Licence phare de l'ère PS2, la série Ratchet & Clank revient cette semaine sous la forme d'un remake du tout premier épisode sorti il y a maintenant 14 ans. Profitant de l'arrivée au cinéma des deux héros nés de l'imagination du studio Insomniac, Sony n'a pas pour autant demandé aux développeurs originaux de bâcler le travail, ce que le prix très doux affiché (35€ en dématérialisé) aurait pourtant pu suggérer. Après la preview bien détaillée du camarade guts_o, nous vous proposons de débuter cette semaine avec notre verdict sur la version finale du jeu. Comme d'habitude, nous aurons aussi le plaisir de vous retrouver dès ce soir 21h15 pour un direct de 45 minutes sur le jeu.
8 novembre 2002. Délaissant un petit dragon nommé Spyro, Insomniac Games se lance sur les traces de Naughty Dog qui avait accouché un an plus tôt d'un certain Jak & Daxter. C'est un nouveau sympathique duo qui va naître de leur travail, des héros qui apparaîtront dans pas moins de 12 jeux, de la PS2 à la PS3 en passant par la PSP et la Vita. Contrairement à Naughty Dog qui emmènera très vite Jak & Daxter vers une ambiance plus mature, Insomniac ne se risquera jamais à modifier l'univers plus enfantin de Ratchet & Clank, mais tentera néanmoins quelques approches différentes de la licence sur PS3 (le multijoueur coopératif avec All 4 One et le Tower Defense dans Q-Force - Frontal Assault aux USA). Les deux studios californiens étant basés dans le même immeuble au début des années 2000, une collaboration assez étroite va naître entre eux pour faciliter le développement de leurs deux séries fétiches, tant et si bien que leurs jeux finissent par devenir de véritables références visuelles et techniques.
Malgré une forte présence sur PS3 avec tout de même 6 volets différents sortis en 6 ans, Insomniac a également tenté de se tourner vers un public plus âgé dès la sortie de la troisième console de salon du constructeur japonais, avec moins de réussite que leurs collègues de Naughty Dog cependant. Malgré une base de fans solide et trois épisodes sur PS3, Resistance tombe en effet un peu à plat et ne marque pas les esprits comme avait pu le faire Ratchet & Clank en son temps. Les autres tentatives du studio à faire autre chose (le très moyen Fuse en fin de génération précédente et le très réussi Sunset Overdrive sur Xbox One) ne se soldent pas non plus par des résultats très concluants, aussi ne s'étonne-t-on pas de le voir revenir à ses premières amours, sur PS4 cette fois-ci. La dernière console de Sony accueille donc un nouvel épisode, enfin presque, puisqu'il s'agit en fait du tout premier volet.
Afin de nous épargner l'inévitable levée de boucliers des joueurs avides de nouveautés qui désespèrent de voir leur ludothèque PS4 artificiellement gonflée par des versions remastérisées des gloires du passé, précisons d'entrée de jeu qu'il s'agit ici d'un remake au sens propre du terme. À la manière du premier épisode culte de la saga Resident Evil revu et corrigé sur Gamecube en 2002 (et sous-titré Rebirth par erreur par bon nombre de joueurs et journalistes français), ce Ratchet & Clank est une relecture soignée de celui par qui tout a commencé. On y retrouve donc les personnages secondaires originaux, le Capitaine Qwark en tête, ainsi qu'une bonne partie des niveaux traversés à l'époque, avec des zones aisément reconnaissables par leurs décors et leur level design. En revanche, la structure même du jeu n'a pas été reproduite à l'identique et de nombreux ajouts y ont été faits pour coller au scénario du film. Si l'on reconnaîtra assez aisément Novalis, Kerwan ou Batalia (qui délaisse cependant les montagnes pluvieuses pour les sommets enneigés), d'autres séquences (à bord du vaisseau de Ratchet par exemple) ou lieux seront totalement originaux.
À noter qu'en contrepartie, certains passages du jeu de 2002 ont tout bonnement disparu, dont des planètes entières, tout comme les nombreux allers-retours que l'histoire nous forçait à faire régulièrement. L'expérience gagne donc en fluidité et en rythme, même s'il sera évidemment toujours possible de revenir sur une planète déjà visitée pour y récupérer les divers objets cachés qui vous auraient échappé à votre premier passage. Chaque destination propose également des objectifs optionnels en complément des missions principales, ces derniers vous octroyant souvent des récompenses bien utiles. Par exemple, en nettoyant la station d'épuration de Pokitaru, vous serez gratifié d'un masque vous permettant d'explorer les fonds marins sans contrainte de temps. Il ne faudra bien sûr pas s'attendre à une pléthore d'activités annexes digne d'un jeu open world, mais ces missions secondaires vous amenant à visiter de nouvelles zones, elles seront toujours plaisantes à découvrir. Il en va de même pour les quêtes principales, d'autant que cet idiot de Qwark n'hésitera pas à faire quelques petits commentaires en voix-off de temps à autre pour accompagner vos actions et faire office de narrateur.
Que vous soyez en pleine mission pour les Rangers Galactiques ou que vous rendiez service à un personnage rencontré au hasard d'une lointaine planète, il faudra faire parler la poudre et le moutonator, la série restant avant tout axée sur des mécaniques de tir reposant sur l'arsenal loufoque de Ratchet. De ce côté, les fans de la série seront aux anges puisque l'on retrouve non seulement les grands classiques que sont le Pyrolanceur, le Groovitron (apparu sur PS3 dans Operation Destruction pour la première fois) et Mr Zurkon (inauguré dans A Crack in Time en 2009), mais aussi quelques nouveautés bien senties comme le désormais célèbre Pixéliseur HD ou le Tambour à Protons, qui déploie une boule métallique capable de frapper le sol à plusieurs reprises et provoquant une onde d'énergie plus ou moins efficace selon le niveau de l'arme. Insomniac ne s'est donc pas contenté de reprendre l'arsenal du premier volet en le remettant un peu à jour, et c'est bien au meilleur de tous les épisodes sortis que vous aurez droit ici, pour un résultat à l'écran explosif et dévastateur.
En tout et pour tout, pas moins de 15 armes différentes, toutes dotées d'un arbre de compétences propre qui se débloquera au fur et à mesure en dépensant les cristaux de Raritanium que vous ramasserez sur votre route. À cela il faudra ajouter les 5 niveaux que chacune des armes peut atteindre à force de les utiliser. La fidélité récompensée donc, mais il vous faudra tout de même faire un choix pour les faire évoluer grâce aux cristaux, ces derniers étant disponibles en nombre limité (notez que le mode défi permet une fois l'aventure terminée de reprendre le jeu et de continuer à améliorer votre arsenal, et même d'obtenir des versions plus puissantes des armes de base). Ratchet peut bien évidemment aussi compter sur sa clef pour se frotter à ses ennemis au corps à corps quand les munitions viennent à manquer. Une situation qui ne manquera pas d'arriver en fin d'aventure quand les rangs ennemis se font de plus en plus serrés et nombreux, ou contre les boss bien retors que vous croiserez, tout particulièrement si vous avez privilégié l'amélioration de certains modèles à d'autres. Heureusement, on finit toujours par trouver quelques blocs de munitions sur sa route, ou un vendeur qui se fera un plaisir de vous réapprovisionner moyennant boulons.
En dehors des phases d'action frénétiques et jubilatoires qui ont fait le succès des aventures de Ratchet & Clank, on retrouve également un aspect plateforme, qui reste cependant assez en retrait par rapport au reste. S'il sera difficile d'aller à la faute à moins d'une bête erreur de manipulation, les séquences un peu plus acrobatiques viendront apporter une pause bienvenue après une série de rencontres inhospitalières. Le swingeur est toujours de la partie, permettant à Ratchet de se balancer ou de se hisser pour atteindre une plateforme éloignée, les bottes magnétiques également, pour des passages sens dessus dessous sympathiques mais toujours très courts, et enfin vous aurez aussi droit à quelques séquences de grind sur rails. Concernant ces derniers, si la mise en scène et les dénivelés parfois vertigineux seront un plaisir pour les yeux, leur manque de difficulté globale est un peu regrettable tant on se souvient d'épisodes plus récents qui faisaient la part belle à ces passages. Sauf erreur de notre part, il nous semble aussi que le Ratchet & Clank original proposaient quelques scènes supplémentaires dans le genre, mais notre mémoire nous joue peut-être des tours.
Tout aussi faciles, les deux championnats de hoverboard que l'on trouve sur Rilgar et Kalebo III se terminent sur la plus haute marche du podium à la première tentative. Même si c'était aussi le cas dans l'original, il est dommage de ne proposer qu'une seule piste par championnat, car le simple ajout de pièges supplémentaires sur le parcours ne suffit pas à renouveler les sensations sur les trois courses disponibles à chaque fois. Comme le niveau de difficulté en mode normal n'évolue pas non plus en fonction de la catégorie (bronze, argent et or), on y revient assez peu une fois les courses terminées. Dommage, car on prend un réel plaisir à enchaîner les acrobaties en passant au travers les anneaux qui remplissent la barre de turbo, ou à dénicher le boulon d'or qui se dissimule sur chacun des deux tracés. Au nombre de 28, ces boulons très spéciaux sont disséminés sur toutes les planètes du jeu et permettent de débloquer des artworks, des dessins préparatoires originaux, des filtres divers à appliquer à l'image, des cheats (vitesse de jeu, vies ou munitions infinies), etc. Une récolte pas aussi fastidieuse que dans d'autres titres et que l'on pourra terminer avant le clap de fin, tout comme celle des cartes dont les decks complets vous gratifieront de divers bonus ou de nouvelles versions des armes de base disponibles dans le jeu une fois que vous relancerez une partie en mode défi.
Enfin, terminons en mentionnant les séquences nous donnant le contrôle de Clank, assez différentes de celles de la version de 2002. Celles-ci proposent en effet deux types de mécaniques de jeu, avec tout d'abord un aspect puzzle game à base de robots aux fonctions spécifiques, puis avec des passages de fuite (assez redondants dans leur mise en scène et leurs mécaniques) où la petite tête de fer devra échapper à un redoutable adversaire. Pendant les phases de réflexion, il ne faudra plus donner des ordres aux Gadgebots que Clank croisera sur son chemin comme c'était le cas il y a 14 ans. Faisant désormais office d'outils à part entière, il suffira de les ramasser pour les utiliser en fonction de leurs capacités (trampoline, passerelle ou activateur électrique). Au début, celles-ci seront prédéfinies et il ne sera par conséquent pas très difficile de comprendre ce que l'on attend de vous. Ensuite, vous devrez définir vous-même le rôle des Gadgebots présents dans la salle pour atteindre votre but, ce qui pourra vous tenir occupé un (tout) petit moment. Une fois de plus cependant, ces séquences se veulent assez abordables dans l'ensemble, au contraire du mini-jeu de hacking des portes qui demande un peu plus de réflexion sur la fin - mais peut être passé à condition de renoncer aux boulons offerts en récompense.
Comme nous l'expliquions en préambule, l'arrivée de Ratchet & Clank en 2002 avait largement impressionné la presse et les joueurs, tant les environnements affichaient une improbable richesse pour l'époque. La ville de Megapolis et ses nombreuses voitures volantes n'étaient pas sans rappeler le film de Luc Besson, Le Cinquième Élément, sorti 5 ans plus tôt, et les nombreuses planètes traversées offraient un réel dépaysement dans le paysage vidéoludique du début des années 2000. Qu'il s'agisse des trois premiers volets ou des suivants sur PS3 dans une moindre mesure, on a d'ailleurs souvent entendu des comparaisons très flatteuses (et quelque peu surréalistes il est vrai) avec les productions Pixar, soulignant l'impact visuel que pouvait avoir la série sur les joueurs. Avec leur arrivée prochaine sur le grand écran, les deux compères sont enfin réellement sur le point de côtoyer les plus grands studios d'animation, il leur fallait donc un jeu à la mesure de leurs ambitions. Que cela soit tenu pour dit, ce remake adapté du long-métrage lui-même adapté du jeu est le plus beau volet de la série à ce jour. Rien de surprenant quand on connaît les possibilités de la PS4 diront certains, ce à quoi nous rappellerons tout de même que les volets sortis sur PS3 n'avaient pas toujours fait l'unanimité en dépit des capacités de la machine. Dans ce "nouvel" épisode, les couleurs chatoyantes s'accompagnent de textures soignées et détaillées, d'une distance d'affichage excellente et de nombreux petits détails qui rendent les environnements vivants. Toutes les destinations déjà explorées il y a 14 ans se redécouvrent donc sous un jour totalement nouveau, ce qui évite tout sentiment de lassitude. Quelques nouvelles zones font aussi leur apparition, la base finale notamment - que l'on visitera par deux fois, mais sans traverser les mêmes endroits.
L'animation n'est pas en reste, avec un framerate stable en quasi toutes circonstances, en dépit de quelques petites baisses parfois dans les situations les plus chargées - c’est-à-dire quand on laisse parler les armes les plus explosives et que le nombre d'ennemis affichés est important. Sur les tests que nous avons pu effectuer au cours de notre review, nous n'avons jamais vu le framerate descendre en dessous de la barre des 25 fps. Des baisses qui se remarquent néanmoins un peu et qui sont certes regrettables, mais elles ne durent jamais longtemps et n'ont aucun impact sur la jouabilité du titre. À ceux qui voudraient se plaindre du choix des 30 images par seconde, nous rétorquerons que dans le cas d'un titre comme Ratchet & Clank, la profusion de détails et d'adversaires vaut largement ce petit sacrifice. Seuls effets très en retrait par rapport aux autres, les plus grosses explosions et la fumée, qui dénotent par rapport au reste. L'utilisation de scènes tirées du film souligne également l'excellent travail d'Insomniac sur le rendu des cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. On en profite enfin pour mettre en avant le très bon travail des doubleurs, en anglais comme en français, même si nous pensons toujours que la voix française de Qwark n'est pas aussi réussie que celle de la version originale. Malheureusement, il sera impossible de jouer en VO autrement qu'en configurant la console dans la langue de Shakespeare, ce qui impliquera d'y jouer avec les sous-titres anglais. Détail important, la VF du jeu n'est pas portée par les célèbres YouTubers du film, dont on se demande encore pourquoi ils ont été appelés chez nous, quand, en anglais, les voix originales de Ratchet et Clank sont bien au générique du long-métrage... Les voies (voix ?) du marketing sont impénétrables.
Tous les commentaires (18)
Maintenant ne manquera plus qu'un remake de Jak and Daxter pour me combler.
Pour ce Ratchet, c'est vraiment un super boulot de la part d'Insomniac. De quoi ravir les fans du genre un peu en manque de gros jeux qui claquent.