Voilà bien un titre que l'on n'attendait pas, et pour cause, Shady Parts of Me est sorti de l'ombre à l'occasion des Game Awards pour annoncer une disponibilité immédiate sur PC, PS4 et Xbox One. La bonne nouvelle, c'est que l'arrivée du jeu n'est pas juste une agréable surprise, elle est excellente en tous points, et on vous explique pourquoi à l'intérieur.
Note : Pour que notre couverture soit la plus complète possible, un GSY Offline est également disponible.
Comment faire quand on est une petite fille de jeu vidéo terrorisée par la lumière, au point que l'on se sent obligée de se cloitrer dans l'ombre ? Eh bien, on demande de l'aide à son ombre justement, l'union faisant la force dans les moments difficiles. Shady Parts of Me nous donne donc le contrôle des deux moitiés d'une même enfant, l'une dans le monde réel en trois dimensions, obligée de fuir la lumière, l'autre coincée sur les murs où elle se projette grâce aux éclairages ambiants, dans un monde en 2D. Une idée brillante qui donne non seulement lieu à des séquences de casse-tête de plus en plus intéressantes à mesure que l'on progresse dans l'aventure, mais également à des effets de mise en scène superbement maîtrisés. Chaque personnage possède ses propres aptitudes, facilitant la coopération au sein d'environnements aux thèmes variés, le tout enrobé dans une histoire suffisamment cryptique pour laisser une bonne part à notre interprétation. Mais pour revenir aux capacités de nos personnages, l'ombre peut par exemple sauter tandis que la petite fille du monde réel est capable de déplacer des caisses pour créer des zones d'ombre, ou au contraire de lumière, pour ouvrir le passage. Dit comme cela, le concept a l'air particulièrement simple d'accès, mais soyez assuré que vous allez tout de même devoir vous triturer les méninges un minimum, et parfois user de la fonction rewind pour rattraper une erreur. Difficile d'entrer dans les détails sans risquer de vous enlever une bonne partie des surprises qui vous attendent, mais Shady Parts of Me n'hésitera pas à renverser vos repères pour vous obliger à entrer dans une autre logique, la sienne.
Si l'utilisation de l'ombre ne manquera pas de rappeler Contrast (du même éditeur), tout est ici tellement mieux orchestré que la comparaison n'a pas lieu d'aller plus loin. Si le fin mot de l'histoire pourra rester assez obscur au moment de conclure l'aventure, la narration est également bien pensée, mélangeant texte qui apparaît à l'image, en restant totalement intégré au décor, conversations entre les deux personnages et même apparition d'une troisième voix (masculine cette fois) dont on ne sait rien. Le monde dans lequel on évolue reflète de façon assez évidente le psyché de l'enfant que l'on dirige, qui cherche à tout prix la sortie, mais une seconde lecture ne sera peut-être pas de trop pour affiner son interprétation de l'histoire. Cela tombe bien car Shady Part of Me inclut des collectibles sous la forme d'oiseaux (d'ombre ou de papier, chacun ne pouvant être récolté que par l'un des deux personnages), dont une bonne partie demande une bonne dose de réflexion supplémentaire pour les obtenir. En plus de permettre de compléter les différents puzzles (un pour chaque acte) visibles dans le menu du jeu, récolter ces oiseaux vous donneront aussi souvent l'occasion d'entendre une nouvelle réplique de l'homme mystérieux qui intervient parfois. Avec ses 7 heures de jeu (à notre compteur du moins), Shady Parts of Me dure juste ce qu'il faut pour ne pas traîner en longueur et proposer une bonne variété de situations, et avec son approche visuelle assez unique, il n'y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir.
Outre ses puzzles malins et inventifs, Shady Parts of Me se démarque aussi nettement par son approche visuelle, qui lorgne du côté de la bande dessinée. L'aspect crayonné des décors en 3D est une franche réussite, tout comme la texture papier des murs sur lesquels on évolue en tant qu'ombre. Il se dégage une telle cohérence de l'ensemble que l'on est rapidement happé par cet univers étrange et hypnotique. Le soin apporté à l'esthétique se retrouve aussi dans la mise en scène de certaines séquences, quand le décor s'anime ou que les jeux d'ombre et de lumière se mettent en place. Un train qui renverse un château de carte, dont les ombres deviennent des plateformes, un dragon dont il faut éviter les attaques, un décor qui se transforme sous nos yeux par un bel effet de morphing, tout participe à l'émerveillement lors de la découverte de ces moments uniques. L'ambiance sonore se veut, elle, assez planante et relaxante la plupart du temps, ce qui donne évidemment son ambiance si particulière au titre, mais comme souvent dans les jeux du genre, la bande originale pourra parfois sembler légèrement redondante quand on se met à buter sur une énigme un peu trop longtemps. En dehors de cela, nous avons trouvé la musique parfaitement adaptée, avec une qualité de son qui a aussi grandement participé à notre immersion dans ce monde étrange.
Nous étions en revanche un peu plus circonspects concernant le doublage, que nous avons tout d’abord découvert en anglais. Pour bien marquer la différence entre les deux moitiés du personnage, la voix de l'enfant est assez différente de celle de son ombre, mais elle nous a semblé très exagérée, presque irritante, comme si la volonté du studio était justement de la rendre désagréable. Un point de détail qui ne va évidemment pas gâcher l'expérience globale pour le public anglophone, mais nous voulions tout de même l'évoquer. À notre grande surprise, le jeu dispose heureusement d'une version française entièrement doublée qui nous a, elle, totalement convaincus. La voix de la petite est beaucoup moins caricaturale, donc plus naturelle au final, et la narration devient dès lors bien plus percutante. Shady Parts of Me a beau ne pas être le titre le plus bavard de cette fin d'année, on félicite Focus d'avoir inclus cette VF dans un jeu de ce genre, qui n'en propose pas toujours. Quand on sait que l'éditeur français nous a gratifié de l'une des meilleures versions françaises de ces dernières années avec A Plague Tale: Innocence, on se dit qu'il faudrait vraiment qu'il se donne cette peine de le faire pour chaque jeu où la narration fait partie intégrante de l'expérience. Développé par une petite équipe de 8 personnes qui se présentent comme des débutants dans une industrie qu'elles découvrent depuis 3 ans, Shady Parts of Me est un premier essai très prometteur que l'on vous recommande chaudement.
Tous les commentaires (5)
Merci pour cette review surprise.
Call of The Sea, Alba, Shady et dans quelques jours Disco Elysium vf. C'est chaud de suivre!