Resté assez discret depuis sa première présentation en 2016, State of Mind s'apprête enfin à débarquer sur nos machines, et nous vous conseillons vivement de jeter un œil à la review et aux vidéos qui suivent. Amateurs de jeux d'aventure narratifs et d'anticipation, voici assurément un titre à ne pas manquer cet été.
Version testée : PC.
Le futur et ce qu’il nous réserve, une thématique classique que l’on croise régulièrement dans la littérature, le cinéma et les jeux vidéo, et qui connaît un certain boom depuis quelques années. Il faut dire que les auteurs les plus connus s’intéressent de plus en plus à la question par le prisme des dérives technologiques que l’on peut imaginer à partir des progrès d'aujourd'hui. Qu’ils parlent de transhumanisme, d’intelligence artificielle ou de robotique, chacun semble vouloir donner sa perspective sur un avenir généralement annoncé comme particulièrement sombre pour l'humanité. De fait, on ne s'étonnera pas outre mesure de constater que le monde imaginé par Martin Ganteföhr ne va pas particulièrement bien, comme un malade souffrant d'un mal que plus rien ne parvient à apaiser.
En 2048, les guerres et les tensions internationales se succèdent, la pollution a largement dépassé les seuils dangereux pour la santé, l’homme est de plus en plus souvent remplacé par les robots et les androïdes. Dans ce capharnaüm social, politique et scientifique, Richard Nolan est l’un des rares journalistes à dénoncer la course folle vers le tout numérique, que certains voient comme une sorte d'échappatoire. Marqué par une histoire personnelle qui lui a façonné un caractère bien trempé, Nolan débute l'aventure à l'hôpital, où il est conduit à la suite d’un accident de voiture. À son réveil, il réalise que le choc lui a fait perdre une partie de sa mémoire. Plus ennuyeux, sa femme Tracy et son fils James ont quitté l'appartement familial, et c’est un robot domestique qui le lui apprend à son retour à la maison. Lui qui n’a jamais pu supporter la présence de ces machines qu’il méprise profondément, il ne comprend pas pourquoi sa femme la lui impose en plus de son départ surprise chez ses parents. Les choses ne vont pas très fort dans son couple c'est vrai, mais tout de même, cela commence à faire beaucoup.
Parallèlement, Adam Newman est un homme en apparence comblé. Sa femme Amy, bien que très occupée par son travail, se soucie de son bien-être, et son fils John, malgré une santé fragile, est un bon garçon. Pourtant, son destin va être particulièrement lié à celui de Richard, à commencer par cet accident dans lequel il a lui aussi été impliqué. Ces deux personnages ne seront pas les seuls que vous serez amené à incarner au cours des dix heures que dure l'aventure, mais ils restent les deux protagonistes que vous suivrez le plus souvent. À la manière de GTA V, vous serez même libre de passer de l’un à l’autre à pratiquement n’importe quel moment, la progression de l’un étant totalement dépendante à celle de l'autre. Vous nous connaissez, pas question d’en dire davantage sur l'intrigue du jeu, passionnante à suivre de bout en bout. On se contentera de vous dire qu’après avoir croisé Martin Ganteföhr pendant la Gamescom 2016, nous avions des attentes importantes à ce niveau et qu’elles n’auront pas été déçues.
Première raison à cela, la direction artistique de State of Mind est une pure merveille. Mélangeant habilement une modélisation réaliste du décor et un rendu très polygonal des personnages ou de certains éléments du paysage, le jeu affiche une plastique reconnaissable au premier coup d'œil. Berlin, New-York, City5, on voyage assez peu dans le jeu mais on le fait bien, avec des ambiances incroyablement bien restituées que soulignent de bien jolies séquences cinématiques. Ces dernières, en plus d'être parfaitement mises en scène, nous renvoie directement au début des années 90 et et aux avancées de développeurs comme Éric Chahi et Paul Cuisset, le tout dans un écrin bien plus à même de faire frémir les générations actuelles. Courtes mais toujours cadrées avec minutie, ces cutscenes servent généralement à présenter une nouvelle zone, des zones assez limitées en taille, mais néanmoins vivantes. PNJs, circulation, débarquement de robots policiers par hélicoptère, le soin apporté à l'environnement est tel que l'on y croit dur comme fer.
Deuxième point fort, la bande son possède assurément tous les arguments nécessaires pour illustrer comme il se doit le propos du jeu. Pour commencer, la bande originale sied parfaitement à l'univers cyberpunk créé par Martin Ganteföhr, et nous a même souvent surpris par ses qualités orchestrales ou la justesse de ses sonorités aux couleurs plus mélancoliques. Le doublage anglais, dont on craignait qu'il ne soit pas à la hauteur dans une telle production, confirme tout le bon travail dont est habituellement capable Daedalic dans le domaine, malgré des dialogues trop statiques dans leur mise en scène et quelques acteurs/actrices moins convaincants. Un vrai soulagement tant des acteurs mal dirigés auraient pu faire sombrer l'ambitieux navire narratif de Martin Ganteföhr. D'autant que le scénario est véritablement réussi, l'écriture des personnages ayant fait l'objet du plus grand soin. Richard Nolan n'est pas forcément le héros lisse que l'on a l'habitude de trouver dans notre médium, mais l'on s'y attache malgré tout à mesure qu'il évolue et que l'on apprend à le connaître. La découverte de son passé a d'ailleurs une grande importance dans la construction narrative du jeu.
Mais qu'en est-il alors de l'aspect ludique de State of Mind ? Sans aller jusqu'à dire qu'il s'agit bien là d'un jeu à gameplay, il serait mal avisé de le comparer aux productions Telltale. Tout d'abord, si le jeu propose bel et bien des choix cruciaux en fin d'aventure, il ne fait pas reposer toute sa narration sur cela. Ensuite, bien que très accessible, State of Mind prend un malin plaisir à varier les séquences de jeu. Hacking (trop basique mais jamais envahissant), infiltration pour les nuls Blim, exploration, recherche d'indices sur ordinateur, les situations évitent généralement toute redondance. On aura bien évidemment l'occasion de revenir dans certains lieux à des fins scénaristiques (les appartements des deux personnages principaux par exemple), mais d'une manière générale, tout semble naturel et logique dans les allées et venues des héros. Et puis il y a toutes ces petites surprises de situations de jeu, que l'on taira ici pour ne pas vous enlever le plaisir de les découvrir par vous-même. Ce n'est pas qu'elles proposent un réel challenge, au contraire, mais jusqu'au bout de l'aventure, on se fera régulièrement surprendre par les situations de jeu.
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J'avais raison du coup, c'était ce jeu que Drift encensait dans la shoot?