GSY Review PS5 Xbox Series X PC

Nouvelle critique sur Gamersyde cette semaine avec le retour de Layers of Fear qui profite de son passage sous Unreal Engine 5 pour venir hanter nos nuits de nouveau. A l’occasion de la sortie du titre, qui est désormais disponible pour tout le monde, nous vous proposons un peu de lecture et beaucoup de vidéos.

Ne pas prendre des messies pour les lanternes

En 2016, le petit monde des jeux vidéo d’horreur allait se voir bouleversé par un studio polonais. Sorti tout d’abord en accès anticipé sur PC, Layers of Fear allait peu à peu se forger une solide réputation dans le genre des walking simulators horrifiques, nous surprenant même à la rédaction de Gamersyde par son ingéniosité et sa mise en scène. On y découvrait la psyché torturée d’un peintre qui avait vu sa vie s’écrouler après un certain nombre d’événements que l’on ne décrira pas ici pour ne pas risquer de vous en gâcher la surprise. Quelques mois plus tard sortait un DLC centré sur la fille de ce peintre, puis il aura fallu attendre trois ans supplémentaires pour découvrir Layers of Fear 2, où l’on suivait cette fois le parcours d’un artiste et où l’on arpentait les couloirs d’un bateau de croisière dans lequel le personnage principal n’allait pas beaucoup s’amuser. Une suite qui nous avait laissé des impressions un peu plus mitigées, malgré l’ajout de quelques énigmes et de ressorts ludiques plus affirmés. Notre critique principale visait plus particulièrement l’implémentation d’une créature difforme et menaçante qui pouvait nous tuer et qui, au lieu d’appuyer le sentiment de peur et de malaise, avait surtout eu le don de nous agacer. Bloober Team s’est par la suite émancipé de la franchise qui les avait fait connaître avec des jeux comme Observer, Blairwitch et The Medium, sans jamais vraiment parvenir à réitérer le succès critique du premier Layers of Fear. Alors que le studio nous prépare l’un des remakes les plus attendus du moment (celui de Silent Hill 2, qui leur permettra de boucler la boucle après tant de jeux s’en inspirant), le voilà de retour avec une relecture de sa série fétiche.

Le Layers of Fear de 2023 ne se contente cependant pas de proposer une nouvelle vision du premier volet. En effet, non content de revisiter le mythe fondateur, il rassemble toute la série au sein d’un même jeu, sans oublier de l’étoffer au passage. Ainsi, on retrouve la descente aux enfers du peintre déchu, mais également l’héritage de sa fille (qui correspond au DLC de l’époque) et la croisière maudite de l’artiste. En complément de tout cela, Bloober Team et Anshar Studios nous offrent un nouveau point de vue pour aborder l’histoire du premier volet puisque l’on va pour la première fois pouvoir incarner la femme du peintre et vivre avec elle tout ce qu’elle a traversé avec son mari. Un contenu totalement inédit mais dont la durée de vie ne peut assez logiquement pas rivaliser avec celle du jeu de base (qui tourne autour des cinq à six heures on vous le rappelle). Ce n’est toutefois pas tout. Relecture oblige, les développeurs ont en effet intégré un tout nouveau personnage dans l’expérience, celui de l’auteure, responsable des différentes histoires que l’on connaît déjà (à moins bien sûr de ne pas avoir fait les originaux). Cette écrivaine sert finalement de trait d’union entre toutes ces expériences narratives, mais on le comprend bien vite, ses écrits sont évidemment le reflet de son esprit torturé. Cette femme d’origine afro-américaine dont on sait uniquement qu’elle a un fils vient de remporter un concours dont le premier prix lui donne l’opportunité de rédiger son histoire dans le confort relatif et l’isolement total d’un phare. Le lieu n’est pas particulièrement accueillant, et malgré la présence d’un téléphone lui permettant de garder un contact avec le monde, la pression aussi forte qu’étrange des organisateurs du concours pèse sur ses épaules. Le jeu s’ouvre avec ce personnage et l’on revient ponctuellement à lui à la suite de certains chapitres des premier et second volets (les DLC se faisant d’une seule traite, sans retour possible au phare).

Une nouveauté qui ajoute un mystère supplémentaire mais n’attendez pas de ce lieu inédit qu’il vous propose une exploration digne du manoir et du bateau de croisière. Les passages dans le phare restent courts, le nombre de pièces visitables très limité, et on se contente le plus souvent de les arpenter au petit bonheur la chance pour vérifier si de nouvelles interactions sont disponibles, ou si de nouveaux événements étranges vont y avoir lieu. Ceci étant dit, pour obtenir une vision plus claire de l’identité de ce personnage et comprendre ce qu’elle a traversé, il vous faudra aller au bout de l’expérience proposée par tout le contenu du jeu. Pas forcément de quoi motiver celles et ceux qui ont déjà pratiqué Layers of Fear et sa suite de remettre le couvert une seconde fois, mais on apprécie l’effort. Parce que si l’effort pour retravailler l'œuvre originale est indéniable, il ne faut pas en attendre une réelle révolution. Le peintre du premier volet cherchait à réaliser son “Magnum Opus” et clairement le studio polonais capitalise sur sa série à succès pour la faire connaître à un public qui serait passé à côté à l’époque. Pas question donc de bouleverser le genre qu’il a quasi créé (avec le P.T d’Hideo Kojima), un genre auquel on a obligatoirement eu le temps de s’habituer compte tenu du nombre de jeux qui s’y sont frottés depuis 2016. Par conséquent, si vous n’y êtes pas sensible à la base, il y a peu de chances que cette relecture de Layers of Fear soit à même de vous convaincre plus. De même, malgré les retouches et les quelques apports (que nous ne tarderons pas à évoquer), il nous semble moyennement pertinent de vous y relancer si vous avez déjà terminé les deux jeux originaux depuis leur sortie initiale. Ceci étant dit, pour les autres, cette compilation revisitée offre un contenu suffisamment riche pour être parfaitement recommandable, à condition de supporter un enchaînement d’heures dans un univers glauque et malsain digne de vos pires cauchemars. Ce n’est pas pour rien si nous avons toujours trouvé un lien de parenté évident entre Layers of Fear et Silent Hill.

Fear the Walking Maid

Le problème principal des jeux marquants, c’est qu’ils marquent durablement justement, et avec un titre comme Layers of Fear, difficile de ne pas garder intact le souvenir de nombreuses séquences quand on a vécu l’expérience au moins une fois. En dépit des années qui se sont écoulées, nous avions donc encore en mémoire bien des scènes de ce premier volet, de ses tableaux lugubres affichés sur les murs aux artifices de mise en scène malins visant à nous faire tourner en bourrique. L’agencement des pièces de la maison, qui n’était de toute façon pas immense, nous était également bien resté en mémoire, de même que les tenants et aboutissants de son intrigue, ou du moins ce que nous en avions compris. L’avantage quand on a la charge d’une critique, c’est que cela permet de remarquer plus facilement les divers changements opérés. Au rang des ajouts notables, on a par exemple pu remarquer l'implémentation de nouvelles énigmes ou de passages traités de manière un peu différente, tant au niveau de l'esthétique que de l'agencement ou du déroulement des événements eux-mêmes. On ne parle pas de modifications radicales de l'expérience, la structure du jeu restant exactement la même, avec des retours réguliers dans l'atelier du peintre (ou la loge de l'artiste) qui marquent les différents chapitres, mais au-delà de l'évolution technique, il existe bien des variations par rapport à ce que l'on connaissait. La nouveauté la plus évidente n'est cependant pas forcément la plus pertinente à notre sens, du moins ludiquement parlant. Alors que le Layers of Fear original n'imposait aucune menace létale, sa relecture nous met aux prises avec une femme démoniaque qui n'a de cesse de nous poursuivre jusqu'à ce que mort s'en suive.

Ces séquences, bien que récurrentes (y compris dans le DLC inédit), restent ponctuelles et assez courtes, mais comme dans le second volet, elles peuvent tout de même être un peu frustrantes. Heureusement, Bloober Team a eu la bonne idée de ne pas les rendre punitives. Nonobstant le fait que l’on puisse désactiver la mort dans les options du jeu (et passer en mode sans échec), chaque fois que l’on se fait attraper par le spectre, on reprend connaissance instantanément dans une pièce prévue à cet effet et l’on peut, en en sortant, reprendre son exploration là où elle en était restée, sans que cela ne réinitialise nos actions passées. Comme ces passages de traque ont généralement lieu à des moments où l’on cherche plusieurs objets (ou numéros) nécessaires à la progression, le jeu ne nous pénalise pas en nous forçant à les chercher de nouveau. Ainsi, tout ce que vous aurez découvert avant votre trépas restera dans votre inventaire. Contrairement à Layers of Fear 2 en revanche, la mort n’est pas inéluctable, car vous êtes désormais équipé d’une lanterne pour vous défendre face aux assauts répétés de cette mystérieuse femme. Problème, lever la lampe pour éclairer les lieux fait monter une jauge qui, une fois pleine, empêche de l’utiliser pendant quelque temps. Or, pour désintégrer brièvement le spectre, il vous faudra avoir suffisamment d’énergie pour projeter un rayon plus puissant sur lui (à la manière d’Alan Wake). Si la jauge est trop remplie quand vous lancez votre attaque, il est plus que probable que vous n’aurez pas assez de puissance pour repousser l’étreinte fatale, mais comme ces séquences ont souvent lieu dans le noir et que l’on a besoin de la lanterne pour trouver les objets clefs, on se retrouve obligé de la lever devant soi juste quelques secondes pour savoir où aller et vérifier que la clef qui nous manque (par exemple) ne traîne pas dans le coin. Inutile de dire que cela peut s’avérer un peu laborieux parfois, même si, au final, il n’est jamais bien compliqué de se dépêtrer de celle qui nous fait la chasse inlassablement. Le rayon de la lampe sert également à libérer certains objets emprisonnés par une force spectrale ou même à se dégager la voie quand elle est obstruée. Pour le reste, on retrouve bien sûr ce sentiment de complète désorientation ressentie à chaque fois que l’environnement est modifié en temps réel, souvent derrière notre dos, une mécanique moins novatrice en termes de design aujourd’hui, mais qui n’en reste pas moins très efficace.

Pour le non averti, la différence majeure entre ce cru 2023 et les jeux originaux tient essentiellement à sa présentation graphique. Tournant à la base sous Unity, le premier opus arborait déjà une plastique plutôt flatteuse à sa sortie respective et trônait fièrement parmi les jeux les plus réussis du moteur visuellement parlant. Un an plus tard, le studio passait à l’Unreal Engine 4 pour Observer et Layers of Fear 2 allait lui aussi s’appuyer sur le moteur d’Epic deux ans après. Il n’est donc pas très surprenant de voir que le volet qui sort en ce mois de juin 2023 ait été développé sous Unreal Engine 5, même s’il ne tire pas profit de toute la nouvelle technologie qui vient avec, les Nanites étant de toute façon moins utiles dans un monde aussi cloisonné. Cela n’empêche pas la version console du jeu de proposer le ray tracing (ombres et reflets) géré au niveau hardware par Lumen dans son mode Qualité en 4K (limité à trente images par seconde cependant). L’autre alternative est d’opter pour le mode Performance, à la résolution moindre mais au framerate doublé. On y perd bien sûr une partie du bénéfice du ray tracing (c’est surtout visible sur les reflets, dans les miroirs essentiellement, mais aussi parfois sur les surfaces mouillées par exemple), mais comme la qualité d’image n’en pâtit pas grâce à l’outil de Super Resolution du moteur et que l’illumination globale et les ombres sont toujours gérées par Lumen (en software cette fois), on ne perd pas réellement au change. Ceci étant dit, même si l’exploration y gagne assez logiquement en fluidité, comme le rythme du jeu demeure très lent, le fait d’opter pour le mode Qualité n’est pas nécessairement gênant non plus au niveau des sensations de jeu. Quel que soit votre choix, soyez assuré que le rendu global est vraiment réussi et que la différence avec le Layers of Fear de 2016 ne fait pas le moindre doute. Le fossé entre le second volet et la version incluse dans celui de cette année est en revanche moins marqué de notre point de vue, ce qui explique sans doute aussi pourquoi la communication s’est surtout focalisée sur le premier.

Verdict


Si vous n’avez jamais osé vous aventurer dans le monde de Layers of Fear, voilà une belle occasion de rattraper votre retard avec cette compilation revisitée par les développeurs polonais d’Anshar Studios pour le compte de Bloober Team. L’effet de surprise sera forcément moins grand si vous connaissez déjà la série, dans sa globalité ou seulement partiellement, donc l’intérêt de cette relecture dépendra du nombre d’épisodes que vous avez déjà pratiqués. Ce qui est certain, c’est que le tarif demandé (29.99€ pour l’édition de base) est parfaitement raisonnable et que l’on espère que cela permettra au jeu de toucher un nouveau public. On attend maintenant de voir ce que les équipes de chez Bloober Team nous réservent avec Silent Hill 2, qui est assurément leur projet le plus ambitieux à ce jour.
  • Les plus
  • Bonne réalisation globale
  • Atmosphère et mise en scène toujours efficaces
  • Direction artistique parfaitement maîtrisée
  • Toute l’expérience Layers of Fear en un jeu
  • La refonte de certains passages
  • Bande son effrayante à souhait
  • Bon rapport qualité/prix
  • Les moins
  • Formule un peu usée
  • Pas indispensable quand on connaît déjà
  • L’ajout du spectre dans le premier volet

Gamersyde Offline en duo

SchtroumpfGrognon
SchtroumpfGrognon
Commentaire du 16/06/2023 à 13:50:41
Merci pour la review, je connaissais la licence mais n'y avait jamais joué, voila une bonne occasion de remédier à ça, et puis qu'est ce que c'est beau.
En réponse à
callagane
callagane
Commentaire du 19/06/2023 à 22:28:36
Merci pour la review, je ne connaissais pas et ça m’a bien donné envie d’essayer. Même si les jeux d’horreur me font souvent trop flipper… mais pour le prix, ça peut-être intéressant. 
En réponse à
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