que le jeu de David Cage se concentre essentiellement sur la mort, mais il en est tout autrement. Car qu'il s'agisse d'Ethan Mars, le père malheureux, Shelby, le détective au grand cœur, Madison, la journaliste insomniaque ou bien Jayden, l'agent du FBI accroc aux substances illicites, tous n'ont qu'une idée en tête : tout faire pour préserver ce qui reste de lumière dans une ville noyée sous les trombes d'eau. C'est cette lutte contre le courant d'un déluge d'évènements irréversibles que Quantic Dream vous propose de suivre. Résolument adulte dans son propos, Heavy Rain joue sur les sentiments et les réactions du joueur qui passe tour à tour du rôle de l'acteur que l'on dirige à celui de metteur en scène au moment des choix cornéliens qui s'offriront à lui.
Le premier de ces choix sera déjà d'accepter le parti pris du jeu. Oui, Heavy Rain tient plus du film interactif que du véritable jeu au sens propre du terme. Oui, Heavy Rain (ab ?)usera beaucoup de QTE et autres actions contextuelles. Est-ce à dire que l'intérêt s'en trouve minimisé ? Non, ou plutôt, cela dépend. Si Fahrenheit était parvenu à vous tenir en haleine malgré son histoire abracadabrante, et pour ainsi dire, peu inspirée, Heavy Rain ne se risquera jamais au delà du réel. Le scénario reste somme toute assez classique, avec la plupart des scènes que l'on s'attend à voir dans un polar, sans pour autant négliger quelques surprises, heureusement jamais du troisième type. Et là vous pouvez respirer un bon coup, pas de mauvais trip à la Matrix dans cette nouvelle production, l'histoire reste ancrée dans la plus sombre des réalités du début à la fin. Et si le scénario ne brille pas par sa grande originalité, il a au moins le mérite de rester globalement cohérent jusqu'au bout, avec une enquête au dénouement inattendu et au final haletant. On regrette juste que David Cage n'ait pas cru bon justifier les fausses pistes qu'il sème pourtant tout le long de l'aventure. Un peu facile diront certains.
Heavy Rain permettra au joueur d'accomplir les tâches les plus basiques de la vie de tous les jours : prendre une douche, aller aux toilettes (que les petites vessies se rassurent, on peut y aller très souvent si besoin est), mettre la table, jouer avec ses enfants, préparer à manger, changer des couches - notez l'usage de l'article et non du possessif - et même se maquiller. Certaines de ces activités seront bien sûr obligatoires, mais il ne vous sera pas non plus demandé de forcément toutes les réaliser pour progresser. Si ces scènes proposent un plaisir vidéo-ludique assez limité - après tout, déplacer le stick dans une direction ou bien appuyer sur un bouton n'ont rien de manipulations excessivement exaltantes, encore moins gratifiantes pour le joueur moyen -, l'intérêt est ailleurs. Du moins pour ceux qui n'auront pas décidé de prendre en grippe ces séquences de vie banales dont le but est avant tout de vous mettre dans l'ambiance.
À côté de cela, le joueur pourra bien sûr échanger quelques mots avec les autres personnages, qu'il s'agisse de discuter avec son enfant ou d'interroger un témoin. Le système proposé est plutôt simple puisque des mots apparaissent à l'écran, tous associés à une touche de la manette. La "difficulté" vient du fait que ces derniers ne sont pas statiques, que la lisibilité s'en trouve donc affectée, et que certains dialogues demandent de choisir vite sa question/réponse sous peine de voir le jeu décider pour vous - et pas forcément à votre avantage vous vous en doutez. Enfin, sachez que vous ne pourrez pas toujours aborder tous les sujets, ce qui vous obligera à faire des choix. Globalement, ces scènes fonctionnent assez bien et certaines d'entre elles se permettent même de mettre un peu la pression au joueur, qui pourra alors déraper, ou pas...
Pas de surprises, toutes les séquences dites d'action feront elles appel aux fameux QTE tant décriés depuis des années. Qu'il s'agisse de jongler, se battre à mains nues, de conduire un véhicule, d'utiliser une arme à feu, d'échapper à une situation périlleuse ou de danser, vos réflexes seront mis à rude épreuve tout au long de l'aventure. Si la plupart du temps, il vous sera accordé quelques erreurs sans que l'issue n'en soit fatale, attention à ne pas trop vous déconcentrer car certains chapitres peuvent réellement mal se terminer. Déjà présents dans Fahrenheit, les QTE avaient à l'époque été vivement critiqués à cause de leur extrême longueur, mais surtout, parce qu'ils empêchaient le joueur de suivre ce qui se passait à l'écran s'il voulait parvenir à entrer correctement la combinaison de touches. Heureusement, plus de soucis de ce genre dans Heavy Rain, grâce à une intégration intelligente des commandes au sein même de l'action. Les QTE pourront donc être éprouvants pour les nerfs lorsqu'ils se prolongent, mais jamais frustrants ou énervants. Leur mise en scène étant toujours très efficace et le joueur ne perdant rien de ce qui se passe, ils en deviennent même très prenants et rappellent même ceux de Shenmue, le quasi inventeur du genre.
Dans un jeu qui a pour cadre, une enquête policière, il aurait été dommage de ne pas se voir proposer de phases de recherche d'indices. Équipé de lunettes ultra sophistiquées, l'agent Jayden devra par exemple arpenter les lieux d'un crime tout en scannant les environs pour récolter d'éventuelles preuves. Ces séquences sont une fois encore assez simples étant donné que les lieux sont toujours assez restreints et que le système consiste tout simplement à appuyer sur la touche R1 pour scanner une zone circulaire autour du personnage. Tout indice – qu'il ait un rapport avec l'enquête ou non – apparaît alors à l'écran et il suffit de s'en approcher et de pousser le stick droit vers le bas pour lancer l'analyse. Encore une fois, malgré la simplicité du procédé, cela participe tout de même beaucoup à mettre le joueur dans l'ambiance. Une fois tous les indices récupérés, il s'agira alors de les consulter au bureau pour obtenir de nouvelles pistes et faire avancer l'histoire. En dehors de ces passages très high-tech, le joueur pourra aussi être amené à fouiller une maison ou un appartement de façon plus classique, à l'ancienne.
Une grande partie de la communication de Heavy Rain s'est faite autour de l'idée que c'est le joueur qui construit son histoire, que ses choix peuvent être déterminants sur la manière dont les évènements se déroulent. Dans la version preview sur PS3, nous regrettions de n'avoir pas pu constater de véritables conséquences de nos actes, l'aventure s'arrêtant trop prématurément. On pouvait bien sûr, comme dans la scène de l'épicerie, assister à quelques variantes de la même situation de départ mais qui, au final, ne changeaient en rien l'issue de celle-ci : en effet, dans ce chapitre, l'épicier finit toujours par confier une mystérieuse boite au détective Shelby. Soyez rassurés, certaines actions (manquées ou réussies) auront effectivement une réelle influence sur la suite de l'aventure. On nous avait promis que l'on pourrait perdre un ou plusieurs personnages et nous pouvons vous confirmer que c'est bien le cas. Certains choix difficiles qui vous seront demandés, ou certaines décisions que vous devrez prendre dans l'urgence modifieront bel et bien le cours des évènements. On aurait évidemment préféré que ce soit vraiment le cas pour toutes les scènes un peu stressantes, mais c'est déjà plus que beaucoup de titres peuvent se vanter de proposer. Le jeu ne finira donc pas forcément sur un happy end pour tout le monde, tout dépendra de vous. Vous voilà prévenus.
Techniquement, cette version PS4 nous a permis de constater de réelles améliorations, notamment en ce qui concerne le framerate, qui peinait parfois lors de certaines scènes sur la mouture PS3. Les problèmes de tearing ont également été corrigés, même si à l'époque ce n'était finalement pas aussi gênant que cela. Si tout le monde ne sera sans doute pas d'accord, les décors ont encore bien belle allure, tout particulièrement lorsqu'il pleut, et ils demeurent quasi photo-réalistes dans cette version PS4. Le gain en résolution permet de profiter de textures plutôt détaillées qui laissent penser qu'elles ont été retravaillées pour l'occasion. Les intérieurs sont tous riches en détails et les effets de lumière affinés qui les habillent distillent une ambiance particulière dans chacun d'entre eux. Les visages des différents personnages ne sont pas en reste, souvent troublants de réalisme - cela n'a rien d'étonnant quand on sait que, pour la plupart, ils ont été modélisés à partir des acteurs anglo-saxons qui leur ont prêté leur voix. On se surprend pourtant toujours à sourire tant l'aspect figé de certaines expressions ou regards détone par rapport au reste. De même, certains gros plans sur les mains des protagonistes révèlent une modélisation trop sommaire.
Là où le jeu déçoit toujours autant, c'est sur la rigidité des déplacements - source de nombreux agacements – et la raideur des animations en motion capture. Les différents personnages sont assez lourds à diriger, la faute à une inertie assez prononcée (se retourner peut parfois prendre des proportions ridicules) et un système de déplacement pas toujours pratique ou intuitif. Du coup, les animations oscillent entre un rendu assez naturel et un aspect très robotique. La preuve que la motion capture a des limites que l'adresse du joueur à la manette ne peut pas forcément compenser. Dernier point à souligner, notre version review souffrait de bugs aléatoires que nous n'avions jamais vus sur PS3 (menus qui clignotent, personnage qui s'encastre dans le décor ou qui se téléporte, stuttering soudain des animations). Espérons qu'un patch viendra corriger tout cela, car si nous avons pu profiter d'une expérience de jeu agréable dans l'ensemble, il est très frustrant de devoir relancer la PS4 à cause d'un problème de stabilité. Dommage car sans cela, le portage aurait presque pu mériter une médaille.
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Bon ça va pas m'empêcher de prendre le pack des 2, car j'ai adoré HR et que je n'ai jamais fait Beyond. :)